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Ibrahima Sène du Pit : «Aucun prétexte pour reporter les élections»
Publié le jeudi 24 novembre 2016  |  Le Quotidien
Ibrahima
© Autre presse par DR
Ibrahima Sène, membre du Parti de l’indépendance et du travail (PIT)




Peu adepte de la langue de bois, Ibrahima Sène trouve «inacceptables» les conditions d’inscription sur les listes électorales et de l’obtention de la carte d’identité biométrique. Le chargé des Affaires politiques du Parti de l’indépendance et du travail presse Abdoulaye Daouda Diallo de multiplier les commissions d’inscription. Dans cet entretien, le camarade de Dansokho donne des pistes pour réduire les meurtres, tire sur le jeu «enfantin» de l’opposition et évoque les Législatives de 2017 pour son parti.

Comment appréciez-vous ces meurtres spectaculaires perpétrés depuis quelques temps au Sénégal dont le dernier subi atrocement par un membre du Conseil économique social et environnemental ?
Je suis révulsé par ces faits. Les crimes crapuleux existent partout dans le monde, mais quand ce sont des citoyens, en particulier des personnalités, cela marque tous les esprits et indigne. Je suis convaincu que si la dame avait subi une agression dans la rue ou si c’étaient des gens qui ne sont pas de son entourage qui avaient commis ce forfait, on allait pointer le doigt sur le manque de sécurisation de la ville ou du quartier par les Forces de défense et de sécurité. Or, ce crime a été commis par un proche qui est habitué de la maison. Cela devient imparable. Le mobile du crime est que le criminel voulait voler l’argent que la dame avait gardé quelque part dans sa chambre. Non seulement il y a abus de confiance, mais il y a un acte difficilement pardonnable. L’autre crime qui a défrayé la chronique, c’est cet individu qui a tiré à bout portant sur le taximan. Le criminel n’était pas un voyou ni un bandit. Il a disjoncté et a commis l’irréparable. C’est un cas inhabituel chez nous. On ne peut pas parler de défaillances du système de sécurité de notre pays. Ce sont des crimes contre lesquels, il n’y a aucune parade. Il faudrait maintenant que ces criminels soient sévèrement punis. Ainsi, on fera en sorte que la peur s’installe dans le camp des voyous et des bandits.

Donc, il faut faire revenir la peine de mort ?
Absolument pas ! La peine de mort n’a rien à voir avec cela. Dans quel pays la peine de mort a été appliquée et que les crimes ont baissé ? On nous dit souvent que l’islam le permet. Je suis d’accord, mais prenez le cas de l’Arabie saoudite et des pays arabes en général qui sont habitués à tuer les meurtriers. Avec la peine de mort, tuer devient banal. Il ne faut pas que cela rentre dans nos mœurs. On peut sanctionner les criminels, comme l’a dit le procureur par des condamnations à perpétuité assorties de travaux forcés. On protège en ce moment-là la société. On ne doit pas habituer les gens à la tuerie. Il faut le dire, la tuerie d’Etat peut conduire à la banalité des meurtres. Ce sera le retour à la barbarie qui est en train de décimer le monde arabe. Il ne faudrait pas par mimétisme ou par ignorance que l’on tombe dans ces actes de barbarie inimaginables qui ne se justifient ni religieusement, ni humainement et même sur le plan de la sécurité.

Est-ce que ces séries de meurtres ne sont pas la résultante d’une crise que traverse la société sénégalaise où certains sont prêts à tout ?
Imputer ces actes à l’état de santé de la société sénégalaise me laisse un peu dubitatif. On dira donc que le monde est malade. Si on voit ce que Boko Haram ou l’Etat islamique font, on peut dire que c’est le monde qui est en crise. Il faut que les gens arrêtent de garder de l’argent chez eux parce que cela attire les problèmes. Les banques sont là pour ça. Si la femme de Pikine n’avait pas gardé de l’argent chez elle, le gars n’aurait pas commis l’irréparable. Maintenant, cela ne justifie pas son acte, mais j’appelle les gens à cesser de garder de l’argent chez eux.

Des difficultés sont notées pour l’obtention de la carte d’identité biométrique et d’électeur. Que pensez-vous de cette situation ?
Ce n’est pas normal ! Cela veut dire que le nombre de commissions d’inscription est insuffisant. Les assurances données par le directeur de l’automatisation du fichier, à savoir que tout va rentrer dans l’ordre, ne sont pas convaincantes. Les choses ne sont pas en train de bouger dans le bons sens. C’est inacceptable ! Il faut que l’on multiplie les commissions d’inscription et qu’on pense aux travailleurs qui sont au boulot dès 7 heures et ne rentrent que vers 17h ou 18h. Quand est-ce qu’ils vont s’inscrire ? Il faudra aménager de telle manière qu’ils puissent avoir la possibilité de s’inscrire. J’imagine qu’on envoie des commissions au niveau de la zone industrielle, au Port de Dakar, etc. Moi, par exemple, je ne me suis pas encore inscrit parce que je travaille. Ce sont des problèmes que le ministère de l’Intérieur doit régler le plus rapidement possible. Les Sénégalais souffrent avec ce système.

