Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aDakar.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Aminata Touré (Ancienne Premier ministre): ‘’Nous allons imposer à l’opposition le rapport de forces qui existe sur le terrain’’
Publié le mardi 16 mai 2017  |  Enquête Plus
Le
© aDakar.com par DF
Le premier ministre a présidé un forum dans le cadre de la célébration des 40 années de la Banque Islamique de Développement
Le premier ministre Aminata Touré à présidé un Forum sur la Banque Islamique de Développement. Dix-sept pays africains ont été représentés. L’organisation de la réunion rentre dans le cadre des célébrations marquant le 40e anniversaire de la BID. Il est question, lors de ce forum, de dresser le bilan des activités menées par la banque (la BID) dans les pays membres et non-membres, d’identifier les difficultés rencontrées, et de participer à la planification d`une nouvelle stratégie décennale. Photo: Aminata Touré, Premier Ministre du Sénégal




La mise sur pied d’une coalition de l’opposition en perspective des Législatives du 30 juillet prochain n’ébranle guère la mouvance présidentielle. Du moins, si l’on en croit l’ancien Premier ministre, Aminata Touré. Dans cet entretien avec EnQuête, l’actuelle envoyée spéciale du président de la République déplore la série de drames qui secouent le pays depuis un certain temps, minimise la crise qui sévit au sein de l’Alliance pour la République, revient sur la relance de la traque des biens mal acquis. Et donne en fin son point de vue sur le débat autour du pétrole et du gaz.

Les catastrophes se multiplient et se succèdent à un rythme effréné. Dernière en date, la mort par asphyxie de 5 enfants d’une même famille à l’Unité 17 des Parcelles Assainies. Quel commentaire cela vous inspire ?

Beaucoup de tristesse et de désolation, à l'instar du reste de nos concitoyens. Ayant des enfants moi-même, je ne peux m'imaginer le degré de douleur et de détresse de la mère des cinq enfants disparus. A chaque drame, il y a un élan de compassion nationale mais il faut qu'il soit suivi d'une réelle prise de conscience et surtout d'un changement de comportements de tous. Même si nous sommes des croyants, il nous faut dépasser un certain fatalisme et faire preuve de responsabilité dans nos actes de tout instant.

Au lendemain de chaque drame, le gouvernement prend un certain nombre de décisions pour essayer de juguler le mal. Mais dans la pratique, il s’agit plus d’effet d’annonce que d’une réelle volonté d’en finir avec ces catastrophes qui sont loin d’être une fatalité. Où se situe réellement le problème ?

Les citoyens doivent surtout prendre conscience. Peut-être qu'il faut une éducation à la prévention des risques, à l'école, au niveau des médias, des mosquées, etc. Car en définitive, la vie est sacrée, Dieu nous la donne pour qu'on en prenne soin.

Mais l’Etat a quand même une part de responsabilité dans ces incendies, accidents de la circulation, effondrements d’édifices, naufrage de pirogues…

L’'Etat assure la sécurité des personnes et des biens et par conséquent, édicte des lois, des règles et des normes et s'efforce à les faire respecter. Et d'ailleurs quand L'Etat s'y emploie, certains fustigent une insensibilité ou un manque de cœur. C’est le cas lors des destructions de constructions irrégulières qui constituent une menace collective. Or, le non-respect des règles et des normes coûte des vies. Il faut, comme je l'ai dit tantôt, de nombreux programmes d'éducation à la prévention des risques.

Ne pensez-vous pas qu’avant de parler d’émergence économique, il faut d’abord faire le plaidoyer d’une émergence comportementale ?

Je pense qu’il faut tout faire concomitamment. En ciblant tout particulièrement les jeunes à travers l'école, les daara, les médias, les causeries religieuses et autres moyens de communication et bien entendu, il faut renforcer l'application stricte des lois et règlements en sachant que l'Etat ne pourra jamais mettre un policier ou un gendarme derrière chaque Sénégalais. En dernière instance, nous les citoyens, sommes les premiers responsables de notre propre sécurité en luttant contre les comportements irresponsables à risque. Les médias que vous êtes, avez aussi un rôle important à jouer dans cette prise de conscience urgente.

