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Retro 2016: L’année des résolutions
Publié le lundi 2 janvier 2017  |  Enquête Plus
Le
© Autre presse par DR
Le président sortant de la Confédération africaine d’escrime (CAE), Mbagnick Ndiaye




L’année 2016 est relativement macabre pour le monde de la culture au plan international. Elle l’est moins au Sénégal même si des valeurs sûres du monde des arts nous ont quittés. 2016 au Sénégal, c’est vraiment l’année des grandes décisions politiques. Le Chef de l’Etat a posé beaucoup d’actes visant à soutenir ce secteur.

2016 est l’année la plus ‘’culturelle’’ jusqu’ici du règne de Macky Sall. Si certains ont cru que le président de la République n’avait rien prévu pour les acteurs culturels, ce dernier a fini de leur démontrer le contraire au cours de cette année. Tout a commencé à l’aube de 2016. En janvier, le chef de l’Etat recevait pour la première fois le monde de la culture au Palais présidentiel sur initiative de son ministre conseiller Youssou Ndour. Autour d’un copieux déjeuner, il a échangé avec eux sur les écueils qui minent leur secteur et aussi sur la place de la culture dans le plan Sénégal émergent (PSE).

Même si cette réception avait soulevé l’ire de certains qui se demandaient sur quelles bases leurs collègues artistes présents au Palais avaient été choisis, elle restait quand même une aubaine pour bien d’autres présents ou absents. Car au cours de cette rencontre, le Président Macky Sall promettait aux ‘’représentants’’ des acteurs des cultures urbaines dont Malal Talla alias Fou Malade, Simon et Matador, un Fonds d’appui à leur secteur comme celui du septième art. Seulement, il ne pourrait être doté d’un milliard comme le Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et de l’audiovisuel (Fopica) mais de 300 millions pour un début.

Des rencontres s’en sont suivies entre les acteurs et les autorités du ministère de la Culture et de la Communication pour donner un contenu à ce Fonds qui sera opérationnel à partir du mois de mars prochain. Une tournée nationale a été initiée par la direction des Arts afin de sensibiliser tous les acteurs concernés. Dernièrement, la mission était à Rufisque pour le même but.

Signature de l’agrément de la Sodav

En outre, au cours de ce déjeuner au Palais, le Président s’engageait à signer l’agrément de la Sénégalaise du droit d’auteur et du droit voisin (Sodav) au cours de la semaine qui suivait. Il a tenu parole le 4 février 2016, éliminant de facto le Bureau sénégalais du droit d’auteur. Une mesure saluée à l’époque car après l’élection des membres du conseil d’administration de la Sodav, ces élus avaient attendu pendant longtemps avant que l’agrément portant création de leur société ne soit signé. Aussi, c’est seulement le 7 octobre 2016 qu’a eu lieu la passation de services entre la Sodav et le BSDA. Entre-temps, la présidente du conseil d’administration de la première structure nommée a démissionné. En effet, le 10 septembre 2016, Angèle Diabang jetait l’éponge ‘’pour des raisons personnelles’’. Elle a été remplacée le 20 octobre par la productrice de musique Ngoné Ndour.

Une autre promesse faite par le Chef de l’Etat au cours de ce fameux déjeuner au Palais est la mise en place d’une mutuelle de santé des acteurs culturels. C’était en juin dernier. La tutelle a mis à la disposition de la CMU une enveloppe de 35 millions de F CFA afin de permettre aux premiers inscrits de payer moins que la somme requise.

Toujours dans l’optique de montrer aux artistes l’intérêt qu’il leur porte, le président de la République a honoré de sa présence la 12e édition de la Biennale de l’art africain contemporain (Dak’Art). Traditionnellement, c’est le chef de l’Etat qui préside l’ouverture de la biennale. Mais depuis qu’il a accédé à la magistrature, Macky Sall ne l’avait jamais fait avant 2016. Une première qu’il retiendra à jamais à cause des multiples couacs. Presque aucun des primés n’étaient dans la salle. Pis, le grand gagnant à qui M. Sall devait remettre son prix figurait sur la liste des absents. Une ouverture qui ne donnait en fait que le ton de ce qu’allait être cette biennale. C’est pour cela d’ailleurs que bien après, même si le comité d’orientation présidé par Baïdy Agne dit n’avoir pas de déficit budgétaire cette année, le secrétaire général de la biennale Rassoul Seydi a été dégommé et remplacé par Mariama Bâ Diop en octobre passé.

