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Anniversaire du «Joola» : Les familles des victimes dénoncent 14 ans de statu quo
Publié le mercredi 28 septembre 2016  |  Le Quotidien
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© Autre presse
Le naufrage du bateau "Le Joola" a eu lieu dans la nuit du 26 septembre 2002 faisant officiellement 1863 victimes.




Les familles des 1 863 victimes du naufrage du bateau Le Joola se sont retrouvées hier à la Place du Souvenir pour commémorer le 14ème anniversaire de ce drame. Dénonçant 14 ans d’immobilisme, elles ont sans exception réclamé des poursuites judiciaires contre les responsables de la plus grande tragédie maritime de l’histoire.

La scène est empreinte d’émotion : une femme et sa fille tenant des gerbes de fleurs s’avancent dans la cour pavée de la Place du Souvenir. Le pas lourd, la doublette entourée de deux haies d‘honneur se dirige vers l’océan qui, il y a 14 ans, se gavait de 1 863 âmes. C’était le 26 septembre 2002. Sur les instructions du père Christophe qui dirige la prière, quelques larmes s’écrasent dans les rangs du public. Le phrasé mélodramatique, le prêtre, la Bible entre les mains, prie pour le repos de l’âme des disparus du bateau Le Joola.
14 ans après, l’amertume peuple le cœur des familles des victimes. Même les défenseurs des droits de l’Homme n’en reviennent pas, quant à la suite réservée à cette tragédie. Président de l’Organisation nationale des droits de l’Homme (Ondh), Me Assane Dioma Ndiaye estime que cette affaire ne peut pas rester sans suite judiciaire. Couteau à la main, il s’en prend au gouvernement. «Le Sénégal avait fermé toutes les portes pour ouvrir ce dossier», regrette-t-il lors d’un panel sur «Le naufrage du Joola, la presse et l’éducation citoyenne».

«La France s’est reniée»
Sous les vivats du public composé de toutes les générations, l’avocat déplore l’attitude du pays de Marianne. Il dénonce : «Nous attendons que la justice française se prononce de façon définitive. Maintenant, la politique a semblé prendre le pas sur la justice. Ce qui est inhabituel en France, qui a toujours été une terre de justice. Le France a été le chantre de la justice pénale internationale et de la compétence universelle. Un Mauri­tanien a été arrêté en France parce qu’il a commis des cas de torture en Mauritanie. Je peux citer les génocidaires rwandais jugés en France. Aujourd’hui, qu’on nous dise que la justice française est incompétente dans cette affaire dont des citoyens français sont victimes, nous considérons cela comme un reniement. La France s’est reniée.»

Internationalisation du combat
L’éloquence de l’avocat jette un brin d’espoir dans les visages, jusque-là crispés, des familles des victimes. Un optimisme qui sera vite éteint par le président du Collectif des familles des victimes du Joola. «L’Etat du Sénégal a cultivé l’oubli. L’opi­nion est tombée dans ce jeu de l’Etat qui refuse de rendre justice. Les Sénégalais ne retiennent rien du Joola parce qu’on leur a tout caché», déplore Idrissa Diallo également maire de Dalifort.
En tout état de cause, Me Assane Dioma Ndiaye promet d’internationaliser le combat si le statu quo persiste. «Nous attendons le verdict des recours des avocats des victimes en France. Si on se rend compte que la France et le Sénégal vont commettre ce crime de déni de justice qui empêche ces familles d’organiser leur deuil et d’exorciser leur traumatisme, nous allons attraire le Sénégal devant la Cour de justice de la Cedeao», prévient-il.
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