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Art et Culture

Bilan de la 25e édition de Saint-Louis Jazz: Des décibels de dettes pour les organisateurs
Publié le jeudi 4 mai 2017  |  Enquête Plus
Le
© Autre presse par DR
Le Festival de Jazz de Saint-Louis interdit par le préfet




La 25e édition du Festival international de jazz de Saint-Louis a pris fin ce dimanche. Et à l’heure du bilan, les organisateurs affirment s’être encore endettés.

Officiellement, le Festival international de jazz a été clos avant-hier à Saint-Louis. Des touristes venus de divers horizons se sont retrouvés dans la vieille ville pour assister à cet évènement. D’habitude, le Festival se tenait sur 5 jours. Cette année, il s’est exceptionnellement étalé sur 8 jours parce que la rencontre fêtait ses 25 ans. ‘’Huit jours de concert, c’est pénible et difficilement tenable’’, se plaint le président de l’Association Saint-Louis, Me Ibrahima Diop qui faisait avant-hier face à la presse. Mais, malgré cette difficulté, les organisateurs veulent aller au-delà d’une semaine. ‘’L’idéal serait d’arriver à une dizaine ou une quinzaine de jours de concerts’’, soutient le chargé de la communication de Saint-Louis jazz, Alex Ismaël Tendeng. Pour lui, c’est ainsi que leur association arriverait à faire de la ville une destination touristique.

Parlant d’association, Me Diop a réitéré le vœu de ses membres d’en faire une Fondation. Car chaque année, elle est confrontée à des problèmes de financement. La 25e édition ne déroge pas à cette règle. ‘’Aujourd’hui, les personnes morales de l’Association, le président en premier, sont exposés. Nous avons déposé une caution de 20 millions à la banque pour avoir des découverts. Il y a des sponsors qui n’ont pas encore honoré leurs contrats. A ce jour, nous sommes endettés et risquons des poursuites civiles. Pour un budget de près de 300 millions, les ¾ seulement ont été exécutés. Il y a un passif à combler et c’est extrêmement grave’’, s’inquiète-t-il.

Cette année, l’ardoise état lourde à cause non seulement de l’affiche, mais également des nombreux jours de concerts. Saint-Louis jazz a vraiment casqué fort pour les scènes ‘’In’’ et celles ‘’Off’’. Rien que Marcus Miller a été payé entre 40 et 50 millions de Frs Cfa, selon le président de l’Association.

Sur la scène ‘’Off’’, il y avait de grands noms de la musique comme Wasis Diop, Cheikh Tidiane Seck, Nancy Murillo, etc. Me Diop assure que les autres stars présentes à cette édition n’en ont pas reçu moins que Miller. A cela s’ajoutent les coûts faramineux des billets d’avion.

Autant de frais qui amènent à remercier certains partenaires et à rappeler d’autres au respect de leur engagement. ‘’Tous les sponsors ne sont pas comme la Bicis et la Fondation BNP/ Paribas. Cette année, elles ont augmenté leur enveloppe. Elles nous ont donné plus de 20 millions cette année’’, se montre reconnaissant Me Diop. Une aide qui sera pérenne si l’on en croit le Directeur général de la Bicis, Patrick Pitton. Pour ce dernier, afin de rendre bien meilleure la santé financière de Saint-Louis jazz, il serait bien que d’autres s’impliquent d’autant plus que le festival est à une étape historique. ‘’Saint-Louis Jazz a écrit ses lettres de noblesse et est devenu un évènement majeur. C’est une affaire qui dépasse le cadre festif. C’est devenu l’affaire de toute une ville’’, plaide M. Pitton.

ECHOS ECHOS ECHOS ECHOS

Saint-Louis a ‘’jazzé’’

Dimanche 30 avril était fêtée la journée internationale du jazz partout dans le monde. Le Sénégal n’était pas en reste, notamment du côté de l’ancienne capitale. Sur la dernière scène des concerts ‘’In’’, le message de la directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova était lu. Saint-Louis jazz étant membre de l’Association internationale de jazz et de surcroît en plein festival, elle ne pouvait pas mieux faire. ‘’Pour la première fois, la journée internationale du jazz fera l’objet de toute une semaine de célébrations à la Havane, autour d’ateliers, de master classes, de projections de films, de spectacles et de concerts dans l’ensemble de la ville. Le concert mondial All-Star sera l’occasion exceptionnelle de présenter les plus grands artistes mondiaux originaires de Cuba, d’Amérique latine et d’ailleurs, notamment le légendaire pianiste et compositeur de jazz Herbie Hancook, ambassadeur de bonne volonté de l’Unesco pour le dialogue interculturel, ainsi que le jazzman cubain Chucho Valdés’’, indique-t-on. C’était après le concert de l’Américain Lucky Peterson.

