Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aDakar.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Procès en appel sur l’affaire des 47 milliards de FCFA de Singapour: Karim Wade et Pape Alboury Ndao jouent les prolongations
Publié le mercredi 25 janvier 2017  |  Enquête Plus
Karim
© AFP par DR
Karim Wade, fils de l’ancien président de la République Abdoulaye Wade




Le procès sur l’affaire des 47 milliards de F Cfa du compte de Singapour opposant l’ancien ministre d’Etat Karim Wade à l’expert-comptable Pape Alboury Ndao s’est déroulé hier, devant la Cour d’appel de Dakar. Si la partie civile demande l’infirmation du jugement rendu par le tribunal correctionnel, la défense a, de son côté, interjeté appel sur les intérêts civils qui s’élèvent à 500 millions de F Cfa contre 46,886,602 milliards de F Cfa pour la partie civile. La Cour va se prononcer le 27 février prochain.

C’est l’heure des prolongations sur les 47 milliards de F Cfa du compte de Singapour. Karim Wade et Pape Alboury Ndao n’ont pas encore dit leur dernier mot. Ils ont engagé un autre combat. Même si les débats sur la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) ainsi que sur la condamnation de l’ancien ministre d’Etat sont déjà clos par la Cour suprême, les deux parties au procès ont fait appel pour attaquer le jugement rendu en première instance. En rendant sa décision relative à cette affaire le 28 mai 2015, le juge correctionnel avait suivi le réquisitoire du parquet.

Il a relaxé l’expert comptable du cabinet Rma poursuivi pour faux et usage de faux en écritures privées et tentative d’escroquerie au jugement. Ce, au préjudice de Karim Wade alors que ce dernier réclamait en même temps la somme de 47 milliards de F Cfa en guise de dommages et intérêts et le retrait de la qualité d’expert à Pape Alboury Ndao. Cependant pour le juge, ‘’il n’a pas été démontré que ces écrits étaient mensongers’’. Par ailleurs, Pape Alboury Ndao a lui aussi été débouté de sa demande de 500 000 000 F Cfa au fils de l’ancien président de la République Abdoulaye Wade, pour citation abusive. Et hier, la deuxième manche s’est jouée devant la barre de la Cour d’appel de Dakar pendant près de quatre tours d’horloge.

Pape Alboury Ndao : ‘’Je ne vous donnerai pas l’identité des sapiteurs’’

Coincé dans son ensemble costume bleu, lunettes bien ajustées sur le nez, Pape Aboury Ndao s’est encore défendu. Il a persisté dans ses déclarations. L’expert a accusé Karim Wade d’être le propriétaire du compte logé à Singapour d’un montant de 47 milliards F Cfa. Cette accusation a enfoncé l’ancien ministre d’Etat dans la traque des biens mal acquis. En outre, rendant son verdict, la Cour de répression de l’enrichissement illicite a enlevé les 47 milliards du patrimoine de Karim Wade. En effet, Pape Alboury Ndao n’a pas convaincu le président Henry Grégoire Diop et ses assesseurs.

Toutefois, il dira : ‘’J’ai fait mon boulot et je l’ai rendu à ceux qui m’ont mandaté. La partie civile dit que ce compte est faux, mais cela ne relève que de son imagination. La Commission d’instruction (Ci) m’avait demandé deux missions que sont l’administration provisoire et l’établissement des liens juridiques entre Dpw Sa et Dpw Sénégal. A l’issue de nos travaux, nous n’avons pas vu de mouvements suspects. C’est sur cette base que la Ci a ordonné la levée de l’administration provisoire. Pour dire que je ne cherchais pas à enfoncer qui que ce soit’’. Avant de poursuivre : ‘’ Cette même Ci m’a demandé de diligenter une mission d’investigation. Nous avons organisé des équipes statutaires que sont les sapiteurs dans des endroits où on pouvait trouver quelque chose.

Nous avons mené des collectes d’informations qui ont abouti par l’affirmatif. Nos travaux ont été validés par la Ci. J’ai procédé à une cascade de vérifications pour crédibiliser mon rapport’’. L’expert-comptable précise qu’il n’a pas les moyens d’investigations suffisants pour demander à une banque de lui fournir des informations confidentielles. ‘’Je n’ai pas ce mandat judiciaire. Mais j’ai des sources et je ne vous donnerai pas l’identité des sapiteurs qui m’ont donné les informations’’, lance-t-il aux avocats de la partie civile. Selon lui, Karim Wade est le propriétaire du compte Icbc qui est administré par un agent à Singapour. Il affirme qu’il y a eu des mouvements entrants et sortants dans ce compte en 2011 et que Pape Mamadou Pouye, Bibo Bourgi et Tahibou Ndiaye ont reçu de l’argent à travers la banque Of China Limited. Mieux, le 9 décembre 2011, la société Blackpearl Finance a versé une somme dans ledit compte. Pourtant, il avancera : ‘’Je n’ai aucun élément qui atteste que Karim Wade est le propriétaire de ce compte si ce n’est le rapport que mes sapiteurs m’ont donné. Cette information est juste tirée des actes déposés dans les banques. Car je n’ai pas accédé aux statuts de Ahs. Il n’y pas de fausses signatures dans le rapport.’’

