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Macky Sall à la clôture du Forum Paix et sécurité de Dakar: "S’arrêter sur une réponse doctrinale de l’Islam à l’extrémisme violent"
Publié le jeudi 8 decembre 2016  |  Sud Quotidien
Deuxième
© aDakar.com par DF
Deuxième journée du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité
Dakar, le 06 décembre 2016 - Le Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité se poursuit. La rencontre qui regroupe des chefs d`État, des ministres et des experts se tient à la CICAD.




Macky Sall a clôturé hier, les travaux de 3ème édition du Forum de Dakar sur la «Paix et la Sécurité en Afrique». Organisée par le Sénégal et la France, la rencontre qui s’est tenue les 5 et 6 décembre, au CICAD est structurée en ateliers et panels avec des débats qui ont réuni plus de 500 participants. Le chef de l’Etat qui a livré un message révèle que le Forum de Dakar est un lieu inédit d’échanges, de réflexion libérée et décloisonnée sur les défis sécuritaires de l’Afrique pour des réponses concertées. Aussi a-t-il proposé, comme «solutions pragmatiques et rapides» le contrôle des contenus du net et une réponse doctrinale de l’Islam à l’extrémisme violent.

C’en est fini pour le Forum de Dakar sur la Paix et la Sécurité en Afrique. Place aux préparatifs de l’édition prochaine dès à présent. En attendant, le président Macky Sall a livré le message de Dakar. «La force du Forum de Dakar, c’est aussi rassembler l’ensemble des acteurs concernés par les questions de défense et de sécurité dans un cadre informel de libre échange pour sortir des idées et discours convenus. C’est cela le message de Dakar, une réflexion libérée et décloisonnée sur les défis sécuritaires de l’Afrique pour des réponses concertés».

Pour le chef de l’Etat dont l’ambition est de faire de Dakar «un lieu inédit d’échanges autour des questions de sécurité sur le continent», la qualité exceptionnelle des contributions et la participation massive «ont assurément renforcé la dimension internationale de la présente édition». Et de rappeler qu’en novembre 2015, moins d’une semaine après la clôture du Forum de Dakar au cours duquel les participants évoquaient la «profonde interdépendance de la sécurité» en Afrique et en Europe, de terribles attaques endeuillèrent la France. Cette année, des pays africains jusque-là épargnés par ce fléau (Côte d’Ivoire, Burkina Faso) ont été frappés par le terrorisme.
«C’est dire que la menace est globale et que nul n’est à l’abri. Cela confirme en évidence la nécessité non seulement d’échanger sur l’analyse des solutions mais surtout de partager nos expériences sur des solutions efficaces à mettre ensemble en œuvre», a déclaré Macky Sall.

CONTROLER LES CONTENUS DU NET POUR NEUTRALISER LA PROPAGANDE JIHADISTE NOCIVE A NOS ENFANTS

A en croire le Président Sall, lors de ce Forum l’accent a été surtout mis sur le besoin de trouver des «solutions pragmatiques et rapides» notamment par l’adaptation de nos Forces de défense et de sécurité face aux menaces asymétriques en renforçant en particulier la formation et l’équipement. Quid de la réponse doctrinale de l’Islam au terrorisme ? «Nous avons abordé la réponse doctrinale de l’Islam à l’extrémisme violent, un sujet non suffisamment exploré jusqu’à présent. Nous devrons nous arrêter à un certain moment sur le sujet de la réponse doctrinale pour que les pays musulmans, puissent ensemble, au-delà des clivages, réfléchir sur les réponses à donner. Parce que ça va être une réponse globale qui permettra en tout cas de neutraliser cette propagande extrêmement nocive à nos enfants qui, aujourd’hui se radicalisent par le net».

