Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aDakar.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Le Dr Maurice S. Dione sur la nomination de TAnor au Hcct: Macky et Bennoo, principaux bénéficiaires
Publié le mercredi 9 novembre 2016  |  Sud Quotidien
Installation
© aDakar.com par DF
Installation des membres du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT)
Diamniadio, le 31 Octobre 2016 - Les membres élus et nommés du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT) ont été installés, aujourd`hui. La cérémonie a été présidée par Macky Sall et s`est déroulée au Centre international des conférences Abdou Diouf de Diamniadio (CICAD).




Le Docteur en Science politique Maurice Soudieck Dione est persuadé que la nomination du Secrétaire général du Parti socialiste (Ps), Ousmane Tanor Dieng, à la tête du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) est plus bénéfique à la coalition Bennoo Bokk Yaakaar (Bby) et au président de la République, Macky Sall. En effet, pour l’enseignant chercheur à l’Université Gaston Berger (Ugb) de Saint-Louis, les moyens qui sont octroyés à Tanor lui permettent de renforcer son parti pour en réalité consolider «l’hégémonie du Président Macky Sall». Dans cet entretien accordé à Sud Quotidien, M. Dione fait savoir en outre que le camp de Khalifa Sall, maire de Dakar, semble perdre pied dans sa bataille contre la direction du Parti socialiste.

Quel impact pourrait avoir la nomination d’Ousmane Tanor Dieng au Hcct sur le Ps, une formation qui connait un climat délétère en ce moment ?

La nomination d’Ousmane Tanor Dieng à la tête du Haut conseil des collectivités territoriales couronne le pacte d’alliance qu’il a scellé avec le Président Sall et la coalition Bennoo Bokk Yaakaar. On voit bien que cette nomination intervient après le processus de consultation de la base initiée par le Parti socialiste, pour aller avec Bennoo Bokk Yaakaar aux élections législatives de 2017. En effet, l’idée de requérir l’avis des assemblées délibératives des 138 coordinations, c’est-à-dire les commissions administratives, composées chacune de 200 membres, a été un moyen d’asseoir avec plus de force cette option du parti. Il semble également de nature à écarter les critiques d’une gestion solitaire et autoritaire du Ps par Ousmane Tanor Dieng. D’après les chiffres du parti, sur les 17 801 votes effectifs, 16 675 voix ont opté pour une coalition du Ps avec Bennoo Bokk Yaakaar, soit 93,67% des voix, contre 1126 voix voulant que le Ps aille seul aux législatives, soit 6,33% des voix , et 448 suffrages exprimés dans le sens de la recherche d’une autre coalition. Ousmane Tanor Dieng qui contrôle les instances du parti semble donc avoir gagné la bataille comme on pouvait s’y attendre, car ce sont pour l’essentiel des hommes et des femmes lui étant fidèles qui dirigent les organes du PS.

Le Ps a décidé d’aller aux législatives dans le cadre de Bennoo Bokk Yaakaar, contrairement à la volonté de certains membres du parti, notamment le maire de Médina, Bamba Fall et celui de Mermoz Sacré Cœur, Barthélémy Dias. Quelle est la posture que doivent adopter les dissidents ?

Le climat de tension que connaît le parti est une phase transitoire vers la stabilisation, avec la confirmation définitive de la victoire du camp d’Ousmane Tanor Dieng. Il appartient désormais aux dissidents, notamment le maire de Dakar, de prendre leurs responsabilités et de trouver soit un autre cadre d’expression politique, ou alors d’engager ouvertement un bras de fer avec la direction du parti. Une option qui semble désavantageuse au départ, car il y a déjà une forte majorité qui s’est prononcée en faveur du compagnonnage avec Bennoo Bokk Yaakaar. Ils risquent alors d’apparaître comme étant une minorité qui veut imposer son point de vue à la majorité ; ce qui du point de vue démocratique n’est pas concevable. Ils semblent alors avoir perdu cette rente cruciale de la victimisation qu’ils auraient pu engranger s’ils avaient été exclus ou écartés de manière arbitraire, sans qu’il y eût des consultations de la base.

Au bout du compte, peut-on dire qu’Ousmane Tanor Dieng a réussi une prouesse ?

Le Ps semble avoir tiré les enseignements de la gestion des conflits qui l’ont frappé en 1998 avec Djibo Kâ et en 1999 avec Moustapha Niasse, et qui lui ont fait perdre le pouvoir. Il est intéressant de remarquer dans la nomination d’Ousmane Tanor Dieng que c’est la même méthode qui a été utilisée avec Moustapha Niasse. Le Président Sall a attendu qu’ils aient donné des gages sûrs de loyauté pour les conforter dans leur position de pouvoir. En effet, Moustapha Niasse avait été tenu en respect par le renouvellement annuel de son mandat à la tête de l’Assemblée nationale jusqu’à ce qu’il annonce lors du bureau politique du lundi 10 mars 2014 que son parti n’aura pas de candidat à la prochaine présidentielle, et que quiconque se présenterait n’aurait ni son soutien ni sa bénédiction, provoquant une révolte qui culmine avec les événements du 22 janvier 2015, quand il invective des cadres de l’AFP à la suite d’une manifestation politique troublée, qui a été l’occasion pour lui de réaffirmer ses positions. Le mandat est ramené de 1 à 5 ans le 29 juin 2015. En définitive, la nomination d’Ousmane Tanor Dieng est la récompense d’une fidélité et d’une loyauté politiques à Macky Sall, après que le leader du Parti socialiste a stratégiquement réussi à faire avaliser par la base la décision d’aller aux élections législatives avec Bennoo Bokk Yaakaar, mettant ainsi les frondeurs dans une posture difficile.

Quelle sera la valeur ajoutée pour le Ps qui a fait une traversée du désert, en étant dans l’opposition pendant au moins 12 ans (2000-2012) ?

Le Ps en effet a été absent au niveau du pouvoir exécutif et législatif de 2000 à 2012, même s’il a pu, dans le cadre de Benno Siggil Senegaal, gagner et gérer des collectivités locales en 2009, comme ce fut le cas à Dakar notamment. De l’alliance du Ps avec le Président Sall, on peut dire qu’il y a une valeur ajoutée à court terme, mais dans le long terme, c’est une option qui dessert les intérêts du parti. En effet, à court terme, les responsables du parti obtiennent des postes ministériels, des postes de directions nationales ou de présidences de conseil d’administration, de députés, de membres du Conseil économique, social et environnemental, ou de conseillers territoriaux, etc. Mais pour l’essentiel, c’est la coalition Bennoo Bokk Yaakaar et son chef Macky Sall qui en tirent plus de dividendes politiques. Avec cette nomination, Ousmane Tanor Dieng revient au pouvoir avec une visibilité et des privilèges, qui l’alignent quelque peu sur le président de l’Assemblée nationale. Les moyens à lui octroyés lui permettent de renforcer le parti non pas dans l’optique d’une reconquête socialiste du pouvoir, mais d’une consolidation de l’hégémonie du Président Macky Sall. Donc dans le long terme, c’est l’avenir du Ps qui semble hypothéqué, puisque le parti aurait pu travailler à reconstruire autour de lui un pôle oppositionnel pour la reconquête du pouvoir.
Commentaires