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À coeur ouvert avec ... Aliou Cissé, sélectionneur des Lions: "Le Sénégal est un très bon outsider, mais pas favori"
Publié le samedi 7 janvier 2017  |  Sud Quotidien
CM
© aDakar.com par DF
CM 2018: Aliou Cissé publie sa liste contre l`Afrique du Sud
Dakar, le 27 octobre 2016 - Le Sélectionneur national Aliou Cissé a publié la liste des Lions qui vont disputer le match contre l`Afrique du Sud comptant pour la deuxième journée des éliminatoires à la Coupe du monde 2018.




Quelques heures avant de s’envoler pour Brazzaville (Congo) où les «Lions» vont davantage peaufiner leur préparation avant de rejoindre Franceville au Gabon, le 12 janvier prochain, le sélectionneur national, Aliou Cissé a ouvert les portes de l’hôtel Fleur de Lys au Groupe Sud Communication. Dans cette interview exclusive, l’ancien capitaine de l’équipe nationale du Sénégal refuse tout statut de favori que certains spécialistes voudraient coller déjà à la peau des «Lions», juste parce qu’ils ont réalisé un Grand Chelem lors des éliminatoires de la CAN 2017 et la première place que leur confère le classement mensuel de la Fifa. Aliou Cissé voit plutôt en son équipe, «un très bon outsider». Il ne crache toutefois pas sur le sacre au soir du 5 février à Libreville. D’ailleurs, il promet aux Sénégalais de se débarrasser de ses dreadlocks en cas de victoire finale. Par ailleurs, il trouve «curieux» une coupe d’Afrique avec seulement quatre sélectionneurs africains. Il est également revenu sur le double visage de Sadio Mané en sélection et en club. Entretien…

Dans quel état mental se trouve votre groupe à quelques jours du coup d’envoi de la Can ?

Sur le plan mental, les garçons sont quand même assez prêts. Ils sont confiants et conscients. Confiants, parce qu’on a fait quelques résultats positifs qui doivent nous donner cette confiance. Depuis quelques années, il y a aussi un groupe qui est en train de naitre. De ma prise de fonction, il a eu un an et demi, il y a eu un groupe qui s’est constitué avec, une mentalité, avec un état d’esprit. A coté de ça, il ya de vrais garçons qui sont partis et revenus. Certains ont participés deux fois à la CAN et celle-ci sera leur troisième participation. Je pense que le groupe qu’on a constitué est assez équilibré qui est très confiant et aussi à travers les discussions que j’ai eues avec eux, ils sont conscients des enjeux et des atouts.

Pour beaucoup d’observateurs, le Sénégal part avec le statut de favori. Surtout depuis que le classement mensuel de la Fifa a propulsé votre équipe sur le toit de l’Afrique. Etes vous du même avis ?

Je le dis et je le répète sincèrement sans fausse modestie que je m’y attendais personnellement. Je m’attendais à l’arrivée qu’on nous dit qu’on est favori de cette CAN-là. Mais, en réalité quand j’ai pris l’équipe, personne n’aurait pensé que le Sénégal allait être parmi les favoris. Et la question que je me pose, c’est sur quoi se base-t-on pour dire que notre équipe est favori ?

Pour avoir réalisé le grand chelem. Six matches, six victoires en éliminatoires de la CAN. Première sélection d’après le classement de la Fifa.

Exacte ! Ce sont ces deux paramètres là. Je pense surtout les gens misent sur le Sénégal et font du Sénégal le favori, juste sur le papier et surtout par rapport aux qualités des joueurs qu’on a, aux championnats où évoluent nos joueurs.
Effectivement quand vous avez dans votre équipe un joueur comme Sadio Mané, Diao Baldé Keïta pour ne citer qu’eux, on a tendance à dire que le Sénégal est favori. Mais, vous savez aussi que dans une CAN, ce ne sont pas les meilleures équipes sur le papier qui font souvent de bons parcours. Comme, je l’ai dit, les qualités intrinsèques ne suffiront pas. Il faut des valeurs, un état d’esprit, un comportement mental, une fraicheur physique. Ce sont tous ces aspects qui feront qu’à un moment donné, on puisse dire qui est favori ou non. Mais en tout cas aujourd’hui, je pense que le Sénégal est dans le même enseigne que toutes les autres équipes. Elles vont à la CAN avec tout cœur de faire une bonne CAN et d’apporter le trophée.

