Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aDakar.com NEWS
Comment

Accueil
News
Diplomatie
Article
Diplomatie

Opérations de paix et menaces asymétriques: Le Sénégal pose le débat - S’adapter ou ... s’adapter
Publié le vendredi 11 novembre 2016  |  Sud Quotidien
La
© aDakar.com par DF
La costaricaine, Christiana Figueres, candidate au SG de l`Onu, reçue par le chef de la diplomatie du Sénégal
Dakar, le 18 août 2016 - Christiana Figueres, candidate au poste de Secrétaire général de l`organisation des Nations Unies (Onu) a été reçue par le ministre sénégalais des affaires étrangères. Elle sollicite le soutien du Sénégal. Photo: Mankeur Ndiaye, ministre des affaires étrangères




Organisé par l’Etat du Sénégal, qui assure, jusqu’à la fin de ce mois de novembre, la présidence du Conseil de sécurité, le débat public ministériel de ce lundi 7 novembre, sur les «opérations de maintien de paix face aux menaces asymétriques», a surtout permis de mettre à nu les quelques failles du système. Et même si ce n’est pas vraiment sa mission, l’Organisation des Nations Unies (Onu) va devoir s’adapter à la menace terroriste, au trafic d’armes, aux groupes armés… Mais encore faudrait-il que l’Onu elle-même, qui devrait affiner sa politique de renseignement, puisse disposer de casques bleus mieux formés et informés, mais qu’elle dispose aussi de plus de véhicules blindés, de drones, d’hélicoptères etc. Autres mises en garde lors de ce débat : que les casques bleus ne se substituent pas aux populations civiles, qu’on ne puisse pas les confondre avec les belligérants, qu’ils aient des mandats clairs etc. A cela s’ajoute que les Etats eux-mêmes devraient riposter, par l’éducation, la formation, et la création d’emplois, quand on sait que les groupes terroristes et autres «gangs criminels» auraient tendance à tirer profit de la faiblesse ou de la fragilité des uns et des autres.

Concrètement, techniquement, quel est vraiment le rôle des Opérations de maintien de paix de l’Organisation des Nations Unies (Onu), et l’Onu devrait-elle avoir, finalement, à s’occuper de ce que l’on appelle aujourd’hui les menaces asymétriques, que l’on veuille parler de groupes terroristes, d’extrémisme violent, de trafic d’armes ou de groupes armés ? A priori, pas vraiment diront la plupart des intervenants au débat public de ce 7 novembre, lancé par le Sénégal, qui assure, jusqu’à la fin de ce mois de novembre, la présidence du Conseil de sécurité à New-York... Même si, nuance-t-on, l’Onu n’a pas vraiment le choix : elle doit revoir sa copie en matière de sécurité. Le ministre sénégalais des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, Mankeur Ndiaye, dit d’ailleurs que la question s’est plus ou moins imposée, dans un contexte où l’Onu doit s’adapter à des «conflits internes violents» de plus en plus nombreux, comme à la menace terroriste ou à une sorte de «criminalité transnationale organisée». Avec, à la clé, des situations assez complexes, où, dit le ministre, «le personnel des Nations Unies», ses locaux, comme les populations civiles d’ailleurs, est tout simplement pris «pour cible» par des «groupes criminels».

Mankeur Ndiaye cite ainsi le Rapport S/2016/819, qui révèle que pour la période «entre janvier 2015 et novembre 2016», «34 casques bleus ont été tués» au Mali, en plus des 190 blessés, et que, pour la seule journée du 13 août 2016, 50 civils ont été tués en République démocratique du Congo (Rdc).

Sans oublier l’attaque, ce 6 novembre, contre un convoi de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) au Mali, avec à la clé «la mort de deux casques bleus, sept blessés, dont trois (…) dans un état grave». Des attaques qui en auront ému plus d’un…Nombreux sont en effet les intervenants qui ont tenu à rendre hommage aux victimes, que ce soit la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif), Michaëlle Jean, Mankeur Ndiaye lui-même, le représentant du Mali, celui de la France, etc.

