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Le Soleil N° 13147 du 21/3/2014

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Lamine Diack, président de l’Iaaf: « Les moyens doivent venir d’abord de l’Etat »
Publié le vendredi 21 mars 2014   |  Le Soleil


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Le Président de l’IAAF Lamine Diack


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En marge du congrès de l’Aips Afrique qui s’est terminé, hier, à Dakar, le président de la Fédération internationale d’athlétisme (Iaaf), Lamine Diack, un des hôtes d’honneur des assises, nous a parlé de la première discipline olympique. Il a également évoqué sa retraite prochaine et sa succession à la tête de l’Iaaf. Sous son magistère, il y a eu bien des avancées. Mais ce qui tient particulièrement à cœur à M. Diack, c’est le retour de l’athlétisme à l’école. Le meilleur moyen, selon lui, de sortir de grands champions.

Dans quel état se trouve l’athlétisme mondial et quels sont les projets sur lesquels vous allez vous concentrer le reste de votre mandat ?
Je tire ma révérence l’année prochaine. Et quand on me demande ce que je laisse en partant, je dis que c’est un livre qu’il faudrait écrire pour tout évoquer. Ce qui est important à l’heure actuelle, c’est de faire en sorte que l’athlétisme revienne à l’école. J’ai fait le football, le handball, le volley-ball, le basket. J’ai été champion de France, sélectionné olympique et tout. Parce que l’athlétisme était le sport de base à l’école. Il faut faire comme chez les Jamaïcains et dans d’autres pays des Caraïbes. Revenons donc à l’école, et notre sport continuera à prospérer. Commençons par les pupilles, les benjamins, les minimes, les cadets, les juniors et ensuite le champion sortira tout seul.

La Réforme Lamine Diack en 1969 est toujours d’actualité avec les problèmes du football qui, malgré le professionnalisme, est toujours dans l’amateurisme. Que faire pour avancer rapidement et tendre vraiment vers une professionnalisation effective ?
Je n’ai pas de solution ; on n’a pas de stade ici ni rien. Or, on ne peut pas faire de professionnalisme sans installations sportives. A part le stade Léopold Sédar Senghor, il n’y a rien. Je disais, la dernière fois, que si on allait à Tambacounda, c’est pour les installations qu’il y avait. On parle de stades régionaux qu’on construit, mais il faut bâtir des clubs structurés autour.
On peut aussi réfléchir sur ce que nous voulions faire en 1969 avec la réforme sportive ; on l’avait faite, mais on nous a laissé tomber. Si on avait continué à bâtir notre élite en ce moment-là, on aurait pu avoir de très grands clubs. Si on avait gardé entre nous les liens de l’Afrique occidentale française, on serait plus loin aujourd’hui ; voila le retard que nous avons pris. Maintenant un grand club doit s’asseoir sur une ossature ; il ne faut pas s’appuyer seulement sur les milliardaires qui arrivent et donnent de l’argent. Ici, la plupart des gens qui ont les moyens de donner de l’argent ne le font pas ; ils veulent avoir les honneurs sans y mettre les moyens. S’il y avait l’esprit que nous avions il y a 40, 50 ans, on avancerait ; mais ce n’est pas le cas. Donc, il faut bâtir une base populaire autour des équipes, comme c’est le cas avec les navétanes. C’est pourquoi c’est eux qui réussissent. Alors, il faut aller vers cela ; nous avons les moyens pour progresser. Maintenant il faut les utiliser. Il ne faut plus s’arrêter aux ligues régionales, il faut avoir des districts au niveau du département, des sous-districts au niveau de l’arrondissement mais aussi des comités dans les communautés rurales et les communes. Après tout cela maintenant, il faudra prendre les plus jeunes pour bâtir une équipe. Ensuite, l’élite sortira de ces jeunes. Et si l’on ne peut pas avoir un championnat rentable, ouvrons-nous à d’autres zones, en particulier la Zone 2.

