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Maurice Soudieck Dionne, docteur en Sciences politiques: ‘’La fédération de forces politiques est une stratégie judicieuse’’
Publié le jeudi 11 mai 2017  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par SB
Le front "Wattu Sénégal" confirme sa marche du 14 octobre
Dakar, le 05 octobre 2016 - Le Front "Wattu Sénégal" a tenu une réunion pour s`exprimer sur les points saillants de l`actualité nationale. Les partis de l`opposition ont par ailleurs confirmé la tenue de leur marche du 14 octobre.




Maurice Soudieck Dione revient dans cet entretien sur le pari de l’unité réussi de l’opposition regroupée au sein de Mankoo Taxawu Senegaal. L’enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis analyse également le mode de scrutin dans cette nouvelle configuration.

Comment analysez-vous les différentes tractations dans le champ politique en vue des prochaines élections ?

Ce sont des tractations âpres et serrées, tout à fait compréhensibles eu égard aux enjeux de ces élections législatives. Car le régime en place est à la recherche d’une nouvelle majorité parlementaire pour gouverner, car autrement le Président Sall aurait du mal à conduire les affaires publiques. En effet, la Constitution en son article 41 lui donne la prérogative de définir la politique de la nation, qui est exécutée par le Gouvernement, dirigé et coordonné par le Premier ministre. Or pour cela, il lui faut impérativement s’appuyer sur une majorité à l’Assemblée nationale. L’opposition cherche quant à elle à avoir également le maximum de suffrages, avec pour objectif déclaré d’avoir la majorité afin d’imposer une cohabitation.

Comment voyez-vous le nouveau bloc de l’opposition dénommé Mankoo Taxawu Senegaal et ses chances de gagner ces joutes ?

L’opposition s’organise et la principale coalition qui la structure, Mankoo Taxawu Senegaal, s’agrandit continuellement. La fédération de forces politiques significatives autour d’une liste commune est une stratégie judicieuse, qui permet au niveau des départements de mettre en tête de liste des personnalités politiques d’envergure autour desquelles s’agrègent tous les soutiens. Cette option est compréhensible, car elle permet à l’opposition de maximiser ses chances dans la compétition. Mais la brutalité du mode de scrutin, majoritaire à un tour au niveau départemental, où le vainqueur rafle tous les sièges, quel que soit l’écart de voix, et sur la base duquel 105 députés sur 165 seront élus, hypothèque la cohabitation. Mais le plus important sera d’analyser les résultats en termes de suffrages obtenus et non de sièges acquis. C’est en effet sur cette base qu’il va falloir apprécier les nouveaux rapports de forces entre pouvoir et opposition, ainsi que l’assise populaire du régime en place, afin d’avoir une certaine ébauche des perspectives électorales de 2019.

Aujourd’hui, certains partis de la mouvance présidentielle, à l’image de celui de Jean-Paul Dias, ont rejoint les rangs de l’opposition. Comment analysez-vous ce phénomène ?

Jean-Paul Dias est un homme politique expérimenté qui a soutenu Macky Sall au début, au moment où il n’était pas évident qu’il allait gagner. Il a joué un rôle important dans la coalition Macky 2012 qui a porté la candidature de ce dernier au premier tour de l’élection présidentielle, avant la mise en place de Benno Bokk Yaakaar. Depuis, il n’a pas été responsabilisé. Par ailleurs, il a toujours gardé une certaine liberté de ton, pour exprimer ses positions sur des questions parfois sensibles, notamment celles relatives aux affaires politico-judiciaires liées à la crise au sein du Parti socialiste, membre de la coalition au pouvoir, au même titre que le Bloc des centristes Gaïndé que Jean-Paul Dias dirige.

Toutes ces contradictions ont pu certainement peser sur sa décision de rejoindre Mankoo Taxawu Senegaal. D’autres personnalités de la mouvance présidentielle, comme Serigne Mansour Sy Djamil, Hélène Tine, ont également renforcé le camp de l’opposition. Il faut comprendre cela dans la dynamique de recomposition du champ politique. Car il faut rappeler, concernant Mansour Sy Djamil, qu’il avait réussi avec son mouvement politique, sous sa propre bannière, la prouesse d’obtenir 4 députés en 2012. C’est après cela qu’il est retourné dans Benno Bokk Yaakaar. Mais il me semble que si Mansour Sy Djamil avait quitté beaucoup plus tôt, ou s’il avait marqué dès l’entame de la législature son indépendance vis-à-vis de la majorité, il serait aujourd’hui un leader de l’opposition particulièrement bien positionné pour la Présidentielle de 2019.

Est-ce que cela ne risque pas d’entraver la coalition présidentielle ?

Quand des forces politiques substantielles de l’opposition se regroupent, et que des personnalités avec leur parti ou mouvement sortent de la coalition présidentielle, cela ne saurait être avantageux pour cette dernière. Mais il faut dire que la coalition Benno Bokk Yaakaar a atteint ses limites objectives d’absorption et intégration politiques, d’autant plus qu’il n’y a plus que très peu de postes à pourvoir, d’où la multiplication des risques de défection, de rébellion ou de démotivation qui peuvent fragiliser la mouvance présidentielle. On peut également comprendre, à partir de là, le développement d’une certaine violence physique et verbale qu’on a pu constater ces derniers temps, dans les rangs de la coalition.

Avec cette unité de l’opposition, Abdoulaye Wade n’a-t-il pas atteint son objectif de réunir les opposants autour d’une liste commune ?

Il est vrai que réunir toute l’opposition autour d’une liste unique était hypothétique, mais à défaut, Abdoulaye Wade a aidé à la mise en place d’un cadre politique devant être le creuset à partir duquel une liste commune de l’opposition peut être élaborée.
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