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Art et Culture

Ouverture de la 25eme édition du Fespaco: Couleurs politiques
Publié le mardi 28 fevrier 2017  |  Sud Quotidien
FESPACO
© aDakar.com par A.O
FESPACO 2017: c`est parti pour la fête du cinéma africain
Samedi 25 février 2017. Ouagadougou(Burkina Faso). Le président du Faso, Roch Kaboré, a donné le clap officiel d`ouverture de la 25e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), riche en couleurs.




On a évidemment parlé de 7ème art lors de la cérémonie d’ouverture de cette 25ème édition du Festival panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (Fespaco), qui se poursuit jusqu’au 4 mars prochain…Même si le discours s’est voulu très politique. Entre les nombreuses références à Thomas Sankara, la présence du chef de l’Etat burkinabé, ce samedi 25 février au Stade municipal de Ouagadougou, a dû avoir quelque chose de symbolique, quad on sait que, pour reprendre les propos du ministre de la Culture lui-même, ce n’était pas arrivé depuis un peu moins de 20 ans…

C’est à la fois une institution et une de ces vieilles traditions, qui remonterait à la fin des années 1960…Mais les habitués de ce Festival panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (Fespaco) vous détromperont très vite, avec l’air de vous dire que vous ne devriez surtout pas vous attendre à ce que tout soit parfait ou très lisse, et que vous vous retrouverez peut-être à devoir courir après l’une ou l’autre de ces programmations, à recoller les morceaux, à vous amuser à faire de petits puzzles…On vous dira aussi qu’au «Pays des hommes intègres», on ne badine surtout pas avec les horaires, et malheur à celui qui serait plus ou moins tenté de prendre les choses à la légère. Le chef d’Etat burkinabé lui-même, Roch Marc Christian Kaboré, est d’ailleurs arrivé quelques petites minutes avant 16 heures…Autrement dit quelques instants seulement avant l’ouverture officielle de cette 25ème édition du Fespaco, ce samedi 25 février, au Stade municipal de Ouagadougou.

De quoi en finir avec la traditionnelle «absence» du chef d’Etat burkinabé, quand on sait que depuis 1999, pour parler comme le ministre de la Culture, Tahirou Barry, pas un seul d’entre eux n’est venu présider la très officielle cérémonie d’ouverture du Fespaco.

A la tribune, on trouvera d’ailleurs quelques nostalgiques des années 80 ou de ces fameuses années Sankara, qui n’hésitait pas à «participer à chacune des activités du Fespaco», en plus d’avoir donné cette «dimension panafricaine» au Festival…A une époque plus ou moins lointaine où le cinéma avait le don de «mobiliser tout le monde», pour parler comme le maire de la ville, Armand Béouindé , qui a surtout appelé à «redonner au Fespaco son lustre d’antan», et à faire preuve d’un certain «volontarisme».

Idem pour le ministre burkinabé de la Culture, Tahirou Barry, dont le discours s’est voulu aussi énergique et conquérant que sa très insolite course jusqu’à la tribune, et que l’on entendra, lui aussi, revendiquer un héritage «sankariste».

«Bienvenue au pays des hommes intègres, lancera-t-il donc à la foule, au pays des insurgés des 30 et 31 octobre 2014», allusion à la chute de Blaise Compaoré, «bienvenue au pays de Thomas Sankara, qui a rêvé d’une Afrique digne et unie».

Un discours panafricaniste donc, pour un Festival panafricain, et Tahirou Barry profitera encore de cette tribune qu’on lui offrait, pour rendre hommage aux réalisateurs Gaston Kaboré et Idrissa Ouedraogo, et pour défendre un 7ème art africain plus authentique, autrement dit moins emprunté, qui ne se contenterait pas d’ «imiter» ce qui se fait ailleurs…Parce que, dira-t-il, «c’est en voulant imiter l’hippopotame que le coq s’est toujours noyé». La foule a l’air d’apprécier…

Le ministre de la Culture, qui plaidera aussi pour un cinéma capable de se questionner, de s’adapter, de se professionnaliser et de s’autofinancer, va justement annoncer la réhabilitation d’une quinzaine de salles de cinéma.

FESPACO 2017 : L’ombre de Sankara…

Disons que de façon très générale, le discours de ce 25 février est resté très politique pour ne pas dire très engagé. Lorsque le rappeur burkinabé Smockey monte sur scène ce soir-là, après le spectacle équestre «inspiré de l’histoire de la Princesse de Yennenga», on ne s’attend évidemment pas à ce qu’il caresse qui que ce soit dans le sens du poil : cela ne lui ressemblerait pas. Exemple avec sa chanson «Insoumission» où il répètera que «Personne ne se soumet à personne», sans oublier, évidemment, d’en égratigner quelques-uns : les arrivistes, ceux-là qui feront allégeance toute leur vie, etc.

