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Entretien avec Malick Gackou, président du Grand parti : «Quand le Président vient à Guédiawaye, c’est pour débaucher»
Publié le jeudi 21 juillet 2016  |  Le Quotidien
Malick
© Autre presse par DR
Malick Gackou, leader du Grand Parti




Hamath KANE & Madiambal DIAGNE Edition Abonnés 20 July 2016
«L’enfant de la banlieue» est dans ses bureaux chics du Virage. Ce conseil des ministres décentralisé qui se tient dans son fief, comme les autres, est, pour Malick Gackou, «politique» voire «politicien». Cet homme qui n’est pas un bleu politique, couleur de son costume, peaufine ses stratégies. Ses retrouvailles avec Abdoul Mbaye, «à la demande» de ce dernier, la libération de Karim Wade qui n’est pas un «deal» pour lui, les attaques entre Idrissa Seck et le Pds, etc., Gackou déroule.

La presse a évoqué une rencontre, le week-end dernier, entre partis de l’opposition chez Pape Diop. Y étiez-vous ?
Spécialement, pour la rencontre d’hier (Ndlr : dimanche, l’entretien a eu lieu lundi), on n’y était pas. J’étais en tournée dans le département de Foundiougne. Mais ce que je peux dire avec force, c’est que nous sommes membres à part entière de la coalition Gor ca wax ja et travaillons à l’unité de l’opposition pour une alternative crédible face au pouvoir.

Donc, vous n’avez pas été représenté à cette réunion ?
Non. Mais habituellement on participe à toutes les réunions.

Cette coalition considère que le Pds, qui n’était pas à cette réunion, n’en est plus membre...
Si, le Pds fait partie de la coalition.

Depuis un certain temps, des membres de l’opposition, notamment le Pds et Idrissa Seck, se tirent dans les pattes. Comment vous le voyez ?
Je pense que l’opposition, pour sa crédibilité, gagnerait à éviter de se tirer à hue et à dia. Cela est préjudiciable à notre action de tous les jours et je vais prendre des initiatives en ce sens. J’attendais le retour du Président Pape Diop pour, avec le coordonateur de la coalition, Mamadou Diop Decroix, amorcer les bases d’une nouvelle rencontre de l’opposition afin d’éviter de telles situations. L’oppo­sition doit quand même garder son unité qui est le gage de sa force et de son action pour le Sénégal.

Ces divergences ne sont-elles pas un handicap pour l’opposition justement ?
Vous savez, l’opposition évolue dans la pluralité. Je ne pense pas qu’il y ait des divergences. Chaque parti fonctionne avec son autonomie d’action et son plan de communication. L’essen­tiel, c’est d’atteindre l’objectif qui est de créer une alternative forte au régime.

Cette initiative ne serait-elle pas vaine au vu de la férocité des attaques entre Idrissa Seck et le Pds ?
Oui, sans nul doute ce sera un travail très compliqué, mais je ne désespère pas que nous puissions nous asseoir autour d’une table puisque le seul enjeu, c’est le Sénégal. Ce n’est ni le Pds, ni le Grand parti, encore moins le Rewmi.

De toute la classe politique, seul le leader de Rew­mi s’est insurgé contre la libération de Karim Wade. Cela ne vous a-t-il pas gêné ?
Ah, je ne sais pas si le leader de Rewmi s’est insurgé contre la libération de Karim Wade. J’ai cependant entendu le président Idrissa Seck dire qu’il souhaitait la libération de Karim Wade, comme tous les leaders de l’opposition d’ailleurs. Tout le monde l’a souhaitée pour l’apaisement du climat national. Et je ne pense pas que Idrissa Seck ait un seul instant souhaité que Karim Wade reste en prison.

Il dit qu’il n’y a aucun doute sur la culpabilité de Karim Wade…
Je ne peux pas apprécier les propos de Idrissa Seck. Je considère juste que Karim Wade a été libéré à la grande satisfaction de tous les membres de Gor ca wax ja dont le parti de Karim Wade, le Pds.

Voyez-vous, comme Idris­sa Seck, un «deal» dans la libération de Karim Wade ?
Je ne sais pas. Je ne vais pas lire dans les pensées de Idrissa Seck. Je crois seulement que s’il y a quelque chose qui n’est pas en phase avec les lois et règlements de notre pays, cela mérite d’être étudié. Je n’ai pas entendu Idrissa Seck parler de deal.

