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Protocole de Rebeuss, protocole de Doha: La société civile exige la lumière
Publié le mercredi 13 juillet 2016  |  Sud Quotidien
Ouverture
© aDakar.com par DF
Ouverture du procès de Hissène Habré
Dakar, le 20 Juillet 2015 - Le procès de l`ancien président tchadien Hissène Habré s`est ouvert, ce matin, à Dakar. L`ancien chef d`État réfugié au Sénégal depuis 1990 est jugé pour "crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de torture". Photo: Aboubacry Mbodj, secrétaire général de la Raddho




Les différents protocoles, en l’occurrence celui de Doha concernant le chef de l’Etat Macky Sall et le candidat du Parti démocratique sénégalais (Pds), Karim Wade, ou encore celui de Rebeuss, mettant en exergue l’ancien président, Abdoulaye Wade, et son ex-premier ministre, Idrissa Seck, doivent tous être tirés au clair. Mieux, après les déclarations de Me Ousmane Seye, un des acteurs du «protocole de Rebeuss», sur l’existence d’un document attestant le «deal» pour la libération d’Idrissa Seck, le procureur de la République doit se saisir de l’affaire. C’est la conviction de la société civile sénégalaise, notamment Amnesty international section sénégalaise, par la voix de son Directeur exécutif, Seydi Gassama sur les ondes de la Rfm, ainsi que du Secrétaire général de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho), Aboubacry Mbodj, tout comme du côté du Forum du justiciable, en la personne de son président, Babacar Ba, tous les deux interpellés par la rédaction de Sud Quotidien.

SEYDI GASSAMA, DIRECTEUR EXECUTIF D’AMNESTY SECTION SENEGALAISE : «Il faut que ces documents soient publiés»

Le protocole de Doha, on n’en a pas entendu parler par des voix autorisées. En ce qui concerne Karim Wade, le protocole de Daha n’est jusque-là que supputation. Je ne voudrais pas m’épancher sur ce dit protocole. Je dis que ce ne sont, pour le moment, que des supputations parce que je n’ai pas entendu l’un des protagonistes dire qu’il y a un protocole de Doha, comme on l’a entendu qu’en même de la part des principaux acteurs parler de protocole de Rebeuss. On peut se poser toutes sortes de questions sur la libération de Karim, car on est dans une société démocratique, ouverte. Les citoyens ont le droit de savoir si des gens sont intervenus pour obtenir la libération de Karim Wade. Je crois que certains de ces acteurs ont affiché clairement leur position en disant qu’ils sont intervenus. Beaucoup de chefs religieux sont intervenus pour obtenir la libération de Karim Wade. Il y a certainement des Etats qui sont intervenus. Je ne vois pas pourquoi l’Etat du Sénégal ne dirait pas ouvertement, tel et tel Etat est intervenu. Tout en n’essayant pas de faire le poids des uns et des autres dans l’intervention. Je reste persuadé que c’est la pression des chefs religieux, aussi bien Mouride que Tidiane, qui a été déterminante. Je reste aussi persuadé que les actions menées par les avocats au niveau des instances internationales ont été déterminantes pour sa libération.

Je pense que l’Etat du Sénégal a l’obligation de communiquer de façon ouverte, transparente avec les citoyens. On est dans une démocratie et lorsque des citoyens se posent des questions, il est de l’obligation de l’Etat de donner des éclaircissements. Je crois que beaucoup de gens se sont exprimés au sujet de l’affaire Karim Wade. Il y a des questions qui subsistent. Il appartient aux autorités, si elles détiennent encore des informations qui n’ont pas été livrées, de les donner aux Sénégalais parce que c’est un droit pour les Sénégalais de savoir comment tout cela a pu aboutir à la libération de Karim Wade.

Pour ce qui concerne le protocole de Rebeuss, on parle de 21 milliards. C’est 21 milliards du contribuable sénégalais. Comment les transactions ont été faites pour que ces 21 milliards se retrouvent entre les mains ou d’Abdoulaye Wade, ou d’Idrissa Seck. Ça, les sénégalais ont le droit de le savoir. C’est une exigence. Le gouvernement doit faire en sorte que l’affaire soit tirée au clair. C’est qu’en même 21 milliards du contribuable sénégalais. Ce n’était pas l’argent privé d’Abdoulaye Wade qu’il a gagné en faisant du commerce, ou son métier d’avocat. Me Seye dit que les documents sont chez un notaire de la place. Il faut que l’Etat fasse en sorte que ces documents soient publiés et que l’on sache comment cet argent, qui appartient au peuple sénégalais, a pu finir entre les mains d’une ou d’une autre personne. Ça, c’est vraiment une exigence. Il appartient à Macky Sall, si réellement la gestion vertueuse est une réalité, de faire en sorte que cette affaire soit tirée au clair. Il y a trop de supputations. Je pense que la dernière interview de Me Seye est assez claire. Il y a des documents, il faut que ces documents soient publiés.

