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Remise de per diem: Les journalistes et leurs donateurs jugés par le Cored
Publié le vendredi 26 aout 2016  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par DR
Le CORED se penche sur les perdiems dans la presse
Dakar, le 24 août 2016 - Le Conseil pour l`observation des règles d`éthique et de déontologie dans les médias (Cored) a tenu un "Cas d`école" sur le thème: "les perdiems et/ou frais de transport: corruption institutionnalisée dans la presse".




Le Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (CORED) a organisé hier, à la Maison de la presse, un ‘’Cas d’école’’ sur le thème : ‘’Perdiem et/ou frais de remboursement de transport : la corruption institutionnalisée dans la presse’’. Tout en condamnant les journalistes, les différents panélistes ont aussi blâmé leurs donateurs.

Au Togo, on parle de ‘’communiqué final’’ pour désigner de manière pudique le per diem remis aux journalistes venus couvrir une manifestation. Au Sénégal, même s’il n’y a pas de nom, les termes ‘’Chasseurs de perdiem’’, ‘’ Racailles’’ sont bien connus dans le milieu de la presse. Il s’agit de pseudonymes collés à des journalistes qui courent les manifestations dans l’unique but d’empocher un per diem. Certains, et surtout des personnes employées dans des rédactions fictives, en font une exigence et n’hésitent pas à s’en prendre aux organisateurs des manifestations ou chargés de communication.

Cette situation qui a fini de ternir l’image de la presse préoccupe le Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (CORED). Le tribunal des pairs a posé le débat hier, dans le cadre de ses ‘’Cas d’école’’. Organisé à la Maison de la presse, le panel avait pour thème : ‘’Perdiem et/ou frais de remboursement de transport : la corruption institutionnalisée dans la presse’’. Les différents panélistes ont mis au banc des accusés les journalistes ainsi que leurs ‘’donateurs’’ ou ‘’corrupteurs’’. Aux premiers, il leur est demandé de ne pas prendre de per diem, aux seconds de ne pas en donner. Car, pour le doyen Saliou Traoré du Cored, ‘’le fait de prendre un per diem est contraire à l’éthique et cela n’honore pas le journaliste’’. L’ancien journaliste du Soleil Cheikh Tidiane Fall abonde dans le même sens. ‘’C’est un manque de respect, car la personne qui donne au journaliste un per diem ignore si celui-ci gagne plus que lui. L’accepter pour le journaliste, c’est se rabaisser’’, dit-il.

‘’Le per diem est un mal sociétal’’

Outre ces arguments d’ordre éthique, Jean Meissa Diop a évoqué des questions de déontologie. D’une part, il explique que derrière l’initiative des donateurs à verser ‘’des gratifications indues, voire complaisantes ou même corruptrices, il y a un petit et gros calcul d’une sorte de retour sur investissement’’. D’autre part, Jean Meissa Diop relève l’absence d’objectivité du journaliste. A ce propos, il a cité Emmanuel Vidjinnagni Adjovi qui disait : ‘’Le journaliste qui touche un per diem se sent obligé d’orienter son article ou son reportage dans un sens favorable au donateur’’. Ce qui, d’après le professeur de sociologie à l’Université Gaston Berger, Patrice Corréa, fait perdre au journaliste sa crédibilité. Cependant, selon son analyse, le problème des per diem n’est pas propre à la presse. ‘’C’est un mal sociétal qui a pénétré toutes les sphères de notre société : politique, éducation, santé… Le mal est si profond qu’il est endogène et exogène’’, se désole le sociologue. En effet, à l’image des autres panélistes, le professeur Corréa ne dédouane pas les donateurs qui, selon Mame Less Camara, ‘’doivent savoir qu’ils sont aussi coupables que les journalistes’’.

Quid des causes ? Les panélistes ne veulent point donner un rôle majeur à la précarité qui affecte plusieurs entreprises de presse. ‘’C’est dangereux d’expliciter la corruption par la précarité’’, soutient Diatou Cissé Badiane, ancienne secrétaire générale du Synpics. Elle pointe du doigt certains responsables de rédaction, notamment des doyens, qui pervertissent les jeunes reporters en les envoyant en reportage, sans leur donner de frais au motif qu’ils en recevraient sur place. ‘’Les jeunes peuvent refuser de partir en reportage dans certaines conditions.

Il ne faut pas vous laisser piétiner pour 5000 F qu’on vous donne avec mépris’’, peste-t-elle. Et Jean Meissa Diop de préciser qu’il n’y a pas que les jeunes reporters qui sont confrontés à la corruption dont la solution réside dans la sensibilisation. Les différents panélistes et intervenants sont tous d’avis que cette sensibilisation doit se faire en direction des journalistes, mais aussi des ONG et autres organisations qui, pourtant, luttent contre la corruption, mais sont enclines à corrompre la presse pour faire passer leurs messages.
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