Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aDakar.com NEWS
Comment

Accueil
News
Santé
Article
Santé

Santé municipale : Paralysie des services en décembre
Publié le mercredi 26 octobre 2016  |  Le Quotidien
Les
© aDakar.com par DF
Les travailleurs de la santé affiliés au SUTSAS ont marché ce matin à Dakar
Le Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l`action sociale a organisé une marche, ce jeudi 23 janvier à Dakar. Les revendications des blouses blanches se résument autour de quatre points : l’affection arbitraire des 32 agents de Louga, la restitution de l’enveloppe des heures supplémentaires, le paiement des trois mois de salaire des agents dans les zones difficiles du pays. Ils doivent rencontrer demain vendredi le gouvernement pour des négociations. En attendant les blouses blanches promettent de paralyser le secteur de santé. Ils ont marché de la place de l’Obélisque à la Rts où elles ont tenu un point de presse en présence des représentations du Syndicats d’enseignant entre autres.




Le Syndicat unique et démocratique des travailleurs municipaux (Sudtm), membre des syndicats de la Santé dans l’Action unitaire (2SAu), qui regroupe le Sames, la Cnts et le Syntras, engage actuellement un bras de fer contre l’Etat du Sénégal. Il réclame le respect des accords signés depuis 2014. Le secrétaire général du Sudtm par intérim, Alphousseyni Sadio, évoque dans cet entretien la suite à donner à leur plan d’action. Il annonce une marche et une grève générale courant décembre pour amener le gouvernement à respecter ses engagements. Le syndicaliste évoque également les effets «dévastateurs» de l’acte III de la décentralisation qui, selon lui, a complètement déstructuré la santé municipale. Il plaide pour un retour des travailleurs municipaux à la Ville de Dakar et regrette le silence de son ministre de tutelle et de l’ensemble du gouvernement sur tous les problèmes provoqués par cette réforme.

Vous avez déroulé la deuxième phase de votre deuxième plan d’action avec une grève de 48 heures, mais jusque-là l’Etat traîne encore les pieds…
Nous pensons que le gouvernement est dans une attitude de mépris. Mais le problème reste entier. Jusque-là, nous ne faisons que des grèves d’avertissement. Au bout du compte, il y a une grève générale qui est programmée.

C’est pour quand ?
Ce sera vers le mois de décembre. Le 1er décembre, nous allons marcher et ensuite, il y aura la grève générale. Il n’y aura pas de service pour une durée indéterminée. Nous attendons que le président de la République réagisse. Lui seul peut trouver une solution à nos problèmes, parce que nous avons rencontré tout le gouvernement. On a fait plus de 20 rencontres et de nombreuses commissions. Aucune commission n’a fonctionné, aucun résultat. Quand on vous dit qu’on a même rencontré le Premier ministre, s’il n’y a pas de résultat cela veut dire quoi ? Le gouvernement pense que les choses vont se régler d’elles-mêmes ; mais il se trompe. Nous avons attiré l’attention du gouvernement sur le fait que la santé est en crise, la politique de santé du Sénégal est à revoir.

Récemment, vous avez adressé au chef de l’Etat une lettre ouverte. Après cette démarche, est-ce que vous avez reçu une quelconque réaction de sa part ?
Non, on n’a pas de réaction justement. S’il y avait eu une réaction, peut-être que les choses allaient être différen­tes. Par­ce que dans une réponse, il peut y avoir des promesses, des éclaircissements.

Vous n’avez pas non plus reçu des députés ou des personnes de bonne volonté dans le cadre d’une médiation ?
Quand on manifestait contre l’acte III, le médiateur de la République est venu nous voir. Innocence Ntap (Ndlr : présidente du Haut conseil du dialogue social) nous a reçu sans compter les ministres et le Premier ministre. A notre niveau, on n’invente rien : Nous sommes partis d’un protocole d’accord avec le gouvernement. Maintenant, on remarque qu’il veut se dérober en optant pour le pourrissement.

Vous réclamez le respect des engagements signés avec l’Etat depuis février 2014. Entre temps, d’autres problèmes sont venus se greffer notamment les effets de l’Acte 3 de la décentralisation ?
L’acte 3 s’est ajouté à nos problèmes. Parce qu’avant le 2Sau, il y avait l’intersyndicale qui dénonçait l’Acte 3. Déjà le 15 février 2010, nous avions reçu de l’ancien régime de Abdoulaye Wade l’accord de mettre en place la fonction publique locale. Nous avions dit à l’époque qu’il nous fallait une fonction publique locale pour harmoniser le système de santé du Sénégal. Parce que quand on se rencontrait sur convocation du ministère de la Santé, la tutelle avait des problèmes par rapport à son administration sur les collectivités locales au niveau de Dakar : comment gérer le personnel de 20 centres de santé et 27 postes de santé qui dépendent de la Ville de Dakar ? La santé municipale, c’est la ville de Dakar. Elle s’est investie pour construire et équiper ces centres. Elle a mis en place la direction de l’action sanitaire et sociale (Dass). C’est cette direction qui s’occupait de tous les centres de santé. Mais comme la politique de santé du Sénégal est définie par le ministère de la Santé, techniquement nous dépendons de ce ministère.
Le fait d’avoir demandé la mise en place d’une fonction publique locale était une évidence pour régler tous ces couacs. Cette fonction publique est un cadre d’évolution des carrières. Vous ne pouvez pas avoir des médecins, des chirurgiens-dentistes, des pharmaciens des techniciens, des sages-femmes presque un millier d’agents pour les laisser à part. Le Premier ministre d’alors, Souleymane Ndéné Ndiaye, avait compris cela. Il avait dit le 15 février 2010 que le projet était au niveau de l’Assemblée nationale.
En 2012, Macky arrive au pouvoir. Il a même organisé les concertations sur la santé en 2013 et il était informé de tout et, un beau jour, on dégage tout ce qui a été fait et on nous amène l’Acte 3.

