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Menace de déguerpissement des habitants des cités célébataires Sicap Baobab et Rue 10: L’État et la Sicap au banc des accusés
Publié le vendredi 3 fevrier 2017  |  Sud Quotidien




202 familles habitant, soit 1900 personnes, habitant les cités Célibataires de la Sicap Baobab et Rue 10 depuis 1954 sont aujourd'hui menacées de déguerpissement par la Société immobilière du Cap-Vert (Sicap) moyennant un terrain de 150 m2 plus 2 millions de F Cfa. Face à la presse hier, alors que le collectif des habitants de ces cités a dénoncé une mesure injuste, les défenseurs des droits humains ont insisté sur les préalables pour déguerpir une personne, conformément au Code des obligations civiles et commerciales (Cocc). Aussi ont-ils relevé que ces habitations étant un patrimoine hérité de la colonisation française, l’Etat et la Sicap ont l’obligation de donner des logements abordables à leurs occupants.

Menacés de déguerpissement par la Société immobilière du Cap-Vert (Sicap) le collectif des habitants des cités Célibataires de la Sicap Baobab et Rue 10 ont fait face à la presse hier, mercredi 1er février 2017 dans les locaux d'Amnesty International/Sénégal. Elles sont en tout 202 familles habitant ces cités depuis 1954 à être aujourd'hui menacées de déguerpissement par la Sicap «sans que des discussions ne soient organisées, sans que des dispositions ne soient prises pour épargner ces 1900 personnes de la situation de précarité dans laquelle elles vont être plongées». C'est pour éviter d’en arriver là que les représentants de ces familles ont choisi d’informer la presse nationale et internationale et surtout sonner l'alerte avant que l'irréparable ne se produise.

Samsidine Badji, habitant de la cité Célibataire Sicap Baobab, qui porte leur parole, explique: «nous sommes menacés de déguerpissement par la Sicap. Ils ont eu à déguerpir la cité Célibataire de Karak Sicap Rue 10 et les prochaines victimes c’est la cité Célibataire Sicap Baobab. C’est pourquoi nous demandons au directeur général de la Sicap de réparer cette injustice, surtout pour les habitants de cité Célibataires de Sicap Rue dix dont le promoteur à disparu avec l’argent des familles.» Pour cela, il propose au directeur générale de la Sicap, «de construire des maisons et de les donner aux populations. Je pense que c’est le minimum. Ces gens ont habité là-bas depuis 1954, d’autres en 1960, bien avant les indépendances, et aujourd’hui on veut nous faire déguerpir pour nous donner un terrain de 150 m2 à Jaxay et 2 millions de F Cfa qui représente les frais de construction de ces terrains.»

Des immeubles vont remplacer ces maisons à démolir. Le représentant des habitants de la cité Sicap Baobab confirme que «la Sicap veut récupérer ces terrains pour y construire des immeubles et les vendre à 65 millions de F Cfa, voire plus.» Une pétition sera déposée par les habitants de la Sicap Baobab contre le directeur générale de la Sicap. Samsidine Badji dénonce, en outre, la défaillance de l’Association syndicale des propriétaires et locataires des Sicap (Aspls). Selon lui, «c’est un syndicat mafia, dans le passé, ils ont eu à créer des problèmes aux habitants de la cité Célibataire Karak, hier à ceux de la cité Rue 10 et, demain, ce sera certainement nous.»

CES LOGEMENTS SONT HERITES DE LA COLONISATION, DONC L’ETAT ET LA SICAP ONT L’OBLIGATION DE…

C’est une situation qui est très difficile à gérer dans le juste, de l’avis de Fréderic Diouf représentant de la Rencontre africaine pour la dépense des droits de l’homme (Raddho). «C’est des pratiques qui ne devraient pas exister dans un Etat de droits parce que voilà des populations qui ont habité dans un lieu pendant plus d’un demi siècle et qu’on veut expulser de la manière la plus injuste qui soit. Pour quelqu’un qui a logé pendant 50 ans dans une maison et qui a payé régulièrement ses loyers, voir le déguerpir et lui proposer une somme modique de 2 millions, franchement ce n’est pas trop. Mais c’est tout à fait inhumain parce qu’avec 2 millions on ne peut rien faire.»

Seydi Gassama, le directeur exécutif d’Amnesty International/Sénégal affirme que «ces logement qui datent de 1954, avant l’indépendance, ont été hérité de la France et de l’Armée française. Donc, la Sicap n’a pas construit ces logements, c’est un patrimoine hérité de la colonisation française. Donc l’Etat et la Sicap ont l’obligation de donner des logements abordables à ces gens.»

POUR DEGUERPIR UNE PERSONNE, IL Y A DES REGLES A SUIVRE

Le président du Forum du justifiable, Babacar Ba, lui, «dénonce de l’injustice dans cette affaire. Pour déguerpir une personne, il y a des règles à suivre d’abord. Ces règles se trouvent dans la législation, dans le Code des obligations civiles et commerciales (Cocc). Donc, pour déguerpir une personne d’un lieu où il a vécu pendant presque 50 ans, il faut se soumettre à ces règles, mais il ne faut pas venir brusquement faire le déguerpissement.» A en croire Babacar Ba, «la législation accorde un droit de propreté, selon l’article 15 de la Constituions, le droit de propreté est garanti par la présente constitution. Il ne peut être porté atteinte à ce droit que dans les cas de nécessité publique légalement constituée, sous réserve d’une juste et avec paiement d’indemnité.»
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