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Jugée pour prise illégale d’intérêts, blanchiment de capitaux ...: L’Etat veut mettre Ndèye Khady Guèye dans la dèche
Publié le samedi 4 mars 2017  |  Enquête Plus
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© Autre presse par DR
L`ex administratrice du Fonds de promotion économique (Fpe), Ndèye Khady Guèye




Hier, le tribunal correctionnel de Dakar a jugé l’ex-administratrice du Fonds de promotion économique (Fpe). Ndèye Khady Guèye a comparu libre pour prise illégale d’intérêts, blanchiment de capitaux et détournement de deniers publics à hauteur de 1,89 milliard de F CFA. L’agent judiciaire de l’Etat a réclamé 1,5 milliard de F CFA, ainsi que la confiscation des 2 villas de la prévenue. Le Parquet a requis 3 ans assortis de sursis contre elle et Babacar Mané, poursuivi pour complicité. La décision est attendue le 20 avril.

Dans cette affaire, l’ex-administratrice du Fonds de promotion économique (FPE) Ndèye Khady Guèye avait bénéficié d’un non-lieu. Une décision rendue par le juge d’instruction au moment où elle venait de boucler 14 mois de détention préventive. Insatisfait, le Parquet avait interjeté appel. D’où le renvoi de Ndèye Khady Guèye devant le tribunal correctionnel de Dakar par la Chambre d’accusation afin qu’elle réponde des délits de prise illégale d’intérêts, de blanchiments de capitaux et de détournement de deniers publics à hauteur de 1,89 milliard de F CFA. L’assureur Babacar Mané a été attrait pour complicité du chef de prévention de blanchiment de capitaux. Après plusieurs renvois, le procès s’est finalement tenu hier, devant le tribunal correctionnel de Dakar.

Tout est parti d’un rapport de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) adressé au procureur de la République, en janvier 2013. L’enquête diligentée par la Section de recherches de la gendarmerie a ensuite relevé des irrégularités dans le fonctionnement du FPE. En effet, en 2003, la prévenue a été nommée par décret à la tête de l’administration de cette boîte chargée du financement des petites et moyennes entreprises (Pme). En 2010, Ndèye Khady créa la Société africaine de participation (Sap S.A). Elle obtint un prêt de la Bsic d’un montant de 1,5 milliard de F CFA garanti par la FPE. Ce n’est pas tout, puisque les enquêteurs lui ont également reproché d’avoir accordé un prêt de plus de 400 millions à la mutuelle ‘’Xel Dalna’’ qui appartient au réseau Ramatou dont elle est la Présidente.

‘’La Sap n’est pas ma société’’

Devant le juge d’instruction, son successeur Seydou Nourou Sy à la tête du FPE avait déclaré qu’ils avaient constaté la disparition d’un montant de 1,89 milliard de F CFA et trouvé des dossiers en souffrance. Hier, comparant libre, Ndèye Khady Guèye a déclaré d’emblée : ‘’Seydou Nourou Sy a commis un cabinet privé pour l’audit en violation des règles du FPE pour m’inculper. Je me suis donnée corps et âme pour le projet. Je ne connais pas les motivations de mon successeur’’. Elle a affirmé qu’elle a travaillé sous l’autorité du ministère de l’Economie et des Finances et du président de la République. Ensuite, a-t-elle poursuivi, le FPE a voulu avoir une institution financière, la Sap. Gabriel Lopez a accepté d’être le gérant de ladite institution avec 9999 actions et Lamine Diop détenait une part. ‘’C’est avec beaucoup de difficultés que nous avons réussi à convaincre ceux qui ont accepté de s’associer à ce projet. Et j’avais pris un risque sur moi. L’objectif du prêt était de garantir le financement. Mais la garantie a été levée lorsque l’Assemblée générale de la Banque nationale de développement économique (Bnde) s’est tenue’’, a-t-elle fait savoir.

Toutefois, Ndèye Khady Guèye a reconnu à la barre que la somme d’un milliard de F CFA provenant du prêt a été directement versée dans le compte de la Bnde qui n’était pas encore créée. A la question du juge de savoir si le Conseil d’administration (CA) du FPE avait donné son aval pour l’acquisition de cet accord, elle a rétorqué : ‘’Non, je ne m’en rappelle pas. Mais je faisais passer des montants beaucoup plus importants sans recueillir leurs avis. Une fois, j’ai fait un prêt de 8 milliards F CFA, sans les consulter’’. Ndary Diop lui a fait remarquer que la prise de décision, fût-elle celle de l’administration, doit être validée par un CA. ‘’La Sap n’est pas ma société. J’ai accordé un prêt à la mutuelle ‘’Xel Dalna’’ de 448 millions de F CFA pour procéder à l’importation de taxis pour le Gie ‘’Jokali transports’’. En tant qu’administrateur, j’avais la latitude d’accorder des prêts, sans l’aval du CA du FPE’’, a soutenu la prévenue.

