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Édito pra Mamadou Wane: Plus Jammeh !
Publié le mardi 24 janvier 2017  |  Enquête Plus
Yaya
© Autre presse par DR
Yaya Jammeh, président sortant de la Gambie




Autant le règne de 22 ans de Yaya Jammeh aura été long et fantasque, autant la chute du dictateur de Banjul aura été simplissime, sans couleurs, presqu’infantilisant. Ainsi, les dés sont bien jetés et la Gambie peut ouvrir une nouvelle page d’histoire. Le Sénégal aussi ! Le Sénégal surtout, devrait-on dire. Depuis plus de 20 ans, notre pays s’évertue à défaire ce nœud de fer au sud du pays, sans succès. Nul doute que les choses ne seront plus comme avant pour le Sénégal, qui trouve là une occasion inouïe de ‘’convaincre’’ plus rapidement une rébellion qui est, ces dernières années, dans de bonnes dispositions de faire la paix. La chute de Yahya Jammeh devrait donner plus de force aux ailes de la Colombe, en ce sens qu’elle va inéluctablement rendre plus lucides les plus extrémistes! Et plus sérieusement, la chute de Jammeh devrait sonner le glas des trafics de tous genres (armes, drogues, bois etc.) qui se faisaient, sous le nez et la barbe du Sénégal et des services étrangers.

Yahya Jammeh avait tellement pris l’habitude de jouer au funambule sans finir dans les abîmes qu’il avait fini de se prendre pour le nombril du monde, aidé en cela par un culte de la personnalité aussi ridicule qu'obscurantiste. En vérité, avec le Sénégal, Jammeh a vu passer deux chefs d’Etat, qu’il a réussi à domestiquer en jouant au poisson-globe pour faire peur. Une tactique qui a malheureusement porté ses fruits car aussi bien Diouf que Wade ont accepté consciemment les règles du jeu établies par Jammeh, en piquant à l’autruche son défaut le plus saillant : le déni de réalité.

Il était pourtant clair que Yahya Jammeh (et non la Gambie) était le ‘’cancer’’ du Sénégal. Non seulement pour avoir été au cœur de tous les trafics comme indiqué plus haut, mais aussi et surtout, parce qu’il était le porte-voix, le défenseur d’intérêts de pays frontaliers au Sénégal. Ce n’est certainement pas un hasard si le Président mauritanien a été le plus ‘’perspicace’’ dans la recherche de solution de sortie de crise tout en douceur. N’aurait-il pas rendu de précieux services à la Mauritanie qu’Aziz n’aurait pas quitté son désert pour endurer les rigueurs de la forêt. Et sans doute qu’Alger qui a besoin de concurrencer le Royaume chérifien n’est pas étranger au lobbying politique initié par Nouakchott. C’est tout l’intérêt du départ de Yahya Jammeh du pouvoir, dans le contexte actuel où l'on parle de découvertes pétrolières et gazières alors qu'on ne sait jamais quel mauvais tour nous jouera le fleuve Sénégal dans les prochaines années.

Il ne faut pas avoir peur des mots, c’est une très grande victoire pour notre pays, qui va devenir plus fort, pour utiliser une phrase lâchée il y a quelques jours par Barack Obama, faisant lui-même son bilan, au moment de passer le témoin à Donald Trump. Notre force va résider dans le fait que nous allons être moins poreux aux manipulations de certains Etats voisins. Cette performance n’aurait pas été possible si le Sénégal n’était pas bien installé au Conseil de sécurité.

Si ces questions sont de la première importante parce que relevant de notre souveraineté, il y a d’autres perspectives de coopération avec la Gambie que nous pouvons avoir, dans le domaine de l’économie, surtout dans son volet Infrastructures. Cerise donc sur le gâteau ! Comme l’os et Mor Lam, Jammeh ne va sans doute pas assister au banquet de l’inauguration du fameux pont de la Transgambienne.

Mais, Dakar comme Banjul doivent se garder de crier victoire. Le terrain est encore miné par des pièges de toutes sortes. Le tout nouveau président devra bien surveiller le pouls de son peuple, marqué par des décennies de dictature. Yahya Jammeh a tellement usé et abusé de ministres que nombreuses sont les familles à Banjul et ailleurs, à avoir d'une manière ou d'une autre profité du pouvoir. Il devient clair que le nouveau maître de Banjul devra manœuvrer de façon très subtile pour éviter non seulement les règlements de comptes qui peuvent fragiliser son pouvoir, mais aussi veiller à ce que d'autres intérêts (à coloration ethnique) ne viennent simplement supplanter ceux du système Jammeh. C'est sans doute là que réside le casse-tête de Barrow. Et encore, s'il est vrai qu'il a été fortement aidé par le Sénégal, le danger est grand que les Gambiens, qui ont toujours développé une posture de méfiance vis-à-vis de notre pays, ne se braquent. Beaucoup de choses nous lient, dont l'histoire et le sang ! Mais en même temps, nous avons des zones de ruptures qui sont importantes pour un pays anglophone comme la Gambie. Quel que soit donc le rôle que nous avons pu jouer dans la chute de Jammeh, il faut savoir rester modeste et surtout lucide.
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