Suffisant pour qu’il en appelle à un contrôle des contenus qui reste une préoccupation. «Nous avons évoqué tout à l’heure le triptyque Sécurité, Démocratie et Développement. Mais comment assurer la sécurité sans avoir accès, sans maîtriser les contenus de ce qui se passe sur la toile ? Voilà une équation que nos chercheurs et autres penseurs doivent aider à élucider. De même, nous avons identifié des moyens d’assurer une meilleure protection de nos espaces frontaliers et limites y compris par la modernisation des capacités des renseignements et une plus grande coordination de nos services de sécurité».

PREPARER LE FORUM DE 2017 DANS UNE DEMARCHE ANTICIPATIVE

Pour Macky Sall qui s’est félicité de la participation accrue du secteur privé cette année, «le partenariat public-privé dans le domaine de la sécurité notamment l’initiative annoncée de l’UE est d’une grande importance. De telles approches permettent de mieux prendre en compte le lien étroit entre la sécurité et le développement». C’est pourquoi, cette dynamique de mobilisation doit être maintenue et renforcée car, «face à nous, nos adversaires ne désarment pas».

D’ailleurs, selon lui, il faut «dès à présent et rapidement s’atteler à la préparation du prochain Forum de 2017 dans une démarche anticipative qui porte notre vision stratégique de la sécurité du continent. C’est pourquoi, l’équipe qui a organisé le Forum doit mettre à disposition, l’ensemble des conclusions issues des ateliers et des différents panels, de l’ensemble des participants» a-t-il dit.

MUHAMMADU BUHARI PRESIDENT DU NIGERIA : «Boko Haram s’est tiré une balle dans le pied»

«Boko haram s’est tiré une balle dans le pied. Il ne contrôle plus de localités. Et par rapport à la question terroriste et le groupe Boko Haram, nous avons un contrôle de la situation de façon ethnique et militaire pour demander aux jeunes de baisser les armes»». Le président de la République du Nigéria qui a pris à la 3e édition du Forum Paix et Sécurité de Dakar est formel. Muhamed Buhari qui faisait le point sur le mouvement jihadiste, en est arrivé là grâce à une collaboration de loyaux voisins comme le Niger et le Tchad. En effet, une force tripartite a été mise en place pour permettre à ces pays de mieux contrôler les déplacements qu’effectuent les troupes terroristes.
Toutefois, le président Buhari est conscient de l’existence d’autres groupes armés au Nigéria. Ce qui n’est pas sans compliquer les choses, même si les troupes composées par son pays et ses voisins se déplacent simultanément pour mettre endiguer les velléités de Boko Haram. En outre, il a insisté sur le fait qu’il faut fournir des emplois à la frange jeune qui constitue la moitié de la population de son pays, notamment les jeunes âgés de 25 ans. «Nous allons nous tourner vers l’agriculture et l’exploitation du pétrole», a-t-il confié. Aussi en appelle-t-il à un «partage équitable des ressources naturelles».

CHEIKH GUEYE, CHEF D’ETAT-MAJOR GENERAL DES ARMEES (CEMGA) SENEGALAISES : «Le Sénégal n’est pas à l’abri»

Selon le Chef d’Etat-major général des Armées (CEMGA), le général Cheikh Guèye, le Sénégal n’est pas à l’abri des périls surtout liés à la menace terroriste. En effet, sur le plan sous régional et régional, la proximité avec certains pays touchés par le terrorisme et du bassin Sahélo-saharien comme le Nigéria, l’Afrique du Nord, est un signal inquiétant pour le Sénégal… Quid de la montée de groupes armés terroristes au Mali ? Dans ce pays frère, les groupes armées terroristes ont commencé par semer l’insécurité au Nord puis se sont installés au Centre, attaquent parfois Bamako et disposant de cellules au Sud, à la frontière ivoirienne. Aujourd’hui, les frontières du Mali sont devenues un problème pour les Etats limitrophes comme la Cote d’Ivoire qui a subi une attaque de la part de groupes venus de ce pays. La menace pourrait s’étendre sans préavis vers le Sénégal qui participe, par devoir de solidarité, à la Minusma.

