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Art et Culture

"Doyen Amady Aly Dieng ...", un ouvrage du Pr Abdourahmane Ngaïdé: Les mots d’un "fils" à son "père"
Publié le lundi 10 avril 2017  |  Sud Quotidien
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© aDakar.com par MM
Le Pr Amady Aly Dieng s`est éteint




Intitulé «Doyen» Amady Aly Dieng, le transmetteur intégral, l’ouvrage du Pr Abdarahmane Ngaïdé, publié chez l’Harmattan, a été présenté hier, vendredi 7 avril, au public du Centre de recherches ouest-africain (Warc). Avec la préface de son ami le Pr Boubacar Ly, qui s’est dit «désemparé» et «déséquilibré» sans lui, et la postface du Pr Ibrahima Thioub, Recteur de l’Ucad. Et d’une certaine manière, l’ouvrage est celui d’un « fils » pour son « père ».

Derrière le titre de l’ouvrage de l’historien Abdarahmane Ngaïdé, la spécialiste des littératures négro-africaines francophones, Lilyan Kesteloot, dit avoir d’abord pensé qu’il y avait là une de ces très «classiques biographies » ; publiée peut-être trop «vite» de surcroit, un peu moins de deux ans après le décès, en mai 2015, de l’inclassable Amady Aly Dieng. Mais il n’en est rien. Car avec ses quelque 200 pages, « Doyen » Amady Aly Dieng, le transmetteur intégral, publié chez l’Harmattan, ferait davantage songer, dit-elle, à un «patchwork» ou à un «éventail de textes».

Entre les lignes de cet ouvrage, présenté hier, vendredi 7 avril au public du Centre de recherches ouest-africain (Warc), quelques hommages, pas très nombreux, et surtout signés par des Professeurs : son ami le sociologue Boubacar Ly, qui a d’ailleurs rédigé la préface de ce livre, Boubacar Barry, Mamoussé Diagne, et les autres, des textes «denses» qui passeraient quasiment pour une «analyse du sujet Amady Aly Dieng». Son côté «torpille socratique» ou toujours très «provocateur», ses prises de parole en public, son sens de la «contradiction», dont il avait «presque (fait) un jeu». A tel point que, pour parler comme Lilyan Kesteloot, on lui a souvent reproché d’être «trop négatif», alors qu’il ne l’était absolument pas dit-elle. Il avait surtout «horreur du mimétisme, des excès de louange», et de cette façon que les intellectuels ont parfois de «porter au pinacle» ceux d’entre eux qui décèdent, ou qui présentent un nouvel ouvrage.

La préface, explique Mamoussé Diagne, montre à quel point Amady Aly Dieng lui-même pouvait se montrer très dur avec l’oralité, assumant son «parti pris pour l’écrit», qui avait au moins le mérite de «survivre à son auteur». Son geste le «plus fort», sinon le plus «symbolique» ? Les «1500 ouvrages» qu’il avait bien voulu offrir à la bibliothèque de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad).

Peut-être parce que l’homme était un de ces infatigables lecteurs, et avec assez de générosité finalement pour partager ces petits tête-à-tête avec l’un ou l’autre de ces auteurs, célèbres ou non. On se souvient de ses notes de lecture hebdomadaires, publiées à l’époque dans les quotidiens Sud et Walfadjri.

Et peut-être aussi, pour parler comme le Pr Hamidou Dia, parce qu’il était tout simplement «attaché au livre, à l’écrit et à la méthode scientifique», comme à la communauté universitaire, lui que ses «cheveux blancs» n’avaient pas empêché de suivre, à l’époque, les cours de philosophie d’un Mamoussé Diagne.

C’était un personnage à lui tout seul… «Caustique», pour parler comme le Pr Souleymane Gomis du département de Sociologie de l’Ucad, qui cite le texte, avec beaucoup d’ «humour», pour ne pas parler d’ «ironie»…Sans oublier son «goût pour les mots», son esprit critique, «parfois agaçant», son allergie pour les «évidences et les vérités absolues». Un homme «libre» et «responsable», qui n’était certainement pas «intéressé par l’argent». Rédigée par le Pr Ibrahima Thioub, le Recteur de l’Ucad, la postface du livre, que cite Abdoulaye Elimane Kane, le présente comme quelqu’un d’aussi «insaisissable» que pas «facile à vivre».

Le lien avec Abdarahmane Ngaidé ? Peut-être cette «audace» et cette «impertinence conceptuelle commune à Ngaidé» et à celui qui était pour lui un «père spirituel». A cela s’ajoute, dit Abdarahmane Ngaïdé lui-même, qu’il lui a «inoculé cette quotidienne nécessité d’acheter des livres».

De cette cérémonie l’on retiendra aussi l’émotion du Pr Boubacar Ly, son ami de longue date, qui dit l’avoir connu pendant leur «période européenne». Puis viendra la retraite, et avec elle cette habitude qu’ils avaient de se retrouver tous les jours au même café. «Son décès m’a désemparé, perturbé, déséquilibré, je suis seul, et mes jours de vieillesse sont devenus bien tristes ».
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