Avec ces lenteurs, ne va-t-on pas vers un report des élections Législatives ?
Le calendrier républicain sera respecté. Aucun prétexte ne sera acceptable pour reporter les élections. Si l’administration ne fait pas son travail pour l’organisation des élections, elle mettra le Sénégal dans une situation insurrectionnelle inutilement. Les élections législatives vont avoir lieu nécessairement. On n’acceptera pas que l’Assemblée nationale continue de siéger dans l’illégalité. Que les gens assument leurs responsabilités parce que par A ou B, ces élections vont se tenir à date échue.

D’aucuns dénoncent aussi les 10 000 francs Cfa demandés aux demandeurs de carte d’identité au-delà des six mois…
Lorsque je vois les gens protester contre cela, je rigole. Si les Sénégalais n’ont pas une incitation pour aller s’inscrire, ils prendront leur temps. En 2006, pour que les gens s’inscrivent, le gouvernement confectionnait gratuitement l’obtention à la fois de la carte d’identité et de la carte d’électeur. Dans le cas d’espèce, afin de ne pas bousculer le calendrier républicain, ces 6 mois de gratuité sont une manière d’inciter les Sénégalais à s’inscrire massivement. S’ils ne se rendent pas compte que pour avoir leur carte d’identité, il faut payer cher, ce ne sera pas le grand rush. C’est ce que cherche l’autorité. Si tout le monde arrive à s’inscrire dans les 6 mois, les 10 000 francs n’auront aucun sens.

L’opposition et même des membres du pouvoir com­me Moustapha Dia­kha­té trouvent ces 10 000 francs inacceptables…
Il faut payer quand ? Au-delà de 6 mois. Ceux qui tiennent ce discours de protestation ont tout faux. Si on avait dit qu’il faut payer maintenant, je serais d’accord avec eux. Le pouvoir, l’opposition et la Société civile doivent tous se mobiliser pour demander aux Sénégalais de profiter de la gratuité et de s’inscrire massivement.

Est-ce que cette mobilisation a des chances de se réaliser à partir du moment où l’opposition, à travers la coalition Manko wattu Senegaal, parle de rupture de consensus autour du fichier électoral ?
Ce n’est pas parce qu’il y a rupture de consensus que je ne me mobilise pas pour que les gens s’inscrivent. Si l’opposition ne veut pas aller aux élections qu’elle le dise. Si les opposants veulent y aller, ils doivent mobiliser les gens à aller s’inscrire. C’est un devoir civique, qu’il y ait consensus ou non sur le Code électoral. Maintenant, les inscriptions, c’est une chose et le consensus autour du Code électoral en est une autre.

Pour vous, l’opposition ne veut pas aller à ces élections ?
Je ne le dis pas. Mais il ne faut pas qu’elle joue à creuser sa propre tombe. Parce que les gens qui vont mobiliser leurs militants, ce sont eux seuls qui vont figurer sur le fichier électoral. Ils ont parlé de fraude massive que le pouvoir actuel serait en train de préparer aux Législatives de 2017. Ce sont des subterfuges. Je suis désolé. Pourquoi les opposants ne mobilisent pas leurs militants pour aller s’inscrire ? C’est cela la question. Dans les centres d’inscription, on ne demande pas aux gens s’ils sont de l’Apr, du Pit ou du Pds. On a appelé les citoyens sénégalais. Il faut que les opposants sachent raison garder et arrêtent. Tout le monde sait qu’il y a un «stock mort» dans le fichier. Aujour­d’hui, on demande à tout un chacun de confirmer s’il veut voter ou pas. Si tu n’es intéressé que par ta carte d’identité, c’est un choix. Si tu veux t’inscrire pour voter, tu as ta carte d’électeur, c’est aussi simple. Où est le problème ? Les opposants perdent leur temps et tentent de décourager les populations d’aller s’inscrire. Cette coalition est en train de prêcher le faux pour troubler la conscience des Sénégalais. C’est à leur détriment. C’est un jeu enfantin parce que ces Législatives sont très importantes. Celui qui gagnera les Législatives aura de fortes chances de remporter la Présidentielle de 2019.

Comment le Pit compte aller aux Législatives ? Avec Benno bokk yaakaar ou pas ?
Ces élections sont cruciales. C’est la troisième étape de ce que nous considérons comme la transition entre le régime de Wade et la construction de nouveau régime. Après la Présidentielle de 2012, on a eu des Législatives durant la même année. Ensuite des Locales en 2014 et aujourd’hui on va vers le renouvellement de l’Assemblée nationale. C’est une étape décisive pour les forces du changement pour les perspectives de 2019.

Ce sera avec Benno ?
Jusqu’à preuve du contraire, oui. Nous sommes dans Benno bokk yaakaar jusqu’à ce que nous nous rendions compte que nous n’avons pas la même vision. On débattra de cette question au prochain Comité central du Pit prévu en décembre ou début janvier. Mais si nous sommes en désaccord avec Benno, à l’impossible nul n’est tenu.

Cela veut dire que vous pouvez vous présenter contre Benno bokk yaakaar ?
Si on n’est pas d’accord, oui. Mais je vous dis que nous sommes dans Benno. Nous avons deux représentants dans le Gouvernement, à savoir le ministre d’Etat Amath Dansokho et le ministre du Travail Mansour Sy. À l’Assemblée nationale, nous avons un député vice-président. Pour ces Législatives, nous voudrions avoir plus de députés et nous allons en discuter.
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