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L’ex-président tchadien Habré condamné par un "comité d’exécution", selon ses avocats
Publié le vendredi 28 avril 2017  |  AFP
Hisséne
© Autre presse par DR
Hisséne Habré au tribunal de Dakar, lors de son procès




Dakar - Les avocats de l'ex-président tchadien Hissène Habré, qui a été définitivement condamné à la prison à perpétuité pour crimes contre l'humanité par un tribunal africain à Dakar, ont fustigé vendredi une décision rendue par un "comité d'exécution".

Ce verdict prononcé jeudi confirme la peine prononcée en première instance en mai 2016 par les Chambres africaines extraordinaires (CAE), créées en vertu d'un accord entre l'Union africaine (UA) et le Sénégal, où M. Habré s'est réfugié après avoir été renversé en décembre 1990 par l'actuel président tchadien Idriss Deby Itno.

Une commission d'enquête tchadienne estime le bilan de la répression par le régime d'Hissène Habré (1982-1990) à quelque 40.000 morts.

Le 30 mai 2016, dix mois après l'ouverture du procès en première instance, il avait été condamné à la perpétuité pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité, tortures et viols par le tribunal spécial puis, le 29 juillet 2016, à payer jusqu'à 20 millions de FCFA (plus de 30.000 euros) par victime.

A l'issue de son procès en appel, sa condamnation à la perpétuité a été confirmée jeudi pour les crimes de guerre, crimes contre l'humanité et crimes de torture. Il a en revanche été acquitté de l'accusation de viol, sans incidence sur la condamnation. Détenu à Dakar, il doit purger sa peine au Sénégal ou dans un autre pays de l'UA.

Le tribunal spécial est "apparu tout au long de la procédure comme un comité d'exécution. Condamner à perpétuité un homme de 74 ans, c'est le condamner à mort", a commenté un des avocats embauchés par M. Habré, le Français François Serres, devant la presse à Dakar.

M. Habré est "un prisonnier dans un couloir de la mort, qui est otage de la République du Sénégal. (Le président sénégalais) Macky Sall a entre ses mains la responsabilité de la vie d'un homme", a affirmé Me Serres.

Il a également dénoncé "un procès politique" dont le président Deby Itno a, selon lui, été "le grand argentier" pour une procédure avec, entre autres, "de faux témoins, de fausses parties civiles, de faux documents, de faux experts, tous manipulés".

En outre, le tribunal a "pris une décision très favorable aux parties civiles" alors que dans son statut, "il n'a jamais été question que les biens du président Habré soient confisqués. On est devant une mission de chasser des biens, pour exterminer un homme et sa famille", a estimé M. Serres.

L'arrêt rendu jeudi par le tribunal spécial ordonne de verser quelque 82 milliards de FCFA (plus de 125 millions d'euros) à près de 7.400 victimes.

Cet argent devrait être distribué à travers un fonds d'indemnisation créé par l'UA qui sera également chargé de chercher et recouvrer les avoirs de M. Habré, selon le juriste américain Reed Brody qui travaille avec les victimes depuis 1999.

Un autre avocat embauché par M. Habré, le Sénégalais Ibrahima Diawara, a estimé que le jugement de l'ex-président tchadien a été celui de "tous les échecs", notamment celui "des autorités politiques et judiciaires (africaines), de la justice sénégalaise et des Africains qui pensent à une justice pénale africaine".

Le procès d'Hissène Habré était le premier au monde dans lequel un ancien chef d'Etat était traduit devant une juridiction d'un autre pays pour violations présumées des droits de l'homme, et le premier tenu en Afrique en application du principe de compétence universelle.

Il visait également à répondre aux griefs croissants contre la Cour pénale internationale (CPI), siégeant à La Haye, accusée de ne poursuivre que des dirigeants africains, en montrant que le continent peut les juger lui-même.


mrb/cs/lp
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