Est-ce que les joueurs ressentent une sorte de pression supplémentaire depuis ce changement de statut ?

Je ne le sens pas et je ne les transmets pas cette pression. Ils n’ont pas à être sous pression. Ce sont des footballeurs professionnels. D’un côté, ils doivent être capables de gérer cette pression et de vivre avec ; et de l’autre, je crois qu’ils ne doivent pas non plus être sous pression. Nous, notre philosophie est de prendre les matchs les uns après les autres. Aujourd’hui, on est dans une poule où il y a la Tunisie, l’Algérie et le Zimbabwe. Ce sont des matchs qu’il faut aborder avec beaucoup de confiance, il faut les jouer match après match. Pour l’instant, le match le plus important est celui qu’on joue avec la Tunisie.

Important certes pas décisif. Mais il ne faudrait surtout pas rater la rentrée dans la matière.

Rien ne peut être décisif au début. Il y a rien qui est décisif, c’est un mini-championnat et pour sortir de cette poule, il faut finir soit premier soit deuxième. Nous espérons en tous cas faire partir de ces deux premiers nations qui vont sortir vainqueurs de ce premier tour qu’on a tant de mal à sortir depuis 2006 (la dernière fois que le Sénégal a atteint le 2nd tour, c’était en Egypte en 2006, Ndlr).

Certains voient déjà le trophée à Dakar. Or, comme vous venez de le rappeler, le Sénégal n’a plus franchi le 1er tour depuis 2006. Quel discours tenez vous à vos joueurs pour qu’ils ne dansent pas plus vite que la musique ?

Si vous entendez notre discours, il est quand même clair depuis le départ. J’ai toujours dit qu’on n’était pas le favori. Je n’ai pas trop envie de parler de ce qui s’est passé mais je pense qu’aujourd’hui quand on voit les dix dernières années, ce qui s’est passé, on ne peut pas dire que le Sénégal peut être favori de cette CAN-là. Mais on peut faire partir des outsiders. Le Sénégal peut être considéré comme un très, très bon outsider même. Mais pas un favori. On ne peut pas prendre les tenants du titre, des équipes qui ont récemment disputé la coupe du monde pour dire que le Sénégal est favori devant elles.

Parlez vous de vos trois adversaires au Premier. D’abord, de la Tunisie, du Zimbabwe et de l’Algérie ?

La Tunisie et l’Algérie sont deux équipes difficiles à manœuvrer. On connait la Tunisie et ça fait un bon bout de temps que le Sénégal n’a pas battu la Tunisie. Ce sera une confrontation très difficile. Mais, je pense que le groupe a appris et il y a eu des défaites qui servent de leçon surtout au niveau mental du groupe. On sait comment aborder ces matchs là. Face aux Magrébins, on sait comment les jouer. La Tunisie, on connait, l’Algérie la même chose. La Tunisie nous a battu durant les deux dernières confrontations qu’on a eues contre elle. On a à cœur de bien les jouer et surtout de faire de meilleurs résultats possibles.

L’idéale serait donc se qualifier, c’est-à-dire de gagner les deux premiers maths, avant d’affronter l’Algérie ?

L’objectif s’est de se qualifier tout simplement. Je pense qu’aujourd’hui, dans une compétition tout peut se passer même quand on sait que l’importance de ce premier match là est cruciale. Toutefois, comme je vous l’ai dit l’objectif c’est de sortir de cette poule. Maintenant, je ne le souhaite pas mais si ça devait se faire, tomber sur une finale ou ce sera l’Algérie-Sénégal, il n’y a pas de soucis. On préparera ce match là et on le joue.

La plupart des sélectionneurs ont publié une liste de présélectionnés de plus de 23, vous, vous vous êtes contenté juste de vingt trois. Pourquoi ?

Tout d’abord j’ai fait une présélection de trente trois joueurs.

Mais cette liste n’a pas été rendue officielle ?

Effectivement. Elle n’a pas été rendue officielle. Mais nous avons livré une liste de 23 joueurs sélectionnés parce que tout simplement nous savons qu’ils seront présents si on a besoin d’eux.