«MAKHTAR DIOKHANE A SUBI UNE FORMATION AUPRES DE BOKO HARAM POUR IMPLANTER UNE CELLULE AU SENEGAL»
Pis, prévient le CEMGA la reconversion de Boko Harama qui, depuis son allégeance à Daesh s’appelle Province de l’Afrique de l’Ouest de l’Etat Islamique, participe d’une revendication ouverte d’un changement d’agenda passé de national à régional qui pourrait gangrener toute l’Afrique de l’Ouest dont le Sénégal si le groupe n’est pas neutralisé. D’ailleurs, ajoute-il, un groupe de Sénégalais, dirigé par un certain Diokhané, a pu bénéficier d’une formation de Boko Haram avant d’envisager de créer une cellule au Sénégal. De plus, des Sénégalais, ayant combattu en Syrie et nos concitoyens pris au piège de l’immigration en Lybie, pourraient être enrôlés par les djihadistes et revenir au pays pour mettre en pratique leur savoir-faire terroriste déjà acquis. C’est dire que le Sénégal a une claire intelligence des enjeux de la menace terroriste devenue globale et internationale.

L’INFLUENCE DU FONDAMENTALISME ET LA MONTEE DU CHIISME, DES MENACES INTERNES
Des menaces à l’interne ne manquent pas. A en croire le général Cheikh Guèye, il existe au Sénégal des dynamiques internes qui pourraient faire le lit du terrorisme. En effet, selon lui, l’esprit de tolérance de convivialité garantissant la cohabitation harmonieuse entre les citoyens de toutes confessions acquis avec notre Islam confrérique a subi «l’influence du fondamentalisme avec l’éclosion de mouvements islamistes financés le plus souvent de l’extérieur et se disant rénovateurs. Ces derniers considèrent les confréries comme étant un ‘‘bida’’, donc des cibles à combattre. Certains, parmi eux, se singularisent par des discours religieux très radicaux proches de celui de beaucoup d’autres groupes, mais ne sont pas encore passés à l’acte», a-t-il souligné.
Il s’y ajoute l’implantation du chiisme. «La montée du chiisme a été constatée sur la partie méridionale du Sénégal. Ce nouveau fondamentalisme, croit au Sénégal sur le lit de vulnérabilités structurelles que l’on retrouve dans beaucoup de pays africains», a confié le CEMAG non sans faire remarquer que le Sénégal n’est pas «un empire dans un empire pour espérer s’extraire indéfiniment de la spirale terroriste».

JEAN YVES LE DRIAND, MINISTRE FRANÇAIS DE LA DEFENSE : «La souveraineté des Etats africains nécessite la formation d’Armées nationales équipées et structurées»
«Nous devons faire de sorte que les recommandations de Dakar soient suivies d’effets», a dit le ministre français de la Défense, Jean Yves le Driand, face à la presse hier dernier jour du Forum Paix et Sécurité en Afrique. Pour lui, «la souveraineté des Etats africains nécessite la formation d’Armées nationales équipées et structurées». Et, pour gagner le pari de la sécurité, le ministre français de la Défense préconise la formation d’une armée nationale structurée de la part des Etats africains, non sans relever que l’équipement militaire de qualité reste aussi indispensable. Selon lui, la sécurité de l’Afrique dépend en grande partie de celle de l’Europe. «Nous devons faire davantage d’efforts dans la lutte contre le terrorisme, et c’est dans cet objectif que la France a participé à la formation de près de 20 000 militaires africains». Tirant le bilan de ce forum, le ministre français a salué les engagements accrus des pays et des différents acteurs qui y ont pris part. «Ce qui frappe dans ce forum, c’est la volonté des différents pays à la recherche de solutions innovantes et pragmatiques… Nous devons privilégier la lutte contre l’idéologie djihadiste pour mieux appréhender l’ensemble de la problématique du terrorisme. Car, ce qui anime les terroristes, c’est la domination totalitaire. Tous les pays engagés à accentuer la surveillance des réseaux sociaux».
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