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Surpeuplement des prisons, longues détentions préventives, promiscuité, etc.: Le mal-vivre carcéral persiste en dépit des initiatives
Publié le lundi 27 mars 2017  |  Sud Quotidien
Effondrement
© Autre presse par DR
Effondrement d’un immeuble à Rebeuss : Un bébé de 18 mois sorti vivant des décombres




Cinq ans après l’accession du président Macky Sall à la magistrature suprême, les problèmes des prisons sénégalaises restent les mêmes. Les détenus continuent de purger des peines sans être jugés à cause de longues détentions préventives. L’état de délabrement des établissements pénitenciers et le surpeuplement des cellules continuent également un lot du quotidien des personnes en conflit avec la loi. Toutefois, en dépit des nombreux problèmes notés ça et là, force est de reconnaître que l’Etat du Sénégal a entrepris des réformes pour améliorer les conditions de détention avec notamment la construction d’ouvrages à la Maison d’arrêt de camp pénal et la hausse de la ration journalière du détenu. La construction de la Maison d’arrêt de Sébikotane s’inscrit dans cette perspective d’améliorer les conditions de détention.

La vétusté des prisons sénégalaises qui datent de l’époque coloniale et l’abondance de la population carcérale, environ 10.000 détenus ont marqué les cinq années de magistère du chef de l’Etat Macky Sall et de ses différents Gardes des Sceaux. Un article publié par le quotidien L’Observateur, la semaine dernière, dévoile des chiffres qui en disent long sur la situation carcérale au Sénégal. 9310 détenus dont 1529 mineurs, 1276 femmes et 1572 étrangers ont été recensés sur l’ensemble des établissements pénitenciers que compte notre pays. Pis, selon toujours le même article, les cas de mort en détention ou d’évasions confirment le mal vivre qu’on dit des geôles sénégalaises.

Les statistiques documentées par les services de l’administration pénitentiaire et rapportées par ce journal, attestent qu’entre 2013 et 2017, au total 136 détenus se sont échappés des 37 établissements pénitentiaires que compte le Sénégal. Par ailleurs souligne le journal, de 2013 à 2017, plus de 100 prisonniers ont été emportés par un meurtrier jamais arrêté. L’affaire Ibrahima Mbow en est un exemple. La mutinerie consécutive à une grève de la faim menée pendant cinq jours par les détenus, en guise de protestation contre leurs conditions de vie et les longues détentions sans jugement, a coûté la vie à Ibrahima Fall dans la journée du 20 septembre 2016.

Quelques jours après le drame, le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Sidiki Kaba, en visite à la citadelle du silence, a promis l’ouverture d’une enquête afin d’élucider cette affaire. Chose faite, mais c’est avec regret que le Procureur de la République, Serigne Bassirou Gueye, en conférence de presse, le 4 mars dernier, va annoncer que l’auteur du crime n’est toujours pas connu. Depuis, mystère et boule de gomme autour du meurtre de ce jeune homme qui s’est retrouvé à Rebeuss pour une affaire de bélier volé ou acquis suite à un recel.

LES LONGUES DETENTIONS PREVENTIVES, LE BOURREAU DES DETENUS

L’image est restée intacte dans la mémoire de beaucoup de Sénégalais, le célèbre fugitif Modou Fall, alias Boy Djinné, alpagué dans la journée du 5 juillet 2016, à Kalifourou dans le département de Vélingara, prévenait le chef de l’Etat, Macky Sall et son ministre de la Justice, Sdidki Kaba, qu’il ne restera plus derrière les barreaux sans être jugé. Son sort, il le partage avec de nombreux autres détenus qui purgent une «sentence» non encore prononcée par un juge. Les longues détentions préventives accablent les détenus. Les pensionnaires des Maisons d’arrêt et de correction (MAC) l’ont décrié sur tous les toits, à chaque fois que l’occasion leur est offerte. Les longues détentions préventives sont parmi les causes de la grève des pensionnaires de Rebeuss ayant abouti à la mutinerie.

Le 27 janvier 2015, le ministre de la Justice, rapportant les doléances des femmes détenues au sortir d’une visite à la prison pour femme, a reconnu que «les longues détentions sont souvent source de stress pour les femmes». Et Sidiki Kaba de souligner «la nécessité d’organiser des jugements rapides et la préparation à la réinsertion de ces prévenues». Dans les colonnes de Sudquotidien du 29 octobre 2015, abordant des longues détentions préventives à l’origine de plusieurs mouvements d’humeur des détenus, l’ancien président de l’Observatoire nationale des lieux de privation de liberté (ONLPL), Boubou Diouf Tall, avait plaidé pour que «des peines autres que la prison soient privilégiées pour les infractions mineures». Le secrétaire général du Comité sénégalais des droits de l’homme (CSDH), Assane Dramé, a souhaité, quant à lui, un recrutement supplémentaire de magistrats afin de permettre l’évacuation rapide des dossiers.

