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Me Moussa Diop, directeur général de Dakar Dem Dikk: ‘’Je n’ai jamais pris un bus de DDD pour le mettre à la disposition de ma famille’’
Publié le mardi 23 mai 2017  |  Enquête Plus
Macky
© aDakar.com par DF
Macky Sall réceptionne le 1er lot des nouveaux bus de DDD
Dakar, le 4 Avril 2015 - Le chef de l`Etat Macky Sall a réceptionné samedi devant le Palais de la République le premier lot des nouveaux bus de Dakar Dem Dikk (DDD), la société de transport urbain de la capitale sénégalaise.




L’affaire a fait le tour de la toile. Le contrat passé entre le président de l’Alternance générationnelle/Jotna et la société Dakar dem dikk a défrayé la chronique. Mais selon Me Moussa Diop, il n’y a pas quoi fouetter un chat, dès l’instant que juridiquement, le contrat est valable et ne souffre d’aucun conflit d’intérêts. Dans cet entretien avec EnQuête, l’allié du Président Macky Sall revient sur la manifestation de l’opposition du vendredi dernier, sur le rassemblement qu’il a lui-même tenu à la place de l’Obélisque pour vendre le bilan du chef de l’Etat, entre autres sujets.



Depuis quelque temps, circulent dans les réseaux sociaux des exemplaires de contrats passés entre votre parti et DDD. Pouvez-vous en dire plus par rapport à cette affaire ?

Le doyen Iba Der Thiam que je lisais l’autre jour disait que dans ce pays, n’importe qui parle de n’importe quoi sans le maîtriser. On est expert en tout et généraliste en rien, malheureusement. Dakar dem dikk est une société dont l’objet social, c’est le transport des personnes. L’alinéa 7 de l’article 2 de ses statuts dit que ses missions et ses objectifs, c’est de faire du transport de personnes, mais également de la location. Vous avez remarqué que chaque année, les bus qui amènent les gens à Touba, 200 à 250, sont loués à des privés, des associations, des ‘’dahira’’ etc. Cette année, lors du Gamou de Tivaouane, on a mis 201 bus en location. Il y a également des gens qui louent des bus pour aller en séminaire à Saly. Même ce matin (Ndlr : avant-hier matin), nous avons loué des bus à des sages-femmes qui faisaient leurs activités. Donc DDD, pour équilibrer ses comptes, a pour mission également la location au-delà du transport. C’est cela d’ailleurs qui nous a permis d’équilibrer nos comptes. Pendant 17 ans, DDD était dans des dettes. Depuis deux ans et demi, la gestion sous mon magistère a permis d’éponger les dettes de 17 ans. Le calme est revenu dans la maison. Nous faisons même du Sénégal dem dikk, aujourd’hui. Tout va très bien donc à DDD, y compris la paix sociale.

Mais comment se fait-il que Moussa Diop, en tant Dg de DDD, puisse passer un contrat avec Moussa Diop en tant Président de Ag/Jotna ?

DDD loue ses bus à qui peut. Il n’est pas dit dans ses statuts qu’il faut louer à telle catégorie de personnes et refuser à d’autres. Elle loue à qui peut et qui respecte les conditions. Avant-hier, j’ai loué 58 bus qui sont partis vers le Baol et qui reviennent sur la place de l’Obélisque. Cela rapporte de l’argent à la société. Ag/Jotna est une association qui fait de la politique, qui vient louer des bus à DDD. Le contrat, c’est entre Ag/Jotna et DDD. Ag/Jotna, dans ses statuts, la seule personne qui l’engage juridiquement vis-à-vis de l’extérieur, c’est le président du parti. C’est moi. Il se trouve que je suis le Directeur général de DDD et aucun bus de cette société ne peut sortir sans ma signature. Le contrat entre DDD et l’extérieur, c’est moi qui le signe. Un contrat de DDD ficelé sans ma signature n’est pas valable. Ag/Jotna ne peut jamais signer un contrat sans mon aval. Juridiquement, tout le monde est d’accord que le contrat est valable. C’est moi qui ai publié le contrat. S’il n’y avait pas transparence, pensez-vous que je l’aurais fait ? On ne m’a pas forcé. Vous n’avez jamais entendu quelqu’un dire où sont les contrats ? Mais dans tout cela, c’est DDD qui a gagné.

Pouvez-vous nous dire comment ?

Vous savez que les bus de DDD tournent quotidiennement de 6h à 21h et font 8 à 9 rotations par jour. Une rotation, c’est Guédiawaye-Palais-Guédiawaye. Avec le carburant, le personnel à bord et qui doit être payé, la recette en moyenne par bus est de 75 000 F CFA. Si la recette par jour est de 75 000 pour 8 rotations, de 6h à 21h, moi et Ag/Jotna qui louons ces bus pour une rotation, j’ai payé la moitié de la recette quotidienne. 40 000, c’est plus que la moitié de 75 000. Donc, c’est DDD qui a gagné dans cette affaire.

Mais est-ce qu’il ne se pose pas un conflit d’intérêts dans cette affaire ?

