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Art et Culture

Gestion de Mbagnick Ndiaye : Zéro et héros
Publié le samedi 1 octobre 2016  |  Le Quotidien
La
© aDakar.com par DF
La Chine célèbre la proclamation de la République Populaire
L`Ambassade de la République Populaire de Chine au Sénégal a célébré l`accession à l`indépendance de la Chine, le 1er Octobre 1949. Photo: Mbagnick Ndiaye, ministre de la culture




De nombreux acteurs évoquent bien souvent un «profond malaise dans le secteur de la culture». Ils étalent de nombreuses critiques contre le ministre Mbagnick Ndiaye. Pourtant, un air de renouveau souffle peu à peu dans ce milieu des créateurs d’œuvres de l’esprit, car depuis son arrivée à la tête de ce département, M. Ndiaye, malgré tout ce qui se dit, a entre autres actions non seulement pu conduire la mise en place de la nouvelle Société du droit d’auteur et droits voisins (Sodav), mais a aussi été un des artisans de la création du Fonds de promotion à l’industrie cinématographique et audiovisuelle (Fopica). C’est sous son magistère également que les acteurs se sont félicités d’avoir enfin une couverture maladie universelle. Le secteur moribond du livre et de l’édition connaît un regain d’intérêt avec ses promesses. Et dernièrement, il a pu réunir les acteurs et trouver un consensus afin de favoriser le vote du Code de la presse. En somme, un parcours d’actions qui dessine l’«aura» d’un homme qui ne fait pourtant pas l’unanimité.

Le ministre Mbagnick Ndiaye reste l’un des plus contestés sous le régime du Président Macky Sall. Nombreux sont les acteurs culturels qui ne mâchent pas leurs mots pour le qualifier ou le traiter de tous les noms d’oiseau. A chacune de ses sorties, les reproches fusent de partout, Mbagnick par-ci Mbagnick par-là. Au nombre des reproches qui lui sont faites, il y en a d’objectifs comme de subjectifs. «Il n’a pas la carrure d’un ministre de Culture et de communication… Il a du mal à rester sur place et à se tenir correctement», commentent certains de ces détracteurs qui ont fini de piger par cœur son éternelle blague en public sur son Association Ndef Leng. D’autres avancent même que le ministre «n’est pas dans son monde. Qu’il se cherche… Et qu’il n’est là que parce qu’il est ami avec Marième Faye Sall, la Première dame du Sénégal». En tout cas, dans ce secteur de la culture qu’il considère lui-même comme son «milieu naturel», Mbagnick Ndiaye ne fait pas l’unanimité.
Il y a quelques semaines encore, des grincements de dents se sont fait sentir dans les couloirs de son ministère. Les récents réaménagements et réaffections dans son département ainsi que la démission de la Pca de la Sodav, Angèle Diabang, n’ont pas manqué de faire saliver ou faire grincer des dents. Pourtant, Mbagnick Ndiaye imperturbable, assure ses fonctions et croit en sa «belle étoile». Le ministre sait qu’il est très suivi et critiqué. Et qu’on ne lui pardonne rien. On se souvient d’ailleurs de ce vendredi 30 octobre 2015, à l’occasion de l’anniversaire de la troupe Soleil Levant de Thiès au Grand Théâtre, où il a essuyé des huées du public. Les médias renseignaient à l’époque qu’il était accompagné de son collègue des Forces armées et du député Abdou Mbow pour soutenir la bande à Sanekh. M. Ndiaye ne peut oublier cette soirée où sa cote d’«impopularité» s’est révélée au grand jour.

Un mont de reproches
Il faut souligner qu’en plus de critiquer à longueur de temps sa gestion, certains artistes ne manquent pas de lui cracher leur vérité afin de faire avancer les choses. Si certains le font sans tapage, d’autres élèvent la voix pour exprimer leur désaccord ou mécontentement sur sa gestion du ministère. Ce fut par exemple le cas de l’artiste Baba Hamdy qu’il avait reçu en audience en octobre 2015. En effet, au cours de celle-ci que le ministre Mbagnick Ndiaye avait bien voulu accorder au patron du label 1000 Mélodies, l’on renseignait à l’époque que l’artiste avait jeté un regard critique sur la politique culturelle du régime actuel, soutenant que les acteurs culturels ne sentent pas les choses bouger. «Il faut impliquer un peu plus les acteurs culturels qui ont des idées et qui veulent contribuer au développement de la culture», avait demandé Baba Hamdy. L’artiste avait aussi signifié au ministre qu’il faudrait qu’il évite de «privilégier la médiocrité en distribuant des enveloppes à des artistes qui veulent juste régler des problèmes ponctuels et d’accompagner les artistes qui ont décidé de monter des structures et qui veulent être encadrés et soutenus, car la culture est un formidable facteur de développement». A cette rencontre, informait-on, le ministre avait défendu sa chapelle, tout en vantant ses efforts et les actes posés par le gouvernement actuel. Il n’avait toutefois pas manqué d’apprécier la franchise de Baba Hamdy et promis de poursuivre la réflexion.