BABACAR BA, PRESIDENT DU FORUM DU JUSTICIABLE : «Le procureur de la République a le devoir le plus absolu de poursuivre et de réprimer»

Nous sommes vraiment désolés par rapport à cette situation où l’on évoque des protocoles. Parce que, je pense qu’aujourd’hui les Sénégalais devraient être édifiés sur ces différents protocoles. Je pense que c’est le droit le plus absolue, surtout sur le protocole de Rebeuss, parce qu’on a vu la sortie de Me Seye. Mais, il a juste effleuré le dossier, parce qu’il pouvait donner des détails plus précis. Il nous a parlé d’argent qui porte sur des milliards, qu’Idrissa Seck s’était engagé à verser à l’Etat du Sénégal. Le Forum du justiciable estime qu’en matière de détournement de deniers publics, il n’y a pas de possibilité de médiation. Parce que c’est une infraction qui a été commise. Le procureur de la République a le devoir le plus absolu de poursuivre et de réprimer.

Maintenant, qu’en est-il de cet argent ? Parce qu’Idrissa Seck a été mis en prison parce qu’il a des charges qui pesaient sur lui, notamment d’avoir détourné de l’argent qui ne lui appartenait pas. Arrivé en prison, il a pris l’engagement, si on le libère, de rembourser. Qu’en est-il de cet argent ? Parce que, quoi qu’il en soit, c’est l’argent du contribuable. Je pense qu’aujourd’hui, les Sénégalais devraient être édifiés sur ce protocole de Rebeuss, parce qu’on nous a toujours parlé de ce protocole. Le procureur peut convoquer Me Seye qui a fait une sortie, ainsi que Me Nafissatou qui a réfuté.

Pour le cas de Karim, où l’on parle de protocole que Karim Wade aurait signé. Mais, en tant que juriste et président du Forum du justiciable, nous savons que la grâce n’est assujettie à aucune condition. Si vous graciez une personne, elle est libre de tous ses actes. Donc, tu ne peux pas gracier la personne suivant des clauses. Là également, si effectivement, il y a un protocole, nous pensons que c’est un protocole qui n’a pas sa raison d’être. Mais en tout état de cause, je pense que le protocole qui mérite d’être posé sur la table, c’est celui de Rebeuss.

ABOUBACRY MBODJ, SECRETAIRE GENERAL DE LA RADDHO : «La justice a les moyens de s’autosaisir pour faire la lumière sur ces affaires»

La Raddho s’est exprimée publiquement pour dire que les conditions dans lesquelles Karim Wade a été libéré étaient une nébuleuse. Le peuple sénégalais souverain a le droit à l’information. Deuxièmement, c’est une exigence de transparence et de bonne gouvernance. Cela est valable pour le protocole de Rebeuss dont on a parlé hier, avec l’invité de Mamadou Ibra Kane, en l’occurrence Me Seye. Nous pensons qu’aujourd’hui, Me Seye est un acteur qui connait bien le dossier et il a un peu éclairé la lanterne sur ce qui s’était passé. Ce n’est plus de la spéculation. C’est des informations que nous considérons comme fiables, venant de la part d’un avocat et acteur. C’est la raison pour laquelle nous réitérons encore notre recommandation pour que toutes ces questions là soient élucidées. Parce qu’il y va de l’intérêt du peuple sénégalais à connaître la vérité. Nous voulons la manifestation de la vérité, si nous nous référons à tout ce qu’on nous a promis comme gouvernance vertueuse, sobre, transparente dans la gestion des finances publiques. Nous militons aussi non seulement pour la transparence dans la gestion des finances publiques, mais également dans la gestion des ressources naturelles, la question foncière.

Aujourd’hui, la balle est dans le camp des partis concernés. Tous les acteurs qui sont de près ou de loin cités dans ces affaires, doivent aujourd’hui apporter des informations claires, parce que c’est un droit pour le peuple de savoir la vérité. Il faut que les responsabilités soient situées. Il faut aussi voir comment actionner la justice pour qu’elle fasse son travail. Je pense qu’avec ces révélations, nous avons suffisamment d’organes qui peuvent être actionnés. Nous avons la Cour des comptes, l’Ige. Pour le cas de Rebeuss, peut-être que l’Ofnac, compte tenu de sa création ressente, et de la rétroactivité qu’on évoque souvent, il ne pourrait pas enquêter sur des affaires antérieures à sa création. Il y a des organes qui étaient là et qui pourraient s’autosaisir ou au moins diligenter des enquêtes. Il relève également du ressort de l’Assemblée nationale, qui assure le contrôle de l’action gouvernementale, de faire également son travail. Les députés doivent assumer leur responsabilité, parce que c’est l’argent du contribuable. Nous considérons également que, sur ces allégations, la justice a les moyens de s’autosaisir pour faire la lumière sur ces affaires. Nous exigeons qu’on respecte les principes de transparence, de la redevabilité, dans un Etat de droit.
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