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Raréfaction du poisson : Les pêcheurs de Matam et de Podor étalent leur désarroi
Publié le vendredi 24 fevrier 2017  |  Le Soleil
Sécurite
© Autre presse par DR
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La pêche continentale souffre de nombreux maux à Matam et à Podor. Devant la raréfaction du poisson, les pêcheurs étalent toutes leurs inquiétudes. Mais la visite du ministre de la Pêche et de l’Economie a ravivé l’espoir d’un lendemain meilleur.

Ils sont tous là, hommes, femmes, enfants…, ce lundi après-midi, sous la voilure du soleil couchant. Les populations de Kanel, de Soringho, de Thialy, de Bow etc., ont massivement afflué sur la berge abrupte et ravinée du marigot « Patowel » à la rencontre du ministre de la Pêche et de l’Economie maritime. Tam-tam, battements de mains, chants, l’ambiance est à la fête. Ce jubilé est à la hauteur de l’immense espoir que suscite cette visite ministérielle chez ces populations qui vivent de la pêche continentale. Car, ici, comme dans les autres localités situées le long des cours d’eau, ce secteur souffre. Il ne nourrit plus son homme.

L’époque où les pirogues remplies à ras-bord débarquant des captures sur la berge n’est plus que réminiscence douloureuse. Les actions communautaires comme l’interdiction d’y pêcher durant une partie de l’année afin de permettre le repeuplement du cours d’eau n’y ont rien fait. Le poisson se raréfie. La production moyenne annuelle par campagne de 210.000 kilogrammes est un lointain souvenir. « Dans les années 1990, la pêche était florissante. C’était la fête, la berge était animée. Les gens venaient de partout pour acheter nos poissons, pas n’importe quel poisson, mais des poissons nobles », rappelle M. Diallo, adjoint au maire de la commune de Ouro Sidy. Les applaudissements couvrent ses propos. « On ne mange plus du poisson, rien que de la viande », renchérit une voix dans l’assistance suivie de vivats dans la foule.

Situé dans l’arrondissement de Ouro Sidy, à trois kilomètres de la commune de Kanel, le marigot « Patowel » a une longueur de 5 kilomètres, une largeur de 80 mètres et une profondeur de 7 mètres en période de crue. Il était peuplé par une diversité d’espèces halieutiques. Mais le cours d’eau est en train de se rétrécir dangereusement du fait de l’ensablement favorisé par les cultures de décrue sur le lit majeur et de la mauvaise gestion des ouvrages hydrauliques de retenue d’eau qui perturbent son régime. Les pêcheurs ont demandé au ministre le curage et le dragage du marigot, son empoissonnement, la construction d’un abri pour la surveillance. Ils souhaitent avoir une ferme piscicole en cages flottantes, un appui financier et un périmètre maraîcher afin de diversifier leurs activités.

Non loin de là, la mare « Wendu Kanel », à cheval entre les communes de Ogo et de Ouro Sidy, s’étend sur 4 kilomètres de long et 1,5 kilomètre de large pour une profondeur moyenne de 3 mètres en période de crue. Ce cours d’eau connaît le même sort que le marigot « Patowel ». Il souffre d’un tarissement précoce.

Le poisson se raréfie
Le temps de rétention de l’eau ne dure que 9 mois. Et pourtant, le « Wendu Kanel », selon l’Inspecteur régional de la pêche et de surveillance, M. Mané, « est propice à l’empoissonnement et à la pisciculture en enclos ». La production moyenne de poisson par campagne est estimée à 135.000 kg. Là également, les doléances de la délégation de pêcheurs venue rencontrer le ministre Omar Guèye en bordure de la mare sont les mêmes que celles de leurs homologues du marigot « Patowel » : empoissonnement, dragage, appui financier, abri de surveillance, pisciculture en cages etc. Plus au Nord, dans la commune de Bokidiawé, département de Matam, le problème d’ensablement n’est pas la principale préoccupation des pêcheurs du village de Sadel bordé par le fleuve Sénégal. Ici, les préoccupations sont liées à la raréfaction du poisson, au manque d’équipements de pêche (pirogues motorisées, gilets), au défaut de moyens de conservation des produits (caisses isothermiques). Devant le ministre Oumar Guèye, les doléances ont porté sur ces aspects. L’achèvement des travaux de l’aire de transformation a été également une forte demande. En effet, à Sadel, une unité de transformation des produits de la pêche a été construite en 2011 mais elle n’est ni fonctionnelle ni réceptionnée pour des raisons de travaux complémentaires à exécuter par le Projet de gestion intégré des ressources en eau et de développement des usages multiples dans le bassin du fleuve Sénégal/ Omvs (Pgire 2).

Comme dans la région de Matam, la pêche continentale souffre de multiples maux dans le Podor. Le constat a été fait par le ministre de la Pêche et de l’Economie maritime à Pont Gayo, petit village de pêcheurs perché sur les hauteurs du fleuve qui traverse Donaye et Podor commune. Partout où il est passé, le ministre Oumar Guèye a tenu des rencontres d’échanges et de partage avec tous les acteurs de la pêche. Ayant pris bonne note des doléances, il a promis de tout faire pour que la pêche continentale retrouve un nouveau souffle dans le Fouta.
De notre envoyé spécial : Elhadji Ibrahima THIAM

LE GUIDE RELIGIEUX THIERNO SAMASSA ET DES JEUNES « PÊCHENT » PAR L’EXEMPLE
D’un côté, vingt jeunes qui ont refusé la fatalité du chômage et ont décidé de lutter contre les affres de l’oisiveté ou de vivre de menu fretin. De l’autre, un marabout entreprenant qui a refusé de se contenter de son tapis de prière et de son chapelet et a décidé d’investir dans la terre. Dans la commune de Matam, le Gie Weltaré et le chef religieux Thierno Samassa ont développé des fermes piscicoles qui restent des modèles du genre dans tout le Fouta. « Pour l’instant, ces deux fermes sont les plus importantes dans toute la zone », souffle le Dr Maguette Bâ, Directeur de l’Agence nationale de l’aquaculture (Ana) qui apporte un soutien technique et matériel à ces deux projets.

