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Passé-présent - Coup de fil de Wade à Macky Sall : 1 appel, 100 sonorités
Publié le mercredi 5 octobre 2016  |  Le Quotidien
Après
© Agence de Presse Africaine par EAG
Après le verdict de la CREI, désolation et déception chez les partisans de Karim Wade
Dakar, le 24 mars 2015 - Le verdict est tombé sur le procès Karim Wade. Le fils de l`ex président Abdoulaye Wade a é té condamné à 6 ans de prison. Verdict qui a crée désolation et quelques scènes de violences vite maitrisées.




Ça pouvait venir d’un autre, mais pas d’un ministre de l’Intérieur de Wade. Mais Ousmane Ngom a choisi de mettre une «(N)gom» sur cette page de la démocratie inscrite par son ancien mentor : l’appel de Wade à Macky Sall, le 25 mars 2012. Mais pourquoi ? Une des réponses : il est à l’Intérieur du Macky. Samuel Sarr parle, comme Cheikh Anta Diop, de «falsification de l’histoire» par son ex-frère de parti. A supposer que l’ancien Président ait voulu faire du forcing, il sera difficile de croire un homme qui souffre de crédibilité. Et, sous ce rapport, ses propos ne méritent pas d’être retenus. Mais la gravité de telles déclarations qui a suscité de vives émotions dictent un rappel de différentes versions sur ce fameux appel téléphonique. Le Quotidien recompose le coup de fil avec des témoignages d’acteurs au cœur de la soirée du 25 mars.

Ousmane Ngom : «Je lui ai dit de féliciter Macky Sall, il a refusé»
Dans Libération du samedi 1er et dimanche 2 octobre 2016 : «C’est vers 18 h que je suis allé au Palais pour dire à Me Abdoulaye Wade que les jeux étaient faits car les tendances donnaient Macky Sall vainqueur du deuxième tour. Je lui ai dit que Dieu en a voulu ainsi. Il m’a dit : ‘’C’est impossible.’’ Puis il a ajouté qu’on lui a dit que le ministre de l’Intérieur que j’étais était capable de renverser les tendances. Je lui ai dit que non, ce n’était pas possible et je suis parti. Quinze minutes après, je suis revenu au palais. J’ai dit au Président que maintenant, il s’agissait de tendances lourdes et qu’il est sûr que Macky Sall passe puisqu’au plus, nous n’aurons pas 40% des voix. Je lui ai dit qu’il était temps qu’il appelle Macky Sall pour le féliciter. Il m’a rétorqué : ‘’Duma ko def (je refuse).’’ Je lui ai rappelé qu’il devait le faire car il avait dit qu’il ne ferait pas moins que Abdou Diouf qui, en 2000, l’avait appelé pour le féliciter. Il m’a éconduit. Je suis retourné à mon bureau. Mon téléphone a sonné. C’était Me Wade qui me demandait de lui trouver le numéro de téléphone de Macky Sall. Le reste, vous le savez…»

Samuel Sarr : «Ousmane Ngom ne s’est rendu au palais que tard dans la soirée»
Samuel Sarr, qui qualifie Ngom de «grand amnésique et falsificateur», déclare : «Ousmane Ngom n’a pas mis les pieds au Palais ce 25 mars 2012… Nous étions 4 personnes dans le bureau du Président : Le Président, sa fille Sindiély, Mamour Cissé et moi-même de 16h à 21h10 et nous serons rejoints par Karim Wade. Nous faisions le tour du Sénégal (2 fois) au téléphone avec les responsables du Pds pour avoir les tendances. Le Président a demandé à Mamour d’appeler le ministre de l’Intérieur trois fois à partir de 18h30 pour lui demander les tendances selon les services de son ministère. Vers 19h30, trois généraux (Armée et Gendarmerie) entrent dans le bureau. Le Président les rassure en leur disant que si les résultats confirment Macky, il s’exécutera et respectera le verdict des urnes… Les généraux prennent congé du Président. Et vers 21h, sachant que les dernières tendances donnaient Macky Sall vainqueur, j’ai dit au Président que c’est le moment de rentrer dans l’histoire, et Mamour de rajouter : ‘’Vous ferez mieux que Abdou Diouf en appelant Macky Sall maintenant. Nous essayons de joindre le staff de Macky en vain. C’est Karim Wade qui a demandé que l’on appelle via le Palais Pape Samba Diop qui lui a passé Macky Sall. Et c’est Karim qui a passé le téléphone à son père en lui disant : ‘’C’est Macky’’.» Le «wadiste éternel» affirme que Ngom «ne s’est rendu au palais que tard dans la soirée».