On dirait que vous ne lisez pas les journaux, ne regardez pas la télé, n’écoutez pas les radios…
Si, je lis les journaux. Bien souvent, on lit quelque chose dans les journaux et, le lendemain, quelqu’un dit : «Je n’ai jamais dit ça.» Encore une fois, ce que j’ai entendu de Idrissa Seck, c’est qu’il souhaitait clairement la libération de Idrissa Seck.

Donc, s’il dit le contraire, ce serait une incohérence…
Je ne sais pas s’il a dit le contraire.

Il a tenu une conférence de presse…
Je ne suis pas le porte-parole de Idrissa Seck. Il faut lui poser ces questions.

Cette libération est-elle un deal pour vous ?
Je ne peux pas parler de deal dans la libération de Karim Wade. Je n’en sais rien du tout. Peut-être que l’avenir nous le dira. Ce que je sais, c’est que moi-même j’ai toujours souhaité sa libération, qu’il soit auprès de sa famille, qu’il puisse faire bénéficier à son pays ses compétences et son expérience.

Malgré le jet privé qui l’a convoyé au Qatar…
Pour moi, ce sont des détails. Le plus important, ce sont les actes qui ont été posés et cet acte est légal. Il faut l’apprécier à sa juste valeur. Tout le reste, c’est de la politique. En réalité, toute cette polémique autour du jet privé est due à la cacophonie dans la communication gouvernementale. Je tiens à dire que je salue la contribution formidable des leaders religieux, des mouvements et partis politiques et de tous ceux qui ont souhaité cette libération dans le cadre strict de l’apaisement. Maintenant, s’il y a autre chose pour l’éclatement de la vérité dans cette affaire, nous aviserons.

Vous dites avoir souhaité sa libération. Peut-on dire que vous avez sollicité la grâce pour Karim Wade ?
Non. Je n’ai jamais demandé une grâce. Ce n’est pas ma prérogative et personne ne me l’a demandé non plus. J’ai quand même rendu visite à Karim Wade en prison à deux reprises.

On vous a vu en contact avec Karim Wade et son père. Qu’est-ce qui explique ce rapprochement ?
Abdoulaye Wade est un père pour moi. Je le connais depuis 1997 alors que j’étais jeune cadre au Conseil économique et social sous la présidence de Famara Ibrahima Sagna. J’avais aussi créé le courant du centre gauche au sein du Parti socialiste. C’est en ce moment-là que Abdoulaye Wade, à l’occasion d’une de mes conférences de presse, avait dépêché Modou Diagne Fada pour venir me parler du centre gauche. Alors, il m’a pris sous son aile protectrice et cela a continué. Je garde une grande affection pour lui. C’est une référence non seulement pour le Sénégal mais aussi pour l’Afri­que. Son combat pour la liberté et la démocratie est salutaire. Et je considère sa famille comme la mienne. Il me le rend bien en me prenant comme son fils.

Peut-on, en conséquence, s’attendre à une alliance entre le Grand parti et le Pds ou entre Gackou et Karim Wade ?
Mais bien évidemment ! En politique, on ne dit jamais «ja­mais». Naturellement, au nom de l’intérêt que nous manifestons pour le pays, aucune forme d’alliance ne nous est interdite. Et je souligne que nous avons les meilleures relations possibles avec tous les partis politiques du Sénégal.

Dans le cadre de cette grande alliance de l’opposition, on a constaté que lors de la rencontre des leaders de l’opposition à Saly, d’aucuns n’ont pas vu d’un bon œil la participation du parti de l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye. Comment voyez-vous cet ostracisme ?
Lorsqu’on était à Saly, le parti de Abdoul Mbaye venait juste de naître. Il n’y a pas eu de contacts entre nous et le Premier ministre Abdoul Mbaye. Et je ne vois pas de raisons qui peuvent justifier que Abdoul Mbaye ne rejoigne pas le cadre de l’opposition. Ce cadre n’est pas fermé. Nous avons un code de conduite pour la solidarité, le renforcement et la crédibilité de la coalition et du combat que nous menons pour le Sénégal. Et chaque parti qui adopte ce code est membre du cadre.

