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Abandoné par tous les membres de sa famille: Cheikh Sèye, le sexagénaire ‘’orphelin’’
Publié le vendredi 5 aout 2016  |  Enquête Plus




Cheikh Sèye restera à jamais marqué par la lèpre. Devenue personne vivant seule (Pvs) à cause de la maladie, ce sexagénaire souffre aujourd’hui des complications de cette pathologie. A Mballing, son village de refuge, il est entretenu par ses voisins et amis, loin de ses parents qui l’ont abandonné, dès la découverte de son infection. C’est avec un cœur lourd, un énorme désarroi qu’il s’est confié à EnQuête.

Son état indique la solitude dans laquelle il vit. Visage pâle, regard hagard, sa mine peu soignée témoigne d’un manque de joie de vivre. Pieds bots, simples moignons de bras, le vieux Cheikh Sèye est un guéri de la lèpre. Il peine à se déplacer. Cette image du natif de Mbirkilane témoigne d’une vie antérieure assurément infernale. Il vit seul, loin de ses amis et parents. Dans son entourage, il est appelé PVS, une personne vivant seule. Ce sexagénaire (68 ans) dit être seul dans son monde. Surtout depuis la mort de sa maman en 2004. La seule personne qui venait lui rendre visite à Mballing.

C’est en 1960 que tout a commencé. Comme tous les malades de lèpre, Cheikh a vu apparaître sur son corps des taches. Il était à ce moment dans son Mbirkilane natal, situé dans la région de Kaffrine. Il a continué à vivre avec ses taches jusqu’en 1963, année de la découverte de sa maladie. En 1983, il quitte sa commune pour Mballing à la recherche de soins. A son arrivée dans ce village de reclassement social, il est logé dans l’un des cinq bâtiments construits pour accueillir les premiers malades. C’est d’ailleurs dans ce bâtiment qu’il vit toujours. Il est pris en charge par les habitants, appuyé par certaines ONG.

Il y est resté deux ans sans recevoir la visite d’un ami ou d’un parent. Son entourage, même ses amis intimes l’ont abandonné à cause de la maladie. ‘’Quand ils ont su que j’avais la lèpre, personne n’a voulu s’approcher de moi. Même mes propres parents, c’est-à-dire oncles, tantes, entre autres. Je n’ai pas cherché non plus à les voir. Parce que, comme on a l’habitude de le dire, c’est dans le besoin qu’on reconnaît ceux qui nous aiment. Je ne peux pas cacher qu’ils me manquent. Après tout, ce sont les miens’’, se plaint-il, les larmes sur les joues.

Quand il voit ses nouveaux amis avec leur famille, l’envie lui vient d’être entouré des siens. Son plus grand souhait dans ces moments de solitude, c’est de disposer d’une douce moitié et d’une progéniture qui, pense-t-il, seraient plus compréhensifs et auraient rendu sa vie moins difficile. ‘’Vous savez, quand vous avez des enfants. Ils sont les seuls à pouvoir vous comprendre, vous soutenir dans les bons comme les mauvais moments. Mais je n’ai ni de femme, ni enfants, c’est ce qui rend la situation plus difficile’’ confie M Sèye.

Après quatre ans de traitement, plus précisément en 1987, il est déclaré guéri de la lèpre. Comme un enfant, il est tout joyeux et pressé de rentrer chez lui. Mais sa joie n’aura duré qu’une année. Car en 1988, il a commencé à avoir des complications. Son pied a commencé à lui jouer de mauvais tours, jusqu’à ce qu’il soit interné, l’année dernière pendant 7 mois au CHU (centre hospitalier universitaire de Fann).

D’ailleurs, le 5 août prochain, il a un rendez-vous à l’Ordre de Malte pour suivre le traitement de son pied. ‘’Je suis sans travail. Je dépends entièrement de mes voisins. Je lance un appel aux bonnes volontés. Je suis très fatigué. Je n’ai personne. Je n’attends que la mort. Il faut qu’on m’aide. Je suis vraiment désespéré’’, sollicite Cheikh Sèye, les yeux fermés, les deux moignons de bras posés sur la partie du cœur comme un orphelin. C’est ce mot qu’il utilise souvent dans son discours. ‘’Je suis un orphelin total’’.
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