Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Senegal    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article



 Titrologie



Le Soleil N° 13147 du 21/3/2014

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie

  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Société

Lutte contre la mendicité forcée au Sénégal: 30.000 enfants concernés à Dakar, selon un rapport de Human Rights Watch
Publié le samedi 22 mars 2014   |  Le Soleil


Des
© Autre presse par DR
Des enfants talibés (les disciples) mendiant dans les rues, au Sénégal


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Mendiants 2Dans un rapport de 53 pages publié et intitulé « Exploitation sous prétexte d’éducation : Progrès mitigés dans la lutte contre la mendicité forcée des enfants au Sénégal», Human Rights Watch a estimé que des progrès dans la protection de milliers de jeunes enfants contre l'exploitation et les sévices subis « aux mains de leurs maîtres » sont « insuffisants ».

Pour Human Rights Watch, « l'Assemblée nationale devrait accorder la priorité à l'adoption d'un projet de loi qui vise à améliorer les conditions de vie et à mettre fin à la mendicité forcée » dans les écoles coraniques. Car, selon le rapport, malgré les « importantes avancées législatives, les autorités n'ont pris que peu de mesures concrètes pour mettre fin à ces abus ». Matt Wells, chercheur sur l'Afrique de l'Ouest à Human Rights Watch, a rappelé que « le gouvernement du président Macky Sall a élaboré un projet de loi qui imposerait enfin à ces écoles des normes minimales en matière de santé, de sécurité et d'éducation ». Les autorités, a-t-il ajouté, devraient faire adopter cette loi sans tarder et s'assurer qu'elle soit appliquée.
Toutefois le rapport reconnaît que de milliers de maîtres coraniques à travers le Sénégal traitent bien les garçons qui leur ont été confiés par leurs familles pour apprendre le Coran et recevoir une éducation morale.

Absence de réglementation
Basé sur des entretiens « approfondis » réalisés entre octobre 2013 et janvier 2014 avec des militants de la société civile sénégalaise, des responsables gouvernementaux, des maîtres coraniques, des autorités religieuses et des garçons fréquentant ou ayant fréquenté des écoles coraniques, le rapport note, en outre, que l'absence totale de réglementation de ces écoles a permis à d'autres individus d'ouvrir des écoles coraniques dans des bâtiments abandonnés ou des taudis délabrés qui constituent une menace pour la santé des enfants, leur sécurité et leur développement. Il fait ainsi référence aux huit enfants qui ont péri dans l'incendie d'une école coranique à la Médina de Dakar.

Plan d’actions national
D'après la représentante de la cellule de lutte contre la traite au ministère de la Justice Awa Ndao, « au-delà de nos approches divergents, nous devons nous retrouver pour une meilleure collaboration ». Elle a estimé que la cellule de lutte est en train de mettre en œuvre un plan d'action national avant de préciser qu'à Dakar, on note plus de 30.000 enfants mendiants. Selon elle, « cinq projets de décret sur la réglementation des « daaras » sont en cours ; et là ce sont des avancées qu'il faut saluer ». Awa Tounkara, représentante de l'Association des juristes sénégalaises, a indiqué que « l'Etat a affirmé sa volonté de protéger l'enfant en mettant en place un cadre juridique », notant que la mendicité est « un obstacle majeur à l'éducation des enfants donc il faut l'implication aussi bien de l'Etat que des collectivités ». Tout en saluant l'implication de la société civile dans ce combat, elle a rappelé la nécessité d’appliquer la loi aux maîtres véreux afin que la situation change. La loi 06-2006 renforce la protection des enfants », a-t-elle ajouté.

Niokhabaye Diouf, directeur des droits, de la protection de l'enfance et des groupes vulnérables, a dénoncé les maîtres coraniques qui se cachent sous le sceau de la religion pour exploiter les enfants. « C'est une responsabilité collective, donc il faut que la société civile sénégalaise se mobilise aux côtés de l'Etat pour proposer des solutions (création de cadres de concertation, de formation et de plaidoyer) et arrêter de porter des dénonciations », a-t-il soutenu.

Mendicité transnationale
Le directeur des droits, de la protection de l'enfance et des groupes vulnérables a également fait comprendre que c'est une préoccupation sur laquelle le gouvernement a déjà anticipé avec l'adoption de la Stratégie nationale de protection de l'enfant pour la prise en charge globale de la transversalité de la vulnérabilité de l'enfant. Sur la mendicité transnationale, Birame Mbagnick Ndiaye, coordonnateur du Réseau Afrique de l'Ouest pour la protection de l'enfant (Rao/Sénégal), a indiqué que la forme de l'exploitation a changé. « Nous recevons beaucoup d'enfants talibés venus de la Guinée-Bissau (60% des enfants), du Mali, de la Gambie. Il y a aussi des Sénégalais qui sont allés comme enfants talibés dans ces pays et qui ont eu des problèmes et qui sont retournés par le Réseau Afrique de l'Ouest ». D'après M. Ndiaye, il y a d'autres formes d'utilisation des enfants dans « de petits boulots, petits commerces autour des marchés... Toutefois, comme l'a indiqué la représentante de la cellule de lutte contre la traite au ministère de la Justice. « Il existe des accords de partenariat pour une meilleure gestion du problème et des activités de sensibilisation », a-t-elle affirmé.

 Commentaires