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Élections des hauts conseillers des collectivités territoriales: Entre calculs politiciens et logiques politiques
Publié le mardi 16 aout 2016  |  Enquête Plus
Macky
© Présidence
Macky Sall à Thiès pour les besoins du Conseil des ministres décentralisé
Thiès, le 05 Juin 2014- Les populations de la ville de Thiès ont réservé mercredi un accueil triomphal au chef de l’Etat Macky Sall, venu dans la cité du rail pour présider un conseil de ministres décentralisé. Le chef de l`Etat a été reçu par le maire de Thiès, Idrissa Seck.




Derrière le boycott de l’élection des membres du Haut conseil des collectivités territoriales par le Rewmi d’Idrissa Seck et le Grand parti de Malick Gakou et la décision du parti au pouvoir de ne pas présenter de listes à Dakar se cachent des calculs politiciens.

L’élection des membres du Haut conseil des collectivités territoriales est partie pour déterminer les véritables rapports de forces politiques du moment en perspective des prochaines joutes électorales. Les enjeux de cette élection se joueront en effet sur le champ politique. Mais d’ores et déjà, certains partis déclarent forfait en direction de ce scrutin. C’est le cas du Rewmi d’Idrissa Seck et du Grand parti (GP) de Malick Gakou. Pour le cas du parti au pouvoir, l’Alliance pour la République (APR), c’est à Dakar que son président Macky Sall, par ailleurs président de la République, a décidé de ne pas présenter de listes. Ces choix opérés par ces différentes chapelles politiques sont loin d’être anodins. Ils obéissent soit à des logiques politiques soit à des calculs purement politiciens.

Le Rewmi conséquent avec lui-même

En effet, la décision d’Idrissa Seck de ne pas s’engager dans ce processus électoral procède d’une logique politique. Le leader dudit parti, Idrissa Seck, s’est voulu conséquent avec ses propres choix politiques. Lors du référendum du 20 mars 2016, il s’était beaucoup investi pour appeler les populations à rejeter le projet de réforme constitutionnelle soumis au peuple par le régime. S’il n’était pas du tout d’accord sur certaines dispositions de cette réforme, il l’était plus contre l’érection du Haut conseil des collectivités territoriales qu’il a toujours considéré comme un Sénat bis. Participer à cette élection, quelques mois seulement après le référendum serait donc, pour le président du Conseil départemental de Thiès, une manière d’avaliser cette institution qu’il qualifie déjà de budgétivore. Ce serait même accepter de tomber dans le piège du président de la République qui tente tant bien que mal de crédibiliser cette nouvelle chambre qui vient s’ajouter à l’architecture institutionnelle juste derrière le Parlement, donc avant le Conseil économique social et environnemental (CESE).

Mais il n’y a pas que cet aspect. Car si le boycott de Rewmi obéit à une logique politique, il cache aussi des calculs politiciens. Idrissa Seck, en bon stratège, ne veut pas prendre le risque de perdre encore du terrain à Thiès, à quelques encablures seulement des prochaines élections législatives de 2017. Dans un contexte marqué par des divergences entre lui et le maire de Thiès, Talla Sylla, un de ses principaux soutiens au sein même du Conseil municipal de Thiès, le risque est trop grand pour Idrissa Seck de s’aventurer dans ces élections.

Le PDS dans une incohérence politique

Toutefois, si le Rewmi veut être conséquent avec lui-même en décidant de ne pas participer à cette élection, ce n’est pas le cas pour le Parti démocratique sénégalais (PDS). Bien qu’ayant rejeté la réforme qui a institué le HCCT et battu campagne pour le NON, lors du référendum du 20 mars 2016, le PDS a tout de même pris la décision de participer à ce scrutin. Mais les libéraux du PDS ne peuvent pas faire autrement. Boycotter cette élection serait synonyme pour Oumar Sarr et ses camarades d’abdication politique et laisser le champ libre aux tenants du pouvoir, surtout dans les zones qu’ils contrôlent, notamment à Bambey et Dagana, Touba en perspective des prochaines élections législatives de 2017 et présidentielle de 2019. Le pari serait trop risqué pour les camarades d’Abdoulaye Wade de déclarer forfait et de laisser les nouveaux Hauts conseillers de l’APR dérouler sur le champ politique sans être inquiétés.

Macky Sall anticipe sur une défaite à Dakar

Les enjeux de cette élection pour le Haut conseil des collectivités locales, s’ils ne sont pas bien perçus par une bonne frange des populations sénégalaises, le sont bien par les politiques. Le président de la République semble avoir étudié tous les cas de figures, avant de décider finalement de laisser Khalifa Sall et la coalition Taxawu Dakar dérouler tranquillement à Dakar. Le chef de l’Etat, en bon élève d’Abdoulaye Wade, sait qu’il ne peut rien espérer à Dakar, à l’issue de cette élection. Si le contexte lui est favorable, la réalité du terrain ne lui permet pas de plonger.

Sur les 19 communes que compte la capitale, l’APR ne contrôle que celle de Yoff, 16 étant tombées dans l’escarcelle de Khalifa Sall et de la coalition Taxawu Dakar, une entre les mains de la Convergence libérale démocratique/Bokk gis gis de Pape Diop et une autre dirigée par un indépendant. Une situation qui fait que, sur les 3 sièges attribués au département de Dakar, il ne peut rien espérer. C’est d’ailleurs pour anticiper cette raclée que Macky Sall n’a pas voulu perdre trop d’énergie dans la capitale sénégalaise pour se consacrer au reste du pays où il contrôle une bonne partie des 602 collectivités locales. Ce qui fait que sa décision de ne pas présenter de candidat à Dakar, obéit plus à une logique politique qu’à une concession faite à Khalifa Sall qui est de plus en plus l’adversaire à abattre avant les prochaines compétitions électorales.

Le Grand parti pas du tout concerné par l’élection du HCCT

Cependant, si les différentes positions affichées par le Rewmi et l’APR obéissent à des logiques politiques, celle adoptée par le Grand parti de Malick Gackou ressemble plus à un calcul purement politicien ou à une simple stratégie de positionnement. Le GP, en tant que formation politique née des flancs de l’Alliance des forces du progrès (AFP) de Moustapha Niasse, a été porté sur les fonts baptismaux bien après les élections locales de 2014. Ainsi, l’on se rend facilement compte qu’il ne peut en rien être concerné par ces élections des membres du Haut conseil des collectivités territoriales, si ce n’est pour soutenir d’autres candidats. Même si Malick Gakou compte dans son escarcelle des conseillers municipaux et départementaux qui ont quitté son ancien parti pour le rejoindre, aucun d’entre eux ne semble être dans une position lui permettant de postuler et de gagner un siège au sein du HCCT.

Gackou et ses camarades, en déclarant donc forfait, tentent par là de se positionner sur l’échiquier politique national, tout en vilipendant la mise en place du HCCT, dans un contexte où tout est prioritaire pour améliorer les conditions de vie des Sénégalais.
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