Un code de conduite que le Pds n’avait pas respecté, d’après Idrissa Seck qui a critiqué la participation de ce parti au dialogue national…
Arrêtez de me poser des questions sur Idrissa Seck ou sur quelqu’un d’autre ! Ce que je sais, c’est que c’est un code de conduite que nous avions promis d’améliorer pour l’adapter aux circonstances politiques actuelles. Je pense que c’est un code de conduite que nous allons tous parapher et signer. Si le parti du Premier ministre, l’Act, veut y adhérer, rien ne devrait s’y opposer.

Comme il y avait l’acte 1 de vos retrouvailles avec Ab­doul Mbaye la semaine dernière…
Il y aura peut-être acte 3. Avant de parler de retrouvailles, on ne s’est jamais quitté, le Premier ministre Abdoul Mbaye et moi. Bien évidemment, nous avons travaillé dans le cadre d’un gouvernement avec quelques problèmes. Maintenant, nous sommes dans l’opposition. Donc, c’est tout à fait normal qu’on puisse se retrouver pour parler des problèmes du Sénégal.

Quelle est la signification de cette entente ?
C’est la signification d’une visite de courtoisie. Ce sont des partis membres de l’opposition et de surcroit voisins. Nos permanences sont très voisines.

Quelle est sa finalité ?
Vous savez, lorsque deux partis politiques se rencontrent, on peut toujours envisager des perspectives. Pour l’heure, cette visite de courtoisie du Premier ministre Abdoul Mbaye est une visite d’amitié et de fraternité et je la salue par rapport à la volonté que nous avons de travailler pour le Sénégal.

Vous aviez été en désaccord dans le gouvernement. Ce qui avait motivé votre démission…
Le gouvernement, c’est le gouvernement. Il m’est difficile de revenir sur les aspérités et les difficultés du travail et de l’action gouvernementale. Par contre, ce qui est sûr, c’est que tout le monde a vécu en son temps ce qui s’était passé. Ce que je considère aujourd’hui comme un acte très fort, c’est que malgré tout, l’histoire nous a permis de nous retrouver. Je pense que l’histoire appréciera à l’aune de ce qui se passe aujourd’hui.

Peut-on considérer qu’on peut être en désaccord dans un gouvernement et être d’accord dans l’opposition ?
Je considère juste que les problèmes du gouvernement sont derrière nous. J’ai démissionné du gouvernement au moment où Abdoul Mbaye continuait à être Premier ministre. Lui-même a été sorti du gouvernement par le président de la République.

Mais vous avez démissionné du gouvernement en désaccord avec Abdoul Mbaye sur une question précise…
Vous savez, il m’est difficile de revenir sur l’objet de ma démission. Je ne peux pas dévoiler les secrets de l’action du gouvernement. C’est pourquoi, je me refuse de parler du pourquoi de ma démission. Ce qui demeure constant, c’est que j’ai démissionné du gouvernement tandis que Abdoul Mbaye était toujours Premier ministre. Il a été, plus tard, démis de ses fonctions par le président de la République. On peut en tirer des enseignements. Maintenant, je reste et demeure toujours au service des intérêts supérieurs de la Nation. Que cela soit dans le gouvernement ou dans l’opposition, je reste constant dans cette dynamique et dans cette logique.

On respecte votre choix de ne pas revenir sur les conditions de votre démission mais regrettez-vous ce geste ?
Comment pourrais-je regretter d’avoir démissionné d’un gouvernement ? Démissionner d’un gouvernement est un acte très fort et très lourd. Je suis le seul ministre, au Sénégal, qui n’ait pas été accusé de quoi que ce soit et qui a démissionné d’un gouvernement dans toute l’histoire politique de notre pays. C’est un acte très fort et républicain mais qui a aussi la signification d’un engagement fort pour ce pays. J’ai mis ma personne en dehors de cette action. J’ai mis le Sénégal devant moi en prenant la décision qui me paraissait la plus appropriée. Sous ce rapport, je ne peux pas regretter cet acte.

Comment appréciez-vous la sortie au vitriol de Abdoul Mbaye qui a tiré sur la classe politique lors du lancement de son parti en mai dernier ?
De tradition, je n’apprécie pas les actions des protagonistes du jeu politique. Ce que je sais, c’est que le Premier ministre Abdoul Mbaye est venu me rencontrer. Je l’ai reçu à sa demande pour une visite de courtoisie, d’amitié et de bon voisinage. C’est un acte fort que j’ai apprécié. Main­tenant, comment Abdoul Mbaye apprécie la situation politique et les hommes politiques ? Il faudra lui poser la question.