La coalition Mankoo Taxawu Senegaal élargit ses bases au moment où dans votre parti, certains responsables se crêpent le chignon. Comment appréciez-vous cela ?

D’abord, je voudrais signaler que cette coalition n’a rien de nouveau. C’est le même groupe qui, l’année dernière au mois de mars, s’était coalisé pour dire Non aux réformes constitutionnelles. C’est exactement les mêmes responsables, les mêmes chefs de parti, et vous vous rappelez du résultat. Ils ont collecté moins de 35% des suffrages contre presque 66% pour le Oui. C’est ce cheminement qui a continué. Donc, le rapport de forces est connu.

Sauf que cette fois-ci, il y a des gens qui étaient dans votre coalition qui ont décidé de rejoindre la nouvelle coalition de l’opposition.

La politique, c’est de l’arithmétique. J’aimerais également rappeler les nombreux soutiens qui sont venus renforcer la majorité présidentielle. Mais en réalité, le camp qui s’était mobilisé l’année dernière pour le Non, est égale à ce qu’on voit avec cette coalition. Il n’y a pas à mon avis de grands bouleversements sur l’échiquier politique national. Le rapport de forces n’a pas changé puisque c’était un référendum, pour ou contre le Président. Ce n’était pas un référendum pour les réformes.

Mais que dites-vous des départs notés dans la mouvance présidentielle ?

Que dites-vous des nombreuses arrivées ? Parce qu’il faut être aussi très objectif. Il y a eu de nombreuses arrivées de personnalités importantes, de maires pour l’essentiel, qui ont une représentativité dans leurs localités. La politique, c’est le mouvement. Ce qui compte, c’est le solde et ce solde est largement favorable à la majorité présidentielle. Maintenant, chacun choisit son camp en fonction de ses intérêts. Ce n’est pas toujours la vision et la conviction. C’est surtout les intérêts. Mais le plus important, c’est que la majorité présidentielle se soit renforcée au cours de ces mois-ci. Les élections, c’est dans trois mois et je peux vous dire que ce sera le même rapport de forces qui sera imposé à l’opposition. La réalité du terrain, ce n’est pas seulement les déclarations intempestives dans la presse. Non. C’est le travail sur le terrain, dans les communes, avec les populations. Et je crois que la majorité présidentielle y est. La preuve par neuf sera administrée le 30 juillet 2017.

L’ancien président de la République est annoncé à Dakar et il y a de fortes chances qu’il soit tête de liste de cette coalition. Cela ne risque-t-il pas de peser sur le rapport des forces ?

Quelle que soit la tête de liste, nous allons imposer à l’opposition le rapport de forces. Rappelez-vous qu’il y a eu en 2012 un face-à-face entre le candidat Macky Sall et le candidat Abdoulaye Wade. Vous vous rappelez des résultats. C’était 65% contre 35%.

Entre-temps, beaucoup de choses ont changé.

Oui, beaucoup de choses ont changé positivement dans le pays. Le bilan du Président parle par lui-même. Je rappelle souvent des chiffres qu’on oublie. Sur 577 collectivités territoriales, les 447 sont contrôlées par l’APR et la majorité présidentielle. C’est ça le rapport de forces dans le pays. Evidemment, il y a les turbulences, souvent d’ailleurs dakaroises et médiatiques. Mais les Sénégalais voient bien le travail que le Président fait sur le terrain. Et c’est ça qui va être déterminant. Ce n’est pas les effets de manche etc. Encore une fois, je vous donne rendez-vous le 30 juillet au soir, pour confirmer ce que je dis. Ce n’est pas de la fanfaronnade. C’est le résultat d’un travail que l’on voit. C’est le PUDC, ce sont les kilomètres de pistes, les centaines de forages, la baisse de l’électricité, le panier de la ménagère qui s’est stabilisé au cours des cinq dernières années, l’amélioration du pouvoir d’achat des fonctionnaires etc. Voilà des faits qui sont déterminants et à l’épreuve du terrain, ce rapport de forces va se confirmer et même l’écart va s’agrandir. Je n’en ai aucun doute.

