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Piratage: Le gang des étrangers déleste Joni-Joni de ‘’plus de 300 millions’’
Publié le samedi 4 fevrier 2017  |  Enquête Plus




Poursuivis pour association de malfaiteurs, accès et maintien frauduleux dans un système informatique etc., Victor Emeka Igweka et quatre autres complices encourent 4 à 5 ans d’emprisonnement. Avec des codes fictifs, ils ont effectué des retraits de sommes d’argent sur le réseau de ‘’Joni-Joni’’. Plus de 300 millions subtilisés. L’affaire sera vidée le 2 mars prochain par le tribunal correctionnel de Dakar.

C’est moins spectaculaire que le braquage de l’agence Ecobank sise à Yeumbeul Sud où les voleurs ont emporté la somme de 111 millions de F CFA, mais c’est tout aussi efficace ce qu’un gang d’étrangers a réussi à faire. Cachés derrière leurs ordinateurs, les Nigérians Victor Emeka Igweka et Ejiké Célestine Ibekwe, le Sierra Léonais, Fred Azam et les Maliens Mariam Touré et Moctar Ndoye Doucouré sont parvenus à retirer frauduleusement des sommes d’argent sur le réseau Joni-Joni via la Poste, à l’aide de codes fictifs envoyés par un ‘’fantôme’’. A ce jeu, ils ont empoché la bagatelle de plus de 300 millions de F CFA, selon les responsables de Bouygues solutions systems (Boss). Tous les membres du gang, à l’exception du sieur Doucouré qui a pris la fuite, ont été arrêtés et placés sous mandat, depuis le 21 septembre 2016, pour association de malfaiteurs, accès et maintien frauduleux dans un système informatique, interception frauduleux de données informatiques, séjour irrégulier, tentative d’escroquerie, faux et usage de faux dans un document administratif.

9 téléphones portables et des ordinateurs saisis par la gendarmerie

Le 7 septembre dernier, les agents de l’application ‘’Vitfé’’ du réseau Joni-Joni ont remarqué, après compensations, qu’ils venaient de donner beaucoup plus à qui de droit. Les investigations faites ont révélé des paiements irréguliers effectués à partir du compte d’Abdou Sarr, agent de ‘La Poste’’ établi à Thiès. En effet, ‘’La Poste’’ et ‘’Joni Joni’’ ont signé un contrat. Le 11 septembre, il fut demandé à tous les éléments de ladite structure financière de signaler tout paiement à hauteur de 1 million de F CFA ou plus. L’alerte fut donnée par un agent de Guédiawaye, lorsque 3 individus se sont présentés devant lui pour le retrait de la somme de 2 millions de F CFA. Il avait une fois payé la somme de 93 millions de F CFA au trio. Avisée, la Section de Recherches procéda à leur interpellation. La perquisition faite chez le Nigérian Igweka permit aux enquêteurs de mettre la main sur 9 téléphones portables et ordinateurs.

Mis devant les faits, le système de défense des prévenus a consisté à se renvoyer la balle. Ejiké Clestine Ibekwe et Fred Azam ont soutenu que les codes fictifs leur ont été communiqués par Victor Emeka Igweka. Ce dernier, qui se dit coiffeur, a accusé sa copine Mariam Touré d’être à l’origine des chiffres. A Dakar depuis plusieurs années, le Nigérian Igweka a fait savoir que c’est sa fiancée qui lui a envoyé 3 codes sur son numéro de téléphone. ‘’Les documents que j’avais ne me permettaient pas de procéder à un retrait. Je me suis rapproché de mes deux amis. Nous avons retiré 2 millions de F CFA, le 11 septembre avec le passeport de Célestine. Le même montant devait être retiré par Azam, le lendemain. Après la première opération réussie, Mariam a donné 50 000 F CFA à mon compatriote, avant de m’offrir gracieusement 70 000 F CFA. Ma fiancée m’a dit qu’elle s’appelle Bessel. C’est lors d’une perquisition chez elle que j’ai découvert sa vraie identité’’, a-t-il confié devant le tribunal correctionnel.