Etes-vous un «politicien professionnel», pour re­pren­­dre ses propos ?
(Rires) Pas du tout ! Je suis un docteur en sciences économiques qui travaille. Je n’ai jamais été un professionnel de la politique qui ne m’a jamais donné un salaire. C’est pourquoi je ne peux pas être considéré comme un professionnel de la politique.

Avez-vous discuté de cette question ?
Je pense qu’il faut laisser à Abdoul Mbaye ou à n’importe quel acteur de la vie politique les choix de ce qu’il dit. Cela ne m’intéresse même pas de lui poser la question. Ce qui m’intéresse, ce sont les actes qu’il pose pour le Sénégal et dans quelle mesure nous pouvons ensemble consolider et renforcer ces actions au service du pays.

Peut-on dire que vous avez donc soldé tous les comptes ?
(Rires) On n’avait pas de comptes à solder. Je pense que le Premier ministre Abdoul Mbaye est un grand frère. Nous avons été dans un gouvernement duquel j’ai démissionné pour des raisons évidentes et certainement connues. Aujourd’hui, on se retrouve dans l’opposition, peut-être que c’est la meilleure manière de dire que j’avais raison. C’est aussi la meilleure manière de dire que l’histoire nous a donné raison. Peut-être qu’on se retrouvera quelque part ailleurs demain. Le plus important et c’est le socle de mon action pour le Sénégal et dans ma vie politique, les actes que je pose sont corroborés par ma vision du Sénégal et ma conviction très forte d’être au service de ce pays avec désintérêt, force et pertinence.

Quelle appréciation faites-vous du Conseil des ministres décentralisé dédié cette semaine à la banlieue de Dakar ?
Je dois dire avant tout que ces conseils des ministres décentralisés sont politiques. J’étais membre du gouvernement. Au terme du premier Conseil des ministres tenu à Saint-Louis, le président de la République s’était engagé à faire des investissements dans cette ville à hauteur de 306, 7 milliards de francs Cfa. Ensuite, Kaolack 255 milliards, Thiès 447 milliards, Ziguinchor 360 milliards, Matam 127 milliards, Kolda 204 milliards, Kaffrine 206 milliards, Diourbel 209 milliards et enfin Fatick, le 22 juillet 2015, avec 246 milliards. Comme par la magie de l’histoire, le week-end j’étais à Foundiougne et je disais à mes amis que j’étais en train de chercher les 246 milliards que le président de la République nous avait promis.

En fait, c’est pour dire qu’au total, le gouvernement a promis à toutes ses régions près de 3 200 milliards de F Cfa de 2012 à 2016. C’est quasiment le budget du Sénégal. Où est-ce que cet argent a été investi ? Je crois que ce gouvernement devrait nous dire, mercredi, au terme de son communiqué : «Voilà l’évaluation de ce qui a été investi dans toutes les régions du Sénégal.» Sinon il va manquer à son devoir. On ne peut pas promettre à des régions des milliards et ne rien faire. Plus grave, dans le cadre du plan d’action prioritaire du gouvernement, dans la politique économique du Pse, il est dit clairement que le Pse était à la recherche de 9 685 milliards investis sur 3 ans, de 2014 à 2017, et cherchait un taux de croissance qui dépassait les 8%. Nulle part dans le cadre de l’élaboration de ce plan d’action prioritaire, on ne voit les investissements qui ont été promis aux régions à travers les Conseils des ministres décentralisés. Donc, cette cacophonie de la politique du gouvernement mérite d’être clarifiée. Les Sénégalais doivent savoir que le gouvernement donne des chiffres à l’emporte-pièce pour leur faire croire une embellie qui n’existe pas ou qui ne l’est que de nom. C’est la raison pour laquelle je crois que ces Conseils des ministres décentralisés n’apporteront absolument rien au bien-être social de la population et sont tout à fait politiques parce que n’impliquant pas les forces vives de la Nation qui ne sont ni l’Apr ni la coalition au pouvoir, mais toutes les composantes de la société.