Cinquantenaire du Festival mondial des arts nègres

Par ailleurs, 2016 correspondait au cinquantenaire de la première édition du Festival mondial des arts nègres. Au cours de l’année, la communauté africaine de culture/Sénégal (Cacsen) a organisé des manifestations à Saint-Louis, Thiès et Dakar. C’est la capitale sénégalaise qui a abrité d’ailleurs l’essentiel du programme. Mais avant la tenue de ce dernier, les membres de la Cacsen ont été reçus au Palais par le Président de la République. Il les a, eux aussi, honorés de sa présence lors de la cérémonie officielle de la commémoration du cinquantenaire du Festival mondial des arts nègres tenue dans un hôtel de Dakar. Une manière particulière de montrer que la culture est ‘’l’alfa et l’oméga’’ comme il l’a lui-même dit. Il semble qu’il y croit très fortement. Parce qu’il a décidé de doubler la somme allouée au Fonds d’aide à l’édition. Ainsi, en 2017, celle-ci passera de 250 millions à 500 millions F Cfa.

Une autre enveloppe pour les artistes est celle destinée aux gagnants du grand prix du président de la République pour les Arts. Un appel à candidatures a été lancé cette année à cet effet et les dépôts se poursuivent jusqu’au 15 janvier. Et les distinctions seront remises au courant de l’année qui arrive. Un concours ressuscité après quelques années d’agonie. Aussi, a-t-il promis d’organiser désormais une rentrée solennelle des arts. Une cérémonie qu’il présidera lui-même comme il a promis de le faire lors de l’ouverture officielle du musée des civilisations noires. D’ailleurs, pour préparer cela, Mack Sall était au musée Quai Branly Jacques Chirac de Paris lors de sa dernière visite d’Etat en France, courant décembre. C’est de là-bas d’ailleurs qu’il a annoncé l’inauguration du nouveau musée pour mai 2017.

Dans la logique de mieux soutenir les acteurs culturels, le chef de l’Etat a pris la décision de débourser 93 millions de F CFA. Cela doit servir à payer les arriérés de cotisations sociales à l’Ipres des agents contractuels du théâtre national Daniel Sorano. Ce qui n’avait pas été fait depuis 1986. Il a ainsi réglé ‘’une vieille doléance sociale’’ de ces travailleurs. Le budget de Sorano a aussi été augmenté. Dans le même sens sont annoncées ‘’la préparation et la mise en œuvre d’un important projet de réhabilitation et de modernisation des locaux et des équipements dont l’étude, financée par l’Etat pour un montant de 22 000 000 de francs CFA, vient d’être finalisée’’. Depuis quelque temps, Macky Sall voyage souvent avec des acteurs du théâtre Sorano.

Le monde du 7e art sénégalais a connu une année peu faste mais assez brillante tout de même. En septembre, les réalisateurs Fatou Touré et Mor Talla Ndionne ont pris part à la 15e édition du festival Clap Ivoire. La première citée y présentait son court-métrage ‘’La promesse’’ dans la catégorie fiction. Tandis que Mor Talla Dionne y allait avec ‘’Ramatou’’ dans la catégorie documentaire. Fatou Touré a gagné le premier prix dans sa catégorie. L’actrice principale de son film a remporté le prix de la meilleure interprétation féminine. ‘’Ramatou’’ a reçu la distinction de la meilleure photographie. Le cinquantenaire des journées cinématographiques de Carthage a vécu cette année aussi. Des films sénégalais y étaient présents dont ‘’Bois d’ébène’’ de Moussa Touré dans la catégorie long-métrage. Il n’a pas été primé contrairement à ‘’The révolution don’t be televised’’ de Rama Thiaw qui a reçu le prix du jury. Aussi, ‘’Marabout’’ d’Alassane Sy a eu droit au Tanit d’or de la catégorie court-métrage pour la meilleure œuvre.

‘’Africa Rekk’’

Quelqu’un qui a marqué l’année écoulée, c’est Youssou Ndour. Le roi incontesté du ‘’Mbalax’’ est activement revenu sur la scène musicale ainsi que sur le marché du disque. Il a sorti un album national intitulé ‘’Sénégal Rekk’’ en mai dernier. Un maxi de 5 titres que sont ‘’Doylu xaliss’’, ‘’Song Daan’’, ‘’Buur yi demb’’, ‘’Begg naa len’’ et ‘’Serin Fallu’’. Son featuring avec la star sénégalo-américaine du r’n’b Akon dans ‘’Song Daan’’ est bien appréciée. Cette chanson avec ‘’Serin Fallu’’ donnait un avant-goût de ce qu’allait être la production internationale de Youssou Ndour baptisée ‘’Africa Rekk’’. Elle est sortie en novembre dernier et compte 12 titres.