L’augmentation du budget de l’Etat peut-elle régler le problème ?
On doit immanquablement l’augmenter. Le ministère des Sports demande un budget de 4 milliards et demi et on lui alloue 900 millions. Ce n’est pas possible de développer le sport avec ceci. Les moyens viennent d’abord de l’Etat, ensuite il y a le sponsoring. Après, il faudra voir les sociétés qui peuvent appuyer le développement du sport. Il faut une base, mais aussi des moyens pour permettre au sport de se développer.

Quel sens donnez-vous à la tenue du Conseil exécutif de l’Iaaf à Dakar au 1er avril prochain ?
C’est une demande de tous mes collègues. Comme je pars en 2015 et que le conseil aura lieu à Pékin cette date-là, ils m’ont dit que pour me permettre d’être avec ma famille, avec mon pays, il fallait organiser le congrès d’avril à Dakar. C’est ainsi que j’ai soumis la proposition au président de la République qui l’a acceptée et s’est dit très heureux de nous accueillir. Nous serons donc à Dakar où le conseil s’est réuni en 2003 mais aussi quand j’étais maire en 1979.

Qu’est-ce qui est prévu à cette occasion ?
Je ne sais pas comment les Sénégalais vont nous accueillir, mais on viendra travailler. Je sais aussi que nous aurons une audience avec le président de la République. Nous tombons également sur le gala du Comité olympique qui est prévu le 12 avril. Donc, nous serons partie prenante de cette manifestation.

Vous quittez la présidence de l’Iaaf l’année prochaine. Quel legs laissez-vous à l’athlétisme international ?
Il y a plein de choses ; j’ai été élu en 1976, et l’année prochaine, cela fera 39 ans. En y entrant, je savais ce qui devait changer, et j’y suis parvenu. Je suis entré à l’Iaaf au moment où l’athlète ne pouvait pas toucher de l’argent, parce que c’était interdit. En ce moment, le Sénégal avait une voix, alors que la France en avait huit ; l’Afrique du Sud était en régime d’apartheid, alors qu’elle voulait toujours continuer à être membre. Il y avait également la Chine qui était dehors. J’entrais à l’Iaaf au moment où il n’y avait aucun programme de développement, au moment où également ils étaient 15 dans le Conseil général, soit 10 Européens et 5 autres membres issus du reste du monde. J’ai donc dit qu’il fallait que cela change, et c’est ainsi qu’en 1976 l’Afrique du Sud a été exclue. Le conseil est passé à 19 membres et je suis devenu vice-président. J’ai gardé mon représentant africain qui était un Soudanais, et j’ai fait élire un Kenyan pour avoir trois Africains dans le conseil. En 1978, la Chine est entrée, puis on a fait la Coupe du monde et on a eu un fonds de développement. On le met de côté et on dit que les 23 % vont à l’Afrique.

On avait 300.000 dollars à l’époque, maintenant le budget de développement est de 14 millions de dollars. On a tout de même mis 11 ans pour parvenir au système d’un pays une voix ; un jour je vous raconterai comment on y est arrivé. On a commencé en 1976, mais c’est 1987 qu’on est parvenu à le faire appliquer. On a aussi fait des championnats du monde en lieu et place de la Coupe du monde, des championnats cadets, juniors, séniors. Nous allons organiser des championnats du monde de relais pour la 1ère fois aux Bahamas. Mais je ne serai pas satisfait si ce que j’appelle le kids athletics, c’est-à-dire l’athlétisme entre 7 et 12 ans, ne revient pas à l’école. Car s’il revient à l’école, nos pays sortiront des champions partout.

Voyez-vous quelqu’un vous succéder à la tête de l’Iaaf après votre départ et mener à bien ce dernier combat ?
La succession, je l’ai préparée depuis longtemps. Je devais partir en 2011 ; depuis lors, j’organise ma succession. Par exemple, j’ai fait élire Sebastien Coe qui a fait les Jeux olympiques de Londres, il y a aussi Serguei Bubka, mais également Nawal El-Moutawakil au Maroc. Il y a donc plein de gens qui peuvent devenir président. Maintenant lequel ce sera ? Je déciderai le moment venu.

C’est donc vous qui déciderez ?
Ah non, mais les gens en décideront peut-être d’ici la fin de l’année.

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