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Focus sur le Fcfa, ce cheveu sur la soupe
Publié le jeudi 6 avril 2017  |  Walf Fadjri L’Aurore




Les voix qui résonnent, réclamant une sortie des pays africains du F Fca, sont de plus en plus nombreuses, aujourd’hui plus que jamais.
Le débat est de plus en plus agité sans que ces millions de populations des Etats où le franc CFA est en cours ne comprennent les véritables enjeux. A part certaines élites, étiquetées, le sujet semble tabou dans de nombreux palais africains où son acceptation semble être un facteur de long séjour. La monnaie est d’autant plus importante qu’elle constitue, plus que la devise et le sceau, l’âme d’une Nation. Plus qu’une manifestation de la souveraineté, la monnaie incarne l’indépendance elle-même. 94% des Etats ont chacun leur propre monnaie. En ce 57e anniversaire du Sénégal, pendant que les yeux sont, pour l’essentiel, rivés sur un défilé, mettant notre armée en exergue et en valeur, même si celle-ci ne s’est pas illustrée dans la quête de cette souveraineté célébrée, WALFnet fait un zoom sur le F CFA (Franc des colonies françaises d’Afrique).

Créé officiellement en 1945 (en 1939 en réalité), le F CFA émis par la caisse centrale de la France d’outre-mer, comme les putschistes qui ont troqué leurs treillis aux costumes et cravates, a changé d’accoutrement en devenant Franc Communauté Financière d’Afrique (F CFA). Il est en cours aux Comores et dans quatorze Etats en Afrique que sont Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée-Bissau, Guinée équatoriale, Mali, Niger, République Centrafricaine, République du Congo, Sénégal, Tchad, Togo.