La ferme piscicole de ces jeunes de Matam est de type cages flottantes. Elle est mise en place par le projet de la Fao qui promeut la création d’emplois décents pour les jeunes dans le domaine de l’aquaculture. Le ministère de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Construction citoyenne est la tutelle institutionnelle et l’Ana en assure la coordination et la mise en œuvre avec la sélection du site, la confection des cages, la formation des jeunes, l’empoissonnement et le suivi. La ferme bénéficie également d’une petite unité de fabrique d’aliment. Le coût global du projet est estimé à 25 millions de FCfa.

Les cages ont été empoissonnées le 23 janvier dernier avec 60.000 alevins de poids moyen de 15 grammes. La période d’élevage dure six mois au bout de laquelle il est attendu une récolte 17,5 tonnes de poissons. Sur l’année, cela donne 35 tonnes. A raison de 1000 FCfa le kilogramme, ces jeunes pourront se retrouver avec un chiffre d’affaires de 35 millions de FCfa par an.

Quant à la ferme piscicole du marabout Thierno Samassa, elle a été aménagée en 2015 avec l’appui de l’Ana pour les aspects techniques et la Saed dans la logistique, à Diacksao, à quelques kilomètres du centre de la commune de Matam. Elle est composée de cinq étangs alimentés en eau par un bras du fleuve Sénégal. Les étangs ont été empoissonnés par l’Ana avec 20.000 alevins de 20 à 29 grammes. En plus des alevins, l’Ana a mis à la disposition du chef religieux 3,5 tonnes d’aliments. Quelques-uns de ses disciples assurent le suivi des élevages avec l’assistance de l’Ana. Si tout se passe bien, cette ferme produira 12 tonnes de poissons sur l’année.

De notre envoyé spécial : Elhadji Ibrahima THIAM

MATAM : TROIS PÔLES AQUACOLES BIENTÔT RÉALISÉS
Lors de son séjour à Matam, le ministre de la Pêche et de l’Economie maritime, Oumar Guèye, a visité les sites qui doivent accueillir les trois projets aquacoles annoncés à l’issue du Conseil des ministres délocalisé, en mars 2013.

Dans la région de Matam, verront, bientôt le jour, trois projets aquacoles d’envergure. Chacune des trois départements (Kanel, Matam et Ranérou) abritera un. Le ministre de la Pêche et de l’Economie maritime, Oumar Guèye, a visité, lors de sa tournée dans cette région, les différents sites retenus. Ces projets sont la concrétisation de la promesse qu’avait faite le président Macky Sall lors du Conseil ministériel délocalisé de Matam, en mars 2013.

A Ranérou, la ferme aquacole sera installée dans un site identifié dans la commune de Vélingara Ferlo. Dans cette localité d’accès difficile située au cœur de la zone sylvo-pastorale, le projet nécessitera un investissement de 220 millions de FCfa. Du fait de l’absence de cours d’eau, il est prévu d’y réaliser un forage pour alimenter la ferme où il est attendu une production de 100 tonnes de poisson par an. En plus de générer une centaine d’emplois, ce projet va sans douter augmenter et diversifier les sources de revenus de ces populations éloignées des zones de pêche et qui vivent quasiment d’élevage et d’agriculture. Le ministre qui a promis un camion frigorifique, a annoncé que le chef de l’Etat a décidé, dans le Programme d’urgence de développement communautaire, de refaire la piste Ranérou-Vélingara Ferlo fortement endommagée par endroits et d’y apporter l’électricité. Dans cette commune loin de tout et qui manque presque de tout, on s’éclaire au moyen de systèmes solaires. Les habitants, en tête, le député de la zone et le maire ont accueilli, avec beaucoup d’enthousiasme, ces annonces.

Dans le département de Kanel, c’est le village de Thiemping qui a été retenu pour abriter la ferme aquacole. Le site est idéalement placé en bordure du fleuve Sénégal. Les investissements prévus s’élèvent à 180 millions de FCfa. Dans le département de Matam, le site identifié est localisé dans le quartier de Diamel, dans la commune de Matam, à quelques foulées du fleuve Sénégal. Là également, il est prévu un investissement de l’ordre de 200 millions de FCfa. Ces trois projets, selon le ministre de la Pêche et de l’économie maritime vont rendre plus accessible le poisson et permettre de créer plus de 300 emplois.

Toujours dans cette volonté de développer la filière aquacole dans le Fouta, le ministre a décidé, outre ces trois projets aquacoles, de terminer les travaux de la ferme aquacole de Waoundé dans le département de Kanel. Ce projet qui date de 2006, a englouti plus d’une soixantaine de millions sans jamais être fonctionnel. Piloté au début par l’Agence régionale de développement (Ard), les travaux de cette ferme aquacole n’ont jamais dépassé le stade du creusement des étangs. Le choix du site, très éloigné du fleuve, le système d’irrigation, entre autres couacs, ont bloqué ce projet. Outré par cette situation, le ministre Oumar Guèye a annoncé la reprise des travaux de cette ferme. Un peu plus de 22 millions vont y être investis et la gestion sera confiée à un comité villageois qui sera mis en place.
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