Les sonorités qu’on y trouve sont aussi variées que les thèmes qui y sont développés. Le ministre conseiller et chanteur voulait ainsi lui donner un cachet particulier. C’est pour cela qu’en sus d’Akon avec qui il a repris ‘’Song Daan’’ dans une version ‘’world music’’, il a partagé le micro avec Fally Ipupa ainsi que Spotless. Youssou Ndour est depuis lors en tournée internationale pour la promotion d’Africa Rekk. Autant le roi du mbalax a fait parler de lui en bien, autant la danseuse Mbathio Ndiaye et la chanteuse Déesse Major ont posé sur des mélodies tristes.

Cette année a également permis à des pépites de la musique d’éclore. C’est le cas d’Abiba qui, en une année, a chanté avec des stars de la musique sénégalaise et africaine comme Baaba Maal, Youssou Ndour et Sidiki Diabaté. Parlant de ce dernier, il a été très fréquent au pays de la Teranga cette année. Il n’est pas le seul artiste étranger à avoir presté ici courant 2016. Dakar a reçu les rois togolais du ‘’cool catché’’ Toofan, Maître Gims et Lefa de Sexion D’assaut ainsi que Booba. Le passage de ce dernier sur sa terre d’origine restera longtemps dans les mémoires.

Dans un entretien avec Le Quotidien, le Duc de Boulogne a dit : ‘’Le rap sénégalais est comme le rap polonais, il n’est pas connu’’. Cela a soulevé l’ire des rappeurs sénégalais. Certains d’entre eux comme Niit Doff ont fait des vidéos pour lui répondre. Il n’empêche que Booba a fait son show à Dakar et depuis lors aussi, quand on veut charrier les acteurs des cultures urbaines, on les taxe de ‘’Polonais’’.

2016 restera une année mémorable pour les organisateurs du festival de jazz de Saint-Louis. La 24e édition a failli ne pas se tenir en 2016. Le préfet avait sorti un arrêté interdisant la tenue de la manifestation pour des raisons sécuritaires. Mais, après une réunion avec les différentes parties, l’autorité est revenue sur sa décision. Car 18 hôtels s’étaient engagés à participer à hauteur de 100 000 francs CFA chacun et le festival de jazz allait verser 2 500 000 francs CFA, l’État assurant le reste des frais pour mettre en place les dispositifs sécuritaires nécessaires. Les charges sécuritaires étaient estimées à 15 millions de F Cfa. L’organisation a été sauvée à la dernière minute sans la tête d’affiche, Marcus Miller.

Sur un autre registre, le monde des médias a été secoué en 2016. Lors du vote du budget du ministère de la Culture et de la Communication, Mbagnick Ndiaye a dit officiellement qu’il n’y aurait pas d’aide allouée à la presse cette année suivant les recommandations de la Cour des comptes. Ce qui n’a plu au collectif des éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps). Ce qui a par contre plu à bien des journalistes en 2016 est l’ensemble des avancées notées dans l’élaboration du code de la presse. Un consensus a été trouvé autour de l’écueil que constituait la dépénalisation des délits de presse. D’ailleurs, le ministre de la Culture et de la Communication promettait, lors de son passage à l’hémicycle au cours du marathon budgétaire, que le projet final allait être soumis à l’appréciation du gouvernement avant fin 2016. On attend de voir.

Année macabre

2016 a été aussi une année macabre même si elle l’est moins que 2015. De grands noms des arts sont partis cette année. En juillet dernier, Ibra Kâ dit ‘’Ibra la Classe’’ jouait sa dernière scène. ‘’Wareef’’ et le groupe futurs médias ont perdu l’animatrice Dèguène Chimère Diallo Babou. Le 9 novembre partait à jamais El hadji Ndiouga Dieng, un des piliers de ‘’l’Orchestra Baobab’’. Une vingtaine de jours après, disparaissait le géant africain de la sculpture Ousmane Sow. De grosses pertes pour le Sénégal. Le monde a aussi perdu certaines de ses stars. La dernière en date est celle de la ‘’princesse’’ Carrie Fisher de ‘’Stars Wars’’. Avant elle, le 25 décembre, raccrochait pour de bon Georges Michael à l’âge de 53 ans. Sont également partis pour le voyage sans retour Papa Wemba, David Bowie, le manager et mari de Céline Dion René Angelil, Prince, l’auteur et poète canadien Léonard Cohen, etc.
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