Au staff du technique, on constate aussi une présence d’anciens internationaux. Notamment, Tony Sylva, Omar Daff, Lamine Diatta. Tous de la Génération 2002. Quel est aujourd’hui leur apport au sein de l’équipe et du staff ?

Aujourd’hui, quand on parle de football, on est obligé de parler des anciens internationaux. Dieu a fait que c’est Omar (Daf), Lamine Diatta et Tony (Sylva) qui sont là. Mais, ça aurait pu être d’autres qui ne sont pas de la même génération.
Le football appartient aux footballeurs. Si ces personnes là qui sont sénégalais, qui, ont eu à un moment donné à défendre les couleurs de la nation, viennent partager leur expérience avec leurs jeunes frères, nous, on ne peut que recevoir cela et ça ne peut être que bénéfique. Omar Daf, c’est cinq CAN, un Tony (Sylva) c’est quatre CAN, moi j’ai deux CAN sans compter la coupe du monde et leur carrière internationale avec leur club. Je pense qu’on a un staff quand même d’expérience malgré le fait que c’est notre première CAN sur le banc. Mais, on a su quand même bourlinguer dans ce continent. On connait les réalités de l’équipe nationale et les attentes du peuple sénégalais. Donc, je pense que ce cocktail peut être bénéfique pour nous.

Nous avons également pu constater que Mame Birame Diouf est repositionné depuis un certain comme latéral droit au niveau de Stoke City. Ce qui n’est pas sans conséquences sur ses automatismes en tant qu’attaquant en sélection. Kalidou Koulibaly est arrivé avec une blessure qui l’avait écarté des aires de jeu depuis quelques semaines. Vous n’avez pas d’inquiétudes à vous faire à ce niveau ?

Pour l’instant, le cas de Mame (Birame Diouf) n’est pas un gros problème. Depuis un bout de temps, j’ai toujours expliqué que Mame Birame (Diouf) était capable de jouer sur ce coté droit là. Maintenant, à Stoke, il joue avec un système à trois défenseurs. L’avantage qu’il a, c’est qu’il est capable de jouer sur le coté droit, il est capable à la fois d’être bas sur le terrain latéral, il est capable de jouer parfois au milieu terrain et même très haut. C’est le rôle du piston. Quand j’ai eu à faire jouer Mame Birame sur le coté droit, certains m’ont dit que je lui fais jouer le coté droit alors que son poste c’est attaquant. Je reste persuadé qu’il peut jouer à droit, à gauche et dans l’axe. Il est polyvalent et je pense que c’est intéressant pour l’équipe.
Tout est question d’état d’esprit. Aujourd’hui, si Mame Birame (Diouf) se met dans la posture de vouloir donner le maximum qu’il doit donner que ce soit à droit ou à gauche, on va aller vers un Mame Birame (Diouf) très performant. C’est ce qu’il fait dans son club. Donc, s’il est capable de le faire en équipe nationale ça doit être pareil et c’est ce que j’attends de lui. La possibilité qu’on a avec Moussa Sow ou avec Famara Diédhiou ou Moussa Konaté et Mame Birame Diouf, c’est quand même qu’ils sont polyvalents. Moussa (Konaté) est capable de jouer à gauche et il le fait des fois et à droit aussi tout comme Mame Birame (Diouf). Peut être que celui qui est beaucoup plus fixateur et qui est vraiment propre attaquant c’est Famara Diédhiou. Et pour cela que je l’ai ramené. C’est cette polyvalence là qui est important pour l’équipe.

Quid de Kalidou Koulibaly ?

Kalidou Koulibaly a été arrêté pendant trois semaines, il est en train de reprendre. Pas d’inquiétudes, il a trottiné normalement, il a fait des gammes et des appuis. Il a juste une transformation au niveau du genou mais je pense que d’ici deux semaines, les médecins sont en train de le travailler pour qu’il revienne à son meilleur niveau.

Il est également constaté que Sadio Mané, considéré que l’un des meilleurs joueurs d’Afrique n’a pas le même rendement en club (Liverpool) où il brille de mille feux qu’en sélection. Serait-il mal utilisé de par son positionnement, les partenaires ne seraient-ils pas les mêmes ou subirait-il trop de pression ?

