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Sud Quotidien N° 6263 du 13/3/2014

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Situation des industries chimiques du Sénégal: Les Indiens usent et abusent
Publié le jeudi 13 mars 2014   |  Sud Quotidien


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© Autre presse
Les industries chimiques du Sénégal, était l`un de fleuron de l`économie nationale


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Un audit intégral (technique, financier et social) permettrait certainement de mesurer l’ampleur de la situation inadmissible dans laquelle le repreneur des Industries chimiques du Sénégal (Ics) a plongé l’entreprise. Six ans après, la situation post recapitalisation des Ics n’est pas plus reluisante. Loin s’en faut avec un repreneur qui use la bête et buse sans cesse les autorités.

La concession du terminal vraquier du môle 8 à la société Nécotrans et son corolaire inique n’entameront pas mais précipiteront certainement la chute des Industries chimiques du Sénégal (Ics). Cependant, dans le contexte actuel de remous au sein des Industries chimiques du Sénégal(Ics) avec la grogne des travailleurs qui réclament le paiement de leurs salaires et qui fustigent le fonctionnement de l’entreprise, il est de bon ton, six ans après sa recapitalisation en 2008, de s’interroger, entre autres, sur le respect par le consortium IFFCO de la disposition 1.2 intitulé « INVESTISSEMENT DANS L’OUTIL DE PRODUCTION » et figurant dans le contrat qui le lie à l’Etat du Sénégal ?; les moyens de contrôle de l’effectivité de ces investissements ?; les impacts sur les résultats et le fonctionnement des ICS ?

Des interrogations soulevées en février dernier par le Député Cheikh Tidiane Diouf à travers sa question orale adressée alors au ministre de l’Industrie et des mines et qui, trouvent toute leur pertinence dans la situation actuelle.

Le tableau des Ics présenté en février dernier par ledit Député à l’Assemblée nationale ainsi que certaines sources de l’entreprise que nous avons approchées, fait ressortir une situation « calamiteuse » des Ics. L’entreprise n’aurait pas fini de manger son pain noir depuis sa recapitalisation en 2008 avec le rachat par le consortium Iffco. La situation serait d’autant plus dramatique que, comme l’a écrit notre confrère Direct Info, la semaine dernière, le repreneur indien « vampirise » les Ics.

Voilà en tout cas un repreneur qui, semble-t-il, ne cesse de faire du dilatoire en assurant avoir injecté des ressources dans le renouvellement de l’outil conformément au contrat liant le Consortium et l’Etat du Sénégal et qui stipulait que 100 millions de dollars US (environs 40 milliards de FCfa) devaient être injectés dans les trois ans pour retrouver la capacité normale de production. Or, le fonctionnement des Ics ne semble pas du tout refléter tous ces investissements.

Mieux, les chiffres fournis alors à l’Assemblée nationale par le Député Cheikh Tidiane Diouf ainsi que les cadres de l’entreprise démontrent clairement le contraire et posent plus de questions.

Au 31 Décembre 2013, la production des Industries chimiques du Sénégal (Ics) était à 260 000 T alors qu'en prévision, 475 000 tonnes ont été budgétisées. On est si loin de la capacité de production nominale (660000 T de P2O5).
Il en résulte un déficit de production de 215 000 tonnes et les pertes cumulées dans la période 2008/2013, du fait des manquements multiples et multiformes, dépasseraient les 400 milliards de frs CFA.

Vu sous un autre angle, il apparaît que, de la recapitalisation en 2008 au 01 novembre 2013, les Industries Chimiques du Sénégal (Ics) n’auraient engrangé, pour la vente de l’acide phosphorique, que la somme de 686,2 milliards FCfa. Une situation qui reflète un déficit de production qui, depuis la date de recapitalisation, serait de l’ordre de 1110429 T. Pondéré au prix spécifique de l’acide (2000 $ US en 2008, 650 $ US en 2009 et 2010, 1100 $ US en 2011, 1000 $ US en 2012 et 650 $ US en 2013), la situation fait ressortir un manque à gagner de 493 milliards francs CFA environ en cinq ans et demi.

L’entreprise n’arriverait même pas à faire plus de 60% de la capacité de production installée. Dégradation persistante des outils de travail, déficit criard d’investissements, irrégularité de l’approvisionnement des matières premières et des intrants, non respect des normes de sécurité au travail…

Comment une entreprise qui aurait engrangé des ressources financières importantes dans l’outil de production peut-elle afficher de telles contre performances ?

Acquisition sans risque

Pour l’histoire, c’est dans un processus de recapitalisation nébuleux à plus d’un titre que l’Etat du Sénégal a cédé l’entreprise à un consortium composé du groupe Archean, du partenaire historique, la coopérative des agriculteurs indiens (Iffco) et de Senfer africa Limited, une société basée à Chypres dont on dit qu’elle serait contrôlée par un dignitaire du défunt régime et, qui détient 66% des Ics tandis que iffco dispose de 18%, l’état sénégalais 15% et le gouvernement indien 0,46%. Une chose est en tout cas avérée, ledit consortium a mis la main sur les Ics à un moment où le prix de l’acide sur le marché mondial était au plus haut (2000 dollars) et à défaut de profiter de cette conjoncture plus que favorable, les Ics n’ont pu faire que 42% de production, cette année-là.

On pu ainsi dire que la logique de Iffco qui était tout de même chef de file dudit consortium était d’acquérir sans risque, une entreprise qui lui permet la stabilité de l’approvisionnement, et qui pèse plus de 750 millions de dollars d’investissement et un stock de phosphate de 50 millions de tonnes soit au prix de la roche, une capacité de génération d’une valeur de 9500 millions de dollars, sans en payer le véritable prix. Etant entendu que Iffco est autant vendeur qu’acheteur de toute la production (acide phosphorique) des Ics, il en détermine le titre ainsi que la quantité.

Ce sont autant de faveurs que Iffco s’est octroyées tout en demandant des sacrifices importants aux créanciers et à l’Etat sénégalais. Si la clôture du concordat entériné par le tribunal hors classe de Dakar avait pour objectif principal de redresser l'entreprise et de solder sa dette qui s'élevait à hauteur de 250 milliards, il semble qu’un équilibre constant entre les exigences du concordat et celles de l’entreprise en termes d’investissements et de motivation progressive des ressources humaines est incontournable. Le respect des clauses peut-il se faire au détriment des facteurs qui déterminent la bonne marche et la vie de l’entreprise ? Certainement pas !

66 milliards en trois ans

Surtout si l’on considère que, comme le font remarquer certains, pendant que les ICS peinent à réaliser des investissements et garantir un approvisionnement correct de ses usines en matières premières, une de ses supposées filiales, Africa energy (même adresse sociale que les Ics), une société au capital social de 10 millions de FCfa, propose à l’état du Sénégal un investissement de plus de 340 milliards pour une centrale à charbon!

Pire, en substituant une société de prestation indienne (Vpr) à leur expertise, arrachant aux mineurs sénégalais leur cœur de métier, les Ics auraient sous-traité à la dite Vpr l’activité de décapage (découverture du gisement) pour un montant de 66 milliards de FCfa entre avril 2010 et octobre 2013, à raison de quelque 20 milliards de FCfa en moyenne annuelle.
Mais le plus grave demeure le silence observé jusque-là par les autorités sénégalaises qui n’ignorent absolument rien de la situation.

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