Et pourtant…
Quoique très «impopulaire», Mbagnick Ndiaye réussit sur bien de projets jusque-là bloqués pour diverses raisons. Selon ses détracteurs, «ce sont ces parents sérères qui l’aident avec les khons». Dans tous les cas, il a le mérite d’obtenir des résultats là où plusieurs de ses prédécesseurs sont passés sans jamais réussir. «Face à ses détracteurs, il préfère travailler», assure un de ses proches collaborateurs. Ce dernier mentionne d’ailleurs qu’il est curieux que la presse, prompte à le critiquer pour ses faux pas, ne l’ait pas assez félicité suite au consensus trouvé la semaine dernière autour du Code de la presse. En réalité, l’avancée obtenue avec ce code qui cristallise tous les regards depuis plusieurs mois est significative et redore le blason du ministre de la Culture et de la communication. Fier d’avoir assuré et réussi sur instruction du président de la République Macky Sall une relecture du Code de la presse, il s’était d’ailleurs empressé d’annoncer aux médias que ce Code de la presse est en voie d’être adopté. Il y a effectivement de quoi à être fier après 6 ans de blocage. «Normalement, plus rien ne peut encore empêcher ce projet de Code de la presse de passer à l’Assemblée nationale avant la fin de l’année pour être voté», disait-il. Cette réussite, qu’on la veuille ou pas, sera comptabilisée à l’actif de M. Mbagnick Ndiaye qui n’est pas à son premier coup réussi dans le secteur.
Nommé à la tête du ministère de la Culture et de la communication en juillet 2014, il peut aussi se targuer d’avoir réussi sous son magistère l’établissement de la couverture maladie pour les artistes. «L’acteur culturel ne doit plus être l’indigent, il doit vivre de sa culture et avoir la couverture sanitaire nécessaire», disait-il. La suite, on l’a vu. Les artistes, en mars dernier, l’ont applaudi des deux mains au Grand Théâtre national de Dakar. A cela s’ajoute aussi le géant pas qui a été fait dans le secteur du cinéma. En effet, dans le milieu du 7e art, c’est sous le règne de l’actuel ministre que le Fonds de promotion à l’industrie cinématographique et audiovisuelle (Fopica) a vu le jour. C’est aussi l’une des plus grandes fiertés de Mbagnick Ndiaye. Doté d’une enveloppe d’1 milliard de francs Cfa, le Fopica vient en appoint aux acteurs de l’industrie du cinéma et audiovisuel dans la production, la distribution, l’exploitation et la formation. L’Etat, à travers le ministère de la Culture et de la communication, appuie ainsi les acteurs du cinéma et de l’audiovisuel sénégalais dans le renforcement de leurs capacités et dans la promotion et la valorisation de leur capital humain. D’ailleurs, ce Fonds qui en est à sa deuxième édition porte déjà ses fruits, avec la sortie dernièrement de Kemtiyu Seex Anta, un documentaire sur Cheikh Anta Diop, réalisé par le «respectable» Ousmane William Mbaye.

Des avancées notables
Au nombre des réussites de Mbagnick Ndiaye, le directeur des Arts, Abdoulaye Coundoul, se plaît à rappeler également le rapport périodique quadriennal de la Convention de l’Unesco sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. En effet, partie en 2006 à la Conférence générale de l’Unesco sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, le Sé­né­gal n’avait rédigé aucun rapport périodique quadriennal en 10 ans. Or, le rapport quadriennal, informe Abdoulaye Coun­doul, «permet aux Etats parties de mesurer les progrès réalisés dans ce secteur, mais aussi sert d’exemple aux signataires afin de comparer leurs politiques culturelles en vue de parfaire le secteur». Pour résoudre cette négligence, le ministre Mbagnick Ndiaye avait donc composé et installé en mars dernier un comité de 26 membres. Grâce à ce Comité de rédaction, présidé par le directeur de Cabinet du ministère de la Culture et de la Communication, Rémi Sagna, avec Abdoulaye Coundoul dans le rôle du coordonnateur général et dans celui du rédacteur général qui fait office de point de contact de la convention, l’expert culturel Moustapha Tambédou, le Sénégal avait donc pu se mettre au pas avant la date butoir du 30 avril. C’était surtout une première dans l’histoire culturelle de notre pays.
On peut également comptabiliser au rang des succès accomplis sous le magistère de Mbagnick Ndiaye la mise en place de la Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (Sodav). Toutefois, l’aboutissement total de cette vieille doléance des créateurs tarde à se matérialiser. Der­niè­rement, la présidente du Conseil d’administration de cette nouvelle structure, Angèle Diabang, a remis sa démission. Une situation qui résulte beaucoup plus des «incongruités administratives» et d’un manque de volonté politique, mais qu’il faudrait que Mbagnick Ndiaye résolve assez rapidement s’il veut réellement le bien des artistes. Selon certaines confidences proches de la tutelle, après que Angèle Dia­bang ait jeté l’éponge, le ministre a donné des instructions pour qu’en octobre la passation de charges se fasse entre le Bsda et la nouvelle Société de gestion du droit d’auteur et droits voisins. Propos diplomatique ou réelle ambition de finaliser le processus ? Wait and see !
Dans d’autres secteurs comme celui par exemple du livre et de l’édition, ça traîne les pieds. Les acteurs se nourrissent encore des promesses du ministre qui avait par annoncé son projet de «renflouer les Nouvelles éditions africaines à hauteur de plus de 124 millions». Beaucoup d’autres chantiers restent encore ouverts, mais le ministre Mbagnick Ndiaye tient vaille que vaille la tutelle, en attendant de bomber le torse et faire le point de son parcours au soir de l’inauguration du joyau, le Musée des civilisations noires qu’il aura peut-être (s’il est maintenu au poste) le privilège d’inaugurer aux côtés du président de la République, en novembre prochain. C’est tout le mal que nous lui souhaitons !
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