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Relaxés au bénéfice du doute : Les mendiants retrouvent la rue
Publié le vendredi 29 juillet 2016  |  Le Quotidien




Les personnes vivant avec un handicap, qui comparaissaient hier devant le tribunal d’instance pour mendicité, ont été relaxées au bénéfice du doute.

C’est une image inhabituelle. Le Palais de justice de Dakar a été pris hier d’assaut par les mendiants vivant avec un handicap moteur. Ils étaient venus à bord de leurs chaises roulantes pour soutenir leurs collègues arrêtés, il y a une semaine. Khoudia Lèye, Soukeyna Kébé, Awa Seck, Awa Fall, Coura Ndiaye, Mamadou Sy et Amy Gningue comparaissaient ainsi pour le délit de mendicité avant d’être relaxés au bénéfice du doute.
A la barre, ils ont tous avoué leur statut de mendiant tout en précisant que le jour des faits, ils ne se livraient pas à la mendicité mais, se partageaient plutôt leur obole quand les Forces de l’ordre ont procédé à leur arrestation au feu rouge qui jouxte l’Hôtel des députés. L’unique homme du groupe Mamadou Sy a déclaré quant à lui être arrêté devant la Cathédrale Notre Dame des Victoires alors qu’il se rendait à l’hôpital au chevet de son épouse malade. Après avoir demandé de renvoyer Mamadou Sy et Khoudia Lèye des fins de la poursuite, la représentante du ministère public a requis 10 jours de prison avec sursis pour les autres détenus.
Les avocats de la défense ne se sont pas privés de s’indigner du traitement réservé par l’Etat à ces personnes victimes de la nature. «Je n’aurai jamais imaginé qu’un Etat pouvait être aussi discriminatoire face aux personnes handicapées. J’expri­me toute ma désolation, toute mon amertume contre les poursuites fondées sur une loi obsolète contraire aux conventions internationales ratifiées par le Sénégal. Je n’ai pas compris les raisons qui ont conduit le Parquet à placer sous mandat de dépôt ces personnes. Cette loi est une loi coloniale. Ce sont des nécessiteux, ils ont faim tous les jours. Ces personnes font partie de la société», a martelé Me Mbaye Jacques Diop selon qui, c’est l’Etat qui a violé la loi. D’après lui, personne n’aimerait être dans la rue pour mendier. «La mendicité, c’est l’ultime recours d’une personne digne qui ne veut pas voler, se prostituer ou vendre de la drogue», ajoute-t-il. De Senghor à Macky Sall en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, aucun chef d’Etat ne s’est jamais soucié des handicapés, accuse la robe noire. De l’avis de cet avocat, «nous sommes tous coupables parce que nous donnons tous de l’aumône». Et selon lui, il faut aider humainement ces personnes, car la Bible tout comme le Coran n’ont jamais interdit de donner de l’aumône à ces personnes. «Il faut que l’hypocrisie sociale cesse», conseille-t-il.
Dans la même veine, Me Ibrahima Mbengue dira que c’est la société, qui est très cruelle à l’endroit de ces personnes. Selon lui, ces gens n’ont pas demandé à être des mendiants. «La mendicité est un délit d’habitude. Ce n’est pas parce qu’on a eu à recevoir de l’aumône qu’on est mendiant», souligne-t-il. Cet avis est partagé par tous ces confrères qui pensent que c’est l’Etat qui a failli à sa mission à l’endroit de ces personnes malades. Le même Etat, soutient Me Kabibel, tend la main aux pays riches pour payer les travailleurs, construire des routes et des forages.
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