Je pense qu’aujourd’hui, sur le fond, Sadio Mané, ce qu’on lui demande c’est d’être le même en Liverpool qu’au Sénégal. Même si on sait que c’est différent parce que ce qui est de l’Europe n’est pas de l’Afrique. Sadio (Mané) à Liverpool, n’est pas la seule star. A Liverpool, il y a des Coutinho (Philippe), Firmino (Roberto). Il y a moins de pression parce qu’il y a d’autres avec qui il partage la lourdeur de la tache. A l’équipe nationale Sadio (Mané) est seul et il y a beaucoup d’attentes. La seule chose que j’ai envie de dire c’est en fait, qu’il faut essayer un tout petit peu d’oublier Sadio (Mané), il faut qu’on laisse jouer tranquillement. Et lui aussi, n’a pas à se mettre une pression quelconque. Dans le jeu, dans le schéma, dans l’utilisation, il est libre. Dans le 4-3-3, il est capable de jouer en excentré droit, il capable de jouer en excentré gauche, il est capable d’évoluer un tout petit peu partout. Donc, ce qu’on attend de lui c’est justement qu’il s’exprime, qu’il se lâche qu’il se met pas du tout de pression parce que personnellement je ne lui mets aucune pression. La seule chose que je lui demande c’est de penser à l’équipe et de jouer pour l’équipe. Mais on ne peut pas demander à Sadio (Mané) seul de porter l’équipe. Il faut que ses co-équipiers prennent leurs responsabilités

Un autre constat également, c’est la forte présence sur les bancs des techniciens surnommés «Sorciers Blancs» pour cette 31ème édition. Les techniciens locaux ne sont quatre dont vous-même. Comment expliquez-vous ce manque de confiance des Fédérations africaines à l’égard de l’expertise locale ?

Je pense qu’il faut le demander aux fédéraux. C’est vrai qu’aujourd’hui quand vous regardez une coupe d’Afrique et qu’il n’y a que quatre locaux, c’est quand même assez curieux. Ça veut dire qu’on a un football qui ne fait pas vraiment confiance à ses enfants. Mais, peut être pour ces pays là, amener un expatrié c’est moins fatiguant. Je ne sais pas trop. Il y a moins de pression sur l’entraineur, moins de dispute et moins de polémique. On sait que quand un expatrié arrive, il n’a pas les problèmes qu’un local a, mais je le dis et je le répète encore, dans notre continent il y a de très bons entraineurs et que nous ne sommes pas seulement capables de courir mais nous sommes capables de réfléchir, de mettre en place des stratégies. Ce que les expatriés sont capables de faire nous aussi on est capable de le faire sauf que nous, ce que nous avons de plus, c’est que nous avons la connaissance de notre pays, de notre culture qui peuvent nous aider.

Où seriez vous au soir du 5 février 2017 ?

J’espère que je serais le 5 février à Libreville pour jouer la grande finale. Pas la petite finale (rires). C’est mon souhait et le souhait de tout sénégalais. Nous y allons vraiment avec beaucoup de confiance parce qu’on sait que ça sera une CAN très difficile, très disputée. Mais, nous sommes faits pour ce métier là. Si on travaille tout ce temps là c’est justement pour pouvoir disputer la CAN et ces genres de compétition.

La défaite (2-1) concédée en Afrique du Sud en éliminatoires de la coupe du monde 2018, est certes amère. Mais, elle ne vous permet pas de vous remettre en cause après un Grand Chelem dans les éliminatoires de la CAN afin de mieux rectifier le tir.

En tous cas nous allons nous imprégner de cette défaite pour améliorer les choses. Maintenant, une défaite n’est jamais positive. Une défaite restera toujours une défaite quoique les gens puissent dire, nous avons été malheureux de cette défaite. Elle nous a touchée mais, ce match est passé. On aura l’occasion de revenir sur ses éliminatoires de la coupe du monde mais aujourd’hui la principale motivation pour nous, l’enjeu c’est cette CAN-là et Dieu sait depuis un an et demi, on est en train de la préparer. C’était une histoire d’années, ça a été une histoire de mois et aujourd’hui c’est une histoire de semaine. Bientôt ça va être une histoire d’heures. On y est ! Nous sommes motivés et nous demandons tout le peuple sénégalais de prier pour cette équipe, de sentir vraiment une union sacrée autour de cette équipe là. Nous défendrons inch Allah notre chance dans cette CAN là.

