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Kaffrine sous les eaux chaque hivernage: Les raisons des inondations à répétition
Publié le mercredi 5 juillet 2017  |  Enquête Plus
Kaffrine
© Autre presse par DR
Kaffrine face aux inondations
Kaffrine, le 25 Juillet 2016 - La ville de Kaffrine a été envahie par les eaux de pluies. De nombreuses concessions ont été submergées par les eaux.




La saison des pluies a démarré. Kaffrine s’apprête à revivre le même calvaire des années précédentes. Jusqu’ici, rien n’a été fait. Et tant que l’Etat sera dans ses habits de pompiers, les mêmes causes produiront toujours les mêmes effets.

À peine l’hivernage a-t-il démarré que la ville de Kaffrine est à nouveau confrontée à des problèmes d’évacuation des eaux de pluies. S’il est aujourd’hui trop tôt pour parler d’inondation, il n’en demeure pas moins qu’il y a déjà de vastes étendues d’eaux stagnantes dans certains endroits, notamment à Diamaguène centre, à l’école 5. Pour le moment, indique une source, la situation est sous contrôle, grâce à l’intervention des sapeurs-pompiers qui pompent l’eau. Mais cet interlocuteur ajoute que les ‘’soldats de l’eau’’ manquent de moyens. Ils font face à un déficit d’équipements.

L’Etat central était particulièrement attendu. Les habitants pensaient qu’avec ce qui s’était passé l’année dernière, les autorités allaient agir vite pour leur éviter pareil cauchemar. Le ministre Diène Farba Sarr avait fait le déplacement, tout en promettant le soutien du gouvernement. Mais jusqu’ici, les populations sont dans l’attente. Et pourtant, Ndem Ndiaye, un conseiller municipal, assure que la mairie a alerté à temps. L’Etat central a été saisi depuis le mois d’avril, en vain.

Ce n’est que le mois dernier, après les premières pluies, que le ministre délégué chargé de la restructuration et de la requalification des banlieues, Pape Gorgui Ndong, s’est rendu sur les lieux. De quoi amener Ndem Ndiaye, par ailleurs président du Conseil communal de la jeunesse à rappeler aux gouvernants leurs responsabilités. ‘’L’Etat a la charge de donner un cadre de vie idéal à chaque citoyen. Il n’y a plus d’inondation à Guédiawaye et Fatick. Pourquoi ils ne font pas ici ce qu’ils ont fait ailleurs. Il faut que l’Etat fasse preuve de volonté’’, interpelle ce militant de l’Alliance pour la République (APR). Selon ses dires, aucune des promesses du gouvernement n’a été réalisée. Mais dans son viseur, il n’y a pas que l’autorité centrale. À ses yeux, la responsabilité communale est aussi engagée. ‘’Le maire n’a rien fait. Même pas le minimum. Il n’y a eu aucune activité de prévention, ni projet d’assainissement’’, s’offusque-t-il.

Ainsi, le sommeil des Kaffrinois est déjà hanté, particulièrement ceux qui habitent dans les zones à risque. La météo annonce une saison pluvio-orageuse. Ce qui veut dire que Kaffrine ne manquera pas de vivre des situations difficiles pendant l’hivernage. Depuis des années, la ville est dans la longue liste des localités qui subissent la loi des eaux pendant deux à trois mois. On y note des cas de décès et des pertes sur le cheptel.

Cuvette de décantation

Cela s’explique par le relief de la ville. La capitale du Ndoucoumane ‘’fait partie d’un sous-bassin versant qu’un cours d’eau temporaire drainait vers le Saloum. Elle a été bâtie sur une cuvette de décantation’’, comme expliqué dans un diagnostic fait sur la question. De ce fait, les eaux de pluies des villages environnants ruissellent vers le bas-fond situé au cœur de la ville. Que ce soit sur la route de Tamba, celle de Nganda ou de Gniby, tout le liquide de ces différents points se déverse dans la cité. Un simple regard permet de retracer la voie naturelle de l’eau d’un bout à l’autre des habitations. Et ce sont justement ces mécanismes naturels d’évacuation des eaux qui ont été perturbés par ce que d’aucuns qualifient ‘’d’erreurs de planification et de mise en place du tissu urbain’’.

Après les conséquences dramatiques de la saison dernière, des solutions ont été envisagées. A divers points de sortie de la ville, il a été creusé des sillons pour dévier l’eau vers des bassins de rétention. C’est le cas sur la route de Nganda à hauteur de Médina Baye-Kaffrine ainsi que sur la RN1, vers ‘’Dakhar-gua’’. Mais si l’on en croit un habitant de la ville, cette solution ne sert à rien. Au contraire, renchérit ce prof de français, cela s’est avéré comme étant un remède qui a provoqué une autre maladie. ‘’Ces trous creusés ont endommagé la route de Nganda. Si rien n’est fait, cette voie ne sera pas praticable quand il y aura de l’eau en abondance’’, prévient-il. Des affirmations confirmées par Saliou Willane, un prof de maths pour qui cette ‘’canalisation’’ est tout sauf une solution.

Plan Jaxaay pour Kaffrine

Dans un document qui fait le diagnostic de la situation, il est suggéré qu’il y ait en amont un mécanisme qui empêche l’eau d’arriver à la ville. A défaut, avoir un dispositif de pompage pour agir en aval. Mais Amadou Tidiane Diallo estime qu’aucune de ces deux suggestions ne permet de faire face à l’équation. De son point de vue, il faut nécessairement déplacer et reloger les familles dont les maisons sont situées sur la trajectoire naturelle de l’eau. ‘’Il faut un plan Jaxaay comme il y en a eu à Dakar et à Dagana. C’est la seule solution’’, tranche-t-il. Une idée que ne partage pas Ndem Ndiaye. Celui-ci reste convaincu que les habitants sinistrés peuvent rester dans leur maison sans vivre avec l’eau. ‘’On n’a pas besoin de déplacer les familles. Ce dont on a besoin, c’est d’un projet d’assainissement bien structuré. Si les gens vivent toujours à Wakhinane, on peut aussi vivre ici’’, argumente-t-il.

Il n’empêche que cette option figure bien parmi les propositions retenues dans le document-diagnostic. En fait, les tentatives de déviation vers des bassins, leur élargissement et protection ainsi que l’utilisation de motopompes ne sont considérées que comme des réponses à court terme. Mais dans le long terme, il est préconisé une station de pompage à Diamegueune centre, un réseau de canalisation relié à la station, sans oublier le déplacement de quelques habitations. Au-delà des divergences de point vue, une constance demeure : Il faut des solutions structurelles pour sauver Kaffrine des eaux. Pour l’instant, les habitants vont sans doute continuer à prier le Bon Dieu, en attendant de savoir quelle sera leur part du programme décennal de lutte contre les inondations et des deux 2 milliards récemment annoncés par le gouvernement.
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