Alpha Blondy monte…enfin, précédé d’un petit zapping musical, dans des extraits sonores toujours très courts, «Au clair de la lune…», «Brigadier sabari», mais juste ce qu’il faut en fait pour aiguiser les appétits. Avec cette sentencieuse voix de prêcheur, le chanteur enchaîne sur son Psaume 23, le concert commence tout doucement, timidement doit-on dire, peut-être parce que le public a besoin de pouvoir se retrouver dans certains intemporels de la star : l’indémodable « Wari Bana » pour commencer, et « Brigadier Sabari », en fin de spectacle, pour faire danser tout le monde : le public, les journalistes, le personnel médical, etc.

Entre les deux, quelque chose de relativement récent : «Crime spirituel», extrait de son album «Mystic Power» en 2013, où il met en garde tous ceux qui se serviraient de la religion comme d’un alibi : «Faut pas mêler Allah à vos actes criminels».
On pense forcément aux mots d’Armand Béouindé (le maire de Ouagadougou), qui s’était réengagé, quelques minutes plus tôt… A la fois contre l’extrémisme, la radicalisation des jeunes et le terrorisme, et pour le dialogue interethnique et interreligieux, la culture, la paix et la tolérance.

Mais que serait finalement un concert d’Alpha Blondy à Ouaga, sans son «Journalistes en danger» que le public a d’ailleurs chanté avec lui : « Au clair de la lune, mon ami Zongo (Norbert Zongo, Ndlr)…refusa de bâillonner sa plume au Burkina Faso… Mais Zongo est mort…»

Comme Sankara, l’absent le plus présent de cette soirée…

ECHOS

Quand le ministre de la Culture court jusqu’à la tribune…
S’il y a bien quelqu’un qui se sera rendu inoubliable ce samedi 25 février, c’est bien le ministre burkinabé de la Culture, Tahirou Barry, qui n’a pas hésité à courir jusqu’à la tribune. Une entrée aussi insolite que forcément très remarquée, qui arrachera naturellement quelques irrépressibles éclats de rire à la foule. Dans le public justement, on mettra tout cela sur le compte de l’âge du Ministre : 41 ans. Et après un discours aussi énergique que sa course à pied, Tahirou Barry va donc regagner tranquillement sa place, mais à la marche cette fois…De quoi faire quelques déçus.

La délégation ivoirienne et ses 300 personnes
13 films représenteront la Côte d’Ivoire lors de cette 25ème édition du Fespaco. 13 films, dont 2 longs métrages, pour le pays invité d’honneur, venu avec une délégation de 300 personnes : «Innocent malgré tout» des réalisateurs Kouamé Jean de Dieu et Kouamé Mathurin Samuel Codjovi, et «L’interprète», signé Olivier Meliehe Koné. Au cours de cette cérémonie d’ouverture, le ministre ivoirien de la Culture et de la Francophonie, l’écrivain et homme politique Maurice Bandaman, a annoncé, comme son homologue burkinabé, que le chef d’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, serait quant à lui présent lors de la cérémonie de clôture du 4 mars prochain. La Côte d’Ivoire, qui aura son Village à elle («Akwaba» ou Bienvenue) pendant ce 25ème Fespaco, a d’ailleurs offert au Festival panafricain le concert d’Alpha Blondy de ce samedi 25 février au Stade municipal.

«Les journalistes, c’est comme de la Nivaquine… »
On connaissait la chanson «Journalistes en danger» d’Alpha Blondy, et ce samedi 25 février, un peu moins de 20 ans après l’assassinat de Norbert Zongo, journaliste burkinabé, le combat de l’artiste n’a apparemment pas pris une ride : «Les journalistes, on ne les tue pas…C’est comme de la nivaquine. C’est amer parfois, mais ça soigne.»

Sécurité…
Nous avons eu droit, plus d’une heure avant la cérémonie d’ouverture de ce 25ème Festival, à de longues files devant les portes du Stade municipal, où il fallait évidemment montrer patte blanche, soumis que nous étions à de très stricts contrôles de sécurité : du détecteur de métaux, à la minutieuse fouille des sacs à main ou sacs à dos. A l’entrée, une collègue nous fera d’ailleurs remarquer les forces de l’ordre (plus d’une dizaine) installées à chaque bloc de gradins…Quand une autre se demandera, à la sortie, s’il n’y avait finalement pas plus de «policiers que de spectateurs»…Dans ce Stade municipal de Ouaga, qui a affiché «complet».
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