Mamour Cissé : «C’est Karim Wade qui a donné le bon numéro pour joindre Macky Sall»
Dans entretien avec Le Quotidien, le dernier directeur de cabinet et directeur de campagne de Wade dit : «(…) Alors qu’on nous promettait du sang et des larmes, nous avons fait une très belle transition démocratique et Abdoulaye Wade, avec dignité, a accepté. Le 25 mars, à 18h30, j’étais avec lui seul. Mais quelle élégance ! Quelle dignité ! Je vais vous faire une petite confidence aujourd’hui. A 19h 45, ce jour-là, le Président Wade était dans les dispositions de féliciter Macky Sall, mais on ne parvenait pas à le joindre.» Mamour Cissé, qui reconnaît que la Présidence n’avait pas le numéro de Macky Sall, ajoute qu’ils sont passés finalement par Me Alioune Badara Cissé de l’Apr. Mamour Cissé poursuit : «C’est Karim Wade qui a donné le bon numéro qu’il fallait appeler pour joindre Macky Sall. A 20h 30, le président de la République a convoqué la totalité du cabinet pour faire sa déclaration. Mais quelle ambiance ! C’est la raison pour laquelle j’ai dit tantôt que je donnerai ma part de vérité sur ce que j’en sais et ce que je sais du Président Wade.»

Serigne Mbacké Ndiaye : «Quand le Président m’a demandé de préparer un communiqué…»
Le Quotidien rapportait, à l’occasion de l’An 1 de Macky Sall, des témoignages de certains proches de Abdoulaye Wade, recueillis par Madiambal Dia­gne, quelques jours seulement après la défaite du 25 mars 2012.
«Nous avons vécu la défaite du 25 mars d’abord dans la plus grande dignité, mais également dans la plus grande sérénité. Mais en tout état de cause, c’est l’occasion de saluer le comportement plus qu’exemplaire du Président Wade. Ce jour-là, après l’avoir accompagné, nous nous sommes retrouvés au Palais. Il y avait autour de lui Madame Wade, Karim, Sindiély, une dame française qui travaillait dans la communication, Marie-Louise, et moi-même. Jusqu’à 15 h, 16 h, on ne pouvait pas imaginer un seul instant qu’à 20 heures, Wade ne serait plus président de la République. C’est vers 19 heures, quand les résultats de l’extérieur ont commencé à tomber, que je l’ai quitté pour aller à la permanence du parti sur la Vdn où on devait organiser une veillée électorale. (…) Le Président Wade m’a appelé pour me demander où j’étais. Je lui réponds que je suis à la permanence du parti. Il me dit : ‘’Viens, tu vas préparer un communiqué pour féliciter Macky Sall parce qu’il a gagné.’’ Quand il a sorti ce mot, j’étais soulagé parce que je me suis dit que notre pays est sauvé. J’étais de plus en plus convaincu qu’une victoire du Président Wade ne serait jamais acceptée par le camp qui était en face de nous. Les informations que nous avons eues par la suite m’ont conforté dans cette idée-là. Je me rappelle au soir du premier tour, j’ai rendu visite au Président pour voir dans quel état d’esprit il se trouvait. Mais dès que je suis entré dans son bureau avec un sourire, il m’a dit : ‘’Dieu a fait ce qu’il y a de meilleur pour le pays. Sou­haitons qu’il fasse ce qu’il y a de meilleur pour le pays et pour nous le 25 mars.’’ (…)
Avant la publication des résultats, j’étais là-bas avec le président Pape Diop qui, lui, était convaincu, avant même les résultats, qu’on avait perdu les élections. (…) Ensuite, il y avait El Hadji Sall, Doudou Wade, Karim... (…)
Vous devinez l’ambiance qui doit prévaloir après le coup de fils du Président à Macky Sall. La perte d’un pouvoir, ce n’est jamais facile, mais tous avaient essayé d’être à la hauteur, c’est-à-dire au niveau du Président lui-même. Il était très serein et avec Madame Wade, on parlait de tout et de rien.

