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Grossesses en milieu scolaire: Ces carrières brisées
Publié le samedi 15 avril 2017  |  Sud Quotidien




Les grossesses sont bien une réalité en milieu scolaire. Un phénomène lié, pour la plupart du temps, à l’environnement socioculturel, la pauvreté, mais aussi l’envie de découvrir le sexe. Même si dans cette tragédie, les enseignants sont pointés du doigt comme auteurs de ces grossesses, la direction médicale scolaire souligne, qu’ils ne sont que la face de l’iceberg, puisqu’ils représentent 2% contre plus de 60% entre pairs, à savoir élève et élève ou élève-étudiants. Aujourd’hui, dans le milieu scolaire des mesures d’accompagnement sont en train d’être mise sur pied afin d’éviter au maximum des grossesses en milieu scolaire. Il s’agit des curricula qui sont en train d’être élaborés pour permettre aux filles de connaître leurs corps et par ricochet « gérer » leur sexualité, des infirmeries scolaires pour prendre en charge la santé reproductive avec les différents services offerts. Mais, du côté de l’enseignant, un code de conduite verra bientôt le jour.

Les élèves filles sont devenues plus «éveillées» sur les questions de sexualité. L’internet et les Smartphones sont passés par là. Un des moyens de communication qui permet de savoir tout sur sa vie sexuelle et prendre ses précautions.

Toutefois, tout ce qui se dit sur le Net n’est toujours pas nette et la plupart d’entre elles, malgré les quelques connaissances acquises, tombent enceintes. Selon le rapport du Geep de 2016, il en ressort que le chiffre qui était à près de 2000 en 2014, a connu une baisse pour arriver à 1162 cas dénombrés. Au niveau de quelques écoles visitées à Dakar, les lycéennes parlent sans complexe de leur vie sexuelle. Elles maîtrisent l’arrivée des règles et savent comment se comporter pour éviter des grossesses. Même si elles nient avoir des rapports sexuels, ces filles ne semblent pas être innocentes. Ainsi, après quelques tractations pour les mettre en confiance, elles se lâchent. Elles ont saisi la question et chacune y va de son argument pour montrer comment éviter une grossesse précoce, mais surtout dans leur milieu qui s’amplifie. Et pourquoi elles cherchent à découvrir le sexe avant le mariage ?

Pour Mariama Ndiaye du Cem Doudou Diop des Hlm 5, élève en classe de 4ème, il faut s’abstenir. «La meilleure façon d’éviter une grossesse, c’est de s’abstenir de toute relation sexuelle. Pour moi, mes études prennent le dessus sur ma vie sexuelle. En classe, on nous apprend ces choses». Une réponse partagée par toutes les filles rencontrées. Cependant, dans la foulée des discussions, une lance : « à défaut de s’abstenir, il y a des moyens d’éviter les grossesses comme les pilules».

A l’idée de savoir si elle est sous méthode contraceptive, la fille nie et souligne : « je connais les modes de préventions parce qu’on en parle tous les jours dans les médias, les affiches, mais je le sais parce que ma sœur, après sa première grossesse, a fait recours à cette méthode pour éviter une autre grossesse et aujourd’hui, elle est accompagnée par les parents». Qu’est-ce qui pousse les filles à avoir des rapports sexuels ? Elles parlent des fois de chantage, d’harcèlement, mais aussi l’envie de s’offrir le luxe matériel que ne peut leur donner certains parents. Ainsi au lycée Jean de la Fontaine de Dakar, des élèves soutiennent, «il y a parmi nous, certaines que l’on dépose et qu’on vient chercher. Le plus souvent ce sont leurs compagnons qui le font. Ils sont très nantis, et ces dernières poussent certaines filles à le faire, pour être bien vues et du coup, elles tombent enceintes», a déclaré Alimatou Sylla. Et de poursuivre : « une de mes camarades a fait les frais de ses virées nocturnes au moment où ses parents pensaient qu’elle était en classe. Elle est tombée enceinte et aujourd’hui, elle a abandonné l’école pour s’occuper de son bébé». Même, si les élèves accusent le monde extérieur, elles n’excluent pas les enseignants qui leur font du chantage pour sortir avec elles. «Il y a des professeurs qui ne sont pas sérieux. Ils font du chantage à leurs élèves. Si tu n’es pas avec eux, ils te collent de mauvaises notes», renseigne une autre.

LES MOYENS POUR S’INFORMER

Pour une meilleure connaissance de l’éducation sexuelle, des enseignants interrogés, ont soutenu, qu’il n’y a pas assez de programmes qui prennent en charge cette question. A l’école «Diak Ndiaye» de Guédiawaye, un des enseignants avance que seules les sciences de la vie et de la terre parlent de cette question, ainsi que l’économie familiale. «Au cours des enseignements, seuls 69% des élèves suivent et prennent au sérieux ce phénomène, mais le reste n’en fait même pas cas, car pour eux, c’est une question de distraction», fait-il savoir sous le sceau de l’anonymat. Parlant des grossesses en milieu scolaire, l’enseignant soutient que ce manque d’informations y est pour quelque chose et les contenus doivent être renforcés pour permettre aux élèves de connaître leur sexualité. Et de poursuivre, qu’en dehors de l’école, les parents doivent bien contrôler leurs enfants qui arrivent à l’école avec des tenues indécentes. «Chaque jour, il y a des filles qu’on renvoie pour mauvaise conduite. Mais elles récidivent. La plupart d’entre elles ne viennent pas à l’école pour apprendre, mais l’utilise comme échappatoire pour les rendez-vous. Et partant de là, on enregistre par la suite des cas de grossesses » renseigne t-elle.

LES STRUCTURES SANITAIRES PEU FREQUENTEES

Elles sont peu nombreuses à fréquenter les structures de santé pour des soins ou encore pour des services comme la planification familiale qui permet d’éviter une grossesse. « Dans notre structure sanitaire, les élèves y viennent très rarement de leur propre initiative. Si elles le font, elles sont accompagnées de leurs parents ou d’un des membres de leur famille et c’est pour une consultation», fait savoir la sage-femme du poste de santé des Hlm1.

Et de poursuivre : « les patientes que nous avons ici, sont des personnes qui viennent pour la consultation prénatale ou postnatale ou encore pour un suivi pour les services de planification familiale». Par contre dans les centres ados, les élèves et étudiants en font leur lieu de rendez-vous. Filles comme garçons y vont, non pas pour des services à première vue, mais pour de l’information. «Nous recevons très souvent des élèves dans nos locaux. Ils viennent pour demander des informations sur leur vie sexuelle. La majorité des filles ne sait même pas quelle conduite adopter pour leurs premières règles. On les conseille et on les accompagne», lance l’assistant social du (Cedps) de Guédiawaye. Et de poursuivre : « il y a des sages-femmes pour les écouter et les procurer des soins aussi et nous veillons sur leur santé».

Des informations sont demandées au sujet des méthodes contraceptives dans ces espaces jeunes. De l’avis de l’assistant social : « certaines filles demandent des informations au sujet des méthodes contraceptives, mais le plus souvent ce sont les garçons pour les condoms.» Parlant des cas de grossesses recensées au niveau des zones, le conseiller déclare : « habituellement ce sont des filles âgées de 14 ans. La pauvreté dans cette zone en est une des causes et 33% de ces cas sont de la localité de Guédiawaye et Wakhinane».
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