L’annonce du retour de Me Abdoulaye Wade à Dakar ne vous ébranle donc pas ?

Non, pas du tout. Pourquoi ? Le Président Wade a le droit de se déplacer comme il le souhaite. Mais la réalité est là. Le moment du vote, c’est ce qui sera déterminant.

On constate qu’au moment où l’opposition est en train de se réunir, une guéguerre par presse interposée est entretenue par certains responsables de l’APR. Est-ce que ces attaques ne risquent pas de vous porter préjudice ?

Oui, bien sûr. Mais il faut quand même relativiser les choses. Parce que ce n’est pas l’ensemble de l’APR.

Mais ceux qui parlent ne sont pas n’importe qui aussi.

Bien sûr ! Mais ce qu’il faut comprendre, c’est qu’à l’approche d’échéances importantes comme celles-ci, il y a de la surchauffe. Mais on va vite dépasser cette situation. Moi, je n’ai aucun doute là-dessus. Nous ne sommes pas seulement dans nos salons. Nous sommes avec les populations sur le terrain et c’est cette dynamique qui se dégage. L’opposition n’est pas présente sur le terrain, elle le sait très bien.

Moi, j’interpelle cette coalition pour qu’elle montre son programme aux Sénégalais. Quels sont les programmes alternatifs que nos opposants veulent remplacer au PUDC, au PUMA ? (le Programme d’urgence de désenclavement des zones frontalières) Quel programme alternatif, veulent-ils mesurer aux bourses familiales qui concernent 300 000 familles ? Quel programme alternatif comptent-ils substituer à la politique énergétique ? Aujourd’hui, nous sommes dans une dynamique de souveraineté énergétique seulement en cinq ans. C’est ça la réalité du terrain. Parce que la politique, ce n’est pas l’activité essentielle des populations. Ça, il faut également qu’on le comprenne. Les populations elles, considèrent qu’il leur faut vivre mieux. Elles s’intéressent au pouvoir d’achat, aux avancées sociales. C’est ça, les déterminants du vote.

Est-ce que le Président arrive quand même à contrôler certains responsables de son parti ? On a comme l’impression qu’il y a un manque d’autorité à l’APR ?

C’est une fausse impression.

Mais c’est le sentiment qui se dégage de la situation actuelle qui sévit dans votre parti…

(Elle coupe) C’est une fausse impression, je le répète, et il faut le dire. Le président de la République a un parcours que les Sénégalais connaissent. Il a été en position de responsabilité pas seulement à partir de 2012. C’est par son autorité et sa personnalité qu’il est allé à la conquête de son destin et qu’il gère le pays. Maintenant, comme un bon père de famille, quand il prend les décisions qui concernent son parti, ce sont des décisions privées. On ne les étale pas sur la place publique. A partir de maintenant, la situation sera différente. C’est tout ce que je peux dire. Mais le président de la République avec qui je travaille étroitement est effectivement un homme d’autorité. Maintenant, il a sa conception de l’autorité. Il ne s’agit pas d’amener à l’échafaud qui que ce soit. Mais je peux vous dire que les choses vont rentrer dans l’ordre. Ce qui l’intéresse fondamentalement, au-delà des activités de l’APR, c’est la marche du pays. C’est cela le plus important dans le calendrier du Président et je pense que nos camarades vont se remobiliser tous ensemble. Cette période de surchauffe, comme je dis, va être dépassée et je considère même qu’elle est dépassée. Nous allons nous mobiliser et imposer le rapport de forces qui existe sur le terrain.

Qui selon vous sera la tête de liste de l’APR pour les Législatives ?