Les avocats de Karim Wade : ‘’Rien n’est meilleure que la réponse de la banque elle-même’’

Compte tenu de ces déclarations, les avocats de la partie civile ont soutenu que la trame de cette affaire dépasse toutes les bornes. Me Amadou Sall a rappelé que le rapport incriminé a pesé lourd dans le dossier de Karim Wade devant la Crei. Parce que, note-t-il, c’est au dernier moment que l’expert comptable a retourné la situation. Un fait qui a surpris la défense de l’ex-ministre d’Etat qui faisait l’objet de poursuites judiciaires depuis le 17 avril 2013. ‘’A 6 mois, on allait vers un non-lieu après une année d’instruction. Mais, 3 jours avant la clôture, il dit qu’il a trouvé le fameux compte de Singapour’’, a convoqué la robe noire.

Pape Alboury Ndao lui, soutient que le titulaire du compte Thunder 2011 est African handling services (Ahs) Guinée Bissau, une société Off Shore, détenue à 100% par Karim Wade et immatriculée aux Iles Vierges Britanniques. Il ajoute avoir découvert, en octobre 2013, deux virements faits par la société Dubaï Ceramic qui est une filiale de Dpw. Mais selon Me Amadou Sall, le sieur Ndao n’a pas les relevés de compte à l’appui de son rapport et ne peut pas produire les statuts d’Ahs Guinée Bissau qui lui permettent de dire que Karim Wade le détient à 100%. Même son de cloche chez son collègue Me Seydou Diagne. Aux dires de ce dernier, ‘’le 27 février 2015, une attestation de la banque Icbc signée par le Directeur général adjoint démontre que le compte n’existe pas’’. Pour lui donc, ‘’rien n’est meilleure que la réponse de la banque elle-même’’.

Me Demba Ciré Bathily a, quant à lui, fait savoir que ce dossier est un ‘’complot politico-judiciaire’’ intenté contre leur client Karim Wade. D’après lui, ‘’le rapport est un faux intellectuel car il fallait à un moment donné créer des éléments nouveaux afin de susciter l’émoi chez les populations. Pis, le prévenu a inscrit dans son rapport que le compte de Singapour a été ouvert le 12 mars 2013, alors qu’il déclare que les mouvements ont débuté le 11 décembre 2011.

Embouchant la même trompette, Me Ciré Clédor Ly affirme qu’on voulait ‘’salir un homme’’. ‘’Le recours à ces sapiteurs n’est que des verbiages’’. Soutenant que le préjudice causé à Karim Wade est énorme, il a demandé l’infirmation du jugement avant de réclamer 46, 886,602 milliards de F Cfa à titre de dommages et intérêts et la fermeture du cabinet Rma.

Le verdict attendu au 27 février

Mes El Hadji Diouf, Ndéné Ndiaye et Samba Ametti ont indiqué que le rapport n’est qu’un document d’information. ‘’L’expert a fait le travail sur lequel il a été requis. Il n’a des comptes à rendre qu’au tribunal qui lui a donné mandat. Si on n’est pas d’accord, on peut provoquer une contre-expertise. Ce qui n’a jamais été demandé. Même si les éléments donnés par Pape Alboury Ndao sont faux, on ne pourrait pas le poursuivre parce que cela ne lie jamais le juge’’, renseignent-ils. Avant de continuer : ‘’Même si l’existence du compte était contestée, Pape Alboury Ndao a déjà adressé son travail à qui de droit.

En tant qu’expert, il ne peut pas saisir un compte ou obtenir des relevés de compte. Le juge de la Ci a apprécié la bonne foi de Pape Alboury Ndao et a désigné une commission rogatoire mais son collègue de Singapour n’a pas voulu collaborer avec le Sénégal.’’ Pour preuve, Me Diouf déclare que ces banques protègent les délinquants financiers. ‘’Elles ne vont pas dénoncer leurs clients. L’argent est hyper protégé dans les paradis fiscaux. Donc, aucune suite n’a été donnée à la Commission rogatoire. Pour dire que cette procédure n’a aucun sens. La partie civile n’a pas d’arguments parfaits’’, raille-t-il. Les conseils ont plaidé la confirmation du jugement.

Rappelant que leur appel porte sur les intérêts, Mes Ametti et Cie ont fait une demande reconventionnelle d’un montant de 500 millions de F Cfa. ‘’Cette citation a été adressée à notre client accompagnée par un lynchage médiatique. De plus, il a annulé plusieurs contrats à l’étranger’’, mentionnent-ils.

Le verdict sur cette affaire est prévu le 27 février prochain. En attendant, l’avocat général s’est rapporté à la sagesse de la Cour.
Commentaires