Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Senegal    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article



 Titrologie



Le Soleil N° 13140 du 13/3/2014

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie

  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Société

Faux alibis, cérémonies familiales et religieuses: Les ficelles de la triche au travail
Publié le jeudi 13 mars 2014   |  Le Soleil




 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Bureaux, hôpitaux, écoles, entreprises, peu de secteurs de la vie active nationale échappent à l’absentéisme des travailleurs. Les prétextes sont légion : certificat médical de complaisance, décès de proche, cérémonies familiale et religieuse. La liste est loin d’être exhaustive. Et pourtant, les chefs religieux, musulmans comme catholiques, lors des grands événements surtout, ne cessent d’appeler les Sénégalais au travail. Récemment, c’est le président de la République, Macky Sall, de retour de la Chine et de la réunion du Groupe consultatif de Paris, qui avait réitéré cette invite à ses compatriotes.

POUR UN RETOUR À LA VALEUR DU TRAVAIL
Les chiffres et faits sont formels. 15 jours chômés et payés (fêtes civiles et religieuses) et 15 jours de permissions exceptionnelles pour raisons familiales, soit 30 jours, sans compter les congés annuels, le salarié sénégalais se repose beaucoup.

Non content de ne pas travailler assez, certains usent de faux alibis, de subterfuges, pour s’abstenir du travail. Ce qui fera dire sans doute au Dr Samba Kâ, ancien de la Banque mondiale que « le peuple sénégalais n’est pas un peuple de travailleurs, ceux qui travaillent font semblant ». Pourtant, dans notre code moral, le gain doit être licite comme la contrepartie d’un travail effectué. Et puis, en droit du travail, le salaire, la rémunération sont assujettis au service rendu. Il y a une relation morale et quasiment spirituelle entre le fait de subvenir aux besoins de sa famille et de devoir gagner sa vie.

L’expression qui traduit le mieux la charge éthique du travail, c’est « Daan doolé », en langue wolof, autrement dit «gagner sa vie à la sueur de son front ». Seulement, la triche, en général, est symptomatique de la manière dont notre société a évolué dans le mauvais sens. La triche, équivalent wolof des termes Ndjublang(tricheur) « ou « Nafex »( hypocrite) constitue les contre valeurs qui étaient bannies jusqu’à récemment dans nos cultures où ce qui valorise, demeure le « Jom » ( Persévérance dans l’effort), le « Ngor ( sens de l’honneur) » et la « Fayda » (abnégation, détermination). Ces normes éthiques socialisées faisaient la référence à l’honnêteté telle que cela est pensé dans le Sénégal des vertus. Les crises successives que le pays a connues se sont accompagnées d’un bouleversement des normes sociales et des valeurs qui faisaient notre « « sénégalité », notre fierté. Hier, ne pas travailler, voler, mentir, trahir la parole donnée, équivalaient à une mort sociale. La valeur suprême était la dignité.

L’idéologie du « Nawlé » ( collègue payé au même titre que soi) devant qui il fallait faire preuve de probité morale, obligeait les gens à se surpasser dans le travail. Refusant, du coup, de se mettre en marge de la société et de se voir considéré comme un banni qui a jeté l’opprobre sur lui-même. Dans le passé, celui qui avait failli à ses obligations morales et sociales, se condamnait lui-même à l’exil vers un ailleurs d’où il ne revenait presque jamais. Aujourd’hui, la plupart de ses valeurs ont presque disparu ou sont considérées comme démodées. Il y a une décrépitude morale rampante à laquelle il faut remédier dans l’urgence, par un travail collectif d’introspection et un réarmement moral. L’appel du président Macky Sall (à son retour après un périple en Chine, en France et au Qatar) invitant les Sénégalais à être assidus au travail et à bannir la tricherie au boulot, ne doit pas être un effet de manche, mais il doit servir de déclic. Car dans ce combat pour le retour à la valeur du travail, le rôle des leaders d’opinion (marabouts, guides religieux), des leaders politiques, et l’éducation qu’il faut reconsidérer dans ses fondamentaux, sont prépondérants. Il faudrait, pour cela, que les hommes politiques et ceux de l’administration, au plus haut niveau, donnent l’exemple en gérant les affaires publiques de manière transparente et en étant assidus au travail. Dans une société où le dispositif moral s’est délité, où la recherche de l’argent facile est le jeu favori de certains, seule la valeur du travail peut garantir l’avenir de la nation.

Si comme dirait Alioune Faye, président de l’Association nationale des directeurs et cadres du personnel du Sénégal, « nous voulons relever ensemble les défis pertinents du Pse, nous devons tous reprendre goût au travail ». Dans cette volonté collective d’introspection et de réarmement moral, les sociologues ont un rôle majeur à jouer : faire davantage et mieux leur travail.

 Commentaires