Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aDakar.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Discours des prêcheurs: D’une génération à l’autre, tout a changé
Publié le lundi 4 juillet 2016  |  Enquête Plus




Dans les transports en commun, dans les lieux publics, leurs prêches sont souvent sources de débats. Il y a un grand intérêt accordé à ce qu’ils font. Pourquoi la nouvelle génération de prêcheurs accroche tant et plus que les premiers connus dans ce milieu ? EnQuête tente d’apporter une réponse, en décryptant les discours d’hier et d’aujourd’hui.

Depuis l’avènement de la radiodiffusion télévision sénégalaise, les prêches existent dans les programmes des médias audiovisuels. Hadji Moustapha Guèye, Oustaz Sankhé ou encore Oustaz Makhtar Seck ont enseigné à bien des générations les préceptes de la religion musulmane. L’émission ‘’Lettres musulmanes’’, qui passait tous les jeudis soirs sur la première chaîne de télévision sénégalaise, était bien suivie à l’époque. C’était la seule émission du genre dans un paysage médiatique assez restreint. Aujourd’hui, on est loin de ce contexte. L’espace médiatique est plus ouvert et chaque télévision et radio a, au moins, une émission religieuse hebdomadaire. Même les sites internet s’y sont mis.

Cette pluralité a fait émerger de nouveaux prêcheurs. Et on note un sensible rajeunissement. Actuellement, il y a des animateurs dans la trentaine, voire la vingtaine, qui tiennent les rênes d’une production audiovisuelle. Alors qu’avant, c’était le pré carré des quinquagénaires et des sexagénaires. Cette différence d’âges marque une opposition dans la manière de faire. En effet, la génération de Hadji Moustapha Guèye ne se collait pas à l’actualité. Les thèmes étaient traités, en restant collé aux textes d’origine. Les prédicateurs donnaient systématiquement les références dans le Coran pour que ceux qui les écoutent puissent aller vérifier leurs propos. Ce n’est pratiquement plus le cas. Beaucoup s’en tiennent à expliquer en wolof les situations qui leur sont exposées, à rapporter la parole de Dieu dans cette langue, sans dire où et quand cela a été dit. Cela ne veut pas dire que ce qu’ils disent n’est pas vrai. Mais les références manquent tout de même.

Des sacs de Wally Seck, au ‘’classico’’

Dans cette volonté de rester collés aux textes, les anciens prêcheurs restaient fidèles dans la narration de certaines histoires. Ils les racontaient en citant les zones où elles se sont passées, aussi lointaines soient elles. Ils prenaient quand même presque toujours la peine de situer géographiquement l’endroit dont ils parlaient sur la nouvelle cartographie mondiale. Aujourd’hui, d’Iran Ndao à Oustaz Assane Seck en passant par Mbacké Sylla, Alioune Mbaye, Tafsir Abdourahmane ou encore Pape Hann, le discours a bien changé. Ils essaient tous de contextualiser les histoires qu’ils rapportent afin de mieux se faire comprendre, selon Iran Ndao. Et si leurs prédécesseurs, pour donner des exemples, citaient les ''sahaba'', eux prennent des exemples sur leur entourage (comme Iran avec les techniciens de la Sen Tv) ou des gens connus. Ils commentent, dans ce sens, toute l’actualité ainsi que les faits de société. Rien ne leur échappe.

Des sacs de Wally Seck, au ‘’classico’’ entre le Real de Madrid et Barcelone, en passant par les soubresauts ‘’des mariages’’ de Soumboulou dans ‘’Wiri Wiri’’ et la récente libération de Karim, tout peut-être sujet à débat chez eux. Cette prégnance de l’actualité, c’est ce qui fait leur succès et attire le téléspectateur ou l’auditeur toujours curieux d’avoir l’éclairage de la religion sur les événements sociaux. Le choix des mots est également important dans l’approche de la nouvelle génération de prédicateurs. Les vieux étaient pour un wolof châtié. La nouvelle garde utilise un vocabulaire simple et ne se prive pas d’user du français pour désigner certaines choses, lorsque c’est nécessaire. Ils abordent des thématiques audacieuses avec des propos grivois parfois. Des sujets que les prêcheurs ne traitaient jamais en public ou à la télévision, comme la sexualité, le sont aujourd’hui. Les mots utilisés sont crus et ne laissent aucune place à l’imagination. D’aucuns ne se font même pas prier pour livrer une séance de démonstration. Quoi de mieux que des gestes et paroles pour enseigner ?

Ainsi, tout est fait pour séduire, accrocher et se faire comprendre. Il faut reconnaître aussi, du fait de la pluralité des supports audiovisuels, qu’il y a une certaine émulation voire une concurrence qui les pousse à rivaliser de talents.
Commentaires