La personnalité d’Aliou Cissé fait aussi souvent débat. D’aucuns disent que vous êtes caractériel. Certains estiment que vous avez plutôt du caractère. Que répondez-vous ?

(Il hésite). Je suis juste un homme avec mes sensibilités, mes forces et mes faiblesses. Caractériel ? Je ne crois pas. Les gens doivent faire la différence entre la vie professionnelle et la vie de tous les jours. Le monde sportif est un monde à part qui est différent vraiment des autres corporations. Il y a un discours de vestiaire, il y a une ferveur dans les vestiaires, il y a quelque chose d’électrique qui se passe dans les vestiaires que le citoyen lambda ne peut pas comprendre. Il faut vraiment être sportif de haut niveau pour comprendre tout ce qui s’y passe. On peut parler d’une certaine façon quand on est dans les vestiaires mais dés qu’on sort des vestiaires on n’osera pas parler n’importe comment à un joueur. Mais en réalité, c’est le métier qui le demande, ce sont les enjeux. L’envie de vouloir gagner fait que nous sommes emportés par cette passion. Moi, je suis un passionné de tous les jours, de chaque instant, de chaque moment. Donc, je veux dire que ça n’a rien à avoir avec le Aliou Cissé qui est avec sa famille ou ses amis. Il y a un Aliou Cissé normal qui est calme et rigolo. Il ne faut pas qu’on me juge par rapport à mon métier. Ce que je suis en train de faire ça demande pour un laps de temps bien précis quelque chose. Et c’est ce quelque chose là que je suis en train de lui donner. Mais sinon à coté de ça il n’ya pas que le football dans la vie. J’ai une famille, j’ai des enfants et des amis.

Avez vous des relations extra-sportives avec certains joueurs. Certains joueurs sont entre vos mains depuis Londres 2012.

En fait, c’est une génération que le football sénégalais a sortie. Ce sont les purs produits du football sénégalais. Des techniciens sénégalais, des présidents de club sénégalais, des clubs sénégalais. Prenez des garçons comme Cheikhou Kouyaté, Moussa Konaté, Pape Ndiaye Souaré, Saliou Ciss, Gana Guèye. Toute cette génération qui était à Londres en 2012, est le produit des centres de formations sénégalais. C’est le fruit du travail local. Ce n’est pas simplement le travail d’Aliou Cissé proprement dit. Même s’il est vrai qu’en 2012, il s’est passé de très grands moments avec ces garçons-là, le courant a bien passé. Mais, je peux vous dire que ça n’a pas été facile entre eux et moi. Je ne regarde pas la Génération 2012 ou le reste du groupe. J’ai un groupe et mon rôle aujourd’hui c’est de choisir 23 joueurs et les entrainer tous sur le même pied d’égalité. Et après le jour du match, j’ai 11 joueurs que je dois mettre, je ne regarde pas d’affinité ; bien vrai je peux en avoir avec certains joueurs. Je peux être ami avec un joueur, mais le jour où j’ai construit mon groupe, le jour que je mets en place mon équipe ça ne compte plus. Ce qui compte pour moi, en ce moment là, c’est la performance des garçons. Pour moi, il n’y a pas de débat sur ça. Les joueurs sont tous sur le même pied d’égalité. Il n’y a pas de favoritisme ou d’approche, ils savent qu’ils doivent tous travailler justement pour être titulaire.

Pourquoi garez vous toujours cette crinière, les rastas ?

Je ne refuse pas m’en débarrasser, je suis venu en équipe nationale avec cette crinière. Cela ne veut pas dire que demain je ne vais pas l’enlever. Je suis bien avec. C’est vrai que certains me disent que ça ne fait pas trop professionnel, que pour être un entraineur de haut niveau, il faut avoir la tête rasée, il faut être bien sapé. Moi, je dis non ! Parce que au-delà du football il y a l’homme, il y a la vie.

Pouvez-vous promettre aux sénégalais de les enlever si vous remportez le trophée au soir du 5 février ?

Si on gagne, j’enlève mes rastas. Je le promets (éclats de rires).
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