Cela, on ne le dira pas dans une interview. Vous attendrez le dépôt des listes pour le savoir.

Aminata Touré sera-t-elle investie sur les listes de Dakar ou de Kaolack ?

Je vous signale que je vote à Kaolack. Je vote au centre ‘’Kasnack’’ au bureau de vote numéro 3. J’ai transféré mon vote depuis très longtemps. Cela ne m’empêche pas d’ailleurs de continuer à appuyer les camarades partout comme à Grand Yoff par exemple. Le travail politique est continu. Si d’autres camarades, dans d’autres parties du pays, souhaitent que je vienne donner un coup de main, je le ferai avec beaucoup de plaisir. Le travail politique, c’est d’expliquer ce qui est en train de se faire, d’expliquer aussi les difficultés. Parce que ça aussi, je ne peux pas dire que toute se passe dans le meilleur des mondes. On est un pays en voie de développement où il n’y a pas toujours assez d’argent pour satisfaire tout le monde. Cela crée des surchauffes. Mais il faut être dans une dynamique d’explication, surtout être pédagogique.

Donc on peut dire que vous serez sur les listes à Kaolack ?

Je vote à Kaolack.

Qu’en est-il aujourd’hui de vos relations avec vos camarades de parti à la base en l’occurrence la ministre Mariama Sarr ?

Il faut que toutes ces surchauffes à travers le pays se refroidissent à l’image d’un véhicule dont en un moment, le moteur chauffe ; mais on s’arrête et on met de l’eau dans le radiateur et les choses redémarrent. Je reste extrêmement ouverte à travailler avec toutes ces camarades et à dépasser les émotions pour être beaucoup plus opérationnelles et nous concentrer à accompagner le Président, vendre le bilan, mobiliser les populations pour que l’excellent travail qu’il fait depuis 5 ans soit porté à l’attention de nos compatriotes.

Etes-vous partante pour être tête de liste nationale ?

Ça, ce sont des questions qui seront élucidées au moment venu. Mais ce n’est pas ça l’essentiel. Le plus important, c’est de démontrer encore une fois que le président de la République, à travers une politique de progrès, va collecter majoritairement les suffrages des Sénégalais, qui vont continuer à l’accompagner pour qu’il y ait une large majorité à l’Assemblée nationale. Parce que justement, ce ne sont pas nos querelles politiciennes qui peuvent voiler le bilan du président de la République qui, en cinq ans, a un bilan extrêmement important. Elevons un peu le jeu et le débat. J’invite aussi bien la presse que nous les politiques à concentrer notre discours et nos propositions. D’ailleurs, j’interpelle directement l’opposition. Nous aimerions vraiment discuter avec nos pourfendeurs de programmes et de politiques économiques.

Vous êtes donc prêts à débattre avec l’opposition sur le pétrole et le gaz. La gestion de ces ressources minérales a d’ailleurs conduit à un clash entre le président de la République et son ministre de l’Energie ?

Sur toutes les questions, j’invite l’opposition à dévoiler son programme aux Sénégalais et qu’on discute secteur par secteur. Qu’ils nous disent comment ils comptent faire mieux. Parce que quand le PDS quittait le pouvoir, nous étions en situation de croissance négative. Cela, il faut le rappeler. Il y a seulement 5 ans. Pour ce qui concerne le pétrole et le gaz, il y a beaucoup plus de fantasmes qu’autre chose. Le président de la République, par souci de transparence, a installé le Conseil d’orientation stratégique du pétrole et gaz (COS-PETROGAZ). Ça répond essentiellement à un souci de transparence.

Mais jusqu’à présent, on a l’impression que cette structure ne fonctionne pas ?

Elle a été installée il y a quelques semaines. Laissons-lui le temps d’être opérationnelle, de recruter les profils qu’il faut, etc. On n’a pas encore exploité une seule goutte de pétrole. C’est comme si le Sénégal gagnait déjà des milliards, alors que le pétrole est à des kilomètres sous terre.

