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Crise gambienne - Médiation prometteuse de Conde et Abdel Aziz: Le bout du tunnel
Publié le lundi 23 janvier 2017  |  Sud Quotidien
Yaya
© Autre presse par DR
Yaya Jammeh, président sortant de la Gambie




Le départ annoncé du président Jammeh de la Gambie, à l’issue d’une longue journée de tractations hier, vendredi 20 janvier, entre les médiateurs, les chefs d’Etat de la Guinée et de la Mauritanie, Alpha Condé et Mohamed Ould Abdel Aziz et le désormais ex homme fort de Banjul, n’est toujours pas acté (tard hier soir, au moment du bouclage). Nos sources sont optimistes quant à la possibilité d’un accord, mais pas avant ce samedi matin. D’ailleurs, les mêmes sources indiquent que les Présidents Condé et Abdel Aziz vont passer la nuit à Banjul. Les deux parties se concentrent sur les termes de l’accord qui pourrait être acté ce samedi matin. Le bout du tunnel

La médiation des présidents Alpha Condé de la Guinée et Mohamed Ould Abdel Aziz est sur le point de porter ses fruits. Des sources bien informées parlent des «très bonnes dispositions» de Jammeh à quitter le pays. Les deux parties seraient en train de travailler sur les modalités de l’accord qui n’est pas encore acté jusqu’à tard hier soir. Nos sources affirment même que le protocole ne serait pas prêt avant ce samedi matin. D’ailleurs, les chefs d’Etat guinéen et mauritanien devraient passer la nuit du vendredi à samedi à Banjul.

Mais que de péripéties pour en arriver à la délivrance, d’un accord paraphé pour extraire Yaya Jammeh d’une plus que probable confrontation avec les forces de la CEDEAO.

Dire qu’on pourrait faire l’économie de toutes ces tractations, c’est aussi ignorer jusqu’à ce qui se jouait dans les travées du Palais de la State House et qui a constitué un gros écueil pour coucher le protocole final sur papier à la convenance des différentes parties.
Le briefing de Mouhamed Abdoul Aziz de la Mauritanie à son homologue guinéen sur la détermination de Yaya Jammeh à aller jusqu’au bout de sa logique de « refuser de quitter le pouvoir sans que la cour suprême n’ait étudié sur son recours en annulation des élections », a bien préparé le président Alpha Condé à roder son discours.

Finalement, renseignent nos sources, « Yaya Jammeh qui a toujours paru impénétrable aux sentiments a cédé sur l’affectif ». Et, Alpha Condé a mis toutes les chances de son côté jusqu'à mobiliser la fibre maternelle du président déchu de la Gambie.
FatouAssombyBodiang, la mère de Yaya Jammeh a été mobilisée aussi en renfort du président Condé, de même que la « vice-présidente » Aïssatou Ndiaye Seydi qui bien que démissionnaire (en réalité elle a été libérée de sa charge de vice-présidente par Jammeh du fait de son âge et de son statut de femme, pour ne pas l’exposer dans le bras de fer avec la CEDEAO NDLR) est restée en très bons termes avec son président.

LE PLUS GROS ECUEIL : LISTER LES BIENS DE JAMMEH

Alpha Condé n’a jamais montré à Jammeh qu’il venait négocier encore quelques choses en rapport avec le processus électoral. Selon nos sources, son discours a été de lui dire qu’il «venait en ami et tenait à épargner la vie d’un ami parce qu’il n’y a pas d’issue dans la confrontation». Alpha Condé a, d’entrée, indiqué à Jammeh les contours de son mandat qui se limitait « à partir avec toi d’ici et que le processus démocratique consacré ce jeudi à Dakar avec la prestation de serment de Barrow puisse continuer ». Et Alpha Condé de préciser d’ailleurs à Yaya Jammeh que lui était totalement solidaire de toutes les décisions de la CEDEAO. Et Alpha Condé d’appuyer sur la corde sensible : «épargnes à ta mère le supplice de devoir faire ton deuil». Et FatouAssombyBodiang de renchérir ; « mon rêve n’est pas de t’enterrer. Je souhaite plutôt que tu vives au moins égal à mon âge et de pouvoir profiter de mes petits enfants Mohamed et Fatima Jammeh et de vivre heureux avec ta femme. Le pouvoir sur terre, quel qu’il soit, ne vaut pas ce sacrifice».
Nos sources de préciser que d’habitude, «Jammeh aime maîtriser son sujet et conduire les débats. Son long silence a permis à Alpha Condé d’enchaîner et de ne pas lui laisser le choix» : «Ca peut être long, si tu n’as pas préparé tes affaires, alors autant ne pas perdre du temps», a dit Alpha Condé. Pour la première fois, Jammeh a « ouvert» la porte à son départ et a laissé entendre qu’ « effectivement, je n’ai pas fait l’inventaire et je ne peux que me faire aider ».

Alpha Condé a attiré l’attention de Jammeh de ne pas confondre les biens de l’État et ses biens personnels. Mais cela a posé problème au président sortant qui demande à disposer de temps pour consulter son gestionnaire de patrimoine qui, malheureusement, fait partie des personnalités exilées au Sénégal.

L’urgence de décrocher un accord de principe pour rassurer les autorités de la CEDEAO et lever l’alerte sur les forces militaires en attente, a eu raison de l’envie de Jammeh d’exfiltrer jusqu’à son dernier centime avec lui.
Ouff, la paix est sauve, mais à quel prix.
Les dirigeants de la CEDEAO en ont avalé des miles, passé des nuits blanches, chauffé les lignes de téléphones sécurisées, brulé du kérosène, mobilisé des troupes.
Au final, la paix est sauve. La stabilité de la Gambie était à ce prix. Et c’est pour ça d’ailleurs que le protocole qui conclut les discussions Alpha Condé – Yaya Jammeh a fait moult aller-retour entre les garants de l’accord côté CEDEAO sous l’œil vigilent de Barrow et ses conseillers qui certes, souscrivent à l’idée de « laisser partir Jammeh », sans pour autant lui signer, comme il en a été souvent question, une « amnistie totale » pour ne pas passer par pertes et profits les 22 ans de régne de Jammeh.
Le futur reste insondable, mais à coup sûr, l’avenir de la Gambie s’est éclairci un peu plus ce vendredi 20 janvier 2017.
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