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Projet de loi sur la médecine traditionnelle: L’Inter-ordre demande son retrait du circuit
Publié le lundi 3 juillet 2017  |  Enquête Plus
Louma
© aDakar.com par DF
Louma Terminus Liberté 5
Le "louma" (marché) agricole de Liberté V (banlieue de Dakar) permet aux producteurs et consommateurs de vendre ou d`acheter à bon prix en réduisant le nombre d`intermédiaires de la chaîne d`approvisionnement des produits agricoles




L’Inter-ordre des professionnels de la Santé veut que le projet de loi sur la médecine traditionnelle soit retiré du circuit. Car, n’ayant pas été mis au courant ni consulté lors de l’élaboration de ce texte.

Ce sont des professionnels de la Santé très remontés qui ont fait face hier à la presse. Et pour cause, ils demandent le retrait du projet de loi sur la médecine traditionnelle du circuit. Ainsi, l’Inter-ordre des professionnels de de la santé (IOPS), qui regroupe l’Ordre des médecins du Sénégal, l’Ordre des pharmaciens, l’Ordre des chirurgiens-dentistes, l’Ordre des docteurs vétérinaires, tient à dénoncer une ‘’forfaiture’’.

Selon le président dudit Inter-ordre, c’est par voie de presse qu’ils ont appris que ce projet de loi venait d’être étudié, approuvé par le conseil des ministres et soumis à l’Assemblée nationale en vue d’un vote imminent par les députés. ‘’L’IOPS n’a pas été consulté lors de l’élaboration de ce texte. Aux dires du gouvernement, ce projet, adopté, comblerait le déficit en termes de démographie professionnelle, d’infrastructures et d’offres de paquets de soins qui sévit dans le domaine de la médecine moderne. Ceci nous paraît totalement inexact’’, a fulminé Docteur Mamadou Ka. Dans sa lancée, ce dernier et ses camarades de l’IOPS en appellent à la responsabilité du président de la République, du président de l’Assemblée nationale et de la ministre de la Santé et de l’Action sociale afin que ce projet soit retiré du circuit ‘’dans le but d’une meilleure amélioration allant dans le sens de la sauvegarde de la santé des populations’’.

Car, selon docteur Ka, à l’analyse des documents dont ils disposent, l’exposé des motifs ne peut en aucun cas justifier ni l’officialisation du corps des tradipraticiens encore moins la création d’un Conseil national des praticiens de la médecine traditionnelle. L’argumentaire, dit-il, ‘’est d’une simplicité plate et ne repose sur aucune base scientifique, ni sur aucune logique médicale sécurisante. ‘’85% de recours à cette médecine non conventionnelle brandis par l’Organisation Mondiale de la Santé ne sauraient constituer une motivation rationnelle à cette pratique. Tout au contraire, cette affirmation traduit de manière concrète une insuffisance du système de santé et devrait pousser les Etats à mieux s’investir dans la formation académique de praticiens qualifiés’’, a pesté le médecin. Poursuivant sa plaidoirie, il a soutenu que la référence aux centres de médecine traditionnelle citée dans le document manque de pertinence dans la démarche, car à ce jour, aucune évaluation n’y a été effectuée.

‘’Cette législation risque d’entraîner la désarticulation totale de notre système de santé’’

En plus, ces centres devaient servir de base expérimentale à une réglementation et à un enseignement rigoureux, à l’image de la médecine chinoise dispensée dans les universités. Mais paradoxalement, ils ont dévié de leur trajectoire puisque ‘’le charlatanisme, le ritualisme, le mysticisme et le fétichisme ont pris le pas sur l’esprit scientifique qui était à la base de ces structures’’, a-t-il fait savoir. En outre, le président de l’IOPS a souligné que ce projet livre une définition globalisante du praticien de la médecine traditionnelle. Ce qui veut dire que tout le monde y trouve son compte. ‘’Cela constitue une législation pure et simple de la situation que nous vivons présentement. Une situation anarchique où aucun critère objectif de sélection n’a été dégagé et dans laquelle n’importe quel individu, imbu de connaissances ésotériques ou pas, peut se faire prévaloir du titre’’, a fustigé Dr. Ka.

A l’en croire, la préoccupation du ministère de la Santé est la législation de la situation ‘’chaotique’’ installée dans le pays par la médecine traditionnelle. Cette législation, dit-il, si elle s’opère, risque d’entraîner la désarticulation totale de notre système de santé et va entacher de façon significative sa fiabilité et sa crédibilité. ‘’ Il ne s’agit pas pour nous d’opposer la médecine et la médecine traditionnelle, encore moins de la rejeter mais plutôt de créer les conditions d’une valorisation des pratiques traditionnelles positives qu’il faut encadrer et réglementer par des dispositions législatives sérieuses dans l’intérêt supérieur de la santé des populations’’, a précisé le chirurgien-dentiste.

A ce sujet, a dit le président de l’Ordre des pharmaciens Amath Niang, on ne peut occulter l’avis des Ordres surtout qu’il est question de disposition légale nouvelle concernant le domaine de la Médecine. ‘’On ne peut pas avoir des entités de ce genre et ne pas les impliquer dans ce qui se passe. Les médicaments ne sont pas des produits banals qu’on laisse aux gens le soin de les utiliser n’importe comment. Nous nous opposons de façon catégorique’’, a martelé Dr. Niang.

Toutefois, l’Inter-ordre s’est dit disposé ‘’à apporter sa contribution effective à l’élaboration, à l’encadrement d’une médecine traditionnelle qui définit la qualification, les compétences et le statut de tout Sénégalais et de tout ressortissant de l’Uemoa aspirant à exercer ce métier’’.
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