Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aDakar.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Djiby Diakhaté, sociologue: "C’est une forme de crise des valeurs ..."
Publié le samedi 8 octobre 2016  |  Sud Quotidien
Première
© aDakar.com par DF
Première édition des "mercredis de la Police"
Dakar, le 05 août 2015 - La Police nationale a initié une série de conférence dénommé "Les mercredis de la Police" dont la première édition s`est tenue, ce mercredi. Cette manifestation a réuni de hauts cadres de la Police, des représentants du corps diplomatique, des membres d’autres corps habillés, des universitaires, entre autres. Photo: Dr Djiby Diakhaté, sociologue




Comment les jeunes filles qui sortent avec des hommes qui ont presque l’âge de leurs pères sont regardées par la société ?

Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’avant, on pouvait trouver une personne âgée qui prenne en mariage une fille qui est d’un certain âge sans problème. Mais la courtiser, sortir avec elle, ça posait problème. Ces filles sont regardées comme des personnes qui ont la possibilité de satisfaire leurs besoins. Au fond, nous sommes dans une société qui, de plus en plus juge la personne de façon superficielle. C’est une fille qui s’habille très bien, qui a des gadgets, des portables, des tablettes et donc certaine frange de la population juge positivement cette personne en disant qu’elle a été bien portée par sa mère et elle est en train de tirer profit du travail que sa mère a bâti auprès de son père et on considère que c’est un succès. Par contre, certains continuent à considérer que cela est inadmissible. Dans certains cas, certaines filles exercent une pression et un chantage sur des personnes âgées à la suite d’un enregistrement, d’une capture d’images etc, qui à partir de ce moment, entre dans un cycle extrêmement compliqué. Ces personnes, le plus souvent peuvent être riches, responsables, très connues qui s’adonnent à cela et qui s‘exposent à ces risques et pressions de toutes sortes.

Est-ce que le matérialisme à lui seul suffit pour expliquer ce phénomène ?

Le matérialisme constitue un facteur déterminant, mais il faut dire que ce n’est pas le seul facteur. Ce matérialisme, il faut le coupler avec une crise très avancée des valeurs qui fait qu’aujourd’hui quand une fille sort avec une personne âgée, ça n’exclue pas toujours qu’elle ait à côté d’elle une personne de sa génération avec qui, elle sort et pour qui elle a des sentiments réels. La personne âgée avec qui elle sort devient à partir de ce moment-là, le producteur de ressources. Et c’est grâce à ces ressources que la fille, dès fois, fait sa scolarité, qu’elle prend en charge ses besoins, participe même au budget familial dans certains cas ou encore elle entretient son petit copain qu’elle aime vraiment et qui peut être dans le chômage ou alors s’il travaille, c’est quelqu’un qui n’a pas des revenus substantiels pour répondre à toutes les sollicitations qui s’exercent sur lui.

Est-ce exagérer de dire que ce phénomène est la preuve vivante de la déliquescence de nos valeurs ?

Je pense vraiment que nous sommes en présence d’une crise des valeurs qui engagent au moins deux catégories d’acteurs. Les personnes âgées qui, dans nos traditions symbolisaient la solidité de notre communauté en raison du respect des principes qu’elles incarnaient, sa présence seulement suffisait au respect des valeurs et les jeunes filles. On considère évidemment la femme, elle aussi, est gardienne des valeurs et ça à un certain âge, notamment l’âge de l’adolescence et la jeune fille est considérée comme la personne qui doit être bien encadrée sur le plan des valeurs, moral pour ensuite être dans un ménage qui lui permet d’avoir des enfants et de les éduquer convenablement. Cette période était considérée comme une période charnière pour toute la société parce qu’il y allait du devenir de la société. Plus cette fille était bien encadrée en termes de valeurs, plus la société était assise sur des principes forts. Maintenant que la famille ne joue plus son rôle d’assistance et d’encadrement, on a l’impression que les éléments ont tendance à être laissés et c’est ce qui explique ce déferlement de pratiques jusque-là prohibées et qui ont tendance à devenir de plus en plus massives, à se considérer finalement comme banalisées et même légitimées. Ce qui fait que les rencontres peuvent se faire en dehors de la famille de la fille et de la famille de la personne âgée. Cela montre que nous sommes dans une société avec de nouveaux repères où nous avons des appartements meublés, des studios et ce sont ces espaces qui sont les lieux de rencontre. Il faut noter que parfois, ce n’est pas la fille qui va vers la personne âgée, mais justement la personne âgée qui veut être avec de petites filles parce que peut-être elle ne se sent pas trop épanouie dans son couple, dans sa maison. Elle a besoin d’évasion et de plus en plus justement elle va vers des petites filles et sous ce rapport-là aussi c’est une forme de crise de valeurs. Il y’a également la surveillance sociale qui manque maintenant dans notre communauté. C'est-à-dire que dans les communautés rurales tout le monde connait tout le monde et ce qui fait que c’est assez difficile de s’adonner à des actes marginaux. Dans les milieux et c’est là où ça se développe le plus où la surveillance communautaire est plus ou moins fragile ou totalement inexistante.
Commentaires