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Interview avec le Pr Malick Ndiaye: Le sociologue descend Macky
Publié le jeudi 15 septembre 2016  |  Walf Fadjri L’Aurore




Fidèle à ses principes, Pr Malick Ndiaye n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour déplorer le ratage de l’entrée en scène de la Plateforme pour la défense du Sénégal/Manko Wattu Senegal. Bien que membre de ladite plateforme, il y dénonce le report des activités, du plan d’actions pour face au régime de Macky Sall.

Walf quotidien : Au sortir de la deuxième réunion du front de l’opposition, on s’attendait à une réaction par l’élaboration d’un plan d’actions. Pourquoi le Front n’a-t-il pas réagi jusqu’ici ?
Pr Malick NDIAYE : Il y a des raisons de penser que les communiqués de presse redondants et les déclarations répétitives auront dans les faits dissimulé des arbitrages paralysants au détriment de la générosité requise par l’action éthique de défense de Sonko, Aïda Ndiongue, Nafi Ngom Keïta, etc…, par des mobilisations directes sur le terrain, à l’Obélisque, à la Place de l’Indépendance, ou ailleurs, pour dire halte à un régime visiblement dérouté qui menace et/ou agresse !
Le constat c’est qu’il y a ratage de l’entrée en scène du Front. Qu’est qui l’explique ?
On peut dire les choses ainsi : en termes d’affluence, le succès est sans précédent le lundi 29 août d’abord avec près de 50 partis, organisations et mouvements, suivi d’un record le jeudi 1er septembre en termes de représentativité, notamment la composante jeune, étudiante, femmes et émigrée. Mais le paradoxe est bien là : en lieu et place d’actions de lutte pied à pied contre les agressions et les dérives, des communiqués laconiques et sans aucun effet à part l’annonce de la création d’un nouveau point de ralliement destiné à prendre la tête de la résistance du peuple à l’égard du régime. Aucune initiative sur le fichier électoral, les libertés publiques ou la dilapidation et la privatisation des ressources nationales. Uniquement des propos redondants et des phrases, pourtant pleines de sens, là où il eût fallu appeler à un rassemblement de protestation dès le lendemain du forfait de la radiation de Sonko par décret. Idem pour ce qui concerne Nafy Ngom Keïta, et tous les autres : Cheikhouna Keïta, Pape Alioune Ndao, Amsatou Sow Sidibé, etc. Au total, le constat est rien moins qu’insolite, voire surréaliste. Le lundi 29, ratage de la défense de Sonko et des lanceurs d’alerte pour des raisons objectivement liées à des arbitrages entre appareils politiques prestigieux et leaders de haut vol, qui de fait auront prêté le flanc à une harmonisation laborieuse des ambitions sinon à un essai d’homologation tendancieuse des destins de présidentiables au demeurant légitimes.
Pourquoi le report du plan d’actions ?
Ni plan d’actions ni initiative concrète en défense de Sonko, ni action de masse quelconque au sortir de plusieurs heures de délibérations pourtant sérieuses et argumentées. Telle est la grosse bourde de la réunion du Fds du jeudi 1er septembre, pour les refondateurs que nous sommes. Le fait de reporter toute initiative et toute action de lutte au-delà du 15 août est absurde par rapport aux dérives consommées d’un régime qui mène le pays droit dans le mur. La Tabaski aurait dû être mise à profit – toutes proportions gardées et toutes affaires égales par ailleurs pour étendre le réseau du Fds au Sénégal, dans les régions autres que Dakar, et dans l’émigration, voilà que le Front nouveau porteur d’espoirs et d’espérances a été positivement mis en Congé pour une durée de deux semaines par des appareils politiques visiblement déroutés par les appels au combat des jeunes et des organisations contre le régime en défense de Sonko et de Nafi Ngom, cependant que les néo-opposants – s’il est permis de les appeler ainsi – jusqu’où un contact (politique ou autre) avec le régime Macky serait acceptable pendant qu’il agresse son peuple, licencie les lanceurs d’alerte et octroie des portions de ressources pétrolières et gazières à sa famille, à son clan ou à ses gendres, etc.
Le Code de conduite du front n’explique-t-il pas ce report des activités
Au fond, ce n’est nullement la discussion inachevée sur le code de conduite qui explique l’inertie du front nouveau, mais cette vacance gratuite procède, de prime abord, d’un examen inachevé du projet de code de conduite, mais comment expliquer cette mise en stand by surréaliste de deux semaines équivalant à une incompréhension majeure de la nature de ce front, qui n’a de sens que comme organe de combat qui engage le combat, et non comme cadre de concertions de l’Opposition et/ou des Opposants ! Au demeurant, n’est-ce pas un faux- problème de suspendre l’action directe de masse pour discuter ne serait-ce que sur le meilleur code de conduite dans le meilleur des mondes possibles ? Un Front de combat, c’est pour le combat, non pour la rédaction de titre ou de code. C’est en défendant les masses et les victimes, la républiques et les lanceurs d’alerte sur le terrain que l’on saura qui est qui, mais non en rédigeant des communiqués de presse ou des plans d’actions sans suite ou des codes de conduite qui dispensent d’agir. En tout état de cause, la donnée de base est là : il y a une contrariété explosive jusqu’à nouvel ordre entre l’afflux des mouvements citoyens, société civile des syndicats, et partis vers le Front pour la défense du Sénégal et la tiédeur de ce nouveau point de ralliement, dont le modérantisme velléitaire fait suer les refondateurs que nous sommes.
D’aucuns qualifient d’ailleurs ce front d’une «opposition de salon»
Même pas, pour l’instant du moins. Ce n’est pas encore une opposition, ce sont des opposants, réunis pour se défendre contre les assauts et agressions de Macky Sall. Donc en quête de cohésion défensive, mais qui peine à asseoir une plateforme d’action, un code de conduite et une éthique de combat, ce qui est facile à proclamer, mais difficile à réaliser, pour des opposants agrégés et juxtaposés par la pression belliqueuse et despotique, voire policière et administrative. C’est la société véritable qui s’oppose en ce moment au régime sur les questions concrètes du foncier urbain et rural, du domaine public maritime, des maîtres-élèves, des retraités, de l’emploi des jeunes, des Universités, de l’agriculture, de la micro finance, des Daara ou des lois relatives au mariage gay et la dépénalisation de l’homosexualité, le référendum sans débats, sans oublier les droits de l’enfant, la mendicité des talibé confondus à des «enfants de la rue».
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