LE SURPEUPLEMENT, LE MAL QUI GANGRENE LES PRISONS

La surpopulation carcérale est le mal qui gangrène les prisons sénégalaises. La Maison d’arrêt de Rebeuss (Mar) qui est construite pour contenir environ 600 détenus accueille actuellement 2000 pensionnaires. Sa capacité d’accueil est largement dépassée. La vétusté de l’établissement aidant, les personnes mises aux arrêts dans cette citadelle du silence vivent dans un inconfort absolu. Des personnes s’y entachent comme des pots de sardines. Sans occulter des cellules dépourvues de toilettes.

Dans la parution de Sudquotidien du 29 octobre 2015, le président Boubou Diouf Tall, alors à la tête de l’ONLPL, a déploré aussi la non séparation des personnes mises aux arrêts à cause de la présence massive des détenus. Donc, de nouvelles prisons n’étant pas encore construites, le Sénégal se contente, pour le moment, des établissements légués par le colon. Mais, non seulement ces bâtices qui croulent sous le poids de l’âge ont largement dépassé leur capacité, mais aussi et surtout elles ne répondent pas aux standards requis en matière de protection des droits humains.

PROGRAMMEE POUR REMPLACER LA MAISON D’ARRET DE REBEUSS : La prison de Sébikotane se fait désirer

Rebeuss, cette prison qui ravit la vedette au quartier du même nom qui l’accueille, devrait disparaitre de la carte de Dakar. Cependant, sa disparation prend du temps, plus que prévu même. En effet, la livraison de la prison de Sébikotane qui devrait suppléer la MAC de Rebeuss était prévue en début janvier 2017. Nous sommes en mars 2017, et les travaux ne sont pas toujours achevés. Une lenteur compréhensible dés l’instant qu’au démarrage du projet, le Garde des Sceaux, ministre de la Justice avait indiqué que l’argent qui devait servir à la construction de cette prison devrait être tiré de la vente du site actuel de celle de Rebeuss. La procédure était que l’acquéreur attende la fin des travaux de la prison de Sébikotane pour disposer de son terrain. Peinant à trouver un promoteur ou bailleur intéressé par ce schéma, c’est finalement le gouvernement du Sénégal qui sera contraint de financer les travaux de l’établissement pénitencier de Sébikotane sur fonds propre.

MODOU FALL : Le «Djinné» avait un nom !

L’as de l’évasion, Modou Fall plus connu sous le sobriquet de Boy Djinné, a marqué les esprits pendant ces dernières années. Ses nombreuses évasions lui ont valu le surnom du Michael Scotfield Sénégalais. C’est dans la journée du 6 décembre 2015 que le vulgaire délinquant s’est échappé de la maison d’arrêt et de correction (MAC) de Rebeuss avant d’être pris à Touba en janvier 2016. Il sera mis sous mandat de dépôt à la MAC de Diourbel. Boy Djinné réussit une fois de plus à tromper la vigilance des gardes pénitentiaires. Son jeu de yoyo avec les forces de l’ordre s’est achevé le 5 juillet 2016. Parti trouvé refuge au pays de Yaya Jammeh, Boy Djinné a été finalement cueillie à Kalifourou, dans le département de Vélingara, de retour de la Guinée Bissau.

AMELIORATION DE LA SITUATION CARCERALE : Des réformes initiées pour le bien être des détenus

Face aux conditions de vie difficiles des détenus dans les prisons, l’Etat du Sénégal a entrepris des projets afin d’améliorer les conditions de détention. Parmi les mesures prises, il y a la construction d’un centre médico-social à la Maison d’arrêt et de correction du camp pénal. L’ouvrage a été inauguré par le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Sidiki Kaba, le 14 avril 2016. L’établissement vise à fournir des soins de santé aux détenus. Mais aussi à désengorger le pavillon spécial de l’hôpital principal de Dakar.

Un autre ouvrage réalisé dans cette maison d’arrêt, c’est la boulangerie de la réinsertion. Inauguré le 11 octobre 2016, la boulangerie produit et fournit le pain quotidien des établissements pénitenciers de la capitale. Mieux, les travailleurs de cette boulangerie sont des gens en conflit avec la loi.

Face à la présence massive de détenus à Rebeuss, l’Etat du Sénégal a essayé d’augmenter la capacité d’accueil de la maison d’arrêt (MAC). Suite aux nombreux mouvements d’humeur des détenus, un nouveau bâtiment a été construit à Rebeuss pour désengorger les chambres les plus peuplées.

Toujours dans le cadre de l’amélioration des conditions de vie des détenus, l’Etat du Sénégal a augmenté la ration journalière. Elle est passée de 700 à 1000 F Cfa par jour et par détenu. Pour une meilleure marche de la justice et afin d’éviter des lenteurs dans le traitement des contentieux et dossiers judiciaires, plusieurs maisons de justice ont été inaugurées. Il s’y ajoute la création des Chambres criminelles, en remplacement des Cours d’Assises, pour connaître des questions criminelles dans les meilleurs délais et désengorger les prisons, en plus de la construction de Tribunaux de grande instance et des Tribunaux d’instance dans les régions et départements.
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