Equipement, renseignement, information

Des actes qui pourraient porter atteinte à la «crédibilité» des Opérations de paix, que l’on devrait justement pouvoir «doter» des moyens qu’il faut pour «mener à bien leurs mandats» ; ce qui passe selon Mankeur Ndiaye par «un examen objectif de la réalité et du quotidien du personnel déployé sur ces théâtres d’opérations». Le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, qui parle aussi de «renforcer» les missions de l’Onu, «en termes d’équipement», laisse encore entendre qu’il faudrait, de plus en plus, envisager «l’utilisation des technologies modernes» et de façon plus précise, avoir un «meilleur accès à la technologie de détection et aux programmes d’atténuation des menaces liées à l’utilisation d’engins explosifs improvisés». Les autres enjeux concernent entre autres la collecte de l’information, le renseignement, la mobilité et les questions liées à l’évacuation médicale, en cas d’urgence par exemple.
Concrètement, et en termes d’équipement, l’Onu, qui a besoin de plus de véhicules blindés et de drones, doit encore faire face au manque d’hélicoptères pour l’évacuation des blessés, pour livrer la nourriture ou le matériel nécessaire dans certaines circonstances.

L’Onu a aussi besoin de soldats mieux informés, mieux formés à la protection des civils, qui s’expriment effectivement dans la «langue locale», avec des «mandats clairs, cohérents et réalistes», autrement dit avec des casques bleus qui sauraient clairement ce que l’on attend d’eux, quand on sait que pour parler comme le représentant de la Nouvelle-Zélande, il arrive qu’ils se retrouvent dans des situations où ils ne savent pas toujours comment réagir.

A cela s’ajoute selon Mankeur Ndiaye que les institutions elles-mêmes devraient pouvoir collaborer les unes avec les autres, pour ne pas dire que les organismes de lutte contre le terrorisme devraient accompagner les opérations de maintien de paix, qui devraient ainsi bénéficier de leur expertise en matière de prévention et de lutte contre le terrorisme et contre l’extrémisme violent.

Contre-attaque : l’éducation et la formation

Le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur insiste aussi sur «la coordination entre les entités compétentes des Nations Unies», et sur «une coopération renforcée entre les opérations de maintien de la paix et les institutions de lutte contre le terrorisme, les pays contributeurs de troupe et de police, et l’Etat hôte», histoire d’ «atténuer» cette sorte de «fragilité (…) vis-à-vis des menaces asymétriques».
La secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif), qui a condamné, «avec la plus grande fermeté», «les attaques récurrentes menées contre les casques bleus au Mali» ou en République centrafricaine, pense aussi que l’Onu doit «s’adapter» à des «menaces d’un nouveau type». Et même si les Opérations de maintien de la paix «n’ont pas vocation à devenir un acteur de lutte anti-terroriste en tant que tel, il n’en demeure pas moins (…) qu’elles doivent désormais avoir les moyens de faire face», avec des casques bleus qui seraient «mieux équipés, mieux préparés, mieux formés».

La demande est là, dit Michaëlle Jean. Car après l’attaque du 6 octobre dernier, qui a fait une vingtaine de morts, parmi les soldats de l’armée nigérienne qui assuraient la sécurité d’un site de réfugiés maliens, le président nigérien avait exprimé le vœu de la sous-région, autrement dit que la Minusma puisse, «dans l’exécution de son mandat, agir de manière plus tactique et plus musclée, plus concertée et plus coordonnée avec les pays visés», avec la possibilité de «recourir à la force», de prévenir et «écarter les menaces à la paix». Sans parler des «appels pressants des pays du Lac Tchad pour des moyens supplémentaires» et pour «du renfort technique et logistique à la force multinationale mixte dans la lutte contre les attaques meurtrières de Boko Haram». Pour le représentant du Mali, la résolution 2295 a justement réussi à donner «une posture plus active et plus robuste à la Minusma».

La «contre-attaque», selon la secrétaire générale de l’Oif, qui n’hésite d’ailleurs pas à parler d’«armes de construction massive», ce serait «l’éducation et la formation pour toutes et pour tous, la création d’emplois et l’investissement dans les initiatives économiques des femmes et des jeunes (…), la culture de la démocratie et de la paix, (…) la consolidation des institutions de l’Etat de droit et le respect des droits et des libertés».
Peut-être parce que les groupes terroristes et autres «gangs criminels» auraient justement tendance à profiter de la faiblesse ou du caractère «fragilisé» de certains états.

Le ministre des Affaires étrangères de la République démocratique du Congo (Rdc), Raymond Tshibanda, qui parle de «rétablir la crédibilité» de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en Rdc (Monusco) «auprès de la population», suggère aussi de faire intervenir le secteur privé et la société civile, mais sans les «instrumentaliser». Quant au représentant du Maroc, il s’est surtout offusqué de la «banalisation» des décès de casques bleus, considérés à tort comme des belligérants, à tel point qu’ils finissent tout simplement par être pris pour cibles.
Et pour ce qui est du budget 2016-2017 pour les Opérations de maintien de la paix, la Chine a surtout appelé à «éliminer le gaspillage dans la passation des marchés et la sous-traitance».
Commentaires