Vous dites que ces conseils sont politiques. N’est-ce pas alors une menace pour vous dans votre fief, la banlieue ?
Je cite encore une fois le Général de Gaulle : «Je ne fais pas de politique à la corbeille.» Quand le président de la Répu­blique vient à Guédiawaye, à Pikine, sous le couvert du Conseil des ministres, c’est juste pour faire des débauchages en recevant des leaders. C’est connu, mais c’est de bonne guerre que le président de la République vienne dans mon fief, la banlieue, pour acquérir plus de voix, et on ne peut pas le lui reprocher. C’est cela qui nous fait penser que ce sont des Conseils de ministres très politiques et, à la limite, politiciens. Mais ce n’est pas cela qui fera que les populations de la banlieue vont voter pour Macky Sall. En tout cas, ce que je peux dire avec certitude : le jour où le Sénégal organisera des élections libres, démocratiques et transparentes, avec une Ceni capable de matérialiser les volontés populaires, personne ne me gagnera dans la banlieue, ni à Guédia­waye ni à Pikine.

Considérez-vous donc que le processus électoral n’est pas fiable ?
Évidemment le processus électoral n’est pas fiable. Un ministre de l’Intérieur partisan, quel qu’il soit d’ailleurs, pas seulement Abdoulaye Daouda Diallo, ne peut organiser des élections libres et démocratiques ! C’est ma conviction. Nous devons évoluer, à l’instar de la Côte d’Ivoire, qui est notre principal partenaire dans la sous-région, pour avoir une commission électorale nationale indépendante à même de surveiller l’ensemble du processus électoral.

On vous rétorquerait que les Législatives de 2012 et même les Locales de 2009 et 2014 gérées par des ministres de l’Intérieur, membres du parti au pouvoir, se sont bien déroulées…
Oui, mais vous savez aussi que pour d’autres élections, c’est un ministre neutre chargé des Elections. Dites-moi alors qu’il y a eu deux alternances au Sénégal parce qu’il y avait des ministres de l’Intérieur qui n’étaient pas dans un parti politique ! Ce n’est pas cela le problème. Même avec un mauvais système, on peut avoir de bons résultats. Mais le problème, c’est d’avoir un bon système pour avoir de bons résultats parce que le Sénégal est une Nation phare en matière de démocratie et nous avons une reconnaissance internationale établie à cet égard-là. Aujour­d’hui, je donne l’exemple de ma commune, Sahm Notaire, tous les jours on voit des cars Ndiaga Ndiaye qui transportent des Sénégalais d’horizons divers pour venir s’inscrire dans les centres de vote.

Ce qui est étonnant c’est que depuis 2000, on n’a pas entendu une élection con­tes­tée au Sénégal…
Toutes les élections sont contestées au Sénégal depuis 2000. Même des élections qui ont été gagnées par l’opposition ont été contestées au Sénégal, soit par le pouvoir soit pas l’opposition. La contestation n’a pas été conséquente peut-être. Et si le processus électoral évolue, c’est parce que les élections ont été contestées. Pourquoi on a quitté l’Onel, pour ensuite mettre un ministre de l’Intérieur neutre, puis un ministre chargé des Elections ? Pourquoi on a mis en place la Cena ? C’est parce que on a un problème d’évolution du système électoral ! C’est pourquoi aujourd’hui il faut non seulement aller plus loin mais être en phase avec les conclusions des Assises nationales. Vous dites tout à l’heure 2009, mais les Assises avaient recommandé la Ceni. Ce n’est que de cette manière que nous pourrons nous féliciter entre nous. Il n’y a pas d’ennemis dans la classe politique. On ne peut pas faire des élections et appeler les gens le lendemain. Même le référendum a été contesté parce que l’opposition dit ne pas reconnaître les résultats parce qu’elle n’avait pas le fichier électoral, la liste des bureaux et centres de vote. Mais c’est ahurissant qu’au 21ème siècle qu’on se mette à dépendre d’un ministre de l’Intérieur partisan pour avoir des éléments de fiabilité du système électoral !
Comparaison n’est pas raison peut-être, mais dans des grandes démocraties comme la France, le ministre de l’Intérieur est toujours membre d’un parti…
Entre le Sénégal et la France, les différences sont abyssales. La France a quand même un système démocratique qui a évolué depuis plus de 400 ans ! Je ne peux pas me permettre de comparer les deux systèmes.
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