Un conflit d’intérêts, c’est quand il y a des intérêts contradictoires. Nous, nous ramenons de l’argent à DDD qui met à notre disposition des bus. Il est où le conflit ? Il n’y en a pas. Depuis que je suis Dg, jamais je n’ai pris un bus pour le mettre à la disposition de ma famille ou de ma belle-famille pour aller au Gamou. Je paye le même prix que les autres.

Selon Moustapha Diakhaté, vous salissez la gouvernance sobre et vertueuse voulue par le Président Sall. Que répondez-vous à cela ?

Je préfère vraiment ne pas répondre à ce monsieur. Il n’a qu’à nous montrer où se situe sa base politique. Moi, j’ai montré que j’avais une base. Sans même être de Dakar, j’ai rempli la place de l’Obélisque alors que des Dakarois n’arrivent pas à le faire. Donc, il n’a qu’à se taire et cesser d’insulter le frère du président de la République. Il s’en est pris à Yakham Mbaye, également. Il veut même faire fermer le Daaka, tout comme le Magal. C’est quelqu’un qui est nuisible au président de la République. Je le mets au défi de me dire où se trouve sa base et comment il aide le Président. Ensuite, je lui répondrai. D’ailleurs, nous ne boxons pas sur le même ring. Le 13 mai en est un parfait exemple. Il est derrière, nous, nous pensons au stade de l’Amitié. Je n’ai rien fait qui puisse entacher la gouvernance sobre et vertueuse voulue par le Président. Elle est toujours de rigueur. Si j’avais pris les bus sans les louer, gratuitement, aux frais du contribuable, qu’est-ce que vous-mêmes de la presse vous auriez dit ?

La coalition Manko Taxawu Senegaal a tenu vendredi dernier un grand rassemblement sur le boulevard du Général De Gaulle. Quelle appréciation faites-vous de cette manifestation ?

Il n’y a rien d’extraordinaire dans cette manifestation. Si pour faire autant que Alternative générationnelle qui est une seule formation politique qui a rempli l’Obélisque, il faut utiliser autant de moyens, autant de formations et de ténors politiques, une quarantaine de partis regroupant le Pds, le Rewmi, Bokk gis gis, Khalifa Sall et Cie, je suis fier de ce qui s’est passé avec notre parti qui a pu rassembler autant de monde avec peu de moyens, il faut le dire. C’est le moment d’ailleurs de féliciter mes militants pour la forte mobilisation. De mémoire de Sénégalais, il n’y a jamais eu un seul parti politique qui ait affronté la place de l’Obélisque et l’a remplie avec des militants qui ne sont pas payés pour venir.

Comment voyez-vous cette coalition de l’opposition ?

C’est une juxtaposition contre-nature de formations politiques qui n’ont aucun programme, sinon de dire : il faut libérer Khalifa Sall. Je pense que si on croit à la justice et à son indépendance, il faut laisser les magistrats travailler, d’autant plus que l’exemple nous est donné dans l’affaire d’Abdoul Mbaye. Il est passé sous tous les toits, à tintamarrer, à ameuter les gens, à dire du n’importe quoi sur la justice et à finir par dire : j’ai failli me tromper. Il le dit. Je le cite : ‘’j’ai eu l’impression à un moment donné que le Judiciaire travaillait pour l’Exécutif’’. C’est lui qui le dit. Je pense que c’est honteux. Ce sont des regrets qu’il exprime. Il a été relaxé. C’est cela la démocratie dans ce pays. Nous avons une opposition qui n’a pour programme que de vouloir déstabiliser un régime qui travaille. Il faut le dire, parce que nous étions à la place de l’Obélisque non pas pour faire la politique politicienne, mais pour montrer aux Sénégalais ce qui a été fait en quatre ans dans ce pays par rapport à ce qui était là pendant 50 ans.

Et comment voyez-vous le bilan du chef de l’Etat ?

Tout le monde est d’accord que sous le Président Macky Sall, depuis 2012, les choses vont beaucoup mieux. Maintenant, ceux qui jettent des pierres, on les comprend. Leur objectif, c’est d’être à la place du président de la République. Mais n’oublions pas, dans un passé récent, le Président Wade qui a pratiquement aujourd’hui 93 ans, celui qui courait derrière le cheval de Cheikh Ahmadou Bamba, veut se faire une nouvelle jeunesse pour nous imposer à nouveau son fils, parce que l’ayant raté en 2012. Son objectif aujourd’hui, c’est de faire de l’opposition la majorité à l’Assemblée et de voter une amnistie pour son fils. Mais, je pense que les Sénégalais ne sont pas dupes. N’oublions pas que le Président Abdoulaye Wade, qui veut faire revenir son fils par la fenêtre, parce qu’il est sorti par la porte, lie des alliances avec Idrissa Seck. C’est donc les auteurs du protocole de Rebeuss qui veulent donner des leçons aux Sénégalais. Dans tous les cas, ils sont libres de n’avoir comme programme que la libération de Khalifa Sall. Or, ce dernier, je cite son bras droit Bamba Fall qui, dans une émission télévisée, dit clairement qu’il a commis des fautes de gestion.

