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Mévente de moutons à LSS et Nord-Foire: La surenchère coûte cher aux vendeurs
Publié le samedi 17 septembre 2016  |  Enquête Plus
Anta
© aDakar.com par DF
Anta Sarr offre des moutons aux familles démunies
La déléguée générale à la protection sociale et à la solidarité nationale, Anta Sarr a procédé, mardi à Dakar, au lancement de la distribution de moutons et des appuis financiers aux familles vulnérables à l`occasion de la Tabaski.




Ils sont venus à Dakar dans l’espoir de faire profit dans la vente des moutons pour la fête de l’Aid-el-kébir. Mais beaucoup d’éleveurs-vendeurs vont devoir rentrer avec leurs bêtes. D’autres tablent sur les cérémonies à venir.

A vouloir faire de super bénéfices, les vendeurs de moutons se sont trouvés sur la corde raide, au lendemain de la tabaski. Dans les deux points de vente, Nord-Foire et Parking stade LSS, ce sont des centaines de moutons, laissés-pour-compte, qui végètent sous le regard bienveillant des propriétaires. La frénésie de l’avant-fête a cédé la place à une morosité que quelques bêlements troublent de temps à autre. La forte température aidant, les éleveurs se sont mis à raser les murs du stade pour profiter de la fraîcheur de l’ombre. Accoudé à l’un des poteaux électriques qui éclairent le vaste parking de LSS, Maleyni Ka qui, quelques jours plus tôt s’était plaint de la rareté des clients, s’en est tiré plutôt bien, puisqu’il a écoulé près d’une centaine de têtes sur les 390 qu’il a acheminés à Dakar, six jours avant la fête. ‘‘J’ai connu des tabaski meilleurs que celle-là. La vente a été passable. J’aurai aimé tout vendre, puisque c’est la raison de ma venue à Dakar’’, déclare-t-il l’air blasé.

Le constat est proche de l’amertume pour pratiquement tous les vendeurs de ce point. L’espoir de vendre les moutons comme des petits pains a fondu comme beurre au soleil. De l’aveu de cet éleveur originaire du Djolof, la surenchère lui a coûté cher ainsi qu’à ses congénères. Mais, c’est sans doute son expérience dans ce type de commerce qui lui a sauvé la mise. Ayant vite pressenti que ce sont les acheteurs qui avaient le vent en poupe, il ne s’est compliqué la tâche quand les propositions tombaient. ‘‘J’ai vite compris qu’il fallait vendre, dès qu’on me propose un prix raisonnable. Par cela j’entends 80-90- jusqu’à 100 mille FCfa. Pas plus. Dakar est certes un marché juteux, plus que tous les autres de la sous-région. Mais les Sénégalais ne sont pas riches à ce point’’, argumente-t-il, critiquant l’avidité des autres vendeurs à faire des bénéfices au-delà du raisonnable. Il avoue qu’il s’en est tiré à bon compte, malgré cette statistique plutôt faible. Avec sa férule, il désigne un troupeau en face de lui qui est pratiquement resté en l’état, depuis son arrivée, plus d’une dizaine de jours avant la fête.

‘’C’est la dernière fois que je remets les pieds ici’’

Son congénère Amady Barry rit jaune, car ayant connu des opérations tabaski plus fructueuses : que dix moutons vendus sur les 200 ‘‘touabir’’ qui constituaient son troupeau. Mais pour cet éleveur dont la tête enturbanné et les longues nuits de veille doublent le volume de son visage, hors de question de brader aux clients qui viennent après la fête. ‘‘Je ne vais rien céder du tout. Tôt ce matin, un client est descendu même jusqu’à 60 mille francs. Vous trouvez ça normal pour ces bêtes ?’’, peste-t-il, désignant quelques-unes de ses meilleures créatures qui, selon lui, auraient mérité meilleure proposition. Poursuivant sa diatribe contre tous et personne, il promet de ne plus remettre les pieds à Dakar pour vendre ses moutons. ‘‘Sur le chemin du retour, je revendrai mes bêtes au Campement Ngekhokh ou à Ngoundiane ainsi que tous les autres foirails, mais c’est la dernière fois que je remets les pieds ici’’, déclare-t-il. L’averse de la nuit du samedi à dimanche n’a pas arrangé les choses, puisque dans l’affolement généralisé, six de ses bêtes ont disparu.

Devant le complexe de dance ‘‘Yengoulène’’, c’est aussi la soupe à la grimace pour les vendeurs. Les bagages sont empilés dans l’imminence d’un retour à la maison. Affalé sur des sacs d’aliments de mouton intacts, Omar Ka prend le thé avec d’autres éleveurs. Les méventes pour cette tabaski ? Une situation qu’il prend avec beaucoup de philosophie. ‘‘Cette année, les acheteurs ont eu l’avantage, la veille de la fête plus précisément (Ndlr : le dimanche). Il y a deux ou trois ans, c’est nous qui avions l’avantage. C’est comme cela. On ne peut jamais présager de ce que sera le marché’’, se console-t-il.

‘’Pourquoi, on ne va pas dans le sud’’

Cette surabondance de vendeurs et de moutons, dans la capitale s’est fait au détriment d’autres grandes localités du Sénégal. A l’exemple de Ziguinchor, en proie à un manque criard d’approvisionnement en bêtes, où la situation a failli virer au drame. La veille de la fête, la Police a été obligée d’escorter un camion de moutons et l’amener dans ses propres locaux, de peur que la population, en manque de bêtes, n’assaillent le véhicule. D’’ailleurs beaucoup de localités du Sénégal oriental se sont trouvés dans cette configuration. ‘‘On ne va pas dans le Sud ou dans le Sud-est, car nous ne voulons pas subir le double des tracasseries pour rallier Dakar et gagner deux ou trois fois moins’’, se justifie Omar Ka.

Pour autant, certains vendeurs ne se voient pas défaits par les circonstances désavantageuses de cette édition. Ils se projettent déjà sur la prochaine échéance. ‘‘Il y a les cérémonies pour fêter le retour des pèlerins de la Mecque. Donc, il n’y a pas de quoi s’inquiéter’’, déclare un vendeur assis à côté, avec beaucoup de calme. Le sourire en coin, il affirme que ces méventes pour la Tabaski ne sont rien comparées à l’agenda cérémoniel du Sénégal. ‘‘Il y a toujours quelque chose à célébrer. Après la Mecque, il y aura la tamkharit, après le Magal, puis le Gamou... Alors il n’y a vraiment pas de quoi s’inquiéter pour ceux qui veulent vendre leurs bêtes’’, déclare-t-il un brin optimiste.
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