Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aDakar.com NEWS
Comment

Accueil
News
Économie
Article
Économie

Tour de table avec...Daouda Gassama, directeur technique de l’Aeme : «La facture d’électricité du building administratif coûtait environ 140 millions par an»
Publié le mercredi 13 juillet 2016  |  Le Quotidien
Après
© aDakar.com par MC
Après sa réfection, le Building Administratif portera le nom de l`ancien président du Conseil Mamadou Dia




Le directeur technique de l’Agence pour l’économie et la maitrise de l’énergie (Aeme), coordonnateur du programme Sardel, interrogé en marge de l’atelier de présentation du programme d’analyse, de suivi et de réduction des factures d’électricité du secteur public, a révélé que la facture d’électricité annuelle du Building administratif coûtait à l’Etat 140 millions pendant deux ans, alors qu’il était en réhabilitation. Mais une rectification de la puissance souscrite a permis d’économiser 5 et 7 millions. Mieux, il est arrivé un mois où l’Etat n’a payé que 400 000 francs Cfa au lieu de 12 millions.

En quoi a consisté le travail du Programme d’analyse, de suivi et de réduction des factures d’électricité du secteur public dénommé Sardel.
Depuis 2015 on avait fait un état des lieux, parce que dans l’Administration publique, il y a 7 000 polices dont il faut faire l’état des lieux par des visites techniques avec notre opérateur. Ce qui nous a permis d’aller sur le site pour voir la situation des consommations d’électricité, si elles sont adaptées aux options tarifaires qui ont été prises. A l’issue de cet état des lieux, nous avons identifié plusieurs types d’anomalies. Les premières sont liées au fait qu’un service de l’Etat déménage d’un bâtiment sans résilier le contrat. Lorsque le service déménage et que le contrat n’est pas résilié, l’Etat paie une redevance et ces redevances peuvent être importantes si elles sont évaluées dans l’année. Il y a également, des bâtiments qui ne disposent pas de compteurs, où la Senelec évalue la consommation par une simple estimation. Nous avons vu aussi que beaucoup de compteurs ne sont pas adaptés aux besoins réels. Au-delà de tout cela, nous avons identifié des bâtiments qui sont occupés par l’Adminis­tra­tion, mais où des cas de fraudes ont été notés. Nous en avons vu des cas dans des postes de santé, des écoles. Des cantines se branchent directement au niveau des écoles ou des centres de santé. Ce qui fait que la consommation et la facture augmentent. C’est cet état des lieux qui a permis d’identifié ces anomalies que nous avons tenté de corriger au niveau de Senelec. Au-delà de ces anomalies liées à l’éthique et à la bonne gouvernance énergétique, nous avons fait de l’optimisation des puissances souscrites. C’est-à-dire un bâtiment qui souscrit à un abonnement prend une certaine puissance et celle-ci doit être en adéquation avec ses besoins réels. C’est comme si vous avez soif, vous allez à la boutique, acheter une bouteille de 10 litres, alors que vous n’avez besoin que d’1 litre. Donc, vous buvez et vous jeter le reste, c’est la même chose. Les gestionnaires de bâtiments souscrivent à des puissances qui sont au-delà de leurs besoins réels. Ce qu’on a tenté de faire en prenant un échantillon de police sur lequel on a réduit environ de 54% ces puissances souscrites et cela nous a permis de faire des économies. Rien que sur le dernier trimestre de 2015, nous avons économisé environ 400 millions de francs Cfa sur l’ensemble de ces anomalies. Mais, nous n’allons pas nous arrêter là, parce qu’il y a un vrai potentiel d’économie, car le budget alloué aux dépenses d’électricité tourne autour de 30 milliards de francs Cfa et cette somme peut vraiment être réduite au niveau de l’Admi­nistration centrale, des collectivités locales et également des établissements publics à autonomie financière. En faisant des actions, d’ici la fin de l’année 2016, nous espérons faire une économie d’environ 1 à 1,5 milliard de francs Cfa par rapport à ces actions que nous sommes en train de mener et à terme, nous pensons réduire ces anomalies à environ 4 milliards de francs Cfa.
Dans quels établissements ou structures publics avez-vous constaté des anomalies, vous avez cité le Building administratif qui est pourtant en rénovation ?
C’est un cas qui est assez particulier, parce que le Building est en rénovation depuis fin 2013. Normalement, quand un bâtiment est en rénovation, la police doit être résiliée pour permettre à l’entrepreneur de prendre un abonnement lié aux travaux qui sont en train d’y être effectués. Donc par rapport à cela, nous avons constaté que sur les deux ans, l’Etat payait environ 140 millions de francs Cfa par an. Fort de ce constat, nous avons interpellé les services compétents qui ont permis de régler ce problème.

Aujourd’hui, après la correction, la facture a connu une réduction de combien ?
Quand nous l’avons constaté, la première des choses que nous avons faites c’est de réduire la puissance souscrite. Ce qui nous a permis d’économiser entre 5 et 7 millions de francs Cfa. Il y a même un mois où l’Etat n’a payé que 400 000 francs Cfa au lieu de 12 millions. Et sur les trois trimestres, on a économisé environ 11 millions de francs Cfa. Cette année, quand nous avons réétudié pour l’année 2016, nous avons vu que la police a été effectivement résiliée.

L’analyse de Sardel s’est seulement limitée à Dakar ou elle a porté sur l’étendue du territoire national ?
C’est l’ensemble du territoire national. C’est 700 polices qui concernent à la fois les collectivités locales, les établissements publics à autonomie financière tels que les hôpitaux, les universités et l’Administration centrale. Donc on est partis visiter. Ce qui nous a permis d’avoir ces économies.

Comment cela se passe-t-il ? Ce sont les consommateurs qui vous interpellent pour les aider à mieux voir par rapport à leurs factures ou bien c’est vous qui prenez l’initiative ?
C’est nous. A partir du fichier, nous avons fait une analyse et c’est cela qui nous a permis d’aller sur le site et à l’issue, quand nous détectons des anomalies, nous interpellons le gestionnaire. Pour le cas de l’Université de Bambey, par exemple, nous avons interpellé les responsables pour leur signifier les actions à entreprendre.
Commentaires