AUTOUR DE MINUIT

Habib Faye et Ablaye Cissokho encore au rendez-vous

Saint-Louis jazz, ce n’était pas seulement les scènes ‘’In’’. Toute la ville était en effervescence pendant une semaine. Les hôtels invitaient régulièrement des artistes pour accompagner leurs clients, ne serait-ce que le temps d’un déjeuner ou d’un dîner. Mais la scène la plus captivante des émules de Saint-Louis jazz est sans nul doute celle du centre culturel français de la ville de Mame Coumba Bang.

Chaque soir, après les concerts de la Place Faidherbe, bien des festivaliers s’y retrouvaient. Les 27, 28, 29 et 30 avril, le duo Ablaye Cissokho-Habib Faye a assuré. Le premier cité avait sa kora et chantait de temps à autre. Le deuxième, avec sa guitare, en faisait autant. Parfois, ils invitaient sur scène quelques uns de leurs collègues présents à Saint-Louis. Ainsi, ils ont pu en ravir plus d’un et offrir de beaux duos et featurings, comme ils le font depuis quelques années.

MASTERCLASS

Cette année encore, l’orchestre du prytanée militaire a eu droit à sa master class soutenue par la Bicis et la Fondation BNP/ Paribas. C’est l’orchestre ‘’Arbre acoustique’’ qui leur a assuré la formation. Ils ont ensemble fait une restitution samedi après-midi dans la cour de l’école des ‘’petits génies’’.

Une fois encore, les petits ‘’soldats’’ ont montré qu’ils avaient du talent. Après avoir entonné et joué seul l’hymne de leur école, ils ont fait deux morceaux avec la vedette saint-louisienne de la musique, Mama Sadio. Cette dernière vient d’ailleurs de mettre sur le marché son premier album. Dans cet opus, elle a dédiée une chanson aux enfants de troupe et à leur école. Laquelle chanson a été interprétée sur place avec son orchestre. C’est d’ailleurs, elle qui a conclu en beauté grâce à ce titre.

En outre, c’est après la première prestation de Mama Sadio que l’orchestre ‘’Arbre acoustique’’ a joué avec les jeunes musiciens. Les enfants ont été à la hauteur.

COMMENTAIRE

La fausse note de la tutelle

A L’ouverture de la 25e édition du Festival de jazz de Saint-Louis, il était annoncé la présence du ministre de la Culture et de la Communication, Mbagnick Ndiaye, avant la fin de l’évènement. Les concerts ‘’In’’ ont pris fin dimanche soir. Mais ni le ministre, ni le Secrétaire générale du ministère, ni le Directeur de cabinet n’y ont pris part. Pourtant, au-delà de ce que représente le Festival de jazz de Saint-Louis, qui est la plus grande manifestation culturelle annuelle, la tutelle devait être présente, ne serait-ce que parce que cette édition marque le 25e anniversaire de cet évènement.

C’est un tournant, mais aussi un symbole. Aussi, 2017 est l’année de la culture, telle que l’a décrété le président de la République, Macky Sall, Premier protecteur des arts. Quoi de mieux alors que de rendre visible et fortifier toutes les rencontres culturelles de ce pays surtout, celles-là qui sont crédibles. D’autant plus que depuis l’annonce de cette décision en conseil des ministres en janvier dernier, beaucoup de choses n’ont pas été faites. Une rencontre avec les acteurs avait été organisée pour définir des voies et moyens afin de rendre cette année culturelle inoubliable. On est en mai et rien de véritablement concret n’a été fait.

A cela s’ajoute, cette absence à cette rencontre qu’il faut plus que jamais condamner. On nous dira qu’on a prêté la scène du Festival mondial des arts nègres et que le Président a donné une enveloppe de 20 millions. Oui c’est bien. Mais un soutien à ce genre de manifestation ne doit pas se limiter aux aspects matériel et financier. Etre présent revêt tout un symbole. On nous dira aussi que Saint-Louis jazz est une association privée. Certes, mais n’est pas là, une raison de plus pour soutenir davantage cette manifestation culturelle. Heureusement que les organisateurs du Festival de jazz de Saint-Louis ne sont pas de ceux-là qui attendent tout de l’Etat.

‘’On est totalement et entièrement satisfait de l’organisation’’, a dit le président de l’association, Me Ibrahima Diop. Il n’empêche qu’une présence de la tutelle aurait donné, tant soit peu, un cachet particulier à cet évènement. La mairie de Saint-Louis l’a compris. Elle s’est davantage impliquée cette année. La tutelle devrait s’en inspirer surtout que la vieille ville est menacée de déclassement du patrimoine mondial de l’Unesco. Quoi de mieux qu’un plateau de ce genre pour sensibiliser les uns et les autres et même faire de certains comme Marcus Miller des ambassadeurs de Saint-Louis.
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