L’opposition ne revendique pas seulement la libération de Khalifa Sall. Elle veut également le retour d’exil de Karim Wade. Est-ce que ce ne sont pas des doléances légitimes ?

Il y a quelque chose qui est quand même extraordinaire dans cette affaire. Karim Wade n’est pas en exil. Il a préféré partir pour ses raisons. Aujourd’hui, si Karim Wade revient au Sénégal, je ne vois pas qui peut lui interdire d’entrer sur le territoire national.

Mais est-ce qu’il a cette liberté de revenir ?

Il a cette liberté. Mais il doit de l’argent aux Sénégalais. C’est à lui de trouver cet argent et de payer sa dette. Puisqu’il est condamné à payer des milliards. S’il paye, il n’y a pas de problème. Mais dire qu’il est exilé, ça ne tient pas. Peut-être volontairement. Donc, il faut que les gens arrêtent de dire n’importe quoi, surtout des choses juridiques qui les dépassent. Franchement, il est libre de venir et d’avoir des ambitions. Je souhaiterais d’ailleurs qu’il soit plus ambitieux que cela. Je souhaiterais également qu’ils disent aux Sénégalais comment il est devenu milliardaire. Je rappelle qu’avec Karim Wade, nous avons fait des études ensemble à la Sorbonne. A la même année, en 1995, nous sommes sortis ensemble ; lui il faisait Finance, moi je faisais Fiscalité. Nous connaissons les biens de son père. Donc, on arrête un peu le cirque. Il a été condamné aussi bien en appel. Maintenant, ça suffit. Il doit payer. Ils ont eu de l’argent de manière non expliquée et se sont enrichis de façon illicite. Les HQ1, HQ2, ce n’est un secret pour personne. Maintenant, s’il veut être président de la République, les lois sénégalaises s’appliqueront. Et pour être candidat au Sénégal, je ne dis pas éligible, il faudra être exclusivement sénégalais. C’est l’article 28 qui a été mis dans la constitution par son père et qu’on lui appliquera.

Au-delà de la libération de Khalifa Sall et le retour d’exil de Karim Wade, l’opposition revendique plus de liberté et de démocratie. Qu’en pensez-vous ?

Quand j’entends certains dire qu’il n’y a pas de démocratie au Sénégal, je suis étonné. Je donne juste l’exemple des Y en marristes qui, aujourd’hui, semblent être le chef de l’opposition. Il y a une année de cela, les leaders de ce mouvement ont été arrêtés et embastillés au Congo. Ils ont été libérés grâce à l’intervention du chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall. Je ne vois pas au Sénégal des difficultés telles qui pousseraient les gens à changer ce qui marche. On a pris un pays en lambeaux, avec un taux de croissance de 1,7%, où tout était cher et où on formait des milliardaires. On a pris un pays où l’impunité était galopante. Vous les journalistes, vous en savez quelque chose avec le saccage des journaux l’As et 24 heures.

On a hérité d’un pays où il était même facile de tenter de corrompre en plein jour un fonctionnaire du Fmi, un pays où un opposant qui parle recevait des coups de marteau. On a pris un pays où la mal gouvernance, l’impunité étaient la règle. Aujourd’hui, économiquement, le pays va bien, socialement, ça va mieux avec la politique de construction, par l’Etat, de logements sociaux à la cité Baraka et à la cité de l’Emergence. On a également les prix des denrées de première nécessité, du carburant, du loyer et de l’électricité qui ont connu des baisses. Arrêtons-nous sur l’électricité, sous le Plan ‘’Takkal Takkoul’’ de l’ancien régime, vous savez ce qui s’est passé : 17h de coupure par jour ou plus. Aujourd’hui, si ça coupe, après une heure, c’est rétabli.

Il y a du mieux dans tous les secteurs, il faut le dire. Prenez par exemple la mobilité urbaine, DDD a reçu 475 nouveaux bus. C’est une première dans l’histoire du Sénégal. Aujourd’hui, le tumulte au niveau du transport urbain et au sein de DDD très perturbé par le passé et où les syndicalistes et la Direction générale se regardaient en chiens de faïence est terminé. Dans toutes les villes du Sénégal, on a aujourd’hui des bus urbains. Les AFTU sont à Tamba, à Ziguinchor, Kaolack, Thiès, Saint-Louis ; Dakar n’en parlons pas ; Diourbel, Fatick, etc. Vous avez également le renouvellement du parc des gros-porteurs. Tout ceci concourt à l’amélioration des conditions de vie des Sénégalais.

Mais Idrissa Seck dit que Macky Sall n’a pas de bilan.

Vous savez, il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir. Macky Sall n’a pas de bilan, il faut tomber de l’armoire pour le dire. Libre à eux de raconter des histoires abracadabrantesques. Ce qui est constant, c’est que personne d’entre ces leaders de l’opposition n’attaque le Président Macky Sall et son régime sur le bilan. Ils disent que la justice est instrumentalisée, parce que certains ont été arrêtés, alors que d’autres ne l’ont pas été, pour des raisons politiques. Ils évoquent souvent le cas Khalifa Sall.
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