Alioune Badara Cissé : «C’est à moi-même que Wade s’est adressé par le canal de Me Ousmane Ngom»
«J’ai été le premier à avoir appris la victoire du chef de l’Etat. Je devrais dire dans notre camp, celui du Président. C’est à moi-même que l’ancien chef de l’Etat s’est adressé par le canal de Me Ousmane Ngom pour me dire qu’il concédait la défaite et qu’il voulait féliciter le Président Macky Sall, mais qu’il n’avait pas son contact téléphonique. Beaucoup d’humilité, beaucoup de satisfaction. D’abord, devant ce geste d’un grand chef d’Etat qui venait, après avoir dirigé le pays pendant 12 ans, de mener un combat farouche pour son maintien au pouvoir et qui tombait par la volonté des Sénégalais (…).»

Wade à Jules Ndéné : «Je voudrais discuter avec Macky pour voir s’il acceptera de se désister»
Wade n’a jamais intégré dans ses plans Macky Sall avec lui au second tour. Les confidences de Souleymane Ndéné Ndiaye à l’émission Faram facce en avril 2015, selon lesquelles le sortant rêvait de voir son challenger se désister sont tout simplement incroyables. Mais peut-on aller jusqu’à soupçonner un esprit de forcing ? L’ancien Premier ministre rapporte sa discussion avec son patron au lendemain du premier tour.
«Le Président Wade m’a appelé et m’a dit : ‘’Bon, je suis au stade de réflexion... J’avais promis aux Sénégalais de ne pas faire moins que Abdou Diouf parce des faucons l’avaient poussé à se maintenir mais il m’avait quand même appelé pour me féliciter. Si les tendances actuelles se confirment, je pourrais me retrouver avec Macky Sall au second tour. Et moi, j’ai juste quelques projets à finir. La Constitution dispose, en effet, qu’après la proclamation des résultats officiels du premier tour par le Conseil constitutionnel, si l’un des candidats se désiste, l’autre est proclamé élu. Donc, je voudrais en discuter avec Macky pour voir s’il acceptera de se désister.’’ Je lui ai dit : ‘’Je peux le faire venir tout de suite au Palais.’’ Il me dit : ‘’Non, rejoins moi et on en discute d’abord.’’ C’est ainsi que j’ai appelé Macky pour lui dire de ne plus tenir des déclarations incendiaires puisque nous cherchons à pacifier la suite du processus électoral. Et puis, les gens peuvent dire au Président : ‘’Macky Sall est en train de t’attaquer et Souleymane Ndéné Ndiaye te demande de te désister.’’ Une fois au Palais, devant Pape Diop et Karim Wade, le Président dit : ‘’Macky va se désister.’’ J’ai dit : ‘’Non Président, il ne peut pas le faire puisqu’il est votre challenger. Et puis vous avez dit que vous ne voulez pas faire moins que Diouf.’’ C’est comme ça qu’il a enterré cette option. Puis, il dit à Pape Diop et à Karim : ‘’Laissez-nous un peu ; nous parlons des affaires d’Etat.’’»
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