Mais le président du tribunal est revenu à la charge pour lui signaler que le sieur Lamine Diop, qui ne détenait qu’une seule action, ne connaissait même pas l’administrateur de la Sap. Qu’il ignorait tout de cette société. Mieux, le notaire, lors de sa déposition, a déclaré qu’à chaque fois que Ndèye Khady Guèye était interpellée sur les noms des actionnaires de la Sap, elle ne les donnait pas. Sur ce, elle s’est contentée de confirmer que Gabriel et Lamine lui ont cédé leurs actions d’un total de 10 000 gratuitement. ‘’C’était sans contrepartie. Nous étions dans une dynamique de céder les actions, mais personne n’en voulait à cause du prêt bancaire. Ils m’ont viré leurs parts, un an après mon départ du FPE, car j’ai été révoquée par le CA’’, a-t-elle laissé entendre.

Sur le paiement d’un million de F CFA pour son loyer qu’elle puisait du compte du Fpe, elle assure que cela était stipulé dans le contrat qu’elle a signé avec le ministère de l’Economie et des Finances. ‘’J’avais un budget mensuel pour mon logement et 20 millions de F CFA pour l’équipement de la maison’’, a-t-elle fait savoir. Avant d’ajouter : ‘’Je ne suis pas une fonctionnaire de l’Etat, donc la prise illégale d’intérêts ne me concerne pas. Gabriel Lopez et Lamine m’ont prêté 1,5 milliard de F CFA qui n’a toujours pas été payé’’. ‘’Aujourd’hui, nous sommes poursuivis par la Bsic pour le remboursement de cette somme’’, s’est-elle défendue.

Mais le Parquet a soutenu que la prévenue a agi de la sorte parce qu’elle était au courant de la mutation du FPE en institution bancaire qu’est devenue la Bnde. A preuve, a-t-il dit, la Sap a intégré les actions de la Bnde avec 10 000 actions d’une valeur de 100 millions de F CFA. L’agent judiciaire de l’Etat a révélé que le gouvernement n’avait pas approuvé le projet. C’est la raison pour laquelle Ndèye Khady Guèye a rétrocédé les actions à l’Etat du Sénégal au franc symbolique. Ceci, après l’ouverture de cette procédure judiciaire. Pis, elle a versé en caution les 2 immeubles dont l’un appartenant à sa défunte mère au prix de sa liberté. ‘’Malgré cela, j’ai été retenue pendant plusieurs mois en prison. C’était par contrainte que j’ai fait cette consignation. Je n’ai pas détourné l’argent. Il y avait un comité de crédit qui validait les accords. L’Etat n’a jamais subi de préjudice’’, a dit la prévenue.



Le Parquet a requis 3 ans avec sursis

Pour sa part, Babacar Mané a nié les déclarations faites à l’enquête préliminaire et devant le juge d’instruction. A l’en croire, il n’a jamais affirmé que c’est lui qui a demandé la levée de la garantie du FPE ‘’pour éviter que l’argent public ne serve à financer la Sap’’. ‘’Etant l’administrateur, mon souci était que la Sap ait une gestion saine. Nous avons proposé le projet au Dg de la Bsic, Amadou Diaw. Je suis venu le 11 juin 2010, et en août, j’ai fait un courrier sur le dépôt à terme du prêt. Une partie a servi à payer les populations touchées par les 44 hectares achetés à Diass’’, a-t-il expliqué.

Pour les avocats de la partie civile, l’infraction est caractérisée, puisque l’objectif des retombées de la Sap n’était pas destiné au FPE. Ils ont soutenu que Ndèye Khady Guèye a mobilisé l’argent qui devait servir à financier d’autres projets de l’Etat pour récolter ses propres dividendes. ‘’On pille nos ressources dans un pays où la population meurt de faim. Elle a acquis indûment le prêt’’, a martelé l’un des avocats. Ensuite, l’agent judiciaire de l’Etat (Aje) a réclamé la somme de 1,5 milliard à titre de dommages et intérêts et la confiscation des immeubles d’une valeur de 3 milliards de F CFA. A son tour, le Parquet a lancé que les faits sont imputables aux prévenus. Il a requis 3 ans assortis du sursis contre les prévenus.

Les conseils de Babacar Mané ont, eux, fait savoir que leur client ‘’a eu le malheur d’être au poste au moment des faits’’. D’après les avocats, il ne pouvait pas imaginer que dans toute cette machination, il y avait une prise illégale d’intérêts. ‘’Il ne pouvait établir un quelconque lien entre le prêt de la Bsic et la dame. Il n’est pas impliqué dans ce dossier. Il est en train de subir une injustice au crépuscule de sa carrière’’, ont-ils dit. Avant de solliciter la relaxe pure et simple. Mes Seydou Diagne et Cie ont signalé que Ndèye Khady Guèye a été poursuivie avec ‘’maladresse’’. Selon Me Baboucar Cissé, le rapport de la Centif a été commandité pour atteindre leur cliente. Les robes noires ont déclaré que dans cette affaire, c’est l’Etat qui s’est enrichi sans cause en s’appropriant le 1,5 milliard de F CFA des privés. Délibéré le 20 avril prochain.
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