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Micr’Ouvert avec… Le Professeur Mamadou Diouf, chercheur et hisorien : «Les cultures d’aujourd’hui sont des cultures de transaction»
Publié le mardi 15 novembre 2016  |  Le Quotidien





Lequotidien Actualités 14 November 2016
Présent au deuxième jour du colloque sur le cinquantenaire du 1er festival mondial des arts nègres, le professeur Mamadou Diouf, chercheur et historien à l’université de Columbia à New-York a livré sa réflexion, sur cette célébration. Il invite surtout au dépassement et à penser le futur.

Quel sens la célébration de ce cinquantenaire a pour vous ?
Il s’agit de revenir dans un environnement, sur une intervention qui a été d’une très grande importance. Juste dans la première décennie de l’indépendance, Senghor et les intellectuels ont été membres de l’entreprise de Présence Africaine. Ce qui les intéressait, c’était de rouvrir le débat des arts africains dans le contexte de l’indépendance. C’était un moment particulier où les Africains essayaient de mieux inscrire leur présence dans le monde, de mieux démontrer leur contribution à la condition humaine en particulier leur intervention dans un domaine particulier, celui de la culture et des arts qui définissait la civilisation. Revenir aujourd’hui à cette discussion, c’est recentrer dans un moment de globalisation, la contribution de l’Afrique à la condition humaine. Mais ce n’est plus une contribution qui se définit en termes de distinction mais en termes de composition. Les cultures d’aujourd’hui sont des cultures de transaction, des cultures qui sont le produit d’un mixage. C’est ce mixage qui aujourd’hui, nous interpelle. Cette interpellation nous ramène au festival mondial des arts nègres qui devient dès lors, un point de départ d’une nouvelle conversation sur les arts et la culture africaine.

Ce festival a-t-il contribué à changer le regard des autres sur les Noirs ?
Ce festival a fait deux choses : c’est de complètement changer le regard qu’on portait sur les arts et la culture africaine. Ce regard ethnographique. Les européens qui parlaient d’art africain, dans l’entre-deux guerres ont commencé à aimer les arts africains. C’est la période que l’on appelle la négrophilie où les européens adoraient l’Afrique. C’est toute l’intervention de Picasso qui s’appuie sur les arts africains pour révolutionner le modernisme. Le festival a porté un regard africain à la place du regard des autres et en contrepoint au regard des occidentaux. La deuxième chose que ce festival a fait : c’est d’essayer de contribuer à une intervention africaine. C’est-à-dire à parler d’une unité de l’Afrique qui se révèle dans les arts et la culture. Et cette unité devait porter l’unité politique. C’est-à-dire à l’intervention historique de Cheikh Anta Diop qui s’appuie sur l’Egypte, les partisans de la négritude n’opposent pas mais additionnent un regard artistique et culturel. Mais bien sûr, ce projet va échouer, parce que l’Afrique s’est émiettée en plus d’une cinquantaine d’Etats. Ces Etats ont construit une philosophie esthétique proprement nationale. La question, c’est de savoir justement en retournant au passé et à l’histoire, si on est capable de repenser et de re-proposer une vision à la fois «uniquaire» mais plurielle. Les arts africains doivent toujours être au pluriel, il n’y a pas qu’un art africain mais des arts. La grammaire et la syntaxe de ces arts sont une syntaxe africaine. C’est ce qui fait leur convergence mais aussi leur dissymétrie. Aujourd’hui on en est en plus à affirmer et à exhumer quelque chose, on en est à repenser et à refaçonner quelque chose pour un projet plus large.

On parle de la pertinence de poursuivre la symphonie de 1966. Qu’en pensez-vous ?
On ne peut pas poursuivre une symphonie, il y a des continuités et des discontinuités. Faire une conférence, ce n’est pas pour ré­péter ce que les gens ont fait et continuer à le répéter. Il faut les comprendre et les dépasser. C’est dans le dépassement que le projet vit et s’adapte. Aujour­d’hui un colloque de ce type doit être un colloque de révision, de transformation et de changements continus. Oui l’archéologie on connait cette archéologie, elle doit produire une vision. Et une vision, c’est une projection dans l’avenir. C’est dans le futur. C’est le futur qui aujourd’hui doit commander cette entreprise. Ce n’est pas de ressasser ce qu’on connait déjà. Penser le futur, c’est penser contradictoirement. Si je dois penser comme Senghor ou Cheikh Anta, je peux arrêter de penser, mais si je dois penser contre eux, j’enrichis leur pensée.
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