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Présidentielle gambienne: Les minutes d’une journée de "capitulation" de Jammeh et de la libération à Banjul
Publié le mardi 6 decembre 2016  |  Sud Quotidien
Ouverture
© Abidjan.net par Atapointe
Ouverture du 44è sommet de la CEDEAO à Yamoussoukro en présence de 14 chefs d`Etat
Le 44è sommet ordinaire de la Communauté économique des Etats de l`Afrique de l`Ouest (CEDEAO) s`est ouvert, vendredi, dans la capitale politique et administrative de la Côte d`Ivoire, Yamoussoukro en présence de 14 Chefs d`Etat de la sous-région ouest-africaine. Photo: Yaya Djammeh, président de la République du Gambie




Derrière l’accalmie apparente de la proclamation des résultats officiels du scrutin présidentiel du 1er décembre en Gambie et la reddition sans effusion de sang de Yahya Jammeh, se sont jouées, en coulisses, des conciliabules et d’interminables tractations pour faire plier le président sortant que les résultats donnaient perdant. Car, Jammeh a bien tenté de s’accrocher à «ses propres résultats» pour se maintenir au pouvoir. Au centre de ces négociations, 2 hommes: le président Buhari du Nigéria ainsi que le Ghanaen Koffi Annan, ancien secrétaire général des Nations-unies et puis, un héros, le président de la Commission électorale indépendante Alieu Momar Ndiaye.

Aux premières heures de ce vendredi 2 décembre, les Gambiens restaient toujours suspendus à la publication officielle des résultats de la présidentielle dont le vote a eu lieu la veille. Il faut dire qu’ils attendaient plus un récapitulatif global de ces résultats qui ont été distillés toute la nuit durant par les réseaux sociaux édités depuis l’étranger avec leur relais sur le terrain un peu partout en Gambie, reprenant aussi les remontées d’informations de la Commission électorale indépendante diffusée par la télévision nationale gambienne, la GRTS.

Ce qui ne devrait être qu’une formalité pour beaucoup de Gambiens au réveil, aura tellement tardé, jusqu’en fin d’après-midi – début de soirée, qu’on peut aisément comprendre que quelque chose se jouait pendant tout ce temps. Ce sont surtout les liaisons téléphoniques du palais de la State House qui ont été mises sous tensions.

LE PRESIDENT DE LA COMMISSION ELECTORALE INDEPENDANTE REFUSE DE REPONDRE A UNE CONVOCATION DE JAMMEH AU PALAIS

De sources diplomatiques bien recoupées informent que Yahya Jammeh a nourri le plan de faire venir le président de la Commission électorale indépendante au palais alors que les dépouillements n’étaient pas encore terminés. Cette invitation est surtout tombée en même temps que les premières confusions sur les résultats de certains districts notamment le district de Brikama ou certaines contrées de la LRD (Lower River Division) dans l’Est du pays. De nouveaux chiffres émanant très vraisemblablement du camp du pouvoir et concoctés tellement à la hâte que le total des votants dépassaient de loin le nombre d’inscrits et donnant des écarts énormes en faveur du président sortant.

Selon nos informations, Yaya Jammeh a joint le président de la commission lui enjoignant l’ordre de le rejoindre au Palais. Sur l’objet, de son «invitation» le président Jammeh dit qu’il veut confier un message d’apaisement au président de la commission pour le transmettre au peuple gambien.

Le très austère et effacé président de la IEC (Independant Election Commission) décline poliment mais fermement l’invitation de se rendre au Palais en pleines opérations électorales, non sans lui concéder qu’il peut être son émissaire auprès de la presse pour transmettre son message au peuple gambien.

Nos sources renseignent que l’échange téléphonique était d’abord courtois mais devant l’intransigeance du président Alieu Momar Ndiaye pour ne pas céder au locataire de la State House, Jammeh s’emporte et insulte copieusement son interlocuteur et promet de lui «ôter la vie après les élections» (sic).

LA DIPLOMATIE AFRICAINE: MOUHAMED BUHARI DU NIGERIA ET LE GHANAEN KOFFI ANNAN ENTRENT EN SCENE

En Gambie, on ne prend jamais les menaces de Jammeh à la légère et pour cause, tout le monde le croit capable de tout. Le président Alieu Momar Ndiaye joue son va-tout pour sauver «son peuple». Il alerte d’abord l’ambassade des Etats-Unis à Banjul sur un risque de voir les hommes de Jammeh entrer en action soit pour perturber le travail de la commission soit pour semer la zizanie parmi la population qui manifestait sa joie de façon épisodique par des rassemblements furtifs depuis les premières heures de la matinée.

Avec l’aide de la chancellerie américaine, c’est le président du Nigéria Mouhamed Buhari qui sera sollicité. Ce dernier met dans la boucle Koffi Annan ancien secrétaire général des Nations-unies en parfait accord avec Ellen Johnson Sirleef du Libéria par ailleurs présidente en exercice de la CEDEAO.

La conférence à trois entre Buhari – Jammeh – Annan n’a jamais cessé toute la journée du vendredi pour, d’abord faire renoncer à Jammeh de faire publier «ses propres résultats». Ensuite pour lui faire prendre l’engagement de respecter le verdict des urnes proclamé par la commission et surtout d’assurer, et d’être le garant d’une transition pacifique du pouvoir.

JAMMEH CEDE MAIS VEUT ASSURER SES ARRIERES

Pendant que ça chauffe sur les lignes téléphoniques de la State House, la chancellerie américaine surveille les moindres mouvements et informations de l’Etat-major de la GNA (Gambia National Army), en même temps qu’elle suggère au président de la Commission électorale indépendante de retarder la publication des résultats officiels et définitifs pour donner plus de chance à cette médiation.
C’est surtout Koffi Annan qui, renseignent nos sources, était prêt à faire un saut à Banjul qui est arrivé à convaincre Jammeh et à l’informer que son cabinet venait d’obtenir de Adama Barrow que «la sécurité du président sortant ainsi que celle de sa famille seront préservées». Encore qu’il fallait que Jammeh s’engage encore à assurer une transition pacifique.

Nos sources ont toutefois précisé que les négociateurs ont soigneusement évité de promettre à Jammeh qu’il ne serait pas inquiété ultérieurement par la justice de son pays. Le nouveau président élu ayant eu le tact de se refugier derrière l’argument que la Gambie qu’il va diriger sera un pays où la justice sera libre de ces décisions et de poursuites ou pas. Ouf, le pays est sauf.
Le gentleman agreement est consigné, mais tout cela reste fragile puisqu’aucun document écrit n’est signé entre les différents protagonistes de ces négociations du vendredi.
A préciser que le Sénégal a été soigneusement tenu à l’écart de ces tractations. Mais nos sources renseignent que c’est pour la bonne cause, car la moindre implication «du meilleur ennemi de Jammeh» (Macky Sall) aurait braqué le désormais ex-homme fort de Banjul.

Abdoulaye CISSE Avec SUD FM
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