Est-ce que cela n’est pas lié au fait qu’il n’y ait pas de transparence dans la gestion de ces ressources ?

Vous ne pouvez pas parler de non-transparence. Parce qu’il y a eu des élections et le président a été élu pour mener la politique de la Nation, parmi lesquelles celle énergétique. Il a quand même cette prérogative. Il a également les ministères et un gouvernement qui travaillent sur la question. Le Président a pour unique souci la préservation des intérêts du Sénégal et le bien-être des populations. Evidemment, c’est dans ce cadre-là qu’il a pensé diversifier les différents opérateurs. C’est très normal que vous ayez des Américains, des Français, des Anglais, des Russes certainement et d’autres qui sont des spécialistes de la question.

Qu’est ce qui a opposé Thierno Alassane Sall au Président Macky Sall ?

Je dois vous dire que je ne le sais pas parce que je ne suis pas dans le gouvernement. Je ne cherche même pas à savoir. Tout ce que je sais, c’est que le Président a la mission que lui confère la constitution de définir la politique de la Nation, y compris la politique énergétique. C’est dans ce sens que ses prérogatives doivent être respectées. Maintenant, ça arrive que dans le cadre d’un gouvernement, un ministre ne soit pas d’accord. Mais en ce moment-là, il s’en va. C’est dans tous les gouvernements et dans tous les pays du monde que cela se passe parce que le Président a la légitimité, issue des urnes, pour conduire la politique de la Nation. C’est tout ce que je peux dire sur le dossier.

Vous parlez beaucoup de transparence dans la gestion du gaz et du pétrole du Sénégal. Ousmane Sonko soutient le contraire dans son brûlot qu’il vient de publier. Que pensez-vous de ce livre ?

Dans la bouche d’un opposant, on ne s’attend pas à recevoir des fleurs. Son ouvrage ne résiste pas à la réalité des faits. Encore une fois, le pétrole est à des kilomètres sous terre. Par souci de transparence, je vous invite à regarder dans la plupart des pays pétroliers en Afrique. Très peu ont une structure comme le COS-PETROGAZ. Maintenant, il faudra que dans les périodes à venir, que les accords soient connus et que les Sénégalais soient informés. Je pense qu’il faut également aborder la vie avec optimisme et donner du crédit aux différentes actions qui se mènent.

Le Président a pour objectif et ambition que le pétrole serve aux générations présentes et futures. C'est pour cela qu’il a mis en place la structure COS-PETROGAZ pour qu’il y ait une réflexion stratégique. Je pense que l’excellente approche prise, c’est de diversifier les opérateurs du secteur pour que chacun amène sa valeur ajoutée, sa technologie. Le chef de l’Etat a même parlé d’un fond souverain du pétrole et du gaz. C’est très visionnaire que l’on ne dépense pas tout de suite ce qu’on a et qu’ensuite, on laisse les générations à venir sur les carreaux, comme cela s’est passé dans beaucoup de pays pétroliers. Donc tout cela procède d’une bonne intention de transparence. Maintenant tout le reste est politique.

Thierno Alassane Sall aurait démissionné parce qu’il ne serait pas d’accord avec le président de la République sur les accords signés avec Total. Qu’en est-il réellement ?