Mais la dame a contesté à la barre que Victor était son copain. ‘’Je l’ai connu à travers mon commerce, car c’est moi qui lui donnait souvent des ordinateurs qu’il revendait. Nous sommes des commerçants’’, s’est-elle contentée de dire. Ayant une double identité, Ejiké Célestine Ibekwe ou Paul Johnson (carte d’identité et passeport avec la même photo) atteste avoir reçu un coup de fil de Victor qui lui a dit qu’il avait un envoi d’argent de son ami vivant en Côte d’Ivoire.

Boss réclame 350 millions de F CFA à titre de dommages et intérêts

Pour le technicien en informatique et non moins représentant de ‘’La Poste’’, El hadji Abdoul Aziz Mbaye, lorsque les retraits frauduleux ont été décelés, le compte piraté du sieur Sarr a été bloqué. Mais, signale-t-il, il a été réactivé par inadvertance par le contrôleur des guichets. Par ailleurs, il a dévoilé la légèreté avec laquelle le système est géré. ‘’Au début, pour accéder dans la base de données, il y avait un certificat qu’on installait dans la machine, un mot de passe, le nom de l’utilisateur pour avoir accès à Internet. Ce qui n’était pas le cas, au moment des faits, ou si on tape le lien, on a l’interface de ‘’Joni-Joni’’, explique-t-il. ‘’L’argent détourné appartient à ‘’Joni-Joni’’. Le préjudice subi par ‘’La Poste’’ n’est pas financier. Nous avons subi un préjudice par rapport à notre crédibilité pour avoir des marchés, comme celui avec le transfert d’argent Joni-Joni’’, précise l’avocat de ‘’La Poste’’, Me Pascal Gomis qui a réclamé 50 millions de F CFA.

Me Abdou Dialy Kane de dire que ‘’Joni-Joni’’ ne peut pas comprendre que tous les retraits aient été effectués dans la seule agence gérée par Abdou Sarr. Alors que l’opération n’était possible qu’avec le mot de passe. Et que l’agent a déclaré, dans le Pv, que lui seul le détenait. ‘’Je considère qu’Abdou Sarr n’est pas étranger aux faits. Aucun agent n’a été poursuivi. La ruse. Tout cela entre dans le jeu de ‘’La Poste’’ qui consiste à fuir ses responsabilités. Elle n’est pas partie civile au procès. De plus, les prévenus sont tellement intelligents pour faire croire que la fraude ne se limitait qu’aux 2 millions de F CFA’’, a martelé le conseil du PDG de Bouygues solutions systems (Boss), Bougane Guèye Dany, avant de demander 350 millions en guise de dommages et intérêts.

D’emblée, dans son réquisitoire, le ministère public a décerné un mandat d’arrêt contre le fugitif Doucouré et requis 5 ans de prison pour tentative d’escroquerie sur un montant d’un million de F CFA. La même peine a été requise contre Victor Emeka Igweka. Le Parquet a demandé 4 ans ferme pour le reste de la bande. Non sans renseigner qu’ils vivent sur le territoire sénégalais sans aucune autorisation. A en croire les avocats de la défense, nulle part dans les ordinateurs saisis par la gendarmerie, il n’a pas été relevé une intrusion dans le système. ‘’Cela veut dire que nos clients ne sont pas les auteurs des faits. Il y a des failles dans le réseau, car il suffit d’une simple connexion à l’Internet. Il faut que l’accès par les prévenus soit prouvé’’. Sur ce, il a demandé au tribunal de débouter Boss de l’ensemble de ses prétentions, en les déclarant comme mal fondées. Les robes noires de la défense ont plaidé également la relaxe pure et simple de Victor et Cie.

La décision sur cette affaire est attendue au 2 mars prochain.
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