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Des fonds spéciaux aux fonds politiques: La société civile pour un ordre dans les caisses
Publié le mercredi 29 mars 2017  |  Sud Quotidien




L’affaire de la caisse d’avance de la ville de Dakar a remis au goût du jour le débat sur la problématique de l’utilisation des fonds politiques ou fonds spéciaux (l’appellation importe peu) dont bénéficient certaines personnalités politiques sénégalaises.

Interpellés sur la question, certains acteurs de la société civile sont presque unanimes à dire que les fonds spéciaux ne riment pas du tout avec l’exigence de la gouvernance transparente et vertueuse dont les tenants actuels du pouvoir chantent les louanges. Pour autant, le Secrétaire général par intérim de la Raddho, Sadikh Niass demande la suppression pure et simple de toutes les caisses d’avance, y compris celles des mairies, comme des fonds politiques de l’Assemblée nationale et toutes autres institutions qui en disposent. Abondant dans le même sens, le directeur de la section sénégalaise d’Amnesty international va plus loin en prônant la soumission de tous les utilisateurs de ces fonds spéciaux au contrôle de l’IGE et des autres corps de contrôle de l’État. Pour Seydi Gassama, même le président de la République devrait être contrôlé dans l’utilisation des fonds politiques qui lui sont attribués.

SEYDI GASSAMA, DIRECTEUR DE LA SECTION SÉNÉGALAISE D’AMNESTY INTERNATIONAL : «Tous les utilisateurs des fonds spéciaux devraient être soumis au contrôle…, y compris le Président»

On ne peut pas, aujourd’hui, parler de la bonne gouvernance politique et financière et en même temps donner des sommes d’argent à des élus qui les gèrent de façon discrétionnaire, sans rendre compte de cette gestion. C ‘est vrai que sur la caisse d’avance, on nous dit qu’il fallait rendre compte a posteriori de l’utilisation des fonds. Mais, l’idée même d’avoir cette caisse d’avance ne nous semble pas opportune parce que tout l’argent qui est destiné à cette caisse pour financer le social aurait pu faire l’objet d’une inscription dans le budget de la ville de Dakar pour être ensuite exécuté selon les règles en la matière. L’autre chose, ce sont les fonds spéciaux du président de la République estimés à 08 milliards, soient 8000 millions de nos francs qu’on donne au président de la République pour qu’il les dépense sans justifier et de façon tout à fait discrétionnaire. Et tout le monde sait que pour tous les présidents sénégalais, que ce soit Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall, ces fonds servent en réalité à enrichir les hommes politiques et à permettre la corruption politique. Ce sont ces fonds qui font la différence entre le pouvoir et l’opposition parce que c’est avec ces fonds que le président de la République finance sa campagne électorale.

Aujourd’hui, la commission multipartite de l’Assemblée nationale qui vote ces fonds devrait pouvoir examiner les rapports de l’Inspection Générale d’État (IGE) sur la manière dont le président de la République dépense ses fonds spéciaux. Cela, même si Macky Sall ne rend pas compte de l’utilisation qu’il en fait. Même si, également, les rapports de l’IGE ou de la Cour des comptes sur l’utilisation des fonds spéciaux du président de la République ne sont pas publiés dans la presse ou dans le site internet de l’IGE ou de la Cour des comptes.

En effet, ces fonds sont donnés non pas pour enrichir les politiciens, encore moins pour une corruption politique mais pour s’occuper des problèmes bien déterminés des Sénégalais. En plus, pour une utilisation plus efficiente des fonds spéciaux, on devait absolument légiférer sur le mode d’utilisation de ces fonds.

Il faut faire en sorte que tous les utilisateurs des fonds spéciaux fassent l’ordre d’un contrôle de l’IGE et des autres corps de contrôle de l’État afin d’éviter qu’ils utilisent ces fonds à des fins politiques, clientélistes ou encore de corruptions et d’enrichissement illicite. La campagne pour les législatives à venir devait être l’occasion pour débattre de l’utilisation de ces fonds politiques ou spéciaux. Toutefois, il ne faut pas faire d’illusion, ceux-ne sont pas les partis politiques tels que le Parti socialiste, l’Alliance pour la République (Apr), l’Alliance pour les forces du Progrès (Afp) ou encore le Parti démocratique sénégalais (Pds) qui vont porter le combat pour la réglementation de ces fonds politiques. Car, tous leurs dirigeants ont profité de ces fonds. Il revient aux citoyens sénégalais de poser le débat pour que la majorité qui se dégagera à la sortie de ces législatives puissent légiférer sur l’utilisation de ces fonds.

SADIKH NIASS, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL PAR INTÉRIM DE LA RADDHO : «Toutes les caisses d’avance ou fonds spéciaux... doivent être supprimés»

Ces fonds ne répondent plus aux exigences de la bonne gouvernance. Leur utilisation par certaines personnalités au moment où les nouvelles autorités chantent partout, à travers le pays, la bonne gouvernance me parait paradoxale. On ne peut pas continuer à autoriser l’utilisation de ces fonds spéciaux de nos jours. À mon avis, toutes les caisses d’avance ou fonds spéciaux octroyés aux mairies, à l’Assemblée nationale et autres institutions comme aux ministères doivent être supprimées. Je ne vois pas la nécessité d’octroyer à ces structures ces fonds. Aujourd’hui, seule la présidence de la République peut avoir besoin de ces fonds pour des dépenses liées à la défense et autres rubriques qui ne peuvent être révélées au grand jour comme les dépenses liées à l’espionnage. Pour le reste, tous les fonds qui leur sont octroyés devraient être soumis au contrôle, conformément à l’orthodoxie financière. Une disposition contribuerait à nous éviter des problèmes car, la plupart de ces caisses servent plus à alimenter une clientèle politique qu’à autre chose.
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