Le président de la République nomme aux fonctions civiles et militaires. Il apprécie à quel moment il change et prend de nouveaux collaborateurs. C’est sa décision unilatérale, il n’a pas à s’en expliquer. C’est comme cela que marche un Etat. Maintenant le plus important, ce sont les décisions prises par le gouvernement. On ne peut pas avoir une gouvernance qui se passe sur la place publique. Au moment opportun, les accords avec Total seront publiés et les populations seront informées. Voilà comment le pétrole va nous porter chance. Mais on ne peut pas faire aussi l’apologie du malheur parce qu’on est dans l’opposition. Je crois que celle-ci doit souhaiter, si elle est patriote, que le pétrole soit une bonne nouvelle pour le Sénégal. Si les opposants ont des propositions à faire pour améliorer le système de gestion, qu’ils le fassent. On est prêt à les écouter. Mais il ne faut pas faire l’apologie du malheur avant l’heure. Je pense qu’il faut insuffler une bonne dose d’optimisme dans ce pays pour que les générations actuelles et futures se rendent compte qu’il y a une opportunité unique. On doit remercier le Bon Dieu pour cela. Il y a des pays qui n’ont pas de pétrole. Il faut donc qu’on se mette dans des dispositions psychologiques et politiques de gérer ensemble ce pétrole au lieu d’en faire d’avance une situation négative. Maintenant, il faut laisser les choses évoluer. Quand l’Etat est dans des phases de négociation et de discussion avec des opérateurs, le souci du Président, c’est de préserver les intérêts du pays.

Selon vous, qu’est-ce qui se cache derrière la décision du président de la République demandant à son frère Aliou Sall et à son oncle Abdoulaye Timbo de renoncer à être sur les listes pour les prochaines Législatives ?

C’est la décision du Président qui estime que ce n’était peut-être pas nécessaire qu’ils soient candidats. Je pense qu’en dernière instance, ils l’ont compris. Aliou Sall a dit qu’il va s’engager comme s’il était lui-même le candidat. Il faut savoir que la vie est ainsi faite. Nous vivons ces expériences dans nos familles, dans nos ménages, dans nos bureaux. Tant qu’il y aura des êtres humains, il y aura des moments de confrontations qu’on voudrait qu’elles soient brèves. Et ensuite, on démarre avec un nouvel optimisme, une nouvelle énergie. C’est ce qui se passe et qui va se passer dans l’Alliance pour la République.

En demandant à son frère et à son oncle de ne pas être investis, est-ce que le Président ne craint pas le syndrome Karim Wade ?

Ça, c’est votre appréciation de la situation. Ce que je peux vous dire, c’est que le Président n’a pas besoin qu’il y ait toute cette interférence autour. Ce sont quand même des militants très impliqués, qui se sont battus, qui ont eu un mandat électif. Ils n’ont pas été nommés. Néanmoins, le Président a estimé qu’ils pouvaient se retirer des listes. Cela rentre aussi dans une stratégie de diversification dans l’exercice des responsabilités. C’est une bonne chose. Le plus important, c’est qu’ils l’aient compris et que finalement, les choses se soient calmées. Que ce soit Abdoulaye Timbo ou Aliou Sall, ils ont décidé de s’engager pour qu’on gagne facilement. Le plus important, c’est aussi qu’on impose à l’opposition un véritable rapport de forces et vous verrez le 30 juillet.

Avez-vous des nouvelles de Karim Wade ?

Absolument pas ! Pourquoi devrais-je avoir de ses nouvelles ?

Son retour est annoncé à Dakar.

Vraiment, c’est le cadet de mes soucis. Ce n’est pas gentil comme expression, mais c’est celle que j’ai trouvée. Karim Wade est libre d’aller et de venir comme il le souhaite. Encore une fois, il a été jugé et condamné. Il a fait sa peine, 3 ans de prison ; il a été gracié. Il est libre de ses mouvements.

Est-ce qu’il n’est pas en exil ?

Je ne sais pas. Je ne sais absolument pas ce que Karim Wade fait et où il est. Franchement, ce n’est pas une préoccupation importante pour moi.

La CREI a repris du service avec la convocation d’Abdoulaye Baldé et de sa femme. Où en est la traque des biens mal acquis ?

Avec vous les journalistes, on ne comprend jamais. Quand la CREI semble réfléchir, vous vous plaignez qu’elle dorme. Quand elle travaille, vous vous plaignez qu’elle travaille. Je pense que la transparence, la reddition des comptes, c’est comme un train qui ne s’arrête jamais. Ça doit être dans l’exercice normal de la démocratie qu’il y ait une reddition des comptes.

Est-ce que cette traque n’est pas sélective ?