Mais quel est votre problème avec l’Acte 3 ?
L’Acte 3 a complètement déstructuré la santé municipale. Il y a un dysfonctionnement complet. Nous, on avait un employeur : la Ville de Dakar. Certes, la ville a fait beaucoup de progrès mais il restait beaucoup de choses par rapport à nos collègues recrutés par l’Etat. Maintenant, on nous rétrograde pour nous confier aux communes qu’on appelle commune de plein exercice. Les mairies ne peuvent même pas nous payer. Les communes ne sont pas financièrement solides pour payer les salaires. Elles ont du mal à payer leurs propres personnels. Les communes n’ont pas d’administration qui puissent prendre en charge un personnel aussi qualifié que le personnel municipal.
J’ai l’impression que les autorités étatiques ne connaissent pas la santé municipale. Très souvent, on nous taxe d’être une pléthore, des gens qu’on a recrutés dans la pagaille, c’est la racaille. C’est comme si quelque part, nous ne sommes pas des diplômés des écoles sénégalaises.
Il y a un problème avec le mot municipal qui a une connotation péjorative au Sénégal. Le municipal c’est le planton, le balayeur, le jardinier. C’est ça qui était municipal dans les années 60. Mais avec la décentralisation et ce que la Ville de Dakar a fait, Dakar c’est déjà le gouvernement.
La Ville a les mêmes administrations que l’Etat. Vous avez 10 directions et plus de 50 milliards de budget. Donc, vous comprenez pourquoi la ville de Dakar a investi dans le domaine de la santé pour soutenir la santé de proximité. Les gens sont découragés. Ils partent. La conséquence, c’est que la santé municipale risque de disparaître. Parce qu’au moment où je vous parle, des agents de Nabil Choucair ne sont pas payés (Ndlr : L’entretien a eu lieu le 21 octobre 2016), à Cambérène également ; ici au Samu il y a des agents qui ne sont pas encore payés. C’est inacceptable ! C’est la première fois au monde qu’on voit un travailleur qui, au bout de 27 ans de carrière, perd tout : son salaire, sa couverture médicale, sa pension de retraite. La mobilité est interdite.

Nous sommes condamnés à terminer nos carrières dans nos centres. Ce n’est pas une humiliation ?
Quelle est l’importance de la santé municipale ?
C’est la santé de proximité, la santé de base. Dans la santé, il y a la pyramide. Il y a les postes de santé, ceux qui soignent les populations au niveau périphérique. Et quand vous avez un cas qui vous dépasse, vous transférez dans une autre structure. C’est pourquoi à Dakar à part Fann, Principal, Le Dantec, l’ex-Cto, tout le reste c’est la ville de Dakar. Samu, Gaspard Camara, Nabil Choucair, Philipe Senghor, Abdoul Aziz Dabakh, c’est la santé de proximité qui ne coûte pas cher, accessible sans rendez-vous. Maintenant, les centres se sont modernisés, presque tous les centres disposent de scanners.
Les communes ont des problèmes pour nous payer les salaires alors que les salaires ce sont le dixième de nos problèmes. Prenez un appareil de radiologie qui est au Samu ça coûte combien ? 60 voire 50 millions. Ce sont ces communes-là qui vont les payer ? Au centre de santé de Hann, l’appareil radio est en panne, la facture coûte 2 millions, mais qui va le réparer ?

Il est à l’arrêt ?
Mais, il est à l’arrêt. Voilà des problèmes qui doivent faire réfléchir les gens. Les salaires que les gens peinent à nous payer ne sont que le 1/10 de nos problèmes. J’ai souvent dit que la menace qui nous guette, c’est que la santé municipale va disparaître. Qu’on ne se leurre pas. Des gens ne peuvent pas accepter qu’on nous sacrifie pour des intérêts politiques. Il paraît que des maires descendent maintenant dans les centres pour prendre l’argent. L’Acte 3 va créer des collisions entre les comités de santé et les maires. Parce que les maires ne lorgnent que l’argent. Or la santé ne fait pas de bénéfice.

Vous réclamez qu’on vous retourne à la Ville de Dakar ?
C’est le plus simple. Il n y a jamais eu de réforme qui ne peut pas produire en trois ans des résultats. Autant abandonner la réforme. Cela fait trois ans de tergiversations. On est humiliés, on ne peut même pas bénéficier de crédit au niveau des banques. Personne ne nous fait confiance. Au nom de quoi ? Le minimum, c’est de nous retourner à la Ville de Dakar et qu’ils réfléchissent après sur comment améliorer l’Acte 3. Nous on est là depuis que Djibo Kâ était ministre de l’Intérieur, il y a eu ensuite Madieng Khary Dieng. Le régime de Macky Sall pense que nous sommes là sur des bases politiciennes.
Commentaires