Comment fonctionne le F CFA
Selon de nombreux économistes, notamment africains, les pays africains ne peuvent se développer en comptant sur le F CFA qui fonctionne en prenant en compte plus les intérêts de la France que ceux des pays où il est en cours.
« La fixité de la parité entre le CFA et l’euro n’est pas soutenue par les banques centrales des deux zones CFA, elle est assumée par le Trésor français. Le problème posé par des réserves qui sont limitées ne se pose pas a priori puisque le principe consubstantiel au CFA est que le Trésor français assure la parité fixe entre l’euro et le CFA avec comme contrepartie le dépôt de 50 % des réserves de changes détenues en zone CFA auprès du Trésor. Les principes de développement économique sont, dès lors, secondaires et subordonnés au respect du principe monétaire de la parité fixe. Il est notable par ailleurs qu’en zone CFA, plus que de remplir leurs obligations contractuelles, les États vont au-delà notamment en ce qui concerne le seuil minimum de 20 % de couverture de l’émission monétaire : en effet, il se situe autour de 100 %, voire plus », affirme Bruno Tinel, maître de conférences à l’université Paris 1-Panthéon-Sorbonne.
«Son fonctionnement appartient à la France qui l’utilise pour ses propres intérêts et donc contre les intérêts des Africains. Aussi bien à la Banque des Etats d’Afrique centrale (BEAC) qu’à la Banque des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) qu’à la Banque centrale des Comores (BCC), la France nomme des représentants qui disposent d’un droit de véto. Autrement dit, si les Africains présents aux conseils d’administration de ces différentes banques décident de prendre des décisions qui défendent les intérêts de l’Afrique en touchant aux intérêts de la France, ces décisions ne pourront pas être validées puisque les Français voteront « contre ». Ce d’autant plus qu’il est clairement mentionné dans les textes régissant ces trois banques centrales que « les décisions se prennent à l’unanimité », explique le professeur Nicolas Agbohou, économiste.
« Le franc CFA est un instrument allant contre le développement des pays africains, ne serait-ce que parce que cette monnaie est étrangère et que son sort se décide en France, ou en Allemagne (siège de la Banque centrale européenne). La dévaluation de 1994, décidée à Paris avec le soutien du FMI, avant que les États africains n’en soient informés par le ministre de la Coopération, en avait déjà été l’illustration. Les leviers qui déterminent le franc CFA ne sont pas en Afrique, comme le prouve ce constat : sur les 15 pays africains membres de la zone CFA, 11 sont classés comme « pays moins avancés » par les Nations unies. Certes, plusieurs facteurs expliquent cette situation, mais la question monétaire en est un majeur. Le problème est fondamentalement politique : la monnaie est un attribut de souveraineté », Demba Moussa Dembélé, économiste, président d’Arcade (Dakar-Sénégal)
«Le couple monnaie forte et désarmement tarifaire est ravageur dans la mesure où il empêche toute industrialisation (par exemple, toutes les industries textiles en Afrique de l’Ouest ont disparu, ce qui n’est pas dû qu’à la mauvaise gouvernance). On observe un effet direct de la gestion monétaire couplée aux orientations internationales (FMI, Banque mondiale) : il n’y a pas de processus de transformation de la matière première en interne, et, lorsque celle-ci est exportée, le sont aussi les emplois potentiels qui pourraient être créés. La double répression financière et monétaire », Kako Nubukpo, économiste, ancien ministre togolais.
Pourquoi avoir sa propre monnaie
«Celui qui contrôle le volume de la monnaie dans notre pays est maître absolu de toute l’industrie et tout le commerce…et quand vous réalisez que le système entier est très facilement contrôlé, d’une manière ou d’une autre, par une très petite élite de puissants, vous n’aurez pas besoin qu’on vous explique comment les périodes d’inflation et de déflation apparaissent», James A. Garfield, ancien président des Etats-Unis.
«Les quelques personnes qui comprennent le système (argent et crédits) seront tellement intéressés par les profits qu’il engendre, soit tellement dépendantes des faveurs qu’il conçoit, qu’il n’y aura aucune opposition au sein de cette classe. D’un autre côté, les personnes incapables d’appréhender l’immense avantage retiré du système par le capital porteront leur fardeau sans se plaindre et peut-être sans même remarquer le système ne sert aucunement leurs intérêts », notent les frères Rothschild.
«Le destin de l’homme se joue sur la monnaie! Exigez l’ordre financier ou acceptez l’esclavage!», Jacques Rueff, économiste, juge, haut fonctionnaire français.
« Vous participez à un système machiavélique de manière plus efficace en obéissant à ses ordres et décrets. Un tel système ne mérite pas l’allégeance. L’obéissance à ce système équivaut à s’associer à l’enfer. Une personne intelligente résistera de toute son âme à ce système diabolique. » Mahatma Gandhi.
«Il est appréciable que le peuple de cette nation ne comprenne rien au système bancaire et monétaire, car si tel était le cas, je pense que nous serions confrontés à une révolution avant demain matin », Henry Ford, industriel, fondateur du constructeur automobile Ford.
«Donnez-moi le contrôle sur la monnaie d’une nation, et je n’aurai pas à m’occuper de ceux qui font ses lois », Meyer Anschel Rothschild, fondateur de la dynastie banquière des Rothschild.
Il ne fait pas doute que les Africains sont loin de contrôler leur monnaie. La dévaluation à laquelle, presque tous les chefs d’Etat africains se sont opposés, s’est imposée à la Zone franc. Des Sénégalais se rappellent des engagements du président Abdou DIOUF, quand l’idée de dévaluer le Fcfa était de plus en plus agitée.
«La force prime souvent le droit. Je n’étais pas le seul à formuler cette mise en garde, mais la France… en a décidé autrement. Les voix africaines n’ont pas compté pour grand-chose dans cette affaire », avait réagi Étienne Gnassingbé Eyadéma.
« La situation actuelle où le compte d’opérations des exportations de 14 pays africains est géré par le Trésor d’un pays européen, fut-il, l’ancienne puissance coloniale, ne peut pas perdurer éternellement (…) Le franc CFA est certes un facteur d’intégration très important, mais là où le bât blesse, c’est que nous n’avons pas la possibilité de placer, ne serait-ce qu’une partie de nos ressources dans le circuit bancaire pour qu’elles génèrent des intérêts », Idriss Déby Itno, président tchadien.
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