Je ne vois pas pourquoi elle serait sélective. Je considère que toute personne qui est convoquée doit pouvoir justifier ses biens. Je ne vois pas pourquoi il y a autant d’émotions autour.

Le Président a avoué lui-même avoir mis sous le coude certains dossiers.

Oui. Ça, c’est le commentaire du Président. Il a évoqué un dossier (Fesman) et il a expliqué pour quelle raison culturelle et sociale il n’a pas transmis le rapport. Je ne pense pas qu’il ait évoqué un autre dossier. Je considère qu’il est important que les gens justifient ce qu’ils ont. On ne peut pas être un politicien, se servir dans les deniers publics et avec ceux-ci, on cherche à se faire élire. Ce n’est pas normal.

Donc vous cautionnez l’emprisonnement du maire de Dakar, Khalifa Sall ?

Je n’ai pas à cautionner ou à apprécier. Je laisse la Justice faire son travail. Au vu de ce que j’ai entendu, il s’agit de fausses facturations à hauteur de 1,8 milliard de F CFA. Ce sont quand même des faits graves. Je constate également qu’il n’y avait pas eu de cautionnement. Pourtant le maire de Dakar avait la possibilité de cautionner pour éviter la prison. Cela n’a pas été fait. Dans ces conditions, le juge d’instruction n’a pas eu d’autres choix que de procéder au mandat de dépôt. C’est ça la réalité des faits. Quand on déclare qu’on a livré chaque mois 30 millions de mil et de riz et qu’on n’a jamais vu un grain de mil et de riz, c’est quand même des faits très graves. C’est quinze postes de santé construits. Il faut que cela cesse. Il faut que ceux à qui on confie les deniers publics fassent la différence entre leurs avoirs personnels et les ressources publiques qui sont les moyens par lesquels nous devons nous développer en tant que pays.

Certains responsables du régime ont été épinglés par l’Ofnac et jusqu’ici il n’y a aucune suite...

(Elle coupe) Lesquels ?

Il y a le Directeur général du Coud par exemple.

Oui, je pense qu’il y a beaucoup de confusions. Je l’invite (le Dg du Coud) encore une fois à clarifier cette affaire. D’après les informations que j’ai eues, il y a une plainte croisée. Lui-même a porté plainte contre l’Ofnac pour diffusion de fausses nouvelles. Il estime aussi qu’il y a des allégations fausses. Mais vous ne le dites pas. Il y a une plainte du Dg du Coud devant le Procureur en même temps que le dossier de l’Ofnac. Le Président l’a dit et réaffirmé, il n’y a pas de vaccin contre le détournement des deniers publics. Il faut que ça rentre dans notre culture de gouvernance. Qu’on soit de l’opposition ou de la majorité présidentielle, ça n’a pas d’importance. Soit dit en passant, il y a des opposants qui ne sont pas poursuivis et pourtant, ils ont eu à gérer des deniers publics. Il y a aussi des maires qui ont commis quelques petites fautes de gestion mais qui ne sont pas traduits devant la Justice. Donc cette idée de sélectivité, c’est plus un argument politique qu’autre chose. Opposition comme majorité, la meilleure manière de se protéger, c’est de ne pas toucher à l’argent public.

C'est la quinzaine de la femme, avez-vous un message particulier à lancer à vos congénères ?

Un message de solidarité et d'encouragement à toutes mes sœurs qui, dans les ménages, les champs, les bureaux, les ateliers, les marchés, travaillent d'arrache-pied pour préserver la dignité de leur famille. Les femmes constituent plus de la moitié de la population du Sénégal. Sans elles, point d'émergence ! Elles méritent encore et toujours plus de soutien, c'est au bénéfice de leur famille d'abord, époux compris mais aussi de toute la société. Dans un monde de compétition, les femmes sont un atout à toujours promouvoir. Et leurs meilleurs alliés restent les hommes ; donc c'est aussi la quinzaine des hommes.
Commentaires