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Kolda - Saccage du domicile du commissaire, des locaux du commissariat et du trésor public: 8 prévenus condamnés et 23 autres relaxés au bénéfice du doute
Publié le vendredi 31 mars 2017  |  Enquête Plus
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© Autre presse
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Le tribunal de flagrants délits de Kolda a distribué, ce mercredi 29 mars, les peines, dans le cadre des actes de violences qui ont paralysé la ville, les 14 au 15 mars dernier. 6 jeunes ont été condamnés en relation avec les faits et 2 autres pour détention de chanvre indien. Le reste a été relaxé.

Un procès inédit qui restera gravé dans la tête des populations de la capitale du Fouladou, à l’instar de l’affaire Dominique Lopy. Hier, tôt le matin, une foule immense a pris d’assaut les locaux du palais de justice de Kolda sous le regard vigilant des policiers et GMI qui veillaient au grain. Chacun voulait assister au procès des 31 personnes interpellées dans le cadre des scènes de violences et de guérilla urbaine notées les 14 au 15 mars dernier dans la commune de Kolda. En un clin d’œil, la salle fut remplie comme un œuf. Tout ce beau monde n’ayant d’yeux que pour les prévenus assis en rang serré, les visages renfrognés. Des regards égarés. Même s’ils ont pu compter avec la présence réconfortante de leurs parents, amis et proches.

Les juges ont fait leur entrée, à 10h. Un silence de cathédrale les a accueillis. Après les délibérés et la mise en état, les juges ont appelé les 31 jeunes par groupe de cinq ou six devant la barre. Il était 11 heures 30 minutes. Après l’identification des prévenus et la lecture des chefs d’accusations, les débats ont été ouverts. Tous les mis en cause ont nié les faits. Ils ont contesté les procès-verbaux qui font état de leurs aveux. D’aucuns ont reconnu avoir été devant le commissariat de police, mais en tant que spectateurs. Qu’ils n’ont jamais lancé de pierres ni participé au saccage des locaux du commissariat urbain, du domicile du commissaire, du Trésor public et de la mairie. D’autres ont expliqué s’y être rendus par une simple curiosité. Ce qui explique qu’on les voit sur la vidéo. Deux parmi les prévenus ont reconnu les faits de détention de chanvre indien.

La défense demande la relaxe de tous les prévenus faute de preuves

Prenant la parole, le représentant du parquet a martelé que « pour six des prévenus, les déclarations tenues devant la barre ne sont que purs mensonges. Car, ils avaient reconnu les faits à l’enquête préliminaire et lors du déferrement. Devant la barre, ils tentent de dribler la religion du tribunal pour échapper à la sanction pénale. Ceci prouve qu’ils sont de mauvaise foi », a-t-il soutenu, avant de requérir six mois contre eux. Concernant les 25 autres prévenus, l’avocat général a demandé au tribunal de les relaxer au bénéfice du doute. « Car ils n’ont pas varié dans leurs déclarations et aucun élément du dossier ne prouve leur implication dans la commission des faits », a-t-il conclu.

Les avocats des prévenus composés de Mes Demba Ciré Bathilly, Aliou Sow, Adama Fall, Djiby Dieng, Al Hassan Diallo et Prosper Djiba ont tout bonnement demandé au tribunal la relaxe des prévenus des fins des poursuites. Car, selon Me Adama Fall, le fait d’apparaître dans la vidéo ne signifie pas forcément qu’on fait partie de la bande des manifestants. Son collègue Me Djiby Dieng d’ajouter que pour preuve, « les prévenus ont été appréhendés dans différents endroits et à différentes heures ». Ce qui montre, selon Me Dieng, qu’il n’y a pas d’association de malfaiteurs. Me Al Hassan Diallo a martelé qu’il y a une carence de preuves dans le procès-verbal (PV) des enquêteurs. « Donc, le tribunal ne peut pas en aucun moment statuer sur le PV pour entrer en voie de condamnation », a-t-il soutenu.

Poursuivant les plaidoiries, Me Demba Ciré Bathilly a indiqué que « ni la sanction, les peines sévères ou la condamnation ne sont la solution pour résoudre les doléances des jeunes du Fouladou désœuvrés par le manque d’emplois ». L’avocat d’ajouter que « la responsabilité des peines n’est pas collective, mais, elle doit être personnelle. Donc, le procureur ne doit pas condamner les six prévenus, sans personnaliser les faits dont chacun est reproché ». Enfin Me Prosper Djiba de conclure qu’il n’y a « dans le dossier des 31 prévenus aucun élément probant qui caractérise leur implication dans la commission des faits ». Selon lui, ces personnes ont été arrêtées du fait qu’elles se sont rendues sur les lieux des manifestations, par simple curiosité. « C’est ça le mal de la société », a-t-il conclu.

Finalement, le tribunal de Grande Instance de Kolda a condamné Mamadou Aliou Diallo, Amadou Guissé et Cheick Seydi à trois mois d’emprisonnement ferme pour le délit de dégradation des biens appartenant à l’Etat ou aux collectivités locales. Moussa Baldé, Fodé Ndiaye et Abdoul Aziz Gnamadio à une peine de trois mois assortie du sursis pour rassemblement ayant causé des dégradations de biens des personnes et deux autres prévenus ont été condamnés à un mois de prison ferme pour détention de chanvre indien. Tandis que les 23 autres ont été relaxés au bénéfice du doute.
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