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Portrait - Seynabou Ndiaye Diakhaté, président de l’Ofnac : Juge anti-corruption
Publié le jeudi 28 juillet 2016  |  Le Quotidien




Elle revient aux affaires grâce à sa nomination comme président de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac). Seynabou Ndiaye Diakhaté, magistrate, jusqu’ici conseillère à la Chambre administrative et à la Chambre criminelle de la Cour suprême du Sénégal, est loin d’être une parfaite inconnue des hautes sphères de la République. Doyenne des juges pendant quatre ans (2003-2007), son cabinet d’instruction était celui des affaires dites «sensibles» aux premières années du règne de Abdoulaye Wade. Latif Guèye, Madiambal Diagne, Abdourahim Agne et l’ex-Premier ministre Idrissa Seck sont passés dans son bureau pour prendre un aller simple vers la Maison centrale d’arrêt et de correction de Rebeuss. Mme Diakhaté occupait en son temps la «station» judiciaire la plus médiatisée. Bien qu’étant réputée réservée et rigoureuse, elle n’en bénéficie pas moins d’une grande sympathie dans le milieu de la justice. Celle qui avait été perdue par les dossiers des pots-de-vin de la corniche revient aux affaires après un passage à la Cour de justice de l’Uemoa.
Le Quotidien publie encore le portrait de la célèbre magistrate qu’il avait dressé dans son édition du samedi 6 et dimanche 7 août 2005, au moment où cette dernière était au cœur de l’actualité.

Courtoise, humaine et sans artifice. Les qualificatifs ne manquent pas et ce n’est pas un admirateur qui parle, mais une ancienne «victime». Madiambal Diagne, journaliste, venait lui aussi de faire les frais du fameux article 80 qui nécessite le mandat de dépôt, c’est-à-dire une incarcération immédiate. «J’ai senti une bonne femme qui était à la limite embarrassée de me mettre en prison. Elle a détourné son regard lorsqu’elle me notifiait mon inculpation», martèle celui qui est sorti du bureau de Seynabou Ndiaye Diakhaté, charmé, presque séduit. «A chaque fois qu’elle me recevait, elle prenait la peine de prendre de mes nouvelles, il nous arrivait de discuter d’autres sujets et même d’échanger quelques mots en anglais», poursuit le directeur de publication d’alors du journal Le Quotidien. En somme, «aucune animosité» au cours de leur tête-à-tête. Venant d’une personne qui a passé plusieurs jours en prison, ce témoignage en dit long sur celle qui occupe le premier cabinet d’instruction du Tribunal de Dakar depuis septembre 2003. D’où d’ailleurs son titre de l’époque de Doyenne des juges, car traditionnellement cette dénomination revient de fait au locataire du premier cabinet d’instruction de l’ex-célèbre bloc des Madeleines. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le Doyen des juges n’est pas forcément le plus âgé d’entre eux. Sur les six cabinets d’instruction que compte le Tribunal de Dakar, le premier est le plus exposé. Le plus médiatisé, car héritant des dossiers dits «sensibles». Les affaires politiques, de même que de grands banditismes y sont instruites. La terrible bande à Alex et Ino est passée devant un prédécesseur de Seynabou Ndiaye Diakhaté, le juge Demba Kandji, présentement président du Tribunal régional Hors classe de Dakar. Ce sont surtout les affaires con­cernant des personnalités politiques qui l’ont projetée au-devant de la scène. Ce dont elle se serait bien passé, vu sa timidité.

Doyenne par décret
Latif Guèye, alors président de la fondation L’Afrique Aide l’Afrique, Abdourahim Agne, président d’un parti de l’opposition et l’ancien Premier ministre Idrissa Seck ont eu à l’affronter. Comble de l’ironie, il se dit dans les milieux de la justice que c’est «Idy» lui-même qui aurait «accompagné», depuis le parquet de la République à Thiès, l’ascension de la «Doyenne», comme l’appellent non sans un brin d’affection ses collègues. Le destin peut se montrer parfois cynique. Seynabou Ndiaye Diakhaté a été le premier doyen des juges nommé par décret présidentiel. Du jamais vu, selon un juge sous le couvert de l’anonymat. «Dans le décret, il est stipulé qu’elle est nommée Doyenne des juges, en même temps que sa nomination comme juge d’instruction du premier cabinet, alors que jusqu’ici l’appellation, Doyenne des juges, n’a jamais été officialisée dans un décret et cela, pour la bonne et simple raison que ce titre est purement honorifique. Il n’existe nulle part dans l’organigramme de la justice», renseignait-il.
Au tout début de la première alternance et dans le sillage des audits, le troisième Premier ministre de Wade avait fait de l’emprisonnement de Mbaye Diouf, ancien patron de la défunte Régie des chemins de fer, une affaire à la limite personnelle. Mme Diakhaté a été nommée procureur au Tribunal régional de Thiès en 2000. A cette époque, elle avait l’étiquette d’une dame de fer. On raconte qu’une seule personne était capable de lui arracher quelques mots et un sourire. Il s’agissait d’un déséquilibré mental du nom de Bou, un inconditionnel du maire de Thiès. Elle occupait jusqu’à cette date les fonctions de substitut du procureur en charge des mineurs au Tribunal de Dakar. Un poste qu’elle a occupé pendant dix ans. Selon un de ses collègues, elle s’occupait bien des mineurs et pense même que c’est cette expérience avec les enfants qui la rend aussi humaine dans ses relations avec les autres. Et comme si le sort de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck était inexorablement lié à cette dame, son mari, Cheikh Tidiane Diakhaté, lui aussi magistrat, premier président de la Cour d’appel, aura la charge de présider la commission mise en place par le Parlement pour instruire le dossier sur les chantiers de Thiès. En clair, même si Idy échappait au chef d’inculpation d’atteinte à la sûreté de l’Etat et à la défense nationale, dossier instruit par la Doyenne des juges, il devait faire face à son mari dans l’affaire des chantiers de Thiès. Toujours dans ses «connexions» supposées avec le pouvoir, il semblerait que la juge des «affaires sensibles» aurait été «rappelée» de Thiès pour entériner la mise sous mandat de dépôt de Latif Guèye, alors que le juge Baal qui occupait le poste à l’époque n’avait pas montré beaucoup d’empressement à le faire. Il aurait même refusé, arguant qu’il ne pouvait ouvrir un dossier qu’il ne pourrait pas instruire, car sachant qu’il allait être appelé à exercer d’autres fonctions. Mais tout cela n’entame en rien le respect et la crédibilité dont jouit Mme Diakhaté au sein de sa corporation. «Elle fait l’affaire», commentait un de ses collègues.

Respect de tous
Quinquagénaire, de teint noir et à la voix fluette, elle a gravi tous les échelons de la justice sénégalaise. A sa sortie de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam), (ou elle fut enseignante), elle a tour à tour été substitut du procureur et juge d’instruction. En plus du fait d’avoir la charge de dire le Droit, la Doyenne des juges d’alors jouait un important rôle administratif au niveau du Tribunal. Elle était une sorte d’intermédiaire entre les magistrats et la tutelle. Les demandes de matériels de bureau et autres réclamations passaient par elle. D’ailleurs, son cabinet était le seul qui disposait d’un secrétariat avec deux gendarmes et un greffier. Une position qui lui permettait de bénéficier de certains avantages. Une voiture de fonction et au besoin, une protection rapprochée. Comme tous les autres juges d’instruction, Seynabou Ndiaye Diakhaté avait, en plus des «dossiers sensibles», plus de trois cents cas à instruire dans l’année. Elle était très appréciée des avocats qui, parfois, pouvaient avoir des rapports assez heurtés avec les juges. «C’est une dame rigoureuse. Quand elle était substitut du procureur, elle était réputée être une excellente parquetière, et cette réputation la poursuit jusqu’à présent», affirmait Me Cheikh Ahmadou Ndiaye. «Une rigueur professionnelle qui n’exclut pas une grande courtoisie, car elle a de très bons rapports de courtoisie et de respect avec tout le monde», poursuivait l’avocat. Chez les autres avocats, le ton était tout aussi élogieux, ils reconnaissent tous que malgré sa «réserve», elle sait se montrer aimable. Pieuse, sensible, humble sont les mots qui reviennent le plus souvent pour la qualifier.
Pour ce qui est de sa vie privée, on ne sait pas grand-chose. Et pour cause, «c’est une femme rangée». Elle était la seconde épouse d’un second mariage, contracté avec le défunt président du Conseil constitutionnel Cheikh Tidiane Diakhaté. Son premier mari était un émigré qui vivait aux Etats-Unis. Et qu’elle n’a pas d’enfants.
En 2007, elle cède le poste de Doyen des juges à Mahawa Sémou Diouf, suite à une décision du Conseil supérieur de la magistrature. Certains considéraient qu’elle aurait été emportée par l’affaire des pots-de-vin de la corniche, sous le règne de Wade.
En 2013, elle est casée par le Président Macky Sall à la Cour de justice de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) en qualité d’avocat général. De 2013 à 2016, elle occupe le poste de Premier avocat général à la Cour de justice de l’Uemoa à Ouagadougou. En 2015, elle est limogée au même titre que ses cinq autres collègues membres de la juridiction de l’Uemoa par le président en exercice d’alors de l’organisation sous régionale, Boni Yayi.
Depuis avril 2016, la magistrate de formation arpente les couloirs de la Cour suprême du Sénégal où elle est nommée conseillère à la Chambre administrative et à la Chambre criminelle. Avant d’être propulsée ce lundi 25 juillet par le Président Macky Sall à la tête de l’Ofnac.
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