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Crise au sein du Parti socialiste: Tanor-Khalifa, le point de non-retour
Publié le lundi 9 janvier 2017  |  Enquête Plus
Scènes
© aDakar.com par DF
Scènes de violences à la Maison du Parti socialiste
Dakar, le 10 mars 2016 - Des scènes de violences ont été observées à la Maison du Parti socialiste. Plusieurs responsables venus prendre part, samedi 5 mars, à la réunion du bureau politique, ont été attaqués.




La situation au sein du Parti socialiste est arrivée à un point de non-retour avec le glissement du duel fratricide entretenu par Ousmane Tanor Dieng et Khalifa Sall dans le champ judiciaire.

L’arrestation du maire de la Médina, Bamba Fall et de huit autres militants du Parti socialiste est l’aboutissement d’un duel politique feutré longtemps entretenu par le Secrétaire général dudit parti, Ousmane Tanor Dieng, et son challenger, Khalifa Sall, par ailleurs Secrétaire national à la vie politique. Mais depuis avant-hier, cette bataille qui est restée jusqu’ici politique a glissé dans le domaine judiciaire, atteignant du coup un point de non-retour qui ne sera pas sans conséquences sur la marche du Parti socialiste, notamment sur son unité et sa cohésion. Mais les enjeux sont plus politiques qu’ils n’en ont l’air. La stratégie adoptée par l’état-major du PS qui est resté fidèle à Ousmane Tanor Dieng vise plus à neutraliser des adversaires politiques qu’à autre chose.

Le contexte dans lequel les proches du maire de Dakar incriminés dans le cadre du saccage de la salle du Bureau politique du PS sont appréhendés en dit long sur les réelles ambitions d’Ousmane Tanor Dieng et de son allié de l’APR, le Président Macky Sall. Tout porte à croire qu’ils cherchent à neutraliser Khalifa Sall et à briser son élan. Dans les liens de la détention, Bamba Fall et Cie et probablement Barthélemy Dias, risquent de manquer à l’appel au moment de battre campagne pour les prochaines élections législatives. Ce qui risque de perturber les plans du maire de Dakar en ralentissant l’implantation de ses bases, en perspective de 2017. C’est dire que Khalifa Sall risque de ne pas avoir le temps de mûrir sa stratégie et de fourbir ses armes lorsqu’il devra aller témoigner, à chaque fois que de besoin, son soutien à ses camarades dans les liens de la détention. En outre, avec l’absence de ses lieutenants, il a moins de marge de manœuvre et les coordinations contrôlées par ses camarades en prison, surtout à Dakar où il a toujours gagné, risquent de tomber entre les mains de seconds couteaux qui ont juré fidélité à Ousmane Tanor Dieng.

Duel de gladiateurs

Cette bataille devenue politico-judiciaire laisse apparaître nettement les lignes de fracture d’un Parti socialiste qui commence à peine à reprendre du poil de la bête, 17 ans après la perte du pouvoir en 2000. Les positions antagonistes d’Ousmane Tanor Dieng et de Khalifa Sall sur les orientations de la ligne du parti, surtout avec l’avènement de Macky Sall à la tête du pays en 2012, risquent de laisser beaucoup de socialistes sur le carreau, tellement les enjeux sont énormes. Avec d’une part le Secrétaire général du PS partisan de la poursuite du compagnonnage de son parti avec Benno bokk yaakaar et d’autre part, Khalifa Sall qui nourrit une ambition présidentielle, le Parti socialiste se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. C’est son avenir qui est mis en jeu dans cette bataille fratricide où tous les coups sont permis.

Les deux hommes, sans en donner l’air, se sont en effet toujours envoyé des coups bas, dans le cadre de la lutte pour le contrôle du PS, entamée bien avant même l’élection présidentielle de 2012 à l’issue de laquelle, le PS défait, a noué une alliance avec le parti présidentiel, dans le cadre de la coalition Benno bokk yaakaar. A distance, ils ont toujours mené un jeu de dupes qui n’a pas été sans conséquence sur l’unité et la cohésion du PS. Puisque dans ce duel fratricide, des dégâts collatéraux non négligeables ont par moments été notés.

Malick Noël Seck et Aïssata Tall Sall, les principales victimes

Aux avant-postes de ce combat, Malick Noël Seck et Aïssata Tall Sall se sont plus illustrés comme des boucliers autour de Khalifa Sall. En un moment, ils étaient même perçus par l’opinion comme les bras armés du maire de Dakar qui, de par la position qu’il a dans le parti, ne pouvait défendre publiquement certaines positions. Mais devant un Tanor Dieng tenace et patient, ils ont été les premières victimes de cette guéguerre.

Cette bataille fratricide a donc fait sa première victime en la personne de Malick Noël Seck. Ce dernier, alors coordonnateur de la Convergence socialiste (CS), s’était beaucoup illustré dans le combat contre le troisième mandat du tout puissant Abdoulaye Wade. A plusieurs reprises, il a été envoyé en prison pour ses prises de position contre le régime libéral. Pour s’être rendu devant le domicile du président du Conseil constitutionnel à l’époque Cheikh Tidiane Diakhaté, pour y déposer une lettre adressée aux membres de cette instance, Malick Noël Seck a été mis aux arrêts, le 11 mai 2011. Et placé sous mandat de dépôt pour outrage à magistrat et menaces de mort sur les juges du Conseil constitutionnel à qui il demandait l’invalidation de la candidature du Président Abdoulaye Wade à la présidentielle de février 2012. Il a été finalement jugé et condamné en première instance à deux ans de prison, puis à un an dont quatre mois ferme en appel, avant d’être transféré à la Maison d’arrêt et de correction de Tambacounda. Libéré le 12 janvier 2012 à la suite d’une grâce présidentielle accordée par Abdoulaye Wade sur la demande du Président directeur général du Groupe Avenir Communication, Madiambal Diagne, qui avait saisi le président de la République d’une lettre dans ce sens, Malick Noël Seck a été appréhendé de nouveau à Saint-Louis au mois de mars de la même année pour détention illégale d’armes avant d’être libéré 11 jours après.

Avec la chute du régime libéral, le jeune socialiste a vite changé de fusil d’épaule et orienté son combat contre le leadership d’Ousmane Tanor Dieng à la tête du PS. Demandant une alternance générationnelle, il a exigé le renouvellement de ses instances reporté à plusieurs reprises, et multiplié les assauts contre les dirigeants socialistes. Traduit devant le Conseil de discipline, il a finalement été exclu définitivement des instances du PS par le Bureau politique qui a statué sur la question.

Tout comme Malick Noël Seck, Aïssata Tall Sall a failli connaître la même infortune. Sauf qu’à la différence de ce dernier, elle n’a pas été exclue du PS. Mais elle s’est tout de même éloignée de ses instances, à l’issue du congrès des 6 et 7 juin 2014. La mairesse de Podor a en effet été la seule candidate en face d’Ousmane Tanor Dieng pour le contrôle du parti. Mais à l’arrivée, elle a failli en perdre la face, n’eût été l’intervention de Khalifa Sall qui a suspendu le processus à l’issue duquel Ousmane Tanor Dieng a opéré une razzia dans presque toutes les coordinations du parti. Aujourd’hui, la question que tout le monde se pose, c’est de savoir si Khalifa Sall réussira là où Aissata Tall Sall a échoué. Autrement dit, le maire de Dakar, a-t-il les moyens de sortir victorieux du ‘’Mortal Kombat’’ auquel il se livre depuis un certain temps avec le Secrétaire général